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Quoique les bénédictins, en insérant dans l'Art de vérifier les dates cette inscription déclamatoire, n'aient élevé aucun doute sur son authenticité, les éditeurs du Recueil des Historiens des Gaules la regardent comme fabriquée postérieurement, et, suivant toute apparence, en 1639, à l'époque même où elle fut publiée. On l'attribue au P. Marteau.

Maintenant que nous avons connaissance de l'Obituaire, on peut établir une distinction entre les deux parties de l'épitaphe. La première doit être considérée comme ancienne; quant à la rédaction de la seconde, elle peut en effet être attribuée au P. Marteau.

Ces tombeaux et ceux des princes de Lorraine, qui avaient succédé aux sires de Joinville, furent respectés jusqu'à l'époque de la Révolution. « Lorsqu'on jetait au vent à Saint-Denis les cendres de saint Louis, celles de son fidèle serviteur devaient éprouver le même sort 1. » Toutefois, un sentiment national força les autorités à faire ensevelir les restes de Joinville et de ses successeurs dans le cimetière de la ville qu'ils avaient enrichie de leurs bienfaits.

La pierre funéraire qui était placée sur le mausolée de Joinville le représente de grandeur naturelle, à ce que l'on croit, et alors il aurait eu près de six pieds de haut; les ossements trouvés dans son tombeau en 1626, selon un manuscrit du milieu du dernier siècle, indiquent que sa tête était fort grosse, et que sa taille avait près de six pieds. D'après le dessin qui a paru pour la première fois en 1807

« Cependant, dit M. F. Fériel, le peuple de la cité se souleva au souvenir de ses anciens seigneurs, et força les autorités du lieu à faire inhumer leurs restes avec une certaine pompe. Ils reposent aujourd'hui au cimetière de la ville.» (Notice sur le sire de Joinville. )

dans l'édition de la traduction anglaise des Mémoires de Joinville, et dont nous reproduisons la gravure, il est représenté couvert de la tête aux pieds d'une cotte de mailles, par dessus laquelle on voit une tunique sans manches; le casque aussi est à mailles; son épée est attachée à son ceinturon, et à son bras gauche est suspendu son écu aux armes de Joinville; ses deux mains jointes indiquent la prière, et ses pieds chaussés de l'éperon reposent sur un chien, emblème de la fidélité. A droite et à gauche de sa tête sont deux anges ailés, tenant, l'un, des plumes et un cahier à écrire, l'autre, une écritoire et un livre relié.

Quoique nous possédions une copie de ce dessin à la Bibliothèque impériale de Paris, j'avoue que je n'ai pas une entière confiance dans son exactitude rigoureuse, surtout en ce qui concerne les accessoires. Si dans les manuscrits, même anciens, on voit souvent l'aigle (attribut de saint Jean) tenant dans son bec une écritoire, et saint Jean un calamus ou une plume à la main, cependant ces attributs, placés entre les mains d'anges qui tiennent en outre un livre à la main, ne me paraissent pas d'accord avec les représentations figurées au commencement du quatorzième siècle, ou du moins semblent indiquer une sculpture exécutée postérieurement1.

'M. Lemoine, qui m'avait promis un dessin plus exact, m'annonce qu'il s'occupe en ce moment, avec le propriétaire du château de Joinville, de rechercher sous les décombres l'emplacement de l'Église collégiale de Saint-Laurent, conformément au plan qu'il en possède. Il espère retrouver le caveau du sire de Joinville, qui fut enterré derrière l'autel de cette église.

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V.

CHATEAU DE JOINVILLE.

Le château n'existe plus; les buissons et les ronces couvrent maintenant la colline que dominait le manoir féodal des sires de Joinville.

Le dessin qui s'en est conservé nous en donne une exacte représentation; et cette vue accroît les regrets, quand on pense que la destruction de ce beau château qui s'était conservé huit cents ans, ne date que d'un demi-siècle.

Le château de Joinville fut fondé au onzième siècle par le comte Estienne, qui vivait sous le règne de Robert, fils de Hugues Capet. On lit dans la Chronique d'Albéric des Trois-Fontaines, à l'année 1055 Ipse Stephanus primus castrum de Jovevilla inchoavit1. Un acte postérieur à l'an de 1028 qualifie cet Estienne de haut et puissant seigneur; un autre, de vir valentiæ potentiæque.

Ses successeurs, et surtout Jean sire de Joinville, en accrurent les fortifications; ils y ajoutèrent de nouvelles constructions, ainsi que la chapelle attenante au château 2.

'Voir l'Essai sur la généalogie du sire de Joinville, ms. 1054.

2 En l'an 1035 le château fut reconstruit, et en 1090 Geoffroi II contribua à son embellissement. En 1109, Louis le Gros fit entourer Joinville de murailles épaisses, liées entre elles par des tours qui dominent les maisons de la ville. (Manuscrit de M. Lermet.)

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