Imatges de pàgina
PDF
EPUB

texte du premier volume de l'édition de 1830, et la copie qui devait former le second, sur le manuscrit de la Bibliothèque Impériale no 267, fonds du roi, également connu sous le nom de Manuscrit de Bruxelles, qui rappelle son long exil en Belgique, dans la Bibliothèque des ducs de Bourgogne, jusqu'en 1744, où il nous revint dans les bagages du Maréchal de Saxe. Dans des notes, j'ai expliqué de mon mieux les mots difficiles du texte, et au-dessous j'ai tâché de l'éclairer par une comparaison avec celui d'un autre manuscrit du supplément au fonds du roi no 206, généralement cité sous le nom de Manuscrit de Lucques, qui indique sa provenance, et par les variantes des éditions précédentes.

A ce travail j'étais prêt à joindre une notice sur Jean, sire de Joinville, et sur ses écrits; mais, informé par M. Ambroise-Firmin Didot que, d'après le résultat des recherches sur les écrits et la personne du sire de Joinville auxquelles il s'était livré pendant le cours de l'impression de ses Mémoires, il comptait en faire le sujet de plusieurs dissertations, je n'ai pas hésité à renoncer à ce supplément de tâche. Je laisse au public le plaisir de se rendre compte de la manière savante et consciencieuse dont s'en est acquitté cet érudit typographe.

La relation de Jean-Pierre Sarrasin, qui vient après ceile de Joinville, avait déjà été donnée par MM. Michaud et Poujoulat; mais la copie qu'ils ont suivie, à défaut de l'original, qui n'a pas été retrouvé, est si défectueuse, que je n'ai pas balancé à restituer le texte, toutes les fois que je l'ai pu.

Celui du petit poëme sur la bataille de Mansourah et

la mort de Guillaume Longue-Épée, peut sembler aussi mauvais; mais il est conforme au français parlé en Angleterre à la fin du treizième siècle, et la traduction que j'ai cru devoir joindre à ce morceau, le fera comprendre.

Je n'ai plus qu'à dire un mot relativement à la pièce de vers qui termine le volume; on peut dire d'elle avec plus de raison encore que dans la chanson citée par le Misanthrope :

La rime n'est pas riche et le style en est vieux.

Mais l'œuvre est contemporaine de l'événement qu'elle est destinée à déplorer, et, à ce titre, les Regrets de la mort du roi Louis méritaient de prendre place à la suite du principal monument élevé à sa gloire.

FRANCISQUE-MICHEL.

I.

DE LA VIE DE JOINVILLE.

JEAN, sire de JOINVILLE, naquit en 1224, au château de Joinville, dans le diocèse de Châlons-sur-Marne, de Simon, sire de Joinville, et de Béatrix, fille d'Étienne II, comte de Bourgogne. L'inscription placée sur son tombeau indique qu'il est mort en 1319; il aurait donc vécu quatrevingt-quinze ans. Sa famille, l'une des plus illustres et des plus anciennes de la Champagne, descendait directement et en ligne masculine de Godefroy de Bouillon; elle était alliée aux comtes de Châlon et de Bourgogne, et aux dauphins de Viennois. La mère de Joinville était cousine germaine de l'empereur d'Allemagne Frédéric II. Plusieurs des ancêtres de Joinville s'étaient distingués aux croisades.

L'aïeul du sire de Joinville, le sénéchal de Champagne Geoffroi IV, surnommé le Jeune, se signala dans les guerres de son temps, et partit pour la croisade, en 1190, avec ses deux fils Geoffroi dit Trouillard et Simon. Il mourut l'année suivante sous les murs de Saint-Jean-d'Acre.

Geoffroi et Simon se distinguèrent tellement dans cette croisade, que Philippe-Auguste, lorsqu'il quitta la TerreSainte, leur confia une partie de ses troupes qui, réunies à

JOINVILLE.

I

a

celles de Richard, roi d'Angleterre, firent la conquête de plusieurs villes. Geoffroi mérita à tel point l'estime de Richard, que ce roi, la terreur des Sarrasins, lui octroya comme preuve éclatante de son amitié, le droit de partir son écusson des armes d'Angleterre.

Les deux frères, après être restés cinq ans en Palestine, revinrent en France; mais l'aîné des deux, Geoffroi dit Trouillard, sire de Joinville et sénéchal de Champagne, repartit en 1201 pour la Terre-Sainte, où il mourut sans postérité en 1204. Son frère Simon lui succéda dans tous ses titres, droits et honneurs, et retourna en 1218 dans la TerreSainte avec Jean de Brienne; il assista à la prise de Damiette et mourut en 1233, laissant pour héritier son fils Jean, le sire de Joinville, alors âgé de sept à huit ans.

Élevé à la cour élégante et littéraire des comtes de Champagne, Joinville fut attaché dès son enfance à son seigneur le comte de Champagne, Thibaut IV, roi de Navarre, à la fois poëte et musicien. C'est au goût des lettres et à l'élégance d'esprit et de manières qui régnaient à cette cour, que l'on doit attribuer le développement des heureuses qualités qui firent, jeune encore, distinguer Joinville par saint Louis; c'est aussi à l'habitude qu'il y prit de bien parler et de bien écrire que nous sommes redevables du précieux monument historique où il nous raconte la célèbre et désastreuse croisade dans laquelle il se distingua. C'est à ce même développement littéraire qu'on avait dù, un siècle auparavant, le récit de la croisade dont le maréchal de Champagne, Geoffroi de Ville-Hardouin, fut le chef et l'historien.

1 Voir plus loin les actes: l'acte C, p. cxvu; l'acte D, p. cxvi, et l'épi taphe, p. LXXVI.

« AnteriorContinua »