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une armée formidable, l'empêcha de passer le Rhin, et de se répandre dans le pays Messin, comme le prétendait le prince Eugène. Les Impériaux ayant marché vers Trèves, au nombre de 50,000 homines, le comte de Saxe fut détaché, avec le comte de Belle-Isle, le marquis d'Aubigné, et le duc de Béthune, et tous trois firent une si grande diligence, que, le 8 octobre, ils étaient à Trèves, dont les ennemis se trouvaient encore fort éloignés. Le 21, les armées française et impériale n'étant séparées que par la petite rivière de Salm, le comte de Saxe s'empara d'un village qui bordait le passage de cette rivière, et poursuivit les troupes qui le gardaient, jusqu'à un bois au-delà du pont. Il allait être enveloppé par deux colonnes d'infanterie alJemande, lorsqu'il se retira en bon ordre. Le 23, il prit sur lui de garder un gué de la Moselle, dont les ennemis pouvaient se servir pour passer cette rivière. Ils tentèrent cependant d'effectuer ce passage, le 1 novembre; mais le comte les repoussa avec tant de succès, qu'ils n'osèrent hasarder une seconde tentative. Le 5 novembre, on publia une suspension d'armes, et le comte de Saxe revint à Paris. Destiné pour servir en Allemagne, comme lieutenant-général, par lettres du 20 juillet 1741, il partit de Paris le 11 août, se rendit à Strasbourg, et joignit l'armée auxiliaire de France, aux ordres de l'électeur de Bavière. Il prit Walsec, en Autriche, au commencement d'octobre, avec un détachement, et défit 1800 Autrichiens qui étaient de l'autre côté de ce village. L'armée ayant pris la route de Bohême, le comte de Saxe, commandant l'avant-garde, se saisit de la ville de Budweis, ou les Autrichiens avaient un magasin considérable. A l'assaut de Prague, qui se fit le 26 novembre à deux heures après minuit, et à la faveur des échelles qu'on avait attachées aux murailles, il monte sur les remparts suivi des grenadiers, tue et désarme tout ce qui se présente, fait rompre une des portes de la ville, y introduit l'infanterie et la cavalerie qui occupent les avenues, et s'avance vers le pont, où le commandant de la bourgeoisie lui remet les clefs de la ville. Le général Ogilvi, ainsi que le commandant de la citadelle, lui remirent aussi

leurs épées, et se rendirent prisonniers de guerre. Après la pri se de Prague, le grand-duc de Toscane se retirant sur les frontières de l'Autriche, le comte de Saxe le poursnivit, et tomba sur son arrière-garde grand nombre de hussards autrichiens restèrent sur la place, ou furent faits prisonniers. Il accompagna l'électeur de Bavière, qui partit de Prague, le 28 décembre, pour retourner à Munich. Il quitta Dresde, le 25 janvier 1742, et retourna en Bohême auprès du maréchal de Broglie. Le 2 avril, il investit Égra, qui capitula, le 19. Il attaqua et força une aile des ennemis appuyée au village de Sahay. Le 26 juillet, il alla prendre le commandement de l'armée de Bavière, qui lui avait été donné par lettres du 1a mai précédent. Il joignit l'armée commandée par le maréchal de Maillebois, le 18 septembre, s'empara de plusieurs défilés, et facilita au maréchal l'entrée dans la Bohême. Le 3 octobre, le comte de Saxe fut blessé dans une escarmouche. Il chassa de Falkenau un corps de hussards. Il obligea 5000 hommes qui défendaient Ellenbogen de capituler, le 10; fit brûler le pont de bois près de cette ville, sur la frontière d'Égra, et se saisit des magasins. Le prince Charles prit Dekendorff, sur le Danube, et Landau, sur l'Isler; mais le comte de Saxe en chassa les Autrichiens. Le maréchal de Broglie ayant assigné au comte de Saxe, pour quartier l'autre côté du Danube, cette disposition ne laissait à la Bohême et à Égra aucune espérance de secours : le comte de Saxe fit inutilement remarquer Je vice de cette distribution de quartiers. Après la reddition de Prague, le prince Charles fit bloquer Egra, et rappela le prince de Lobkowitz dans le Haut-Palatinat, pour couper la communication des Français avec Égra. Le comte de Saxe, qui pénétra son dessein, marcha avec son corps de réserve, s'approcha des frontières de la Bohême, et soutint M. du Cayla, qui conduisait un grand convoi dans Egra. Le comte de Saxe fut fait mestre-de-camp d'un régiment de cavalerie légère, dit hullands, qu'il leva par commission du 30 mars 1743. Il joignit l'armée française en Bavière, sous le maréchal de Broglie, et commanda les troupes qui étaient dans le Haut-Palatinat. Après la retraite

du maréchal de Broglie, le comte de Saxe prit le comman dement de l'armée, la ramena en France, et obligea le prince Charles de rester de l'autre côté du Rhin. Le maréchal de Coigny fut chargé, au commencement de septembre, du commandement de l'armée que conduisait le comte de Saxe, qui alla joindre celle du maréchal de Noailles. Le comte de Saxe, avec la réserve, occupa les lignes de Lauterbourg, et fit perdre aux Autrichiens l'espérance de mettre à contribution l'Alsace et la Lorraine. Le roi le fit maréchal de France, parétat donné à Versailles, le 26 mars 1744, régistré à la connétablie, le 12 septembre 1748. Il eut, le 1o avril 1744, le commandement d'une des armées de Flandre, arriva, le 17 mai, au pont d'Espierre, et établit son quartier à Courtray, d'où il couvrait le siége de Menin. Ses détachements levèrent de grosses contributions, enlevèrent les bestiaux jusqu'aux portes de Gand, emportèrent, près de Bellem, un fort avec 6 pièces de canon. Menin se rendit au roi, le 5 juin. Le maréchal de Saxe couvrit ensuite le siége d'Ypres, environna Courtray de palissades, fit réparer les anciennes fortifications de cette ville, et y en ajouta de nouvelles. Dès que le prince Charles eut passé le Rhin, le roi, déterminé à commander en personne son armée d'Alsace, partit de Dunkerque, le 19 juillet, et laissa au maréchal de Saxe le commandement de l'armée qui restait en Flandre : elle était de 45,000 hommes, et les alliés en avaient 80,000. Le maréchal, toujours dans son camp de Courtray, parvint, par différentes manœuvres, à tenir l'armée ennemie dans l'inaction pendant le reste de la campagne. Nommé commandant de l'armée de Flandre sous le roi, par pouvoir du 1 avril 1745, il assiégea Tournay. Les alliés attaquèrent l'armée française à Fontenoy, le 11 mai. Le combat commença à six heures du matin, et se soutint avec un avantage égal jusqu'à midi, malgré trois attaques et une décharge continuelle d'artillerie, qui n'avaient rien fait perdre de ses avantages à l'infanterie française; mais vers midi, le centre de cette armée se trouva ébranlé, et elle perdit de son terrain. La cavalerie, qui appuyait ce centre donna à son tour, et revint plusieurs fois

à la charge ; mais elle fut contrainte de céder au feu qu'elle essuyait, et la victoire parut vouloir se déclarer en faveur des alliés. Les ennemis avaient formé un bataillon carré composé de 15,000 hommes d'infanterie, faisant un feu terrible de tous côtés : ce bataillon avait en tête plusieurs pièces de canon qui tiraient à cartouche. La maison du roi, la gendarmerie, n'avaient point encore chargé. S. M. ordonna alors aux brigades des vaisseaux, de Normandie et des Irlandais, de charger le bataillon carré des ennemis par sa droite; aux brigades du roi et de la couronne d'Aubeterre de le prendre par sa gauche; à sa maison, à la gendarmerie, aux carabiniers, de l'attaquer en front. Le maréchal de Saxe, pour appuyer ces attaques, fit avancer 4 pièces de canon. Les troupes du roi chargèrent toutes à la fois avec une vigueur qui rendit inutile la valeur des ennemis: le bataillon carré fut bientôt rompu, et repoussé au-delà du champ de bataille. Dans son désordre et sa déroute, ce bataillon entraîna une seconde colonne d'infanterie qui s'avançait avec la cavalerie pour les soutenir,et les alliés abandonnèrent le champ de bataille, avec perte de 20 pièces de canon et 15,000 hommes (1). La ville de Tournay, qui avait été investie, le 26 avril, capitula le 23 mai, et la garnison en sortit le 24. La citadelle se rendit le 20, et sa garnison sortit le 24. Pendant le siége de cette citadelle, le roi accorda au maréchal de Saxe les honneurs et les entrées du Louvre, ainsi qu'à sa femme, s'il venait à se marier, et à l'aîné de ses enfants et descendants mâles. Le roi le fit aussi capitaine des chasses, et gouverneur du château de Chambord, pour sa vie, par provisions du 25 août. Le maréchal fit investir la ville d'Ath par le mar

(1) Le maréchal de Saxe était malade, lorsqu'il avait reçu le commandement de l'armée de Flandre, et il était presque mourant le jour de la bataille de Fontenoy. Avant l'action, il se fit porter dans une voiture pour visiter tous les postes; et, pendant le combat, il monta à cheval: mais il était tellement faible, qu'on craignait qu'il n'expirât à tout moment; cependant la victoire fut due en grande partie à ses savantes dispositions.

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quis de Clermont-Gallerande, au commencement d'octo. bre. Ath capitula le 8. Les ennemis, bien éloignés de soup. çonner que le comte de Saxe méditât quelque nouvelle conquête, avaient distribué leurs troupes en quartiers d'hiver. Le maréchal, profitant de cette circonstance, investit de toutes parts, le 30 janvier 1746, la ville de Bruxelles, défendue par une garnison de 18 bataillons et de 9 escadrons : 17 officiers-généraux commandaient cette garnison. Il fit ouvrir la tranchée dans la nuit du 7 au 8 février. Le 20, 10 grenadiers se postèrent à chaque brèche des demi-bastions de l'ouvrage à corne, et furent suivis par les travailleurs, qui s'établirent sur la crête des brèches. Les assiégés s'avancèrent pour les en chasser; 4 compagnies de grenadiers, qui étaient dans le fossé, entrèrent dans le demi-bastion, mais furent contraintes de se retirer. Les assiégés crurent néanmoins que cette attaque était le prélude d'un assaut général. En conséquence, ils battirent la chamade, le même jour, et signèrent une capitulation, par laquelle la garnison, forté de 12,000 hommes, fut déclarée prisonnière de guerre elle laissa aux Français toute l'artillerie de campagne des Hollandais, un nombre prodigieux de canons et de mortiers, toutes les munitions nécessaires à une armée, et des provisions de bouche pour 4 mois. Le maréchal de Saxe fut naturalisé Français, par lettres du mois d'avril 1746. Il battit l'armée des alliés à Raucoux, le 11 octobre, leur prit 9 drapeaux, un étendard et 64 pièces de canon; fit 3000 prisonniers, et tua 12,000 hommes. Le roi lui donna, par brevet du 1 novembre suivant, 6 pièces de canon du calibre de trois livres de balles, dont 3 pièces aux armes d'Angleterre et 3 aux armes de Hollande. Il fut créé maréchal-général des camps et armées du roi, par provisions données à Versailles, le 12 janvier 1747. Il marcha, la même année, vers la Flandre hollandaise, et fit plusieurs détachements, qui s'emparèrent de l'Écluse, des forts la Perle, d'Issendik et de Liefkenshoek, du Sas de Gand, du fort Saint-Antoine, de Philippine, du fort Santberge, de Hulst et d'Axel. Le 2 juillet, il défit à Lawfeldt, sous

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