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besoin de prendre de l'exercice, et de res pirer au moins pendant quelques jours un autre air que celui du château des Tuileries. La Fayette voulut bien lui permettre de faire avec la reine un voyage à SaintCloud. Au retour de ce voyage Louis XVI écrivit à la duchesse de Polignac:

« J'arrive de la campagne; l'air nous a fait du bien; mais que ce séjour nous a paru changé ! Le sallon du déjeûner, qu'il étoit triste! Aucun de vous n'y étoit. Je ne perds pas l'espoir de nous y retrouver : dans quel tems? Je l'ignore. Que de choses rous. aurons à nous dire ! La santé de votre amie se soutient malgré toutes les peines qui l'accablent. Adieu, madame la duchesse; parlez de moi à votre mari et à tout ce qui vous entoure, et dites-vous bien que je ne serai heureux que le jour où je me trouverai avec mes anciens amis. » L'amitié peut-elle tenir un langage plus pur, plus aimable?

Plus la première assemblée nationale avançoit dans ses travaux, et plus la reine se voyoit malheureuse. On en a une preuve dans ce peu de mots d'une autre lettre de Louis XVI à la même duchesse de Polignac.

«Depuis dix-huit mois il n'y a ici que des choses bien tristes à voir et à entendre ; on ne prend pas d'humeur, mais on est peiné, attristé d'être contrarié par-tout, et souvent mal jugé. » (1)

(1) J'ai tiré ces fragmens de lettres, et tout ce que

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. Ces choses bien tristes à voir et à entendre, que Louis XVI, le plus indulgent des hommes, n'appeloit que des contrariétés, étoient pour la reine de biens cruels tourmens. Les faits qui vont suivre, diront si elle méritoit que notre assemblée constituante et la Fayette la vissent sans pitié traîner ses jours dans les larmes et le deuil.

C'est un malheur particulier à cette princesse, que dans tous les partis on a été injuste envers elle; les personnes qui s'entendoient le moins sur le but que devoit avoir la révolution, sembloient être d'intelligence pour aggraver l'infortune de MarieAntoinette. C'est par cette inconcevable fa

j'ai dit de la liaison de la reine avec la duchesse de Polignac, d'un petit écrit intitulé: Mémoires de madame la duchesse de Polignac, avec des particularités sur sa liaison avec Marie-Antoinette, reine de France, par la comtesse Diane de Polignac. Il fe trouve à Paris, au bureau général des nouveautés, rue Gilles-Coeur, no. 16. Je ne me suis aidé de cet écrit, qu'après m'être assuré qu'il étoit authentique. Outre qu'il n'a paru que dans un tems où l'on n'avoit aucun intérêt à solliciter pour les augustes amis de la duchesse de Polignac, des sentimens qui ne pouvoient plus rien pour leur bonheur, il est aisé de voir que le mensonge ne sauroit imiter ce style simple, naïf, ce ton de candeur que l'auteur emploie, et qui est le seul langage de la vérité. Il est heureux qu'on nous ait fait connoître ces fragmens de lettres où l'on voit si bien tout ce qu'avoit de touchant et d'aimable cette liaison si calomniée par des hommes qui ne vouloient pas croire à l'amitié, parce qu'ils ne croyoient à aucune vertu. Dans ces épanchemens qui n'étoient pas pour le public, Louis et Marie-Antoinette se peignent encore mieux que dans les actions dont ils ne pouvoient pas nous dérober la connoissance; & après avoir contemplé ce portrait qu'ils tracent d'eux-mêmes, il n'est plus possible de ne pas rendre justice à la beauté de leur ame.

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talité que la Fayette fut comme d'Orléans un de ses persécuteurs. Mais je me flatte que le lecteur qui lira avec impartialité les faits que j'ai encore à raconter jugera que cette conjuration presqu'universelle contre la reine, fut l'effet des impostures sans cesse répétées et trop légèrement crues; et malgré moi, je suis toujours ramené à cette réflexion, que tant de personnes ayant eu envers elle des torts, il n'est pas étonnant que tant de personnes encore dans ce moment veuillent lui trouver des torts. Quand on a commis des injustices, on a besoin de se persuader que l'innocent qui en a été opprimé, n'étoit pas sans reproche,

FIN DU LIVRE SIXIÊM E.

Fin du Tome premier.

DE

MARIE-ANTOINETTE JOSEPHE-JEANNE

DE LORRAINE,

ARCHIDUCHESSE D'AUTRICHE,
REINE DE FRANCE.

PAR L'AUTEUR DE L'ÉLOGE DE LOUIS XVI.

La vertu malheureuse en ces jours criminels,
Annonce à ma raison les siècles éternels.
Pour la seule douleur, la vertu n'est point née,
Le ciel a fait pour elle une autre destinée.

TOME

GRESSET, tragédie d'Édouard.

SECOND.

Conti Moze

Sur l'imprimé A PARIS,

De l'Imprimerie de H. L. PERRONNEAU,
rue des Grands Augustins.

M. DC C. XCVII.

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