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Actes de la Société.

EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES,

RÉDIGÉS PAR M. RICHARD CORTAMBERT,

Secrétaire adjoint.

Séance du 5 août 1870.

PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire général donne lecture de la correspondance. M. Marius Craveri, par lettre du 29 juin 1870, rend compte du tremblement de terre survenu à Alexandric d'Égypte.

M. Beaumier envoie, à la date du 16 juillet, le croquis d'une éclipse de lune et des échantillons de minerai recueillis par le rabbin Mardochée aux environs d'Akka.

M. Bourdon, capitaine au 2 tirailleurs algériens, envoie une Etude sur le Dahra, achevée quant à la partie géologique et géographique; il annonce l'envoi de la suite pour après la fin de la guerre.

M. de Bizemont écrit de Berber, à la date du 30 juin; il signale les difficultés rencontrées par l'expédition de sir Samuel Baker, qui est toujours retenu sur le Nil Blanc.

M. Louis Desgrands adresse copie d'une lettre qu'il a reçue de son neveu et qui traite des arbres de l'Australie.

M. Meurand, directeur au ministère des affaires étrangères, adresse: 1o un travail du consul général de France à Tripoli de Barbarie sur la situation commerciale et administrative de la Tripolitaine en 1868 et 1869; 2° une note du consul général de France à Bogota, sur la ville et la savane de Santa-Fé de Bogota.

Lecture est donnée de la liste des ouvrages offerts.

Par suite à cette liste, M. d'Avezac dépose sur le bureau, de la part de M. Henry Stevens, du Vermont (États-Unis), une série de volumes et de cahiers que ce docte bibliophile, spécialiste des

curiosités de l'histoire des découvertes dans le nouveau continent, avait adressés de Londres au consul général américain à Paris, notre collègue le général J. M. Read, pour être offerts par ses soins à la Société de géographie. M. Read étant actuellement en Suisse pour un mois encore, il y avait intérêt à ne point attendre son retour pour faire parvenir l'hommage de M. Henri Stevens à la Société avant qu'elle entrât en vacances. M. d'Avezac, muni à cet égard de pleins pouvoirs de M. Stevens, a retiré en conséquence, du consulat général américain, le paquet dont la Société se trouve ainsi, dès ce moment, en possession, et dont il croit utile de faire immédiatement un rapide inventaire.

Ce sont d'abord deux cahiers (novembre 1869 et janvier 1870) de l'American Journal for science and arts, recueil que notre bibliothèque reçoit d'ailleurs par une autre voie, mais dont ces deux numéros ont pour nous un intérêt spécial à raison des articles qu'ils contiennent, de M. Henri Stevens, l'un sur les plus anciennes découvertes en Amérique, l'autre sur la vie et les ouvrages d'Alexandre de Humboldt.

Les notes historiques et géographiques sur les découvertes américaines de 1453 à 1530, comprises dans le premier cahier, sont reprises, complétées et disposées avec autant d'élégance que d'ingénieuse commodité dans un beau volume in-octavo qui mérite, de la part des amateurs, une attention particulière : Il est orné, en tête, d'un frontispice gravé sur bois dans le goût des dernières années du XVIe siècle; autour du titre, qui occupe un carré central, sont rangés quatre compartiments distincts: en haut, une flotte en partance; à gauche, un cosmographe porteur d'un astrolabe; à droite, un pilote muni d'une ligne de sonde; et, au bas, une charmante composition qui représente, au milieu de leurs savantes discussions, les cosmographes espagnols et portugais réunis en 1524 à Badajoz, pour régler scientifiquement le partage du monde entre les deux puissances. Le texte des notes ne formerait ensuite qu'une mince plaquette s'il n'avait été ménagé entre elles et la couverture un étui de 12 millimètres d'épaisseur, dans lequel viennent se loger, convenablement pliées, six grandes planches contenant ensemble seize simile d'anciennes cartes monumentales reproduites par la photolithographie, plus un planisphère du monde aujourd'hui connu.

A côté de ce curieux volume doit se placer une plaquette de 40 pages ayant le même frontispice et le même titre, sauf la date limitative de 1869 substituée à celle de 1530.

Un autre volume est intitulé: Bibliotheca historica. Ce n'est qu'un catalogue de vente, mais d'une de ces ventes où abondent les curiosités et les livres spéciaux, qui éveillent un intérêt insolite dans l'esprit des amateurs: il s'agit des livres laissés à son décès par M. Henri Stevens Senior, le fondateur et le premier président de la Société historique et archéologique du Vermont, dont la vente s'est faite à Boston, au mois d'avril dernier. On sait quelle habileté Libri savait déployer dans la rédaction des catalogues de ce genre. M. Stevens a inséré dans celui-ci, sous certains articles, des notices plus ou moins étendues, très-sérieusement étudiées et fort instructives: on ne peut se dispenser de remarquer celles qui y sont consignées sous les n° 860, 1272, 1336, 1473, 2487, 2519, et bien d'autres.

La préface de ce volume avait, aux yeux de l'auteur, mérité un tirage à part, dont un exemplaire est aussi compris dans son envoi.

Enfin, une gentille petite plaquette de 32 pages grand in-16, clôt la série des écrits dont il est fait hommage à la Société de géographie, par M. Stevens. L'intitulé de ce dernier morceau, qui est, de fait, une revue critique, vive et enjouée de la vie de Sébastien Cabot par M. J. F. Nicholls, le bibliothécaire de Bristol, est formulé comme un théorème d'algèbre, par une équation ainsi posée :

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0. »

« Sebastian Cabot Jean Cabot Les remercîments dus à M. Henry Stevens lui seront adressés, au nom de la Société, par les soins du secrétaire général.

M. Eugène Cortambert offre ensuite, de la part de M. Karl Schroeder, une carte manuscrite de la France plébiscitaire, avec les chiffres des votes de 1840, 1849 et 1852.

M. Maunoir présente, au nom de M. Oscar de Poli, un numéro du Times de Madras, qui s'occupe des Mossos de la frontière du Tibet; et au nom de M. le comte de Rochechouart, ministre par intérim de France à Pékin : 1° une note du baron de Richthofen sur le commerce du Yunan; un rapport des délégués de la Chambre générale du commerce de Shanghaï sur le commerce du haut Yang-tsé-kiang.

Il présente encore, au nom et de la part de M. Henri Duveyrier, une liste de toutes les positions astronomiques déterminées dans le nord de l'Afrique, jusqu'au lac Tchad.

Enfin, il remet de la part du ministre de la guerre, des calques de l'itinéraire du général de Wimpffen d'Ain-ben-Khelil, dans la province d'Oran, à l'Ouad-Ghir, au Maroc; de la part du colonel Béraud, chef du Bureau topographique d'Alger, et de la part de M. Mac-Carthy, deux exemplaires d'une autographie de ce même itinéraire. L'intérêt essentiel de ce dernier document s'augmente du fait qu'il donne des cotes altitudinales. On y voit, par exemple, que la vallée de l'Ouad-Ghir, dans la région où elle a été atteinte par nos colonnes, est encore à 500 mètres d'altitude. Les documents envoyés par le ministre et par MM. Béraud et Mac-Carthy paraîtront au Bulletin avec la lettre du général de Wimpffen à la Société, et augmentés d'un levé à vue de l'oasis de Figuig, ainsi que du pays compris entre cette oasis et Aïn-ben-Khelil, point de départ de l'expédition. Les documents qui serviront à établir cette partie de la carte sont dus à l'obligeance de M. le capitaine d'état-major Parisot.

Est présenté pour faire partie de la société : M. Demy, viceconsul d'Hawaï à Rouen, présenté par MM Richard Cortambert et William Martin.

Conformément à un usage établi pour la séance qui précède l'interruption des vacances, il est procédé à l'admission du candidat présenté à cette séance. Est admis, en conséquence, à faire partie de la Société : M. Demy, vice-consul d'Hawaï à Rouen.

M. Eugène Cortambert fait un rapport verbal sur les Traités géographiques et les Atlas de M. Th. Joly, professeur à l'Athénée royal de Bruxelles. Il signale la méthode, le savoir et les précieux renseignements statistiques de ces traités; il regrette qu'un peu trop de détails surchargent les descriptions générales, qui doivent conserver une sage sobriété; il reproche trop de sécheresse et d'aridité aux descriptions particulières, où l'on peut répandre tant d'intérêt; et il regrette de voir, dans les notions préliminaires, des indications qui supposent connues des choses qui ne sont expliquées que plus tard par exemple, les régions où sont répandues les races d'hommes, les religions, et dont la distribution sur le globe n'est décrite que dans les chapitres suivants. Il faut toujours marcher

du connu à l'inconnu : c'est un principe essentiel d'enseignement. M. Cortambert proteste contre l'expression de race éthiopique employée par l'auteur, comme par beaucoup d'autres ethnographes, pour désigner la race nègre; mais l'Éthiopie, c'est l'Abyssinie, et les Abyssins ne sont nullement des nègres; ils appartiennent réellement à la race blanche, malgré leur couleur foncée; il ne faudrait donc pas se servir d'un terme qui peut fausser les idées.

M. Vivien de Saint-Martin appuie la protestation de M. Cortambert contre une désignation aussi inexacte. M. de Quatrefages dit que l'usage a consacré le terme de race éthiopique, et qu'il s'est vu forcé de l'adopter lui-même, malgré son incertitude, et il entre à ce sujet dans de longs et intéressants développements.

M. Cortambert termine ce rapport en relevant quelques définitions qui lui paraissent inexactes ou incomplètes dans le traité le plus élémentaire de M. Joly. Au reste, il se plaît à reconnaître que l'auteur a rendu de réels services à la géographie; il trouve ses atlas clairs, bien composés, et accompagnés utilement de la représentation des productions les plus importantes; il faudrait en faire disparaître quelques taches, comme la situation et les noms fautifs de certains lacs d'Afrique et des divisions politiques d'Europe tout à fait vieillies, et que les couleurs ne suffisent pas à corriger.

Le même membre fait un autre rapport verbal sur le globe terrestre de M. de Bonnefont. Il en loue d'abord les dimensions considérables et l'heureuse clarté qui en résulte pour l'étude générale de la terre. Mais il faudrait corriger un certain nombre d'erreurs que le rapporteur a signalées dans un article consacré à ce globe.

M. d'Avezac présente, à son tour, quelques observations verbales sur le volume consacré par M. Van Raemdonk à Gérard Mercator; il cherche à établir que les deux opinions qui se sont élevées relativement à la nationalité de Mercator sont parfaitement conciliables.

Enfin, M. Vivien de Saint-Martin émet verbalement aussi une opinion favorable sur la Cochinchine, de M. d'Huc Chaigneau.

La Société s'ajourne jusqu'au moment de la rentrée des vacances. La séance est levée à onze heures.

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