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réputation d'intégrité de Vandamme stinet de la guerre (1), d'une élocun'est pas faite, il faut en convenir, tion facile et chaleureuse, le géné pour résister aux conséquences ral Vandamme ne peut être compté qu'on peut extraire de ce rappro- parmi les grandes figures militaires chement,-Après le licenciement de de ce siècle. Il manquait de plul'armée de la Loire, Vandamme se sieurs des qualités qui constituent retira dans un château situé aux le véritable capitaine. Les exploits environs de Limoges; mais le pré- qui illustrèrent surtout les premiè fet lui enjoignit de quitter son dé- res années de sa vie ne sauraient partement dans un délai de vingt- faire oublier les actes de brigandage quatre heures. Il fut compris dans et de cruauté par lesquels il en dés la seconde catégorie de l'ordon- honora le cours, et qui, même à nance du 24 juillet, et obligé de cette époque de licence et de déré s'expatrier. N'ayant pu obtenir un glement où l'éclat des services miasile en Belgique, il passa aux Etats- litaires faisait pardonner tant d'exUnis, où il demeura jusqu'à l'or- cès en tout genre, ont marqué son donnance du 1er décembre 1819, nom d'une singulière et déplorable qui mit fin à son exil. Vandamme célébrité (2). Ses concussions, érie fut même rétabli sur les cadres de gées en système et devenues, pour l'état-major général; mais la me- ainsi dire, proverbiales dans les sure qui, au mois de septembre pays conquis, l'exposèrent plus d'une 1824, réduisait à 150 le nombre des fois, comme on l'a vu, aux rigueurs lieutenants-généraux, l'atteignit à de la justice martiale. Ces exacGand, où il s'était retiré dans une tions collectives étaient encore agpropriété qu'il avait acquise. Il ne gravées par des vexations indivi. crut pas devoir, à l'exemple du gé- duelles bien propres à combler néral Exelmans et de quelques au- l'exaspération des malheureux tritres, provoquer de la générosité du butaires, et qui ne rappelaient que gouvernement la faveur d'une ex- trop fidèlement l'origine et les anception à cette mesure restrictive. técédents révolutionnaires de leur Vandamme employa à des œuvres farouche oppresseur. Dans l'ardeur de bienfaisance les dernières res- de ses convoitises, Vandamme n'ésources de sa fortune et les derniè pargnait pas plus les demeures des res années d'une vie mêlée à la plu- rois que les propriétés des particupart des grandes scènes militaires liers. On lit dans le Recueil de pièd'un quart de siècle. Il mourut à ces officielles publiées par Schoell, Cassel, lieu de sa naissance, le 15 qu'en 1806, lors de la campagne de juillet 1830. En dépit d'une bra- Prusse, ce général voulut déménavoure éclatante, d'un heureux in- ger à son profit les meubles qui gar. nissaient le palais de Postdam, et qu'il ne fallut rien moins que l'intervention de Clarke, depuis duc de

lez dire à celui qui vous envoie que je n'ai rien à accepter de personne; assurez-le bien, surtout, que je ne suis pas de ces hommes qui vendent leur pays." (Moniteur du 31 juillet 1852.) Exelmans qualifiait mal l'acte auquel il faisait allusion. Capituler en présence de forces supérieures, lorsque l'armée, par l'abdication de Napoléon, se trouvait dépourvue du seul chef dont l'ascendant militaire pût imposer à l'ennemi et suspendre sa marche victorieuse sur Paris, n'était pas vendre son pays, Mais cette fausse appréciation du général n'affaiblit en aucune façon le mérite de son désintéressement,

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Feltre, gouverneur de Berlin, pour mettre obstacle à cette odieuse spoliation. Parmi les actes de barbarie qui lui ont été reprochés, nous nous bornerons à rapporter le suivant, soit à raison de son irrécusable authenticité, soit parce qu'il offre un trait caractéristique du mépris que ce militaire professait pour la vie humaine. Le 3 juillet 1815, Vandamme était cantonné avec son corps d'armée dans la plaine de Montrouge, lorsqu'il rencontra trois marau deurs qu'une patrouille conduisait au quartier-général. Après quelques invectives grossières adressées à ces malheureux, Vandamme, perdant toute mesure, prononça que l'un d'eux subirait une mort immédiate, et que le sort déciderait du choix de la victime. Ayant ramassé trois tiges dans un champ de blé, il les leur présenta en déclarant que celui à qui écherrait la plus courte serait aussitôt passé par les armes. Les nombreux témoins de cette étrange scène ne pouvaient se persuader, pour la plupart, qu'elle fût autre chose qu'une triste plaisanterie. Toute incertitude disparut, lorsque on vit Vandamme ordonner d'une

voix menaçante les apprêts du supplice. Une première décharge mal assurée mutila le patient, qui, tombant au genoux du général, le conjura de lui laisser la vie; Vandamme l'écarta impitoyablement, consomma sa sauvage immolation, et, saisissant les deux survivants, les précipita, aux yeux des spectateurs consternés, sur le cadavre chaud et sanglant de leur camarade... Ce caprice sanguinaire fut immédiatement dénoncé au maréchal Davout, ministre de la guerre, par le témoin oculaire dont nous tenons ces détails; ce maréchal, qu'on n'accusait point lui-même d'un excès de sensibilité, en manifesta l'indignation la plus vive.-De tels actes ne s'excusent ni par les nécessités de la discipline, ni par ces habitudes dér glées et despotiques que comporte la vie militaire; et l'historien qui, par une lâche condescendance, consentirait à les vouer à l'oubli, déserterait son premier devoir, qui est de flétrir les mauvaises actions, partout et sous quelques formes qu'elles aspirent à surprendre l'indulgence ou la fascination publique. A. B-EE.

FIN DU QUATRE-VINGT-QUATRIÈME VOLUME.

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