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nemis des habitants de Thurium, les vainquirent. De nouvelles agressions les décidèrent à réclamer la protection des Romains, ce qui fournit aux Tarentins un prétexte pour les attaquer et les battre. Plus tard, les Romains les réduisirent à l'état de colonie.

Fondée par les Chalcidiens, Cumes, la première des colonies grecques, prospéra par le commerce maritime, fonda Naples et Zancle, destinées à lui survivre, et tint tête aux Étrusques. Son aristocratie tempérée fut abattue par Aristodème, vaillant capitaine, qui, s'étant concilié l'armée par ses victoires sur les Étrusques, fit égorger les grands, contraignit les veuves d'épouser leurs assassins, favorisa le penchant des habitants à la volupté, et veilla à ce que leurs enfants fussent élevés dans la mollesse; car il savait qu'il est facile de tyranniser un peuple corrompu. Il finit par être assassiné, et Cumes, ayant recouvré ses droits, poursuivit le cours de ses expéditions lointaines et de ses guerres avec ses voisins, jusqu'à ce qu'elle tomba au pouvoir des Romains, en conservant toutefois son importance à cause du port de Putéoli.

Les mêmes Chalcidiens de l'Eubée, unis à ceux de Sicile, avaient anciennement colonisé Rhégium à l'extrémité de l'Italie. Enlevée aux Aurunces, elle était gouvernée aristocratiquement par mille citoyens choisis dans les familles messéniennes, qui s'y étaient alliées avec les habitants primitifs. A mesure que ces maisons s'éteignirent, comme il arrive d'ordinaire, le gouvernement devint oligarchique, ce qui permit à Anaxilas de s'emparer de la tyrannie. Ses fils lui succédèrent (484); puis, chassés douze années après, ils laissèrent dans le pays l'anarchie, à laquelle on mit un terme en adoptant les lois de Charondas. Grâce à elles, Rhégium se maintint en paix, jusqu'à ce qu'elle fut prise et saccagée par Denys Ier (1). Denys II la releva quelque peu; mais plus tard une légion romaine, cantonnée dans les environs, la surprit et massacra ses habitants. Rome punit de mort ces soldats, mais ne réndit pas à Rhégium la liberté.

286.

Cumes.

1300

345.

Rhégium.

723.

484,

360.

271.

1260.

Il ne nous a été presque rien transmis sur Métaponte, l'une des plus remarquables parmi ces colonies; elle fut bâtie par les Metaponte. compagnons de Nestor, à leur retour de Troie. Les Achéens et les Sybarites l'augmentèrent; Annibal contraignit ses habitants à émigrer dans le Bruttium; puis l'insalubrité croissante des plaines voisines de la mer finit par la dépeupler entièrement, comme elle dépeupla Pæstum et d'autres villes (1). Pline cite un temple de

(1) Denys ayant demandé pour femme aux Rhégiens une de leurs filles, ils lui offrirent la fille du bourreau. STRABON, VI.

(1) Métaponte, par le duc DE LUYNES et F. J. DEBACQ (Paris, 1833, in-fol. )

Tosidonie,

810.

Junon, soutenu par des colonnes en bois de vigne, preuve nouvelle que l'architecture dorique avait eu pour origine des constructions en bois dont elle conservait le caractère. L'église de Samson et la table des Paladins sont des débris de deux anciens temples d'architecture polychrome.

Posidonie, appelée Pæstum par les Romains, mérite une mention pour ses magnifiques restes d'antiquité. Elle était construite en carré, sur un terrain plat; ses murs, bâtis sans ciment, avaient cinq milles de tour, vingt pieds de hauteur et six d'épaisseur; ils étaient flanqués de plusieurs tours et percés de quatre portes seulement, l'une en face de l'autre. Elle possédait trois temples fameux; celui de Neptune, qui existe encore, est des plus admirables et des mieux conservés. Son péristyle, auquel on arrive par trois marches, se compose de six colonnes de front et de quatorze de côté; ces colonnes, cannelées et sans base, sont antérieures au temps où les Grecs donnèrent de la légèreté à l'ordre dorique lui-même. Pæstum était célèbre pour ses roses, qui fleurissaient deux fois l'an. Elle fut détruite l'an 1000 par les Sarrasins, et oubliée au point que l'on considéra comme une découverte, dans le courant du siècle dernier, l'indication de ses ruines fournies par quelques chasseurs.

CHAPITRE XXVII.

SICILE.

La Sicile, théâtre d'événements mythologiques, est appelée parfois terre du Soleil, île des Titans et des Lestrygons. Les vastes grottes qui, dans plusieurs endroits, s'ouvrent dans ses montagnes, et notamment dans le Val-di-Noto, à Spaccafurno et à Ipsica, où elles sont superposées les unes aux autres, comme les étages d'une maison, devaient être les habitations des Polyphèmes, types des peuples qui, sans lois sociales, faisaient paître leurs troupeaux dans la contrée et vivaient de fruits sauvages.

Bientôt les Titans et les Lestrygons eurent pour successeurs Cérès, Triptolème et les Cyclopes laborieux. Apollon, qui fait paître ses troupeaux dans l'Ortygie; Vénus, qui préfère Éryx à Gnide; Aristée,

n'est pas une simple monographie, mais ane exposition savante et curieuse, à l'aide du style et du dessin, des antiquités de cetto cité et de son territoire.

qui enseigne à cultiver la vigne, à faire le vin, à recueillir le miel; Hercule, qui conduit les troupeaux de Géryon, découvre et montre l'usage des eaux thermales d'Égeste et d'Himère, et remplace les sacrifices humains par des fêtes et des rites nouveaux, sont des fables qui indiquent l'ancienne civilisation de cette ile. Mercure et Faunus arrivent de la Sicile en Égypte; puis les populations, que l'arrivée de nouvelles bandes chassaient de l'Italie, se réfugièrent souvent dans l'île. Ainsi les Sicanes, de race ibérique (1), et plus tard les Sicules et les Morgètes, repoussés par les OEnotriens, occupèrent la partie orientale si fertile, et renfermèrent les Sicanes dans le territoire occidental. Mais, au delà de ce peuple, vers la pointe sud-ouest, dans la contrée pierreuse autour du fleuve Mazara, vivaient les Élymes, race pélasgique venue de l'Épire, dont la capitale Égesta attribuait sa fondation au Troyen Aceste. Drépanum, Entella, Éryx, où l'on voyait un temple de Vénus de construction cyclopéenne, se donnaient aussi une origine iliaque. Quelle que soit la valeur de ces traditions, elles signalent du moins que des colonies vinrent du Levant dans une époque très-reculée; du reste, il paraît certain que la Sicile fut occupée par quatre peuples, tous de race pélasgique.

A ces peuples vinrent bientôt se joindre les Crétois, symbolisés dans Dédale, qui fut accueilli par Cocalus, roi des Sicanes; Minos, roi de Crète, réclama Dédale et s'empara d'Héraclée Minoa, sur la rivière Alcium, où il trouva la mort. Dans le huitième siècle avant J.-C., des Phéniciens et des Carthaginois s'établirent aussi sur le littoral.

L'Athénien Théoclès, après un naufrage dans la Sicile, dont il avait apprécié les avantages, proposa à ses compatriotes d'y conduire une colonie, mais ne fut point écouté; il s'adressa alors aux habitants de Chalcis en Eubée, et fonda avec eux Naxos près du fleuve Onobota. D'autres colons arrivèrent bientôt; mais, au lieu d'un sol barbare, ils trouvèrent des villes phéniciennes ou sicules. déjà florissantes, dont ils s'emparèrent, en s'attribuant l'honneur de leur fondation et en remplaçant l'ancienne population par une nouvelle. Ils ne tardèrent pas à occuper toute la côte du Pélore au Pachynum et à Lilybée; les Phéniciens, renfermés entre Lilybée et le Pélore, dominèrent surtout à Motya, Sélinonte et Panorme.

On désigne aussi comme villes Chalcidiques Zancle, Mégare, Himère, Catane, Léontium ou Léonticum. Les Doriens, à la même époque, en avaient fondé d'autres, parmi lesquelles Syracuse, Acra,

(1) THUCYDIDE, VI, 2.

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Casmènes, Camarine, Thapsos, Géla, Agrigente. La différence d'origine et d'institution devint un germe d'inimitié (1) qui, après une prospérité éphémère, les entraina toutes dans leur ruine. Les colons commencèrent par soumettre les naturels ; dès que les campagnes furent placées sous le joug d'un petit nombre de familles descendant des premiers colons, les ambitieux, profitant de cet abaissement, s'érigèrent en tyrans.

Le premier fut Panétius de Léontium, qui excita les pauvres contre les riches. Agrigente, colonie de Géla, qui rivalisa souvent avec Syracuse, se gouverna d'abord aristocratiquement, comme toutes les colonies d'origine dorique; puis elle tomba sous le joug des tyrans, parmi lesquels on compte le Crétois Phalaris. Toutes les histoires répètent ses cruautés et parlent du taureau de cuivre rougi dans lequel il renfermait ses victimes, et qui n'était peutêtre qu'une tentative pour introduire le féroce usage phécinien de brûler les hommes; mais peu rappellent que Ménalippe, fatigué de ces cruautés, résolut de le tuer, et, dans ce but, se confia à son ami Chariton, qui lui dit avoir formé le même projet. Le moment venu, Chariton, armé d'un poignard, s'approche du tyran; les gardes l'arrêtent, mais la torture ne peut lui arracher le nom de ses complices. Menalippe alors se présente, en déclarant qu'il a le premier médité le meurtre, et que son ami n'a fait qu'obéir à ses instigations; Chariton le nie, une lutte s'engage entre les deux amis, et le tyran, ravi d'admiration, leur fait grâce de la vie et des biens, à la condition qu'ils abandonneront le pays (2).

Entraîné par les mêmes soupçons, il sévit contre le philosophe Zénon; mais ses cris produisirent une telle émotion parmi la multitude, que le tyran fut lapidé, et la liberté rétablie.

Phalaris eut pour successeur Alcman, puis Alcandre, enfin Théron, loué par Pindare et les historiens, qui défit les Carthaginois et soumit Himère. Thrasydée, son fils et son successeur dégénéré, fut battu et chassé par Hiéron de Syracuse. Dès ce moment, Agrigente adopta le gouvernement populaire, à l'exemple de Syracuse, et parvint à l'apogée de sa grandeur. Magnifique par son luxe et ses monuments, elle devint une des cités les plus opulentes, si bien que l'on disait que les Agrigentins bàtissaient comme s'ils ne devaient jamais mourir, et mangeaient comme s'ils n'avaient qu'un jour à vivre. Callias, très-riche habitant d'A(1) WLADIMIR BRUNET DE PRESLE, Recherches sur les établissements des Grecs en Sicile; Paris, 1845.

(2) Elien, II, 4. — ATHÉNÉE, XIII, 8. On rejette aujourd'hui le recueil de lettres de Phalaris.

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grigente, offrait tous les jours des banquets divers, et ses serviteurs invitaient à la porte tout individu qui voyageait ; un jour qu'il passait cinq cents cavaliers de Géla, il les traita tous, et, comme il vint à pleuvoir, il donna à chacun un manteau de sa garde-robe; il avait dans sa cave trois cents pièces de vin, de cent amphores chacune. La mollesse devint telle que, pendant un siége, on défcndit aux citoyens, lorsqu'ils allaient faire la garde dans la citadelle, d'emporter plus d'un matelas, d'une couverture et d'un traversin. Les vins et les huiles, qu'on n'avait pas encore naturalisés en Afrique, et dont elle faisait le commerce avec Carthage, étaient la source principale de ses richesses.

Les autres cités étaient également tombées sous le joug des tyrans, qui les entretenaient dans des guerres continuelles, alimentant ainsi les goûts belliqueux, mais excitant l'esprit municipal au préjudice du sentiment national. Syracuse, la plus connue de toutes ces colonies, était au moins aussi grande que Paris, et renfermait un million deux cent mille habitants, autant que toute la Sicile d'aujourd'hui. Elle se gouverna en république, depuis l'époque de sa fondation jusqu'à Gélon, sans s'étendre beaucoup au dehors, bien qu'elle eût fondé les colonies d'Acra, de Casmènes, de Camarine. L'autorité était dans la main des propriétaires (geomori); mais les esclaves, excités par les démagogues, se révoltèrent contre eux, et les réduisirent à se réfugier dans Casmènes. Gélon, tyran de Géla, se servit d'eux pour acquérir le souverain pouvoir à Syracuse, et jeter les fondements de sa propre grandeur et de celle du pays. Il accrut Syracuse en y appelant d'autres Grecs, et en y transportant les habitants riches des villes détruites de Mégara, de Camarine, et d'autres encore; il faisait en même temps vendre au dehors ceux qui étaient pauvres, disant qu'il était plus aisé de gouverner cent hommes dans l'aisance qu'un seul n'ayant rien à perdre. Syracuse devint ainsi plus puissante sur mer et sur terre qu'aucun autre État de la Grèce, surtout lorsque Gélon eut contracté des alliances avec Théron, seigneur d'Agrigente; il fournit gratuitement du blé aux Romains, et, au temps de la guerre médique, Gélon offrit aux Grecs deux cents trirèmes, vingt mille fantassins et deux mille cavaliers, s'ils voulaient lui conférer le commandement de la flotte alliée. Sa demande fut refusée, et les Carthaginois, confédérés avec Xerxès l'empêchèrent d'envoyer des secours; Amilcar, en effet, était venu avec une flotte considérable à Panorme pour mettre obstacle aux expéditions que la Sicile et la Grande Grèce pourraient diriger vers la mère patrie. Cependant Gélon, à la tête de cinquante mille hommes et de cinq

Syracuse.

732.

484.

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