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TYPOGRAPHIE DE H. FIRMIN DIDOT. MESNIL (EURE).

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LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET CIE
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB, 56

1860

DEC

1882

5147

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Vers la fin de l'année 1755, dans les derniers beaux jours d'automne, il y avait cercle chez Marie-Thérèse à Schoenbrun. L'impératrice était enceinte. « Aurai-je un fils? auraije une fille? dit-elle à l'un de ses courtisans.- Un prince! madame, répondit-il. Eh bien ! reprit l'impératrice, je << gage deux ducats que je mettrai au monde une fille. »> Le courtisan tint respectueusement la gageure. Le terme de la grossesse arriva il perdit. Comment s'acquitter? L'abbé Métastase, qui le rencontra dans le parc, le trouva rêveur. « Qu'avez-vous? » lui dit-il; et le seigneur conta son embarras. « N'est-ce que cela? » reprit le poëte; puis, tirant de sa poche un crayon, il écrivit sur un bout de papier les vers suivants :

Ho perduto: l'augusta figlia
A pagar m' ha condannato.
Ma s'e vero ch'a voi simiglia,
Tutto'l mundo ha guadagnato.

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« J'ai perdu : l'auguste fille me condamne à payer. Mais « s'il est vrai qu'elle vous ressemble, tout le monde a gagné. L'impératrice reçut les deux ducats enveloppés dans le quatrain, le lut, et sourit. L'auguste fille était l'archiduchesse Marie-Antoinette, depuis reine de France.

Les mémoires qu'on va lire sont écrits par son frère de lait : qui mieux que lui pourrait raconter les traits de sa première enfance? Il peint avec un intérêt plus sérieux les études, les penchants, les sentiments de l'archiduchesse, que son esprit, sa sensibilité rendaient, dans sa jeunesse, de plus en plus chère à sa mère. Souvent l'impératrice la regardait avec émotion,

TOM. VII.

I

l'attirait dans ses bras, sur son cœur, et, comme avec un accent prophétique, lui disait douloureusement: « Ma fille, * dans le malheur, souvenez-vous de moi. » Mais le malheur ! il fallait avoir le cœur, les craintes d'une mère, pour en avoir seulement la penséc! La France attendait avec impatience la jeune archiduchesse; elle devait épouser le Dauphin, petit-fils de Louis XV; et le voyage de la princesse ne fut, de Strasbourg à Versailles, qu'une suite de fêtes marquées par les hommages et la joie de tout un peuple.

Les beaux jours! Je ne veux point enlever à Weber le plaisir d'en faire le tableau, assombri cependant par une bien funeste catastrophe'. Quand la douleur en fut un peu calmée, Paris, en recevant le Dauphin, la Dauphine, partagea l'ivresse de toute la France. La foule, qui se pressait partout sur leur passage, les saluait de ses acclamations enthousiastes. Comment parler au roi de ces transports, à lui qui semblait avoir pris à tâche d'en déshabituer son peuple? Ce n'était plus le temps où, malade dans Metz, il excitait les craintes, les vœux de la nation, et méritait le nom si doux de Bien-Aimé. Le monarque malheureux dans ses choix, humilié dans ses guerres, égoïste dans ses plaisirs, corrupteur et corrompu dans ses penchants, l'amant avili de madame du Barry ne rencontrait plus, quand il se montrait en public, que les regards sévères d'un peuple silencieux. Ce changement n'avait point échappé à la pénétration de la Dauphine. Louis XV attendait le jeune couple à Versailles. Comment lui dire la joie que le peuple avait fait éclater, sans blesser son cœur par ce contraste? Oh! sire, lui dit la jeune princesse, que vous êtes aimé des Parisiens! comme ils ont fété vos enfants! Je m'étoune qu'un mot d'un tour si délicat ait pu échapper à Weber.

Il est vrai qu'il en cite beaucoup d'autres. Par sa beauté,`

Qui ne sait le désastre de la place Louis XV, aux fêtes du Dauphin?

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