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cutée en 1887 à Ourmiah, en Perse, sur un manuscrit dont il ignore l'âge et la provenance. On ne sait même ce qu'est devenu ce manuscrit, car le jeune homme, entre les mains duquel il se trouvait alors, a disparu depuis avec son volume. On sait toutefois qu'un exemplaire de cet ouvrage peutêtre le même existe à la mission américaine d'Ourmiah '. Le livre a dû être composé dans l'Adherbaidjan, par un écrivain nestorien et peu de temps après la mort du patriar

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1. M. HALL a publié dans le Journal of the American oriental Society (t. XIII, 1889, p. CXXVI-CXXIX), la « Description d'un ms. de l'Histoire de Mar Jabalaha, copié sur l'original qui se trouve à Kotchanis dans la bibliothèque du patriarche Mar Simoun ».

2. Jabalaha et Rabban Çauma étaient Nestoriens. Comme nous aurons souvent à parler de cette secte, il n'est pas hors de propos d'en dire ici un mot. La doctrine catholique enseigne qu'il y a dans le Christ deux natures, la nature divine et la nature humaine, unies substantiellement en une seule personne celle du Verbe, Fils de Dieu. Les Nestoriens (ainsi nommés à cause de leur auteur Nestorius, placé sur le siège de Constantinople, en 128, et condamné au concile d'Ephèse en 431) enseignent, sous des formules plus ou moins dissimulées, et qui ont varié selon les époques et les besoins de leur cause, une doctrine qui revient à dire qu'il y a ou qu'il y a eu, à un certain moment, dans le Christ deux personnes, quelle que soit la manière dont ils expliquassent leur union. De l'antagonisme de cette hérésie en est née une autre celle des Monophysites qui n'admettaient au contraire qu'une nature dans le Christ; cette secte, fondée par Eutychès, fut condamnée au concile de Chalcédoine, en 451. Elle conserva de nombreux adeptes parmi les Syriens : ceux qui la professent sont connus sous le nom de Jacobites. Mais nous n'avons à parler pour le moment que des Nestoriens, réduits aujourd'hui à moins de deux cent mille sectateurs qui habitent les montagnes du Kourdistan et sont répartis en quelques évêchés. Après la condamnation de Nestorius, ses partisans, expulsés de l'empire Romain, se réfugièrent en Chaldée et en Assyrie, et se répandirent bientôt dans toute la Perse, grâce à la protection des rois Sassanides, qui les regardaient comme les ennemis des Grecs. Ils parvinrent d'autant plus facilement à insinuer leur hérésie parmi les Chaldéens qu'ils la présentèrent sous une forme plus subtile, et qu'ils conservèrent les rites anciens et tous les dogmes du Symbole, sauf l'unité de la personne dans le Christ. Il faut aussi remarquer que ces hérétiques évitaient ou même repoussaient le nom de Nestoriens, et que les guerres entre les Perses et l'empire d'Orient empêchaient tout rapport avec Rome. Les chrétiens de la Chaldée devinrent ainsi Nestoriens presque sans le savoir, surtout lorsqu'un certain Bar Çauma se fut emparé, vers la fin du ve siècle, avec l'aide des rois de Perse, du siège épiscopal de Nisibe et qu'il eut entraîné par la crainte le faible Acace, qui occupait le siège patriarcal de Séleucie-Ctésiphon.

Le Nestorianisme prit un grand développement sous les rois Sassanides: il eut de nombreux évéchés, des monastères célèbres, des écrivains de mérite, des dignitaires jusque sur les marches du trône. Il ne fut pas moins puissant sous les khalifes de Bagdad à qui il fournit plus d'une fois des secrétaires. Il s'étendit dans le Khouzistan, la Bactriane, la Tartarie, jusqu'en Chine et jusqu'au Malabar dans les Indes; il eut une succession non interrompue de Patriarches, appelés Catholiques, des métropolitains, des évêques et des monastères, non seulement en Assyrie et en Chaldée, mais dans toute la Perse, à Merv, à Hérat, à Balk, à Samarcande et en Chine (Cf. LAMY, op. mox cit., p. 224).

che Jabalaha III († 1317), à en juger par les détails minutieux avec lesquels certains événements sont racontés. L'auteur est bien au courant des usages pratiqués chez les Mongols et suppose ses lecteurs chrétiens suffisamment renseignés à cet égard. Il semble même, d'après ses propres paroles, qu'il a été le témoin oculaire de faits qui se sont passés au couvent de Maragha au mois de septembre 1295.

La parfaite concordance de certains points du récit avec les données historiques connues d'autre part inspire, du reste, pleine confiance dans la véracité de l'écrivain; et, quant à la narration du voyage de Mar Çauma en Europe, l'auteur nous dit formellement qu'il l'a abrégée du journal de ce saint personnage. Il lui est même arrivé plusieurs fois, comme on le verra, de reprendre le récit à la première personne.

Dès son apparition, ce petit volume a attiré l'attention des Orientalistes. M. RUBENS DUVAL en a donné une analyse détaillée dans le Journal Asiatique (1889, vir série, tome XIII, pp. 313 et suiv.). MGR LAMY, professeur à l'Université de Louvain, en a fait l'objet d'une lecture à l'Académie royale de Belgique (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3 série, tome XVII, no 3, pp. 223-243, 1889). Le D" VAN HOONACKER, professeur à la même Université, lui a consacré un article dans le Muséon (tome VIII, n° 2, avril 1889). M. TH. NOELDEKE en a donné un compte rendu dans le Literarisches Centralblatt (1889, coll. 842-44).

Tous sont unanimes à regretter qu'une traduction complète de cette Histoire ne la rende pas accessible à un plus grand nombre de lecteurs 1.

Je me suis imposé la tâche de faire cette traduction, et le public saura grẻ à la Revue de l'Orient Latin d'avoir bien voulu publier mon travail. L'intérêt qui s'attache à ce récit est d'autant plus grand qu'il nous éclaire sur un point de l'histoire des rois mongols, complètement négligé par les écrivains mahomėtans, savoir les relations de ces princes avec les chrétiens.

1. Voici les paroles de M. NOELDEKE: «Es wäre zu wünschen, dass das Buch einen sach-und sprachkundigen Uebersetzer fænde; ein solcher müsste allerdings zur Erklærung hier und da noch etwas mehr geben, als die Anmerkungen des Herausgebers enthalten.

Je me suis appliqué à rendre le texte syriaque aussi fidèlement que possible, sans cependant m'astreindre à toute la rigueur que l'on demande des travaux philologiques. Mon but étant de faire connaître un document historique, je m'en serais parfois écarté en sacrifiant la clarté aux exigences d'une traduction trop littérale. J'ai essayé de tenir un juste milieu entre un mot å mot servile et une paraphrase trop libre.

J'ai joint à la traduction des notes explicatives, empruntées soit aux comptes rendus dont je viens de parler, soit aux notes syriaques ajoutées au texte par M. BEDJAN lui-même, soit aux ouvrages spéciaux sur l'histoire des Mongols.

Deux surtout m'ont été particulièrement utiles d'abord la vaste compilation publiée par H. HowORTH Sous le titre. d'History of the Mongols (Londres; in-8°; part. I, II et III, 1876-1888), très précieuse pour l'indication des sources; et ensuite le savant travail d'ABEL RÉMUSAT intitulé: Mémoire sur les relations politiques des princes chrétiens et particulièrement des rois de France avec les empereurs mongols, publié dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1re partie, tome VI, pp. 396-469 ; 2e partie, tome VII, pp. 335-431). Plus d'un point d'interrogation posé par l'auteur de ce Mémoire, touchant les relations du roi Philippe le Bel et des papes Honorius IV et Nicolas IV avec le roi des Mongols, Argoun, trouve sa réponse dans les données nouvelles fournies par notre Histoire. Je traiterai ce point particulièrement intéressant dans un mémoire spécial qui sera publié dans le prochain numéro de la Revue de l'Orient Latin. Je prendrai la liberté d'y renvoyer quelquefois le lecteur, surtout pour les documents que je ne puis insérer, à cause de leur étendue, dans les notes du présent travail.

J'ai aussi largement utilisé, surtout pour les notices géographiques, la savante édition donnée par G. PAUTHIER de l'ouvrage du fameux voyageur vénitien MARCO POLO (qui vécut dix-sept ans à la cour de l'empereur de Chine, à l'époque même où naquirent nos deux personnages), publice à Paris, en 1865, sous ce titre Le livre de Marco Polo, citoyen de Venise, conseiller privé et commissaire impérial de Khoubilar-Khan.

On n'ignore pas la diversité qui existe entre les auteurs occidentaux dans la manière de rendre les noms propres Mongols. Ainsi, par exemple, le nom du fondateur du pouvoir des Ilkhans, Houlaghou, (qui en mongol signifie voleur), appelé Xakav par les Grecs, Olaon par certains occidentaux, Houlav Χαλαν par les Arméniens, est écrit Houlagou, Khoulakou, Hulagu, Hulaku, Khulagu, Kulagu, Chulagu. Tandis que les Arméniens ont gardé la lettre initiale aspirée Houlav, Haulaou, Hulaou, les Géorgiens l'ont éliminée dans la forme Ulo, assez semblable à celle usitée par Marco Polo: Alau. Le chinois écrit ce nom Hiu-lie-wu. J'ai adopté l'orthographe généralement reçue en France, tout en gardant, dans les citations, les formes employées par les auteurs allégués.

J'ai dù aussi avoir recours à certaines combinaisons de lettres pour rendre les mots syriaques qu'il m'a fallu reproduire, n'ayant pas à ma disposition les caractères conventionnels dont l'usage se généralise actuellement.

Pour faciliter l'intelligence des relations de parenté entre les différents Khans mongols dont il est parlé au cours de cette Histoire, j'ai ajouté ici un tableau généalogique des Ilkhans où figurent tous les noms que le lecteur rencontrera dans ce travail.

Enfin, grâce à la libéralité de l'éditeur de la Revue, j'ai pu joindre à mon travail une carte géographique, que j'ai dressée moi-même, et où j'ai fait figurer tous les noms de lieu cités soit dans le texte, soit dans les notes de l'Histoire de Jabalaha.

C'est à M. BEDJAN qu'est due la division de l'ouvrage en chapitres, et c'est lui qui a composé les titres de ceux-ci. Que ce docte ami reçoive ici l'expression de mes remercîments pour la complaisance avec laquelle il a bien voulu revoir les épreuves de ma traduction.

Dr J.-B. CHABOT.

Paris, le 1er octobre 1893.

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II. Abaka K. (1265)

Khoubilai KK. (1260) Yaschmout

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Tarakaï III. Ahmed Mangou-Timour Malik-Timour

(Tagoudar)K.

IV. Argoun K. (1284)

(1282)

V. Kaïkhatou K. (1291)

Sanga

VI. Baidou K. (1295)

Anbardji

Sinkian

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IX. Abousaïd K. XIII. Satibeg K. XIV.Schah Gihan XV. Soliman K. XI. Mousa K. (1317)

Timour K.

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*On n'a inséré dans le tableau, pour plus de clarté, que ceux des quinze fils d'Houlaghou-Khan qui ont régné eux-mêmes, ou dont les descendants ont tenu le pouvoir suprême. En voici la liste complète : 1. Abaka: 2. Djoumkour; 3. Yaschmout: 4. Tekschi; 5. Tarakai; 6. Touzin; 7. Ahmed; 8. Atchai: 9. Konghouratai; 10. Yesoudar; 11. Mangou; 12. Houladjou; 13. Scherbawedji; 14. Toghai Timour; 15. Tchemkiam. (D'après HoWORTH, Hist. of the Mongols, III, 680.)

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