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4° Khatyb Sarymak-khodja-Guidawatoullam-khodjine (actuellement à la Mecque, d'où il doit prochainement revenir).

Ces deux dernières personnes officient dans les assemblées le premier en qualité d'imam (prêtre); le second comme waguiz (prédicateur).

5o Tchiragtchi: Atane Niyazmouhammedof et Mouhammedkérime-Barbakouzine.

6o Ferrache-Redjab, Mouhamed-Mir, Ilachimof. Tous les trois servent dans la mosquée : les deux premiers ont à allumer les cierges; le dernier veille à la propreté.

7° Mouzzine (azantchéï) Khaçane-Soufi-Guibadoullakhodjine (qui du minaret appelle à la prière).

La mosquée d'Azret a, dans le pays, la plus haute importance comme centre religieux. Les Musulmans (de la secte des Sunnites) la regardent comme un des temples les plus sacrés; ils disent que, jusqu'à la prise de Turkestan par les Russes, les pèlerins y venaient de toutes les parties de l'Asie. Il venait même des émirs, khans et autres hauts personnages, apportant, pour les membres du médressé attachés à la mosquée et pour le clergé, de trèsgrands cadeaux.

Les revenus de la mosquée d'Azret et de son clergé dérivent, en dehors des offrandes de 1o Des taxes de deux hôtelleries et d'un caravansérail. Les hôtelleries avaient été la propriété de Cheïkh-Badame Cheïkh-Khodjiyef, ancien khakime de Turkestan, mort il y a quarante ans. Dès son vivant, il les avait converties en vakfe (1) (donation de bienfaisance) au profit de la mosquée d'Azret.

(1) Vakfe se dit de tout bien terre, boutique ou autre) dont le propriétaire, avec le consentement de l'autorité, fait abandon, par un acte écrit, soit au gouvernement, soit à une personne particulière. Si la lettre de donation est au nom d'un médressé ou d'une mosquée, ce qui a lieu la plupart du temps, il faut que le cédant fixe la manière dont le revenu du yakfe devra être partagé parmi le personnel du clergé.

Son propre fils, Montavalliy (l'ordonnateur) Ataoullakhodja, loue toutes les boutiques qui se trouvent dans ces hôtelleries aux marchands de la ville, et dispose ainsi qu'il suit des sommes reçues :

Pour ses propres besoins, il prélève un dixième sur le tout. Un tiers du reste est appliqué à l'entretien des moudarrices (maîtres) des écoles de la ville de Turkestan. Ce qui reste, après toutes ces dépenses, est remis à la mosquée d'Azret par sommes de dix tengas tous les lundis (1).

2o Dans le caravansérail (hôtellerie à part pour les caravanes), il y a, en tout, 80 boutiques, louées aux marchands qui viennent passer quelque temps à Turkestan. Les loyers se montent à environ 100 tillias par an (2). Un dixième de cet argent est pour le cheïkh-el-islam de Turkestan; les neuf autres sont affectés à l'entretien de la mosquée d'Azret.

3° Toute l'étendue des terres situées le long de l'aryk (3) appelé Ourtak, s'afferme et rapporte annuellement:

a. En millet, froment ou orge, un batmane (4) par cinq déciatines (5).

b. Les melonnières et les vergers, 10 tengas par tanab (6). c. En luzerne, 5 tengas par tanab.

(1) La tenga, ou le koukany, est une monnaie d'argent qui se frappe à Kokand, elle vaut vingt kopecks (80 cent.); la monnaie de billon s'appelle un tchac et vaut 2 cent. Dix tchacs font un méri, 2 sous.

(2) La tillia, monnaie d'or, également frappée à Kokand, représente une valeur de 15 francs 20 centimes.

(3) Aryk est le nom donné aux canaux distribuant les eaux du Syr et des autres rivières. Dans le district de Turkestan, ce système d'irrigation est indispensable, et dans tout champ en plantation on trouve des aryks.

(4) A Turkestan, le batmane est de 8 pouds (160 kilos) juste; à Tachkend, de 10 pouds 1/2 (210 kilos); à Boukhara, de 7 pouds 32 livres 48 zolotniks (156 kilos à peu près). Dans le Turkestan oriental, au contraire, le batmane représente un poids beaucoup plus considérable; il pèse, dans cette province chinoise, 21 pouds 12 livres (426 kilos). (5) Déciatine vaut 1 hectare 0925.

(6) Le tanab contient 40 sagènes carrées (environ 160 mètres carrés).

Le total de ces revenus est partagé entre les trois personnes qui se trouvent près de la mosquée, savoir: le cheïkh-el-islam, le gazizlas et le nakib.

4o Les terrains qui se trouvent sur l'aryk Suiri sont tout à fait pour le personnel ecclésiastique de la mosquée d'Azret, y compris les parents et les alliés de ces personnes. Ils sont ou cultivés par les propriétaires eux-mêmes, ou loués par chacun à d'autres personnes. On les met en céréales, luzerne (1), etc.

5 Jusqu'à la prise de Turkestan, le khan de Kokan envoyait tous les ans 500 tillias (ducats [sic]), et en outre beaucoup de personnes bienfaisantes donnaient des fonds et des cadeaux. C'étaient toujours les trois persounes mentionnées qui, d'après la règle adoptée et en raison de leur qualité de doyens du clergé de la mosquée d'Azret, profitaient de tous ces dons.

6o Beaucoup d'entre les pèlerins donnent des moutons qu'on abat le vendredi de chaque semaine. On en distribue la viande aux pauvres de la ville de Turkestan, ainsi qu'aux pèlerins venus pour la prière.

La mosquée d'Azret n'a été réparée qu'une seule fois : ce fut sous Abdoulla-khan, émir de Boukhara, la ville se trouvant alors sous la dépendance de ce dernier khanat (2).

(1) Parmi les plantes fourragères cultivées au moyen de l'irrigation dans le district de Turkestan, il faut citer la luzerne, très-importante comme nourriture pour les animaux domestiques. On donne à cette culture les soins les plus minutieux. Louée au printemps, la luzerne donne trois et quelquefois quatre coupes; abondamment arrosée, elle a même été coupée cinq fois par an.

Au lieu de faucher, on se sert, dans ces pays, de faucilles pour scier la luzerne, qu'on met en gerbes comme si c'était du froment. Le tanab donne à peu près un millier de gerbes, et c'est par gerbes que se vend la luzerne au marché. Les prix varient selon l'époque et l'endroit. L'automne dernier, on payait à Turkestan 2 kopecks pour une gerbe, et pour le cent on me demandait 1 rouble 20 kopecks (7 fr. 20 c.); mais en été on peut avoir, m'a-t-on dit, la gerbe pour 4 cent., et le cent pour 3 fr. 20 c. Dans les endroits où le mouvement commercial est réellement considérable, la luzerne se vend excessivement cher. Le nom indigène de la luzerne est «djoungourtchka ».

(2) Au xvie siècle, la ville de Turkestan était aux Kirghiz-Kaïçaks. En

L'émir Abdoulla-khan fit construire dans la cour extérieure de la mosquée et contre le mur de celle-ci un petit bâtiment sans destination particulière. Il fit aussi réparer l'extérieur de la mosquée, mais d'une manière plus que médiocre. Les endroits, dans le mur extérieur, où l'influence de l'air a produit des crevasses, ou bien où des carreaux sont tombés, on les badigeonne encore simplement avec du plâtre, ce qui donne à l'extérieur de la mosquée une variété rien moins qu'agréable à l'œil.

A l'assaut de la ville de Turkestan, la mosquée d'Azret a subi, elle aussi, des dommages. Les bastions de cet édifice étant munis de canons et opérant contre nos soldats, le chef des colonnes russes, voulant les anéantir afin de faciliter la prise de la ville, s'apprêtait d'abord à bombarder la mosquée d'Azret, ce qui était d'autant plus facile qu'elle occupe un point élevé et très en vue de l'attaquant. On tira même une vingtaine de coups contre elle, et les boulets, volant presque tous autour des coupoles, ont laissé des traces dans onze endroits; sur quatre points, les boulets ont traversé de part en part. La mosquée aurait sans doute été détruite de fond en comble, ou elle aurait au moins beaucoup plus souffert qu'elle ne l'a fait, si, effrayé de la perspective d'un événement aussi fatal pour lui-même, le cheïkh-el-islam n'avait en personne arboré sur le haut du minaret le drapeau blanc en signe de la reddition de la ville.

Les dégâts n'ont pas encore été réparés. En cet état, ce vieux sanctuaire est évidemment beaucoup plus exposé à tomber complétement en ruines. Déjà, par suite de l'humidité pénétrant à travers les ouvertures, les moulures tombent de dessous les coupoles.

1630, on y reconnaissait pour maître le khan Schime, fils de Chigaï-khan, dont les descendants y régnèrent jusqu'en 1723, époque à laquelle cette ville tomba au pouvoir des Dzoungars. Depuis, elle appartint au khanat de Boukhara, et de 1814 à 1863, date de sa prise par les Russes, elle faisait partie du khanat de Kokan.

DES RÉSIDENTS FRANÇAIS A L'ÉTRANGER

PRINCIPALEMENT AU MEXIQUE (1)

PAR A. DE MORINEAU

Messieurs,

Toutes vos sympathies, tous vos encouragements sont acquis aux généreux adeptes de la science qui vont moissonner à son profit dans les régions lointaines. Vous vous associez de cœur à leurs efforts, à leurs mécomptes, à leurs dangers comme à leurs succès. Il était bien naturel qu'après les avoir devancés, après leur avoir servi de guides sur les champs périlleux de l'exploration, vous devinssiez ici les patrons de vos disciples.

Votre sollicitude et vos intelligents conseils ne sont même point exclusivement réservés aux voyageurs français. C'est encore justice, car le plus noble privilége de votre Association sera toujours de rapprocher les nations, de les unir par la confraternité des idées et des travaux. Notre planète, d'ailleurs, appartient à tous les fils d'Adam, et sa connaissance, ainsi que celle de ses habitants, est le grand objectif de chacun de vous.

Quant à moi, faible appoint dans cette pléiade militante, je m'étais simplement proposé de soumettre à la Société de géographie un essai sur nos résidents à l'étranger, ces modestes pionniers de l'industrie qui se donnent seuls la mission d'aller répandre au dehors les productions et les idées de la France.

Je vous aurais exposé que ces Français, trop peu connus de la mère patrie, tout en travaillant pour eux-mêmes,

(1) Communication adressée à la Société dans sa séance du 4 mars 1870.

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