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En 1360, le château de Joinville fut pillé par l'armée des Tard-Venus ou Malandrins ', composée des gens de guerre qui s'étaient débandés après la paix de Brétigny.

En 1364, Brocard de Fenestranges, mécontent de la solde qu'il avait reçue au service du roi de France, ravagea la Champagne. Son parent, le comte de Vaudemont, le fit prisonnier et le retint dans le château de Joinville. C'est alors qu'un incendie détruisit la chapelle du château, où étaient déposées les chartes de l'église. Deux cartulaires de l'église collégiale de Saint-Laurent furent anéantis : l'un remontait à l'année 1260; l'autre commençait à l'année 1364.

En 1546, le duc de Guise reçut à Joinville le roi François Ier, qui y passa les fêtes de la Toussaint.

Le 30 juin 1554, la ville fut incendiée par CharlesQuint, soit pour venger la mort du prince d'Orange, tué au siége de Saint-Dizier d'un coup de couleuvrine qu'un prêtre lui tira de la tour de l'église, soit par haine contre François, duc de Lorraine, qui l'avait forcé de lever le siége de Metz. Le château résista, mais l'église de SaintLaurent fut incendiée, et l'écusson de Geoffroy, surnommé Trouillard, que son neveu le sire de Joinville y avait placé après l'avoir rapporté de Saint-Jean d'Acre, fut enlevé par Charles-Quint.

Pour réparer les calamités de la guerre, Claude de Lorraine, sire de Joinville, obtint l'exemption de tailles

'Dans la Description de Joinville en l'Estat où on la voit à présent, ms. 1054, p. 106, il est dit qu'après la paix de Brétiguy, parmi les bandes qui dévastèrent le pays, celle qui fut nommée Tard-Venus s'empara de la ville de Joinville, où tous ceux du pays avaient déposé leurs richesses, et que le butin fut de plus de cent mille livres ; ils extorquèrent en outre vingt mille livres pour sortir du pays.

et d'impôts, et il abandonna pendant la première année la totalité de ses revenus, dépassant 30,000 livres ; la moitié pendant la seconde année, et le tiers pendant la troisième.

« En 1639, le 19 août, Louis XIII passa à Joinville avec « le cardinal de Richelieu. Celui-ci monta au château, << admira les mausolées et tombeaux des princes, les reli« ques de l'église Saint-Laurent, notamment la ceinture << de saint Joseph, le chef de Jean de Joinville et une table << en plate peinture, qui est une des belles pièces que l'on puisse voir. Le roi et le cardinal furent fort contents, et « le témoignèrent 1. »

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Plus tard, les anciennes constructions du château, celles de l'église de Saint-Laurent et les fortifications, furent rétablies, et s'étaient conservées jusqu'en 1747, presque entièrement les mêmes qu'au temps de Joinville. On en peut juger par le plan dressé à cette époque pour les archives de la maison d'Orléans. Nous le reproduisons d'après le dessin qui est au cabinet des estampes de la Bibliothèque impériale.

Le 27 avril 1791, le duc d'Orléans (Philippe-Egalité) fit vendre les bâtiments du château, à la condition qu'ils seraient démolis 2. Cet ordre à jamais regrettable fut exécuté, et le biau castel si cher au cœur de Joinville s'écroula sous des mains sacriléges. Parmi nos monuments historiques, aucun n'aurait mieux mérité d'être conservé avec un pieux respect.

' Extrait du livre-journal dans le recueil appartenant à M. Lemoine. 2 Son mandataire était M. de Boncerf. Le château fut adjugé aux citoyens Berger et Passerat, au prix de 6,000 livres pour les matériaux et 1,500 livres pour le terrain (acte du 27 avril 1791).

VI.

DES MANUSCRITS DES MÉMOIRES

DE JOINVILLE.

Les manuscrits de Joinville et ceux de Ville-Hardouin sont peu nombreux, tandis que les Chroniques de Froissart, quoique beaucoup plus volumineuses, se sont multipliées, embellies de miniatures, et forment encore aujourd'hui le plus bel ornement de nos bibliothèques : ce qui prouve que les récits de ce chroniqueur, par cela peut-être qu'ils sont moins vrais et moins sérieux, étaient préférés par nos pères à ceux plus sévères des deux historiens champenois. Cependant l'idiome de Ville-Hardouin et de Joinville est celui que l'on parlait alors à la cour de France; et les grands événements que nous retracent leurs histoires ne le cèdent en intérêt, ni aux narrations un peu fardées de Froissart, ni aux fictions des romans de chevalerie.

Le plus ancien manuscrit des Mémoires de Joinville dont il soit fait mention est celui qui est désigné dans l'inventaire de la Bibliothèque du roi de France Charles V, inventaire dressé en 1373 par son valet de chambre, Gilles Mallet, garde de sa librairie. Ce manuscrit était donc antérieur à la date authentique que porte l'inventaire, où il est ainsi désigné :

LXXXVIII

« Une grande partie de la vie et des faiz de monsieur << saint Loys, que fit faire le sire de Joinville, très-bien es«cript et historié, couvert de cuir rouge à emprains, à « fermoires d'argent. »>

Le roi Réné de Sicile, au quinzième siècle, possédait un manuscrit des mémoires de Joinville, qui fut transporté à Beaufort-en-Vallée, petite ville d'Anjou, où il se trouvait encore au seizième siècle. C'est ce manuscrit qui servit à l'édition première imprimée à Poitiers en 1547, par Jehan et Enguilbert de Marnef frères. Antoine Pierre de Rieux en fut l'éditeur.

Auparavant, en 1540, la duchesse de Guise, Antoinette de Bourbon, fille de François de Bourbon, comte de Vendôme, mariée, en 1513, à Claude de Lorraine, premier duc de Guise et seigneur de Joinville, avait communiqué à Louis Lasseré, chanoine de Saint-Martin de Tours, et proviseur de la maison de Navarre, un manuscrit de l'histoire de Joinville, dont Lasseré donna en 1541 un abrégé concernant l'histoire de saint Louis '.

2

En 1584, Lacroix du Maine possédait une copie de << ce manuscrit, laquelle, dit-il, nous avons par devers nous en langage françois usité pour lors 2, » c'est-à-dire en un langage qu'il supposait conforme à celui du temps de saint Louis.

En 1616, un autre manuscrit fut découvert à Laval parmi des papiers appartenant à un ministre calviniste. Ce manuscrit est mentionné par Menard dans la préface de son édition de Joinville.

Dans l'addition à sa dissertation, M. Bimard de la Bastie

'Biblioth. franç., t. II, p. 522.

2

Il fait suite à l'histoire de saint Jérôme.

h.

mentionne un manuscrit découvert à Lucques par SaintePalaye. Comme il avait appartenu à la famille des Guises, il en concevait de grandes espérances. La Bibliothèque Royale en fit l'acquisition trois ans après (en 1741), au prix bien modique de 360 livres; mais ce manuscrit ', dont la couverture portait les armes d'Antoinette de Bourbon, paraît être le même que celui dont cette duchesse donna communication à Lasseré; il ne remonte pas au delà de 1500. Le style est conforme à celui de l'époque de François 1er, et plusieurs termes, usités dans le seizième siècle, servent d'interprétation à d'autres plus anciens en usage au temps de saint Louis, ce qui prouve que ce manuscrit doit être une copie modifiée, quant au style et à l'orthographe, d'après un plus ancien texte. La première partie contient l'histoire de Joinville, la seconde, celle de PhilippeAuguste. L'écriture en est très-belle, et la précieuse miniature qui occupe en entier la première page, représente Joinville offrant son livre à Louis le Hutin entouré de sa cour. Six autres belles miniatures l'enrichissent.

Le plus précieux de tous est le manuscrit que possède notre Bibliothèque Impériale (no 2016 du Supplément français) qui fut rapporté de Bruxelles par le maréchal de Saxe. L'écriture, l'orthographe et le style de la miniature qui est en tête, ont fait croire aux savants éditeurs du Recueil des Historiens de France qu'il pourrait être l'original lui-même. La date consignée à la fin porte : « Ce fu escript en l'an de grâce mil ccc et 1x (1309), ou moys doctoure. >>

« Ce livre, disent-ils, tom. XX, p. 305, n'est pas seu

Coté n° 206, Supplément français.

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