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d'un marchand en détail enfreint les réglemens de police en étalant en dehors de sa boutique, je ne me récrierais pas moins contre une foule de revendeurs qui s'emparent, de tous côtés, de la voie publique, où ils établissent, au grand détriment des marchands domiciliés,

Leur comptoir sur roulette, et qu'on porte à dos d'homme.

Cet abus, qui, depuis quelques années, va croissant de jour en jour, est la source des plus graves inconvéniens: il tend, de vingt manières, à la ruine du commerce, en arrê– tant le débit des marchands en boutique, qui ne peuvent soutenir la concurrence avec des revendeurs qui ne paient ni loyer ni patente; en ouvrant un débouché facile au négociant de mauvaise foi, pressé de vider à tout prix ses magasins; en facilitant la vente des marchandises volées, en offrant mille moyens de tromper impunément l'inexpérience des acheteurs. Un autre inconvénient fâcheux de cet abus est de donner l'apparence d'un métier à une foule de vagabonds, qui s'en prévalent pour exercer impunément leur funeste industrie.

LE PHILOSOPHE.

On doit croire qu'un abus si commun n'a

point échappé à l'active vigilance des magistrats; mais toutes les circonstances ne sont pas également propres à faire le bien, ni même à réprimer le mal: il y a des tems où il faut que tout le monde vive, même lorsqu'on n'en voit pas la raison.

L'HERMITE.

Passons à des observations moins graves. Je ne puis voir sans humeur ces affiches de toutes couleurs dont on bariole, dont on défigure à Paris l'extérieur de nos monumens publics. J'ai dans l'idée que les archontes d'Athènes n'auraient pas permis aux Laffecteur de ce tems-là d'afficher leur rob anti-syphilitique sur les propylées, ou même sur les murs du Céramique; sans compter que plusieurs de ces placards sont un véritable outrage à la pudeur publique. Où serait l'inconvénient que l'autorité désignât, comme elle le fait pour les places de fiacres, les lieux où il serait permis d'afficher, et qu'elle reléguât dans le quartier de Vénus Meretrix ces pancartes indécentes qui salissent tous les coins des rues ? Il y aurait un autre avantage à adopter cette mesure : c'est au pays de la fièvre qu'il importe de faire connaître les propriétés du quinquina.

La propreté est une vertu dont je fais si grand cas; qu'en faveur de cette seule vertu je fais grâce aux Hollandais de beaucoup de qualités sociales qui leur manquent. C'est assez vous faire entendre à quel point je suis révolté des sales habitudes qu'on a laissé contracter aux dernières classes du peuple, et qu'un bon réglement de police, sévèrement exécuté pendant quelques mois, suffirait pour faire disparaître.

LE PHILOSOPHE.

Je vois que nous nous sommes partagé en idée les fonctions des édiles romains: vous vous êtes occupé des réformes à faire; moi, je rêve aux établissemens utiles que l'on pourrait former.

Je voudrais que, profitant des découvertes faites, et dont un peuple voisin s'est le premier assuré les avantages, on parvînt, en multipliant les pompes à feu, à distribuer à Paris, comme à Londres, l'eau de la rivière dans toutes les maisons; qu'au moyen du phloscope on y perfectionnât l'éclairage; que toutes les places publiques y fussent plantées d'arbres, et que les grandes rues en fussent bordées.

Je voudrais qu'on établît des bains publics aux frais de l'Etat, où le peuple fût admis sans. la moindre rétribution.

Je voudrais que les prisonniers condamnés à la simple détention fussent employés, comme à Berne, aux travaux publics, au balayage des rues, au nettoiement des égoûts.

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Le philosophe André voulait tant de choses, que je trouverai, dans le seul exposé de ses vœux, la matière d'un autre Discours.

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N° XL. 28 mars 1816.

LE JOUR DE LA PREMIÈRE COMMUNION.

De combien de douceurs n'est pas privé celui quí manque de religion? Quel sentiment peut le consoler dans ses peines? quel spectateur anime les bonnes actions qu'il fait en secret? quel prix peut-il attendre de sa vertu? comment doit-il envisager la mort? J. J. ROUSSEAU, Emile.

AUTANT je trouve d'inconvenance et d'inconvéniens à faire de la religion le sujet d'une discussion publique, autant je trouve d'utilité et même de charmes dans ces entretiens particuliers où deux personnes cherchent mutuellement à s'éclairer, à se persuader, à s'instruire sur un objet d'une si haute importance. « Un peu de philosophie, a dit Bacon dans son chapitre de la Superstition, conduit à l'athéisme ; beaucoup de philosophie ramène à la religion. Les raisons dont il appuie cette vérité ne sauraient être trop souvent reproduites. « L'esprit

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