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son ouvrage intitulé: « Examen de la doctrine lumineuse (1). » Tsien- che, après avoir cité textuellement les paroles de l'encyclopédie et de Min-Khieou, dont il était contemporain, continue ainsi : « Ce fut donc à « cette époque qu'on commença à construire des tem<< ples de Ta-Thsin. L'inscription dit : Dans le royaume « de Ta-Thsin il y avait un homme d'une vertu supérieure appelé O-lo-Pen. Dans la neuvième an« née de la période Tching-Kouan (636) il vint à Si-ngan-Fou. Dans la septième lune de la même période (638) on construisit dans la rue de la Jus<< tice et de la Paix (I-ning) un temple de Ta-Thsin... << O-lo-Pen est le même que O-lo-Sse (dont parle MinKhieou). Dans l'origine le temple s'appelait temple « de Po-Sse. Dans la période I-Fong (676-679) il «< conservait encore son ancien nom. Mais dans la << quatrième année Tien-Pao (745) on changea son "nom en celui de temple de Ta-Thsin. »

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Tsien-che, dans son « Examen de la doctrine lumineuse,» passe en revue les diverses religions venues des pays étrangers et qui se propageaient dans l'empire. Il parle surtout avec détail et d'une façon trèspeu élogieuse des manichéens ou disciples de Mo-Ni Manès) et des adorateurs du feu ou disciples de So-lo-ti (Zoroastre). Après avoir déclaré que leurs doctrines étaient fausses et perverses, il poursuit ainsi : « Quant à la doctrine lumineuse qui s'est ré

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pandue comme un fleuve, ses sectateurs sont les << plus intelligents parmi les barbares dont il a été

(1) Tsien-che-King-Khiao-Khao. (Examen de la doctrine lumineuse par Tsien-che.) — Bibliothèque impériale, no 574, t. VIII, liv. CVIII.

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question plus haut: ils comprennent un peu les << caractères (chinois); ils fardent leur langage et dé<< bitent une foule de mensonges. En réalité, ils ne « diffèrent pas des manichéens et des sectateurs de l'Esprit de feu... (1)

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Nous croyons ces citations bien suffisantes pour prouver d'une manière péremptoire que les auteurs chinois antérieurs à l'existence des jésuites connaissaient parfaitement le monument de Si-ngan-Fou et la propagation de la religion chrétienne dans le Céleste Empire. Après cela il paraît superflu d'invoquer le témoignage des auteurs modernes, qui seraient cependant, quoi qu'on puisse dire, d'une grande autorité. Plusieurs lettrés du dernier siècle ont parlé dans leurs écrits de l'existence de l'inscription, et, chose bien remarquable, il n'en est pas un seul qui s'élève contre son authenticité. Comment admettre qu'il ne se soit pas rencontré dans tout l'empire un seul écrivain qui ait entrepris de dévoiler la supercherie des chrétiens et des missionnaires, surtout aux époques de persécution, où le gouvernement, les mandarins et le peuple, tout le monde était soulevé contre le christianisme? Quelle bonne fortune pour un lettré que de pouvoir lancer un bon pamphlet à la face des adorateurs du Seigneur du ciel (2) et de prouver à tout l'empire qu'ils n'étaient que des fourbes et des imposteurs. Rien de semblable n'est arrivé: on a inventé mille calomnies contre les missionnaires; on a été jusqu'à les accuser d'arracher les yeux aux malades et

(1) Tsien-chi-King-Khiao-Khao, t. VIII, liv. CVIII, fol. 8. (2) Nom actuel des chrétiens en Chine.

de faire bouillir les petits enfants pour fabriquer l'opium; quant à l'inscription de Si-ngan-Fou, jamais un doute n'a été soulevé; on ne trouve pas même la plus légère insinuation à cet égard dans les manifestes les plus violents qui ont été publiés en Chine contre les chrétiens et les missionnaires.

Voilà des preuves nombreuses et assurément bien décisives en faveur de l'authenticité du monument de Si-ngan-Fou. Qu'il nous soit permis cependant d'ajouter encore une considération qui, pour nous, serait sans réplique et plus concluante que tous les témoignages historiques et scientifiques que nous venons d'exposer. A l'époque de la découverte de l'inscription

il

y avait dans l'empire chinois un grand nombre de missionnaires de divers ordres, des franciscains, des dominicains et des jésuites; ils étaient Portugais, Italiens, Espagnols, Français, Allemands, appartenant à toutes les nationalités de l'Europe. Ces religieux avaient dit adieu à leur patrie; ils avaient tout sacrifié pour s'en aller au bout du monde travailler à la conversion des infidèles, au milieu des privations et des souffrances de tout genre, au péril même de leurs jours. Ce sont ces hommes qui ont vu (1), étudié l'inscription de Si-ngan-Fou et qui en ont envoyé des copies en Europe. Hé bien! nous croyons à la sincérité de ces hommes. Nous sommes convaincu que ces religieux ne se sont pas concertés pour attester una

(1) Le P. Alvarez Sémédo, qui était à cette époque à Si-ngan-Fou, s'exprime ainsi : « J'ai vu, lu et considéré à loisir cette pierre; je me suis « surtout étonné qu'elle fût si entière, et ses lettres si saines, si nettes « et si distinctes après le cours de tant d'années. » (Histoire générale du royaume de la Chine, p. 220. )

nimement l'authenticité de ce qui n'eût été qu'une fourberie; nous sommes convaincu que des religieux préparés tous les jours à sceller de leur sang la foi qu'ils prêchaient n'ont pas menti effrontément à l'Europe, à la Chine, au monde entier. Non, ils n'ont pas fabriqué ce monument par une fraude pieuse, comme l'a prétendu Voltaire. Une pareille fraude eût été une infamie dont on ne peut se rendre coupable qu'après s'être dépouillé de tout sentiment d'honneur et de religion. Une telle conduite donnerait le droit de penser que les missionnaires de la Chine étaient nonseulement dépourvus de conscience, mais encore atteints de folie; car ils n'eussent pu sans démence s'abandonner à cet audacieux mensonge, dont on ne voit pas l'utilité, mais qui ne pouvait manquer de ruiner leur mission en les couvrant de honte et de mépris aux yeux de leurs néophytes et des chrétiens de l'Europe. L'inscription de Si-ngan-Fou est donc anthentique, parce que son anthenticité repose sur la bonne foi, l'honneur et la religion des missionnaires, parce qu'elle est attestée par les témoignages de l'histoire et de la science et qu'on n'a jamais pu encore, ni en Orient ni en Occident, lui opposer un argument solide et irréfutable. Aussi un savant et judicieux membre de l'Institut n'a pas craint de dire : << Ce monument fameux, dont on a longtemps cherché « à révoquer en doute l'authenticité, en haine des « missionnaires jésuites qui l'ont fait connaître plutôt « que par suite d'un examen équitable de ce qu'il contient, est unanimement regardé à présent comme « à l'abri de tout soupçon (1). »

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(1) Saint-Martin, Hist. du Bas-Empire, t. VI, p. 69.

CHAPITRE III.

I. —- Mouvement religieux dans l'empire chinois. — Tolérance et scepticisme des Chinois. — II. Propagateurs du christianisme en Chine. Premiers métropolitains. - Progrès du prosélytisme. - III. RenseiCurieux passage du

gnements puisés dans la littérature arabe.

Polo.

livre intitulé: « La Chaîne des chroniques. » — IV. Révolution en Chine. Massacre des chrétiens. - Les écrivains arabes et Marco.. Missionnaires envoyés en Chine dans le dixième siècle. V. Notice sur le prêtre Jean. - Lettre de ce curieux personnage à l'empereur de Constantinople. prêtre Jean. -- VI. Conversion du commencement du onzième siècle. tribu mongole.

Lettre du pape Alexandre III au khan et de la tribu des Kéraïtes au

Nombreuses conquêtes de cette Origine de la légende du prêtre Jean. — Ung-Khan dernier souverain des Kéraïtes.

-

I.

A l'époque où les apôtres du christianisme érigeaient au cœur même de l'empire chinois le monument remarquable dont nous venons de parler, il s'opérait dans la haute Asie un grand mouvement religieux, mouvement qui sans doute n'a pas été assez remarqué par ceux qui ont voulu contester l'authenticité de l'inscription de Si-ngan-Fou. En même temps que les missionnaires de Jésus-Christ répandaient parmi ces populeuses contrées de l'Asie la semence de la foi chrétienne, les sectateurs de Mahomet et de Bouddha étaient, eux aussi, animés d'un

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