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ville très - profane, Quand je bois du vin clairet, etc.; cette licence musicale eût passé autrefois pour une impiété scandaleuse, mais aujourd'hui nous sommes plus indulgens, du moins pour tout ce qui ne contrarie pas le sens de la Révolution.

De la Saltation théâtrale, ou Recherches sur l'origine, les progrès et les effets de la Pantomime chez les anciens, avec neuf planches coloriées; dissertation qui a remporté le prix double à l'Académie des Inscriptions et BellesLettres en novembre 1789; par M. Delaulnaye. Un volume in-8°, ayant pour épigraphe :

Mirabilis ars est

Quæ facit articulos, ore silente, loqui.

Ce savant discours a pour objet cette partie de l'art du geste résultante du principe imitatif qui lui est commun avec les autres arts, et par laquelle les Anciens savaient exprimer toutes les passions, toutes les actions des personnages qu'ils mettaient sur la scène. L'auteur cherche d'abord quelle a été l'origine de cet art, et il en prouve la haute antiquité par le témoignage des anciens auteurs, ensuite par la nature même de l'art qui, intimement lié à la faculté de parler, a dû naître avec la langue primitive.

Plutarque divise la Saltation théâtrale en trois parties, la Contenance, le Geste et l'Indication. Par le mot Contenance il entend ce maintien,

cette disposition du corps qui lui restent lorsque tout geste cesse, et par lesquels l'acteur doit exprimer le caractère du personnage qu'il représente. Il faut, dit-il, que l'on reconnaisse au seul port, à la seule démarche du pantomime, si c'est Apollon, Pan ou une Bacchante qui paraissent sur la scène. Le mot Geste est facile à comprendre, c'est l'expression du sentiment qui anime l'acteur, c'est la peinture des actions qu'il veut représenter, c'est pour ainsi dire la déclamation, l'accent pathétique du saltateur. L'Indication n'est que la simple ostension des objets dont il est censé s'occuper, tels que le ciel, la terre, les enfers. Cette partie de l'art pantomimique doit être exécutée avec noblesse, avec grâce, et cependant avec vérité; elle comporte l'emploi des images, lorsque, par exemple, on cherche à représenter un objet par la peinture de ses attributs, etc. Plutarque appelle l'art du geste une poésie muette, et la poésie une danse parlante.

M.Delaulnaye parcourt rapidement l'histoire de l'art pantomimique chez tous les peuples de l'antiquité, chez les Grecs, chez les Égyptiens, chez les Hébreux, chez les Arabes, chez les Persans, chez les Chinois, chez les Indiens, chez les Goths, chez les sauvages, et nommément chez les Iroquois. Il dispute avec plus de détail quels furent les commencemens et les progrès de cet art chez les Romains. La première représentation des Jeux Scéniques ne remonte qu'à l'an 390 de Rome; on donna ce nouveau spectacle pour apaiser les

Dieux et pour distraire le peuple du fléau de la peste. La seconde époque est de l'an 514. Livius Andronicus fut le premier qui hasarda de composer une action dramatique complète en vers; ce poëte-acteur, ayant perdu la voix, obtint la permission de faire chanter son poëme par un jeune esclave placé devant le joueur de flûte, tandis que lui ferait les gestes convenables aux parɔles; de là naquit l'usage d'affecter à chaque rôles deux acteurs. Dans la suite la Saltation fut admise dans les entre-actes de la comédie, c'est la troisième époque; elle finit par en être entièment séparée, c'est la quatrième.

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L'auteur nous donne ensuite une notice trèssavante des plus fameux mimes, de Pylade, de Bathylle, etc., de leurs habillemens, de leurs masques, de leurs pièces et de leur manière de les jouer. Le monument le plus précieux qui nous reste de ces scènes pantomimiques se trouve dans l'Ane d'or d'Apulée; c'est une description du Jugement de Paris.

Les notes qui sont à la suite de cette dissertation renferment plusieurs digressions intéressantes, entre autres, un pompeux éloge du système musical et des chefs-d'œuvre lyriques du chevalier Gluck.

!

FIN du second Conte russe (1).

Le jeune Prince reçut avec soumission les ordres de son père, et dit: Que la volonté du Czar le Seigneur mon père s'accomplisse. Loin d'oser résister, je suis prêt à faire en toute occasion ce qu'il lui plaira de m'ordonner. Le lendemain le Czar étant allé se promener dans ses jardins avec le Czarowitsch, il aperçut une branche sèche pendue à un arbre; il la prit, la planta dans une terre grasse, commanda à son fils de prendre un arrosoir et toute une année de suite d'arroser la branche sèche deux fois par jour, le soir et le matin. Le Czarowitsch fut visiter deux fois par jour la branche sèche, le soir et le matin, et chaque fois il l'arrosait avec la même attention. Ses jeunes compagnons trouvaient ce soin absurde, et lui dirent avec humeur: Arrose la branche sèche tant qu'il te plaira, jamais il n'en croîtra rien; ton père s'est plu à imaginer une extravagance, et c'est pour rire qu'il t'a donné cet ordre. Le Czarowitsch fut long-temps sans leur rien répondre; enfin il leur dit : Ecoutez, mes amis et mes chers compagnons, c'est à celui qui donne l'ordre à y réfléchir ; notre affaire à nous est d'obéir et d'exécuter ce qu'on nous ordonne avec soumission, sans humeur, peut-être même sans y trop songer. Quelque temps après le Czar revint dans le jardin comme pour voir si la branche sèche avait poussé quelques racines; l'ayant secouée, il l'arracha de terre et la

(1) Voyez page 528.

jeta, en commandant au Czarowitch de ne plus arroser à l'avenir cette branche inutile.

A l'entrée de l'automne le Czarowitsch partit pour la chasse sur un très-beau cheval blanc, suivi de ses faucons, de ses pie-grièches et de ses autours; il avait le projet de se divertir quelques jours en liberté. A peine eut-il fait sept werstes qu'un courrier du Czar vint lui dire: Le Czar notre maître t'ordonne de revenir sur-le-champ, et t'envoie ce bel habit. Des Députés kalmoucks viennent d'arriver, et l'on désire qu'ils te voient dans toute la magnificence qui convient à ton rang. A l'instant même le Czarowitsch fit tourner bride à son cheval blanc, et revint trouver son père au grand galop. Le pauvre cheval blanc, tout couvert d'écume, respirait à peine. Descendu de cheval, le Czarowitsch s'essuya le visage avec son mouchoir de toile de Hollande. Le Czar le voyant en habit de chasse lui dit : Pourquoi n'avez-vous pas mis votre habit de cérémonie ? Le jeune Prince lui répondit: La sueur et la poussière dont je me suis couvert en me pressant d'exécuter vos volontés m'honorent plus, je pense, que les plus riches vêtemens. Si j'avais changé d'habit je serais arrivé peut-être trop tard. Que messieurs les Ambassadeurs kalmoucks jugent par leurs propres yeux du zèle avec lequel votre fils se rend à vos ordres. Les Ambassadeurs kalmoucks remirent au Czarowitsch une lettre d'un parent de la Czarine, d'Agréou, Prince de Mongolie; il invitait le Czarowitsch à venir le voir. Le Czarowitsch lui fit

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