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XXIII. François-Joseph de Lorraine,

Duc d'Alençon, de Guise, de Joyeuse et d'Angoulême, pair de France, prince de Joinville, né à Paris le 28 août 1670, mort le 16 mars 1675. Son corps fut porté à Joinville. Il eut pour successeur sa grande tante.

XXIV. Marie de Lorraine,

Née le 15 août. 1615. Elle était fille de Charles de Lorraine, duc de Guise, prince de Joinville, pair et grand maître de France et d'Henriette-Catherine, duchesse de Joyeuse. Elle succéda à son petit-neveu François-Joseph de Lorraine, dans les duchés de Guise, de Joyeuse, d'Angoulême et dans la principauté de Joinville, en 1675, et mourut à Paris, dans son hôtel, le 3 mars 1688.

De Marie de Lorraine, dite mademoiselle de Guise, qui testa en 1686, la principauté de Joinville passa successivement à mademoiselle d'Orléans, à Philippe de France, frère unique de Louis XIV, au duc d'Orléans, régent, et à sa descendance.

m.

XI.

DISSERTATION

SUR LE CREDO DE JOINVILLE.

Parmi les manuscrits de notre Bibliothèque impériale, M. Paulin Paris a signalé celui qui, sous les numéros 1445-7857, contient une Profession de foi, ou Credo, accompagnée de réflexions en forme de commentaires.

M. le chevalier Artaud', qui le premier nous a donné un fac simile de ce précieux manuscrit, dit que l'usage de composer de semblables Credo était fréquent au moyen âge, et il en cite plusieurs exemples. Grégoire de Tours, qui écrivait au sixième siècle, nous en a laissé un où il expose ainsi sa croyance :

« Je crois en un Dieu, le père tout-puissant; je crois en Jésus-Christ, etc.

<< Le Dante également a dit :

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4 Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français. Paris, Firmin Didot, 1837. Imprimé seulement à vingt-cinq exemplaires.

Da questo falso amor omai la mano

A scriver piu di lui io vo ritrare,

E ragionar di Dio, come Cristiano.
Io credo in Dio padre, che puo fare
Tutte le cose, e da lui tutti i beni
Procedon sempre di bel operare;
Della cui grazia terra e ciel son pieni,
E da lui furon fatti di niente
Perfetti, buoni lucidi e sereni.

In Christo,

.unico figliuol di Dio, nato

"

Eternalmente, e Dio di Dio uscìo.

Pétrarque, vers l'an 1369, composait sa XLIX canzone adressée à la Vierge Marie. C'est aussi une sorte de Credo, où sont développés les principaux points de notre croyance.

<< Il existe une foule de professions de foi semblables dans les ouvrages du quatorzième siècle et des siècles suivants. >>

MM. Paulin Paris et Artaud ont attribué ce Credo à Joinville, et il y a tout lieu de croire que c'est avec raison. Le manuscrit, à en juger par la forme de l'écriture et par le dessin des miniatures dont il est orné, date évidemment de l'époque où vivait Joinville, et, d'un autre côté, le style de l'auteur et l'orthographe sont plus anciens que le manuscrit des Mémoires de Joinville (n° 2016) que possède notre Bibliothèque impériale, et qu'on s'accorde à regarder comme postérieur d'un demi-siècle à l'original. Ce qui prouve enfin qu'il appartient à l'époque que nous signalons, c'est le fac simile qu'a donné M. le chevalier

Artaud, document précieux et qui, revu avec le plus grand soin par M. Paulin Paris, reproduit le manuscrit original avec une rigoureuse exactitude.

La date de l'année et le lieu où fut écrit ce Credo s'y trouvent ainsi indiqués :

«

.....

Or y a mi deux cent quatre-vingt-sept ans...... (Page 16, dernière ligne.)

ע

« Je fis d'abord faire cette dictée en Acre ce après que li « frères du roy en furent partis, et avant que le roy allast « fortifier la ville de Césarée en Palestine. » (Pag. 2, lign. 17 et 18.)

Joinville en effet rapporte dans ses Mémoires, que lorsque le comte de Poitiers et le comte d'Anjou, frères du roi, furent partis d'Acre, saint Louis se rendit à Césarée, dont il répara les fortifications, et Joinville ajoute que lui-même, dans cette expédition, accompagnait le roi'.

L'auteur de ce Credo, à en juger par certaines locutions, doit avoir été un laïque et même un militaire.

Le motif qui le lui a fait écrire, c'est, dit-il, que :

<< Comme nus (nul) ne pooit estre saus (sauvé) se il ne savoit son Credo, il a fait cet œuvre pour esmouvoir les gens à croire ce de quoi ils ne se pooient soffrir. » (Pag. 2, lign. 15 et 16.)

Le récit que Joinville fait dans ses Mémoires d'un des

1 Le départ des frères du roi est à la date de 1251. La première rédaction du Credo est donc antérieure de cinquante-huit ans à l'époque où Joinville nous dit qu'il écrivit ses Mémoires, en octobre 1309.

épisodes les plus dramatiques de la retraite des croisés après la bataille de Mansourah, lorsque sa vie et celle des prisonniers chrétiens furent en si grand péril, se retrouve également dans le Credo; l'auteur dit qu'il assistait en personne à cette terrible scène : il était donc un de ces prisonniers.

Et comment douter que ce soit Joinville lui-même, quand dans plusieurs endroits du Credo on voit les mêmes preuves qu'il a déjà données de son intime familiarité avec le roi, et que de plus les raisons pour établir la vérité de ce Credo et pour exhorter ses compagnons à y croire sont précisément celles dont se servait le roi pour le convaincre des vérités de la religion.

Dans ses Mémoires Joinville nous dit :

« Le saint roi se efforçoit de tout son pooir, par ses pa« roles, de moi faire croire fermement en la loi chrestienne « que Dieu nous a donnée, ainsi que vous orrez ci-après. (Pag. 13, l. 5 et suiv.)

Et l'auteur du Credo s'exprime ainsi :

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Je le fis (ce Credo) pour engager les gens à croire ce dont << ils ne pouvoient se contenter (pooient soffrir).» (Pag. 2, l. 16 et 17.)

N'est-il pas naturel même de supposer que Joinville, dont l'esprit était un peu ondoyant et assez ergoteur sur plusieurs points de la religion, aura rédigé ce Credo à la demande de saint Louis, afin de rendre à d'autres le ser

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