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EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES,

RÉDIGÉS PAR M. RICHARD CORTAMBERT,

Secrétaire adjoint.

Séance du 3 juin 1870.

PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. A propos du procès-verbal et de la communication faite à la dernière séance par M. le docteur Broch sur des cartes de la ma rine norvégienne précisant la nature du fond des mers, M. Adrien Germain rappelle que la marine française a, depuis plusieurs années, poursuivi les mèmes études, et que, sous le ministère de M. le marquis de Chasseloup-Laubat, le capitaine de frégate de Roujoux, dans une série de travaux consciencieux faits avec le concours d'ingénieurs, est parvenu à indiquer l'aspect réel et la nature géologique de certains fonds du voisinage de la France, entre autres des abords du goulet de Brest.

Le secréatire général donne lecture de la correspondance.

M. Léonce Angrand, membre de la commission scientifique du Mexique, adresse une lettre circulaire dans laquelle il faut comprendre que, par suite d'une circonstance en dehors de sa volonté, son nom a été attaché à la reproduction du Manuscrit Troano, études sur le système graphique et la langue des Mayas. Il déclare n'avoir pris aucune part à la publication de cet ouvrage. Des remercîments pour leur récente admission sont adressés par MM. H. de Villeneuve-Flayosc, T. Guérin et Balezeaux.

M. Francis Garnier annonce que la Société géographique de Londres a décerné une médaille d'honneur à l'expédition française du Mé-kong, dont il a dirigé les travaux après la mort du com mandant de Lagrée; il exprime toute sa gratitude pour cette distinction, et il est heureux d'en faire part à la Société de géographie de Paris, qui, la première, a couronné cette entreprise scientifique à laquelle son nom se trouve attaché.

A la demande de M. le marquis de Chasseloup-Laubat, M. Fr. Garnier entre dans quelques explications sur la marche de la pu

blication qui doit relater en détail les résultats de l'expédition du Mé-kong; le compte rendu officiel paraîtra probablement au mois de novembre 1870.

En réponse à une lettre de M. le marquis de Chasseloup-Laubat, témoignant, au nom de la Société, le vœu que les officiers de l'expédition du général de Wimpffen chez les Doui-Menia et dans le bassin de l'Ouad-Guir, fournissent quelques notes sur les points relevés, Son Exc. le maréchal Le Bœuf dit qu'il est heureux de favoriser les communications de la nature de celles que la Société réclame, et de prêter ainsi aux recherches de la science un concours utile et empressé. Il adressera à ce sujet une lettre au maréchal de Mac-Mahon, gouverneur de l'Algérie.

Le secrétaire général place sous les yeux de la Société deux spécimens d'alfa envoyés à la Société par l'un de ses membres, M. E. Testarode, capitaine adjudant-major au 2a régiment de tirailleurs algériens.

M. Richard Cortambert, d'après une lettre de M. Ruelens, un des organisateurs du congrès des sciences géographiques et commerciales d'Anvers, annonce qu'une exposition d'œuvres géographiques sera ouverte à Anvers à l'époque du congrès, et que l'on espère pouvoir compter sur d'assez nombreux envois faits par les membres de la Société. On recevra avec reconnaissance le prêt temporaire de portulans, de cartes rares, de globes, d'astrolabes et même de travaux de géographie moderne.

A propos de la communication qui vient d'être faite, M. Jules Duval rappelle qu'il a été dernièrement découvert au Canada un astrolabe portant la date de 1603, et qu'on a attribué à l'expédition de Champlain.

Le secrétaire général donne lecture de la liste des ouvrages offerts. Par suite, il est présenté par M. Arthur Demarsy, une notice sur l'église Saint-Étienne à Pise, et sur l'ordre de Saint-Étienne de Toscane ; —- par M. Maunoir, les Premières leçons de géographie pour le college de Guadalupe, par Sébastian Lorente, ouvrage en espagnol, et le Manuel de géographie et de statistique du Pérou, par D. Baldomero Menendez, également en espagnol.

M. Charles Grad envoie une étude dont il est l'auteur, et qui a pour titre Observations sur la constitution et le mouvement des glaciers.

M. de Quatrefages fait hommage : 1o des Reports on the Paris universal exhibition, 1867, publiés à Londres; - 2o de deux articles publiés par lui dans la Revue des deux mondes sur le Congrès international d'archéologie préhistorique tenu à Copenhague en 1869; 3° de son Rapport sur le prix d'anthropologie, fondé par le docteur Godard à la Société d'anthropologie; 4° d'un ouvrage dont il est également l'auteur: Charles Darwin et ses précurseurs français.

Est élu membre de la Société M. Albert Esnault-Pelterie, négociant.

Est inscrit au tableau de présentation, pour qu'il soit statué sur son élection à la séance suivante, M. Émile-Louis Duchêne, présenté par MM. Henri Coendoz et Charles Maunoir.

Conformément à des précédents établis, M. d'Avezac demande que M. Alex. de La Roquette, qui a dernièrement fondé, au sein de la Société, un prix pour les découvertes dans le Nord, soit considéré comme membre donateur. Cette proposition est immédiatement adoptée à l'unanimité par la commission centrale.

La parole est ensuite donnée à M. Adrien Germain, qui, dans un compte rendu verbal, explique le conisphère de M. Olichon, essai de représentation du globe terrestre facilement portatif, mais ne donnant pas une idée exacte de la forme de la terre.

Dans un compte rendu également verbal, M. Vivien de SaintMartin commente un mémoire envoyé par M. Borit sur la retraite des Dix mille et la découverte du mont Téchès.

Le mémoire envoyé par M. Borit, dit M. V. de Saint-Martin, est l'œuvre d'un habile et savant ingénieur, et il mérite, à ce titre, toute notre attention, comme venant d'un homme habitué aux observations et aux travaux sur le terrain; d'un autre côté, l'auteur n'avait pas sous la main, évidemment, tous les livres qu'il lui eût été utile de consulter sur les questions de pure critique et d'érudition spéciale, et, sous ce rapport, il s'est trouvé dans une situation relativement défavorable dont il faut lui tenir compte. Outre l'officier éminent Kinneir, le seul que cite et que semble connaître M. Borit, d'autres savants se sont occupés de la question traitée ici; et, pour n'en rappeler que deux parmi les plus recommandables, M. Ainsworth et M. Karl Koch ont apporté dans cette recherche la double autorité de l'explorateur et de l'érudit. Le

point principal que l'auteur du travail actuel s'est proposé d'éclaircir est l'emplacement exact du mont Téchès, d'où les Dix mille de Xénophon, d'après le récit de l'Anabasis, aperçurent la mer pour la première fois, lorsqu'ils franchirent la crête élevée qui domine la région littorale au-dessus de Trébizonde. Le point désigné par l'auteur est le nœud de montagnes d'où sortent la rivière de Baïbourd et la rivière de Gümischkanèh. C'est en effet le massif le plus élevé de toute cette région; et, d'ailleurs, le récit de l'auteur grec y conduit forcément. Aussi ce point a-t-il été déjà plus d'une fois indiqué; d'autant plus que le nom local de Tekièh s'y est conservé, ce que M. Borit aurait pu faire remarquer à l'appui de sa désignation. Au surplus, les dénominations de Tek, Tékèh, et autres analogues, se retrouvent plus d'une fois dans les montagnes de la haute Arménie, ce qui semble dénoter un terme local ancien.

L'auteur a gravi la sommité la plus élevée du massif, et là il a trouvé quelques pierres amoncelées qui lui rappellent aussitôt l'autel que les soldats de Xénophon dressèrent sur le Téchès. Cette circonstance, nous le craignons, pourra bien ne pas être universellement regardée comme tout à fait décisive. Il est un autre fait que M. Borit aurait dû, à ce qu'il semble, faire remarquer, c'est que, de ces hauteurs entre lesquelles et la côte de Trébizonde il y a un intervalle de 100 kilomètres au moins coupé par un autre rideau de montagnes et par tout un pays prodigieusement accidenté, de ces bauteurs, disons-nous, il est matériellement impossible de voir la mer. L'exclamation des soldats grecs n'a pu être que le résultat d'une illusion qu'explique très-bien d'ailleurs celle que M. Borit lui-même éprouvait lorsque son regard s'arrêtait sur les vallées remplies de vapeurs ondoyantes qui s'étendaient à ses pieds, même dans une direction opposée à la côte.

L'auteur touche à d'autres points controversés de cette partie de la géographie de l'Anabasis, tels que la question de Gymnias, par exemple, et celle des deux Cerasus. Parmi ces questions de détail, il en est sur lesquelles on ne peut guère se prononcer avec une certitude absolue, surtout si l'on s'attache d'une manière rigoureuse à un texte qui laisse certainement une large part à l'à peu près; il en est d'autres qui sont parfaitement résolues, telles que la double Trébizonde, les deux Cerasus, etc. Mais ce sont là des recherches sur lesquelles la critique ne peut guère se fixer que dans la calme élaboration du cabinet.

La communication de M. Borit n'en est pas moins très-méritoire; elle peut apporter un bon et utile élément d'étude dans un sujet aussi intéressant que difficile. L'intérêt pour nous serait encore plus grand si nous savions au juste quelle est la valeur topographique du fond de la carte jointe au mémoire. Si cette carte provient de relevés directs faits sur le terrain par les ingénieurs qui travaillent à la route de Trébizonde à Erzeroum, ce serait un morceau précieux de nature à enrichir notre Bulletin, en dehors de toute application à la question ancienne. Nous regrettons beaucoup que M. Borit n'ait rien dit absolument à ce sujet.

A la suite de cette analyse, M. Vivien de Saint-Martin fait quelques observations sur la rédaction du Catalogue de la bibliothèque de la Société et signale quelques points qui lui semblent défectueux. Il est pris bonne note de ces observations.

M. Maunoir donne lecture d'une Notice adressée par M. Auguste Beaumier et de la relation de voyage à Timbouctou par le rabbin Mardochée. (Voyez au Bulletin.)

La présentation du portrait de l'israélite est faite par M. Jules Duval au nom de M. Beaumier.

M. Ramel fait la communication suivante: « A la suite, dit-il, d'un voyage par terre qu'exécuta de Saint-Louis à Alger un habitant du Sénégal, j'eus l'idée qu'on pourrait jeter à des stations favorables et à saison propice des semences d'un arbre qui a le mérite de végéter dans le sable, même en supposant une très-grande chaleur, une très-grande sécheresse, et de procurer par ses racines une quantité assez considérable d'eau potable. Pour cela, il suffit de couper par tronçons les racines, et de laisser écouler l'eau dans un vase, ou au besoin dans le creux de la main. Depuis, mon ami Müller, à la suite d'expériences faites dans un désert australien, a émis l'idée de conquérir le désert à la végétation, et a demandé aux caravanes qu'elles voulussent bien semer de distance en distance par stations, dans les endroits favorables, certaines espèces de végétaux. »

Quelque étrange que paraisse cette entreprise, dit en terminant M. Ramel, son succès, en définitive, ne dépend peut-être que d'une première tentative et que de la bonne volonté des voyageurs.

M. Demarsy fait appel aux membres présents à la séance, et sollicite leur bienveillant concours dans le but d'obtenir des renseignements au sujet d'une relation de voyage en Perse remontant SOC, DE GÉOGR JUILLET-AOUT 1870.

XX,

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