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les Arabes ont employées pour construire l'enceinte de la ville, leurs maisons et le petit fort.

Cette ville est construite dans un ravin, entre deux collines; les marécages qui l'entourent et les inondations qui s'y produisent pendant la saison pluvieuse en rendent le climat malsain.

Les pêcheurs d'éponges relâchent très-souvent dans le port de Derna pour s'y approvisionner d'eau et de vivres; mais ne pouvant rester au mouillage, ils tirent leurs barques à terre et perdent ainsi un temps précieux.

Le gouvernement ottoman pourrait, en y consacrant une somme qui ne serait point trop élevée, creuser un bon port à Derna, et donner de l'importance à cette petite ville en facilitant l'exploitation des riches salines de RasT'in, situées dans son voisinage. Cette exploitation dédommagerait amplement et en fort peu de temps des dépenses faites et de l'entretien d'une garnison plus considérable.

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Bomba. Le port de Bomba (ancienne Menelano), situé par 32° 22′ 28" de latitude nord, et par 20° 53′ 47′′ de longitude est, est vaste, sûr et très-profond; en suivant un petit chenal, les navires pourraient au besoin mouiller bord à quai. Bomba se trouve, par la côte, à 60 milles

de Derna.

Cette

L'emplacement que viennent d'occuper les Turcs dans le but d'attirer une colonisation étrangère forme une presqu'île qui ne tient au continent que par une langue de terre ayant environ 500 mètres de largeur. presqu'île est entourée de vastes salines naturelles et inexploitées. Le gouvernement ottoman a fait construire une baraque de bois destinée au logement du garde sanitaire; il a commencé la construction d'une caserne et d'une dizaine de maisons destinées à ces fonctionnaires; cinq ou six puits ont été percés, mais ils ne

donnent que de l'eau saumâtre bonne à peine à abreuver les bestiaux; quant aux forages artésiens que l'on avait tentés, on a dû les abandonner à 16 mètres de profondeur, sans avoir trouvé ni eau ascendante, ni nappe jaillissante. Il existe plusieurs citernes romaines que l'on pourrait utiliser en les déblayant.

Les Romains s'étaient établis non sur la presqu'île, mais sur la terre ferme, à 10 et 12 kilomètres du rivage. - On aperçoit encore les ruines d'un château fort dont les murs sont en bon état, et dont l'enceinte sert aujourd'hui de cimetière aux Bédouins de la tribu des Abides, insoumise jusqu'à présent à la domination ottomane. En outre de ce château, on voit les traces de nombreux édifices et des puits romains utilisés par les Bédouins pour abreuver leurs bestiaux.

A 12 kilomètres de la presqu'île, entre deux collines, on rencontre une source d'eau peu abondante et saumâtre, mais dont on alimenterait la presqu'île avec une petite dépense de conduits et de tuyaux. Mais il serait à craindre qu'à la moindre mésintelligence avec les Arabes, ces derniers ne s'empressent de briser les conduits.

Au fond du port et tout à fait sur le rivage, il existe cinq petites sources d'eau saumâtre provenant du voisinage de la mer. Il est probable qu'en les nettoyant et en bâtissant à l'orifice un mur de garde, l'eau deviendrait potable, et pourrait servir à l'approvisionnement des navires en relâche.

Il n'est point à supposer qu'avec de tels désavantages Bomba parvienne jamais à devenir le centre d'une colonisation étrangère; ce point ne peut être qu'un port de refuge ou une station pénible pour les caboteurs qui iront y charger du sel.

D'ailleurs, sous la domination des Romains, l'intérieur de cette portion du territoire africain ne devait offrir que très-peu de sécurité.

Tobrouk. - Le port de Tobrouk est à 45 milles de distance de celui de Bomba, en se dirigeant vers l'Égypte.

Il pourrait contenir, en toute sûreté, les plus grands navires de guerre, qui mouilleraient à une encâblure du rivage.

Les Romains y avaient construit un débarcadère existant encore en grande partie, et tout à côté de ce quai se trouve un fort flanqué de quatre tours, ayant au moins 300 mètres carrés, en assez bon état encore et très-facile à réparer. Par les constructions qui existent dans l'intérieur de cette forteresse et par quelques chapiteaux et débris de colonnes, il est permis de supposer l'existence ancienne d'un temple et d'un cimetière.

Cette vaste enceinte comprend de nombreux réservoirs creusés dans le roc et revêtus d'un ciment romain presque intact; toutes les citernes communiquent entre elles par un canal creusé sur la surface du sol, indiquant qu'elles étaient alimentées par un grand réservoir situé à 100 mètres de la forteresse, au fond d'un ravin.

Toute la colline sur laquelle se trouve cette forteresse est creusée de citernes très-vastes et fort bien conservées. On les compte par centaines.

Les environs de Tobrouk, à la distance de 12 kilomètres, sont très-fertiles; le terrain en est accidenté de petites collines où les arbres fruitiers et les oliviers surtout pourraient être cultivés.

Il est incontestable que ce point deviendrait très-important sous le rapport de l'agriculture, si les Ouled-Ali, qui ne reconnaissent ni l'autorité du khédive ni celle du sultan, permettaient jamais de s'y établir.

Au point de vue commercial, Tobrouk acquerrait aussi une certaine importance, les grandes tribus qui l'environnent pouvant fournir à l'exportation de fortes quantités de laines, des céréales, des animaux de boucherie, du beurre et du miel.

A l'importation, l'Europe pourrait fournir aux Arabes des calicots, des tissus de Mulhouse, des denrées coloniales et plusieurs autres articles.

Les vastes salines qui gisent autour de Tobrouk fourniraient aussi un fret aux navires qui ne trouveraient pas autre chose à charger.

La pêche du poisson, qui abonde dans les parages de cette localité, serait aussi une industrie considérable; celle des éponges pourrait aussi prendre du développement si les pêcheurs étaient sûrs de trouver à Tobrouk de quoi renouveler leurs vivres et leur eau.

Le port leur servirait de refuge pendant l'hiver; ce qui les déciderait à s'y établir définitivement, au lieu d'aller à chaque automne dans les îles de l'Archipel.

Le percement de l'isthme de Suez donnera à Tobrouk une importance incontestable; mais la Turquie consentira-t-elle à faire les dépenses nécessaires pour mettre la ville et le port en état de recevoir des habitants et des navires? Peut-elle, ces dépenses faites, garantir aux colons la sécurité contre les invasions des nomades?

SOC. DE GÉOGR.

NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1870.

XX. -13

EXPLORATION DES COURS D'EAU DU PEROU (1)

PAR M. GAULDRÉE-BOILLEAU

Ministre de France à Lima,

Le territoire connu sous le nom de la Montaña est situé entre la chaîne est de la Cordillère et les limites peu connues, d'ailleurs, du Brésil et du Pérou ; il forme le vaste département de Loreto, et partie de ceux des Amazones, de Junin, de Cuzco et de Puno, et embrasse environ 14degrés en latitude et près de 10 degrés en longitude. Les nombreux et importants cours d'eaux qui se réunissent ensuite pour prendre le nom de rio Solimoes, ou fleuve des Amazones, et dont les principaux, sur le territoire péruvien, sont le Putumayo, le Javari, le Napo, le Marañon, l'Ucayali et le Huallaga, l'arrosent en tous sens. Navigables pour la plupart, ils entretiennent une trèsgrande fertilité dans cette contrée à peu près inconnue, et habitée seulement, à part sept ou huit missions de Carmes déchaussés et quelques colonies naissantes, par les tribus indiennes, encore entièrement sauvages. De louables préoccupations d'avenir, beaucoup aussi le désir de résister aux empiétements du Brésil, ont déterminé le gouvernement péruvien à consacrer annuellement une certaine somme à des explorations sur ces différents fleuves et à la protection des rares tentatives de colonisation, faites depuis quelques années, dans ces régions.

(1) Ce travail est la reproduction des notes consulaires adressées au Ministère des affaires étrangères par M. le baron Gauldrée-Boilleau, ministre de France au Pérou, et communiquées à la Société par la direction des consulats et affaires commerciales.

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