Imatges de pàgina
PDF
EPUB

en effet sur ces deniers d'argent le mot METULLO, un ancien historien (De gestis Norm.) fait mention d'une ville située près de Bordeaux, et qui portait le nom de Metullus: Anno 840, Northmanni Burdegalam Aquitania Judæis prodentibus captam, depopu latam incenderunt, deinde Metullum vicum populantes incendio tradunt. Dadin de Hauteserre, cité par Leblanc, dit (Antiquit. Aquit. 54.) que : Metellus était la capitale du Médoc, près de Bordeaux, et qu'il y avoit dans ce bourg ou vicus, une monnaie royale : in pago Burdegalensi est tractus Medullorum, vulgò Medoc, horum caput Metullus vicus, ubi fuit officium monetæ Regiæ, un bourg nommé Metullum, est désigné par Charles le Chauve, dans l'édit qu'il promulgua à Piste, comme étant l'un des lieux où l'on devait fabriquer de la monnaie pour le roi; mais le savant P. Sirmond et Henri de Valois croient que Metullum désigne Melle, en Poitou; nous avons cru devoir négliger ce denier d'argent.

Le no 2 est aussi un denier d'argent; du côté principal il a une croix dans le champ;

[blocks in formation]

Leblanc, qui rapporte ce denier d'argent ( Traité historique des monnaies de France, 92), avec quelques autres sur lesquelles le nom de Charles est de même inscrit, croit « qu'il est difficile de marquer précisément ceux qui appartiennent à Charlemagne, à Charles le Chauve et à Charles le Gras, puisque ces trois princes ont été empereurs.» Mais ce savant oublie que (page 86), il avait annoncé, en parlant des deniers d'argent, que le nom de Charlemagne y est presque toujours écrit par un C; ce qui convient avec la remarque du P. Mabillon, qui assure que cet empereur écrit toujours son nom avec cette lettre, dans tous les titres qu'il a vus de lui; au lieu que les autres rois de cette seconde race, qui portent le nom de Charles, l'écrivent toujours avec un K ; ce qu'on a aussi observé sur leurs monnoyes, comme il est aisé de le voir dans la suite. » Suivant cette opinion le denier qui nous occupe appartiendrait à Charlemagne, ce qui prouverait que sous ce grand prince, il existait à Toulouse un atelier pour la fabrication des monnaies.

:

Les monnaies suivantes appartiennent à Louis le Pieux la première, no 3, a été frappée à Toulouse pendant que ce prince ne régnait encore que sur l'Aquitaine, ce qui est exprimé par le titre de roi que le monument lui donne.

Du côté principal est une croix dans le champ, et autour† HLVDOVICVS REX.

Avers, dans le champ : TOLVSA.

Cette monnaie n'a pas été citée par Leblanc.

La suivante, no 4, a été fabriquée aussi en Aquitaine, mais après la mort de Charlemagne, puisque

Louis y prend le titre d'empereur : du côté principal est une croix et la légende HLVDOVICVS IMP. Avers, dans le champ: +

AQVI

TANIA +

No 5. Cette monnaie est remarquable par la tête laurée de Louis le Pieux, qui décore le côté principal. Cette tête n'a point sur la monnaie que nous avons vue, les formes que donne M. Lelewel (Numismatique du moyen-âge, Tab. xxxi, n. 35), au portrait de l'empereur Louis sur les monnaies de Toulouse: il y eut apparemment plusieurs coins différens; et de là provient l'énorme différence qui existe entre le portrait gravé sur la monnaie rapportée ici et celle qu'a fournie au savant Polonais l'image qu'il a reproduite et que nous répétons, sous le no 6.

No 7. Cette monnaie appartient à la ville d'Empurias. Côté principal, croix à branches égales et dont les extrémités sont légèrement patées:

Légende: + HLVDOVVICVS IMP. Avers, dans le champ: IMPV

RIAS.

No 8. Le côté principal est semblable à celui de la pièce précédente.

NAR

Avers, dans le champ: BONA.

9. Nous n'avons point vu cette pièce qui a été rapportée par Leblanc ( Traité historique des Monnoies de France, 102, 6).

D'un côté est la tête laurée de Louis le Pieux, ou le Débonnaire.

Légende: HLVDOVVICVS IM AV.

Avers : Une sorte de porte, précédée de degrés, et, au milieu des deux piliers qui la forment, une croix. On a cru d'abord reconnaître dans cette porte celle d'une église; mais, selon M. Cartier ( Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France, nouvelle série, 11, 197), ce serait l'entrée d'un amphithéâtre. Nous ne savons si sur la monnaie décrite par ce savant, on voit, comme sur celle que Leblanc a donnée, une croix, placée entre les deux montans ou piliers de la porte, mais ici cette croix indique évidemment un édifice consacré par la religion, et non point un amphithéâtre. La légende de cette monnaie: TOLVSA, indique qu'elle a été frappée à Toulouse; mais le nom de cette ville, écrit ainsi, paraît d'abord insolite. Nous le retrouverons encore écrit de cette manière sur d'autres pièces. Nous avons déjà parlé de cette manière d'écrire le nom de Toulouse, en mentionnant la médaille gauloise sur laquelle on lit, d'un côté, ATEVLA, et de l'autre, VLATOS, tom. 1er. On a vu dans cette histoire que Louis le Pieux avait donné en 817 le royaume d'Aquitaine à son fils Pepin. Celuici mourut avant l'empereur Louis, et il laissa un fils qui se nommait aussi Pepin. Leblanc dit, avec raison, « qu'il n'y a pas d'apparence que les monnaies où le nom de Pepin est inscrit appartiennent au père de

Charlemagne, car il n'est pas vraisemblable qu'il | n'eût pris que le titre de Roy d'Aquitaine pendant qu'il régnait sur toute la monarchie. » Leblanc attribue les monnaies qui portent le nom de Pepin, au fils de Louis le Débonnaire. Il avoue, cependant, que le fils de ce Pepin, prince qui portait le même nom, se maintint quelque temps en Aquitaine : il aurait donc pu y faire fabriquer des monnaies.

Le premier de ces monumens, no 10, a du côté principal une croix dans un cercle. Autour on lit cette légende : PIPINVS REX EQ. Ces deux dernières lettres signifient apparemment EQuitaniæ ou EQuitanorum, pour Aquitaniæ ou Aquitaniorum.

Sur l'avers, est le monogramme de Pepin, dans un cercle. Autour on lit: PÈCTAVO, qui est le nom de Poitiers.

Le n° 11 appartient aussi à l'un des Pepin. C'est une obole d'argent qui a, d'un côté, une croix dans un cercle et les mots : PIPINVS REX. Une croix occupe le milieu du champ de l'avers, et autour on lit: LIMODICAS. C'est la ville de Limoges, située aussi dans le royaume de Toulouse, ou d'Aquitaine.

Le n° 12 a d'un côté la tête de Pepin, et pour légende: PIPINVS REX. De l'autre côté est une église, avec ce mot: AQVITANIORVM. Cette image d'une église au revers de la monnaie se retrouve aussi sur des pièces frappées sous Louis le Pieux, ou le Débonnaire, avec la légende X PISTIANA RELIGIO, et on la voit aussi sur celles de Lothaire.

13. Cette obole appartient aussi à l'un des deux Pepin. Le mot AQVI est gravé sur l'avers.

TANIA

Leblanc (Traité historique des Monnoies de France, 106) dit, après avoir rappelé que, sous les Romains, l'Aquitaine formait l'une des divisions de la Gaule, que « la mesme distinction subsista sous nos Rois, et que les peuples, qui sur les monnoies de Pepin sont nommez Aquitanii, se regardoient sous la seconde race comme des peuples separez des François. Il n'en faut point d'autres preuves que la manière dont ils datoient leurs actes, après que Charles le Simple eût été fait prisonnier, et que les François eurent élu Rodolfe en sa place. Actum anno.... quo infideles Franci Regem suum Karolum inhonestaverunt, et Rudolfum Principem eligerunt. Il est bien évident qu'ils ne se comprenoient pas sous le nom des Franci, puisqu'ils les regardoient comme des rebelles à leur légitime Roy. »

Nous avons montré dans les notes du livre ix, p. 4, c. 2, que le lieu de Castres, en Languedoc, tire son origine et son nom d'une station militaire Romaine. On pourrait croire qu'on y a frappé des monnaies sous le règne de Charles-le-Chauve. On a vu (Suprà p. 69) que ce prince avait une maison royale à Avincium ou Aveins, qui n'est éloigné que de six ou sept mille de Castres. Leblanc (Traité historique des Monnoies de France, 127) mentionne un denier d'argent, de Charles le Chauve, sur l'avers duquel on lit : CASTRA MONETA. Mais cet habile nummographe n'affirme

pas que ce denier ait été frappé dans le lieu qui nous occupe. « Ce lieu, dit-il, peut être Castres en Languedoc, ou Chastres sous Montleheri, ou Chastres en Brie. »

Un denier d'argent, donné aussi par Leblanc, porte d'un côté le monogramme de Charles le Chauve dans un cercle, et autour les mots: + GRATIA DI REX. Sur l'avers, on voit cette croix carrée que quelques numismates ont nommée la Croix Carlovingienne, et autour la légende NARBONA. CI.

Le savant Petan donnait toutes les monnaies où on lit la légende GRATIA DI REX, comme appartenant à Charles le Simple. Leblanc a réfuté cette opinion. La ville d'Agen avait un hôtel des monnaies sous Charles-le-Chauve: on en trouve la preuve dans un denier d'argent, mentionné par Leblanc, et sur l'avers duquel le mot AGINNO est inscrit.

Il nous reste aussi un autre dénier d'argent frappé à Toulouse, et où, comme sur ceux de Louis le Pieux (Suprà, nos 3 et 9), le nom de cette ville est écrit TOLVSA.

14. La légende CARLVS REX est gravée sur une obole d'argent, sur l'avers de laquelle on lit : AQUI

[blocks in formation]

21 Le savant archiviste général de la couronne d'Aragon, Don Prospero de Bofarull y Mascaro, notre honorable confrère à l'Académie des bonnes-lettres de Barcelonne, a, d'après ses recherches particulières et les nombreux documens placés dans les archives dont il est le conservateur, cru pouvoir contredire le système des auteurs de l'Histoire Générale de Languedoc. Le travail de Don Bofarull a fixé l'attention de tous les érudits qui se sont occupés de l'histoire du midi de l'Europe au moyen-âge, et nous avons cru devoir en donner un extrait dans ces Additions. Dom de Vic et Dom Vaissete recherchaient avec ardeur la vérité; s'ils avaient connu les chartes publiées ou analysées par Don Bofarull dans son excellent ouvrage (Los Condes de Barcelona Vindicados), ils auraient rectifié avec empressement ce qu'il peut y avoir de défectueux dans ce qu'ils ont dit sur les premiers comtes de Barcelonne.

L'auteur, après avoir raconté comment la capitale de la Catalogne fut conquise sur les Sarrazins, conquête qu'il fixe (d'après une pièce existante dans les archives de Ripoll, no 19, 2o caisson), aux nones d'a

vril de l'an 801 (1), reconnaît que les monarques Français furent les libérateurs de cette partie de l'Espagne, et qu'ils y établir ent des comtes pour la gouverner en leur nom. Il rappelle ensuite que les historiens du Languedoc, tom. 1, page 712, de l'édition in-folio ( tom. 11, page 414, de l'édition actuelle), donnent pour comtes de Barcelonne, Bera, Bernard, Berenger, Seniofred, Aledran, Odalric, Humfred, ou Wifred de Arria, ou Ria, Salomon et Wifred le Veiu; tandis que Masdeu (Teatro critiquo de España, tom. 15, p. 13) fixe la suite des premiers comtes de

26 avril

cette manière Bera, Bernard, Berenger, Aledran, Wifred de Aria, Salomon et Wifred le Velu. Don Bofarull divise les noms des comtes de Barcelonne en quatre séries ou époques. Il met au commencement de la première, la seule qui doive nous occuper ici, Wifred le Velu, maître du gouvernement en 874; et il la termine en 1162, à Raymond Berenger IV, dit le Saint. On sait que sous son règne, en 1150, le comté fut uni à la couronne d'Aragon. Voici les noms des comtes tels que le savant espagnol les a disposés :

[blocks in formation]

11 août

898

912

[blocks in formation]
[ocr errors]

Berenger Raymond I, le Courbé. Raymond Berenger I, le Vieux. Raymond Berenger II, Téte-d'Etoupes Berenger Raymond II, le Fratricide. Raymond Berenger III, le Grand.. Raymond Berenger IV, le Saint.

Plusieurs écrivains ont embrassé l'opinion du docteur Pujades, qui, dans sa Cronica Universal de Cataluña, fait descendre les comtes de Barcelonne de la race des princes Carlovingiens. Don Bofarull remarque que les historiens de Languedoc, suivis en cela par don Jaime Caresmar ( España Sagrada, tom. XLIII, p. 521 ), se séparent de l'opinion commune, mais sans s'élever contre la descendance de Wifred le Velu et de sa femme Winidilde, de la famille Carlovingienne, supposant que ce comte est fils, non de Wifred de Aria, mais de Sunifred et d'Ermessinde........... La principale raison sur laquelle ils se fondent est la donation à l'abbaye de la Grasse, en 888, par Sesenande, Sunifred, et les comtes Wifred, Radulfe et Miron, propter remedium Domini Suniefredi genitoris nostri et domnæ Ermessinda genetricis nostræ. Ces savans écrivains ont cru, d'après cette charte, que le Wifred, nommé dans ce passage, est Wifred le Velu; que Rodulfe et Miron sont ses frères, le premier comte de Conflent, le second possesseur de celui de Roussillon, les mêmes qui sont nommés dans une autre donation, publiée par Baluze (Marca Hispanica, appendice, no 56), et faite en 898, au monastère de Cuxa, par la

(1) « Esta es, dit D. Boffarull, la mas comun opinion, que corrobora el codice numero 19, cajon, 2.o, estante 1.0 del archivo de Ripoll, escrito sobre pergamino con caracteras del siglo, en unas tablas de computos lunaresc con notas marginales, donde se lee Era 10 al 11. 939, anno Domini 801, luna 14, 4.9 nonas aprilis · Domini Pasche 2, nonas aprilis. Introivit Ludovicus in Barchinona filius prelibati Karoli magni, et tulit civitatem Sarracenis. Los historiadores Arabes publicados par el s. Conde la refieren tambien al mismo año, en el tom. 1. p. 239. »

[ocr errors]

cesse de régner le 11 août 898 26 avril 912.

15 octobre 954.

30 septembre 992. 31 octobre 966. 25 février 1018.

26 mai 1035.

27 mai 1076.

5 décembre 1082. 5 décembre 1096.

19 juillet 1131. 6 août 1162.

comtesse Ermessinde et par les comtes Rodulfe et Miron et la comtesse Quixilo.

>> Nous respectons beaucoup l'opinion des historiens de Languedoc, dit le señor D. Bofarull; cette opinion étant d'ailleurs fortement appuyée par notre savant Caresmar; et il faut avouer que la mention de Sunifred, que donne la charte de la Grasse, n'est pas à dédaigner, d'autant qu'elle paraît appuyée par une autre donation et oblation d'Emma, que Wifred le Velu et Winidilde, sa femme, firent au monastère naissant des religieuses de Saint-Jean-Baptiste de Ripoll, le 5 des kalendes de juillet de l'an 875. On y trouve, en effet, un Sunifred, frère de Wifred le Velu, dans cette phrase: Qui mihi advenit ad me Wifredo comite de fratre meo nomine Seniofredo, CLO. Sans doute cette charte ne sert pas à prouver la même chose que celle de la Grasse, car il manque à cette dernière le mot abrégé CLO, signe de profession que celle de Ripoll donne à Sunifred. Observons ici que cet acte n'est point souscrit par la comtesse Winidilde, bien qu'elle vécût alors et même long-temps après, ayant toujours le soin de mettre sa souscription à tous les actes de vente, d'achats et de donations faites par Wifred le Velu, depuis l'an 875 jusqu'à l'an 897. On peut d'ailleurs trouver choquant que toutes les personnes qui assistent à la donation faite à la Grasse soient frères et sœurs, comme le croient les historiens du Languedoc, et l'on aurait dù supposer qu'ils signeraient par ordre de dignité, de sexe et de primogéniture. Cependant, nous voyons que les premiers, Sesenande et Seniofred, sont simplement nommés, tandis que Wifred, Rodulfe, Miron, qui viennent ensuite, ont le titre de comtes.

» Baluze, qui a vu tant de chartes de ces comtés, et

auquel nous devons la publication de celle de Cuxa, de l'an 888, sur laquelle s'appuient les historiens de Languedoc, pour justifier celle de la Grasse, avouait qu'il n'en connaissait aucune qui pût lui apprendre quels étaient ces personnages nommés Ermessinde, Rodulfe, Miron et Quixola, de celle de Cuxa; mais que traitant de choses arrivées dans le comté de Conflent, il conjecturait que Rodulfe, fils d'Ermessinde, était possesseur du Conflent, Miron, fils de Rodulfe, et Quixola, femme de Miron; qu'il ignorait quel était le frère de Wifred le Velu, qui båtit le monastère d'Arles, mais qu'il croyait que ce n'était aucun des comtes qui viennent d'être nommés.

« Qu'en ce temps il y cût un Miron, fils de Sunifred, et comte de Roussillon, cela est prouvé par plu sieurs actes; qu'en 873 il existât aussi un comte Wifred, frère de Miron, l'Histoire de Languedoc l'atteste mais d'aucune de ces chartes, ni d'une infinité d'autres qui nous viennent de Wifred le Velu et de ses fils et petits fils, on ne peut inférer qu'il fût frère des comtes Rodulfe et Miron.

« Si la charte de la Grasse que les historiens du Languedoc ont publiée et sur laquelle ils se fondent, n'était pas aussi défectueuse, aussi maltraitée, ou si au moins ce document conservait en entier sa date, nous pourrions en tirer la preuve la plus convaincante que Wifred le Velu n'est point le comte Wifred qui y est nommé; puis, sa date de...... madü, anno quod obit Karolus imperator..... regnante, Rege expectante, comparée à l'acte de donation des alleux octroyés au monastère et à l'église de Sainte-Marie de Ripoll, par le comte Wifred le Velu et sa femme Winidilde, le jour de la consécration et oblation de leur fils Rodulfe, du xu Kalendas maij anno primo regnante Odone Rege, (20 avril 888), ferait voir clairement, d'une manière définitive, que le Wifred qui fut présent à l'acte de la Grasse ne peut être, à aucun titre le même que le comte, époux de Winidilde, et qui avec celleci fit faire celle de Ripoll. Il est vrai qu'à cause de l'état de destruction de la première charte, on ne peut y trouver le jour des calendes, nones, ou ides, qui y était écrit et qu'on doit s'en référer, selon la manière de computer du calendrier Romain, à l'un des jours qui se trouvent entre le 14 avril et le 15 mai de l'année 888, qu'indique l'écriture, bien qu'on ne puisse répugner à croire que le même comte ait assisté à l'acte de Ripoll du 20 avril de la même année, et que, en un des six jours antérieurs, ou vingt postérieurs, il ait été présent aussi à celui de la Grasse, supposé que la date fixée ne fût pas la même ou presque la même que celle de l'acte de Ripoll, puisque dans ce cas, l'identité des personnes serait complètement détruite.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

la charte de Ripoll, ait dans un temps si rapproché, octroyé aussi celle de la Grasse, avec ses prétendus frères, et sans que sa femme, qui figure dans tous les actes qui nous restent de lui, ait concouru à celle-ci. Ce qui doit aussi fixer l'attention, c'est que, dans la charte de Ripoll on compte par les années de Eudes, de même que dans toutes les autres données postérieurement par Wifred le Velu, alors que celle de la Grasse compte le temps par la mort de Charles, attendant un roi, Rege expectante, c'est-à-dire alors qu'Eudes n'était pas encore reconnu pour roi; et quoique cela puisse être attribué à la différence des opinions dans les deux pays, cela ne peut donner lieu à cette conjecture, lorsqu'il s'agit d'un comte héréditaire comme Wifred le Velu. D'ailleurs si l'acte de la Grasse est postérieur à celui de Ripoll, ou au 20 avril 888, on ne peut croire que ce comte, qui avait déja reconnu Eudes comme roi, cessât de le reconnaître ensuite; et si cet acte est antérieur, il ne saurait l'être que de six jours, temps beaucoup trop court pour attribuer au même comte, deux chartes si notables, octroyées dans des pays séparés par une distance de plus de vingt lieues l'un de l'autre, surtout s'il est vrai que Wifred et sa femme étaient à Ripoll quelques jours avant la solemnité où ils présentèrent, comme oblat, leur fils Rodulfe.

>> Ce qui vient d'être dit, bien que chacune de ces objections ne soit pas par elle-même entièrement concluante, détruit cependant la force de la charte de la Grasse; mais, en supposant même que le Wifred qui y est nommé fût réellement Wifred le Velu, comme le prétendent les historiens de Languedoc, on verra conformément à notre doute sur Sunifred et Ermessinde, qui y sont indiqués, que ces personnages ne furent pas les père et mère de tous, mais seulement de quelques-uns des octroyans. Le passage est réellement très défectueux, très maltraité en cet en droit et nous remarquons qu'après les mots : propter remedium dompni Suniefridi, genitoris nostri, vel dompne Ermessindæ genitricis nostræ, suivent immédiatement ceux-ci : sive propter remedium..... et genitoris nostri et nos veniam mereamur; Qui sait si les individus que nommait la charte avant d'être mutilée après ces mots propter remedium, n'étaient pas les parens de quelques-uns des octroyans? et de cette manière, ou d'une autre, comment concilier l'opinion des historiens de Languedoc? Il serait très important de retrouver le texte original de cette charte, ou une copie conforme, qui nous offrît en entier ce qu'elle contenait, et telle que les archives du monastère de Camprodon, où il existe d'autres chartes de la Grasse, que nous n'avons pu examiner, pourrait en offrir qui satisferaient nos désirs à ce sujet. En attendant nous ne pouvons adopter l'opinion de ces historiens, parce qu'ils abandonnent celle qui conteste la filiation de Wifred le Velu, du comte, portant le même nom, et qui était possesseur du château d'Arria dans le Conflent... et quoi qu'il ne nous ait pas été possible de montrer F

quels furent les ancêtres du comte Wifred le Velu, nous pouvons du moins prouver par l'acte d'oblation d'Emma, fille de ce prince, au monastère de Saint Jean-Baptiste de Ripoll, de l'an 875, qu'il avait un frère nommé Sunifred, ( nomine Suniofredo clo.) ce qui est confirmé par la charte de donation faite par la même Emma, en 899, à l'église de Saint-Martin évêque, de la vallée de Congost, le jour de sa consécration par Gotmar, évêque d'Ausone. Voici les termes de cet acte authentique : enim vero Emma abbatissa, trado ad dedicationem Ecelesiæ omnem aprisionem quam Suniefredus comes avunculus meus quondam ad ipsam concessit Ecclesiam, et habet fines ab Oriente per ipsum semitarium qui discurrit ad Kannes. Nous avons donc pu placer ce Sunifred dans | la table généalogique de la famille de Wifred le Velu.

« Nous avons pu avec autant de certitude inscrire sur cette table, la tante paternelle de ce comte; elle porte le nom d'Elona, dans ce passage de la charte d'oblation de Rodulfe, relatif aux alleus que Wifred le Velu donne au monastère de Sainte-Marie de Ripoll: et in pago Bergitano, in loco qui dicitur Brositano, Ecclesias consacratas ipso aloda cum fines et terminos suos sicut in ipso juditio resonat, quem adquisivit (c'est-à-dire le comte Wifred le Velu) per vocem liberto suo nomine Sarracino, qui fuit de ammita sua nomine Eilone. »

Le savant archiviste de Barcelonne donne plusieurs fils et quatre filles à Wifred le Velu: le premier des fils fut ce Rodulfe, offert comme oblat au monastère de Ripoll; le second, nommé Wifred, comme son père, eut le surnom de Borrell, nom qui par l'identité du premier avec celui du père, ainsi que la duplication jusqu'à présent ignorée du second, aura porté les écrivains à augmenter le nombre des fils de Wifred le Velu et a accroître les difficultés que présente cette partie de notre histoire. Wifred II succéda à son père dans les comtés de Barcelonne, Gironne et Ausone; le troisième fils, fut Sunier, qui eut, après Wifred II, le comté de Barcelonne; le dernier fut Miron qui épousa une dame nommée Ava, de laquelle il eût plusieurs fils nommés Suniofred, Oliba, Cabreta et Miron; il reçut de son père, Wifred le Velu, les comtés de Berga et de Conflent, mais non celui de Barcelonne qui, de Wifred I, passa à Wifred II et de ce dernier à son frère Sunier et successivement à ses enfans et descendans légitimes; le cinquième fils fut Sunifred, inconnu jusqu'à présent à tous les écrivains, qui l'avaient confondu avec son frère Sunier; il fut comte d'Urgel et se maria avec sa nièce Adalaïs, fille de Sunier; il en eut un fils, nommé Borell, qui mourut sans laisser de postérité, ce qui donna lieu à la réunion du comté d'Urgel à celui de Barcelonne, vers le milieu du 10e siècle.

22 Il y a quelques incertitudes sur les premiers temps des comtes de Roussillon. Nos savans historiens ont affirmé que Miron, qu'ils font frère de Wifred le

|

Velu, fut le premier comte héréditaire de Roussillon (1). Mais ces historiens, comme le remarque M. J. Renouard de Saint-Malo (Publicateur, année 1833, p. 27), ont senti les difficultés que présente ce point d'histoire, puisqu'ils avouent (2) que, quoique les comtes de Roussillon semblent issus de Miron, la des cendance n'en est pas bien connue.« Or, dit le critique que nous venons de nommer, tant qu'on ne prouvera point, d'une manière positive, que Miron eut pour successeur immédiat son fils, ou son petit-fils, on ne saurait, raisonnablement, le considérer comme la tige des comtes héréditaires de Roussillon, » Mais on a été plus loin; on a même douté que Miron ait jamais possédé ce comté. « Pour affirmer qu'il l'a possédé, il faudrait, en effet, dit encore M. de Saint-Malo, que ce prince eût exercé la puissance comtale sur tout le diocèse d'Elne, dont se composait à cette époque le comté de Roussillon, ce qu'on ne saurait démontrer, puisque les monumens sur lesquels les critiques se sont étayés jusqu'ici, loin de prouver que l'autorité de Miron s'étendait sur tout le Roussillon, la circonscrivent, au contraire, sur un seul canton. En effet, ajoute-t-il, si, par un envoyé, ce prince conteste, en 874, la condition d'un individu, c'est à Vernet, en Conflent, que se termine le litige (Marca Hispanica, tit. no 34). C'est Protin, abbé de Cuxa, monastère situé dans le même pays, qui, dans son testament de l'an 878, le reconnaît pour son seigneur, et le prie, à ce titre, de protéger les religieux, etc. (Ibid, tit. no 38). C'est encore sur le Conflent que Miron exerçait son autorité, selon une charte relative au rétablissement de l'abbaye d'Exalada, alors transférée à Cuxa. ( Gallia Christ. vi. Preuves, col. 479), et suivant aussi des actes judiciaires, faits conformément aux lois Wisigothiques, relativement aux anciens titres de possession que ce monastère avait perdus. ( Marca Hisp., tit. no 37, 39, 40.)

Il est vrai qu'on pourrait alléguer contre le témoignage de ces monumens, l'acquisition faite par le comte Miron, en 882, de la terre de Palol, près d'Elne, et ses libéralités en faveur de l'église cathédrale de cette ville, doublement constatées et par une charte qu'avait recueillie M. Fossa, et par une autre charte que M. Baluze a publiée; mais Miron, sans être comte de Roussillon, pouvait acquérir des biens dans ce pays; rien ne l'empêchait, non plus, d'augmenter par des legs la dotation de l'église d'Elne. En cela, il n'aurait fait que ce que fit, plus tard, Raimond Ier, comte de Rouergue, qui avait acquis d'Aton l'alleu de Perpignan, dont il disposa en faveur de l'église de Gironne, de la cathédrale d'Elne et du monastère de Rodes. (Voyez suprà, Preuves). Or, comme on ne voudrait pas conclure du témoignage de ce testament pour placer Raimond Ier, comte de Rouergue,

(1) Vid. Histoire générale de Languedoc I, p. 572 et 579 de l'édition originale, et tome 2, p. 291 et 298 de celle-ci. (2) Ibid. II. p. 40.

« AnteriorContinua »