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texte de la fameuse inscription de Si-'an-Fou, apostolique, chargé de l'administration de pluconstatant l'introduction du christianisme à la Chine, au vire siècle de notre ère. La traduction littérale et la paraphrase qui l'accompagne sont beaucoup plus exactes que la version latine du P. Boym, qu'avait donnée Kircher, et les notes qui les suivent sont aussi fort savantes et remplies d'extraits curieux des écrivains chinois. Le P. Visdelou avait achevé cet ouvrage au commencement de 1719; on l'a inséré dans le Supplément à la Bibliothèque orientale, à la suite de l'Histoire de la Tartarie, avec laquelle il n'a que peu de rapport. Les deux ouvrages qu'on vient de citer formant ensemble près de 400 pages dans l'édition in-folio du Supplément (1), sont une preuve plus que suffisante de la profondeur et de la solidité des connaissances du P. Visdelou, en fait d'histoire et de littérature chinoises. >>

sieurs provinces de la Chine, et un mois après, évêque de Claudiopolis. N'ayant pu être sacré que nuitamment (2 février 1709) et dans la prison du cardinal (Tournon venait de recevoir ce titre), Visdelou, dont l'institution était présentée comme apocryphe, fut obligé de quitter Macao, le 24 juin 1709, et de s'embarquer pour Pondichéry, où il trouva un bref de Clément XI qui approuvait sa conduite. Il semblerait qu'il en fut tout autrement en France, car une lettre qu'il avait adressée en janvier 1716 à Louis XIV. dont la mort n'était pas encore connue à Pondichéry, fut remise au régent. Dans cette lettre, publiée avec d'autres pièces, cinq ans après la mort de Visdelou, il énumérait divers griefs et se plaignait surtout de ce que, sans motif fondé, on voulait l'envoyer au Bengale. Le regent lui ayant enjoint de rester à Pondichery. Pendant les vingt années que le P. Visde- Visdelou, se conformant à cette injonction, lou passa à la Chine, il se livra à divers tra- passa les vingt-huit dernières années de sa vie vaux du même genre, et si le nombre de ceux dans cette ville dont il ne s'absenta qu'une qu'il laissa à sa mort n'a pas été aussi consi- seule fois, pour aller à Madras. It mourut à dérable qu'il eût pu l'être, la cause en est à la Pondichery le 11 novembre 1737, et fut inpart qu'il prit aux polémiques suscitées entre humé dans l'église des P. P. Capucins, dans le les Jésuites et les missionnaires appartenant couvent desquels il avait établi sa demeure, et à d'autres ordres religieux par l'interprétation dont, malgré sa dignité épiscopale, il partageait de certains textes ou l'appréciation de certains toutes les austérités. Le 14 décembre suivant, dogmes qui exigeaient une connaissance ap- le P. Norbert, de Bar-le-Duc, capucin, misprofondie des traditions et des anciens monu- sionnaire apostolique des Indes, prononça son ments du pays. Dans le cours de ces débats oraison funèbre, qui fut publiée par ce reliarriva l'abbé de Tournon, que le pape Clé- gieux, à Lucques, en 1742, in-8°, avec des doment XI avait revêtu de la dignité de patriar-cuments qu'il annonçait comme devant servir che et nommé son vicaire apostolique aux de preuves à son discours, mais qui, comme le Indes et à la Chine, où il devait travailler à pa- fait observer M. Abel Rémusat, ne contiennent cifier les dissidents à épurer les rites et dont les qu'un très-petit nombre de faits noyés au miJésuites avaient cru pouvoir permettre la pra-lieu de phrases emphatiques ét insignifiantes. tique aux Chinois nouvellement convertis. Ac- Cette oraison funèbre a ensuite été insérée, mais cueilli favorablement et avec une grande so- sans les notes, dans la 2' partie, p. 235-315, des lennité à la cour de Péking, le légat du Pape Mémoires historiques (du même auteur sur les reçut bientôt après l'ordre de s'éloigner, ordre missions des Indes orientales. Lucques (Avimotivé sur les tentatives qu'il faisait pour éta- gnon) et Londres, 1744-1750, 3 vol. in-4°. On blir à la Chine un supérieur-général des mis- y trouve la nomenclature des écrits de Visdesions, qui serait devenu l'intermédiaire entre lou, ainsi reproduite par Moréri: 1. Une histoire ce pays et le Saint-Siége. Obligé de sortir de de la Chine, traduite du chinois en latin, avec Péking le 3 août 1706, Tournon se rendit à des notes qui en facilitent l'intelligence, en siz Nanking, d'où il fulmina son fameux mande- tomes. II. Un ouvrage concernant diverses choment du 28 janvier 1707, par lequel il interdit ses relatives à la chronologie chinoise. III. Disaux nouveaux chrétiens les anciennes cérémo-sertation latine traduite du chinois avec EN nies, et enjoignit aux missionnaires de se conformer à cette instruction, sous les peines canoniques. L'Empereur, irrité, le fit arrêter et conduire à Macao, où il fut traité avec rigueur par les Portugais, qu'il avait desservis près de ce souverain. Visdelou, qui s'était séparé de ses confrères pour se ranger du parti de Tournon, fut enveloppé dans les ressentiments que s'était attirés le legat, et sa position personnelle devint de plus en plus difficile lorsque Tournon l'eut nommé, le 12 janvier 1708, vicaire

(1) 312 pages dans l'édition in-4°.

commentaire et des notes sur un monument de la religion chrétienne qui fut trouvé l'an de J.-C. 1625, dans les murs de Gingan-Fu Si-'anFou), capitale de la province de Kensi (ChenSi). IV. Dissertation sur la religion Tao-Su des Bonzes. V. De perfecta imperturbabilitate, liber canonicus. VÍ. Dissertations sur la doctrine de Brachmanes. VII. Vie de Confucius. VIII. Histoire abrégée du Japon. IX. Tradetion latine du rituel chinois. X. Sur les cérémonies et sacrifices des Chinois. XI. Eloges de sept philosophes chinois. XII. Chronologie de la Chine, en quatre parties, avec deux suites,

l'une jusqu'à l'ère chrétienne, l'autre jusqu'au | lieutenant-général de l'Angoumois, de la Sain-
temps présent. XIII. De la religion chinoise tonge et du pays d'Aunis, chevalier de l'ordre
brachmanique. XIV. Version française de quel-
ques édits chinois, avec des remarques. XV. Des
antiquités de la Chine et des autres parties du
monde.

Cette nomenclature, indiquée comme dési-
gnant les ouvrages de Visdelou, remis au Pape
Benoît XIV après la mort de leur auteur, nous
semble devoir comprendre les travaux insérés
dans le t. IV de la Bibliothèque orientale. Les
principaux d'entre eux, l'Histoire de la Grande-
Tartarie et le Monument du christianisme en
Chine, ou Inscription de Si-'an-Fou (les mêmes,
très-vraisemblablement, que les articles 1 et 11
de Moréri) ont été mentionnés dans la notice qui
précède. Il faut y ajouter 105 pages d'observa-
tions de Visdelou sur divers articles de la Bi-
bliothèque orientale, et sa Lettre apologétique à
Louis-le-Grand, et autres pièces dédiées au Pape
Benoit XIV. Cadix, 1742, in-8°. P. L...t.

du Roi, commandeur du Saint-Esprit, mort à
Paris, le 6 janvier 4584, avec la promesse du
premier baton de maréchal qui viendrait à va-
quer, était tellement vénéré dans l'Angoumois
et les pays voisins, qu'à sa mort les habitants
de ces pays envoyèrent des députés demander
sa dépouille mortelle à sa veuve, Anne de Dail-
lon du Lude. Touchée des sentiments exprimés
dans la lettre que lui remirent ces députés, let-
tre insérée par Du Paz (Hist. généal., p. 564),
Mme de Volvire leur permit d'emporter le corps
de son époux, qu'ils inhumèrent en grande
pompe dans la cathédrale de Saint-Pierre d'An-
goulême.-Henri Ier, petit-fils des précédents,
et fils puîné de Philippe II et d'Armérie de Ro-
chechouart, comte du Bois-de-la-Roche, con -
seiller du Roi en son conseil privé et son conseil
d'Etat, capitaine de cinquante hommes d'armes,
maréchal-de-camp, passa sa jeunesse à la cour.
Ayant pris le parti des armes, il fit toutes les
·VOELLO (...................).—La première Lettre d'un guerres de son temps jusqu'à l'âge de soixante-
Gentilhomme breton à un Noble espagnol, p. 82, trois ans, remplit divers emplois sous Henri IV
parle d'un écrit, en forme d'entretiens, où la et Louis XIII, présida la noblesse aux Etats de
» noblesse bretonne est traitée de la manière la Bretagne, tenus à Ploërmel en 1616, commanda
» plus indigne, où l'on trouve même des traits la noblesse quand Soubise (Biogr. bret., t. II,
> offensants pour le Roi et injurieux pour ses mi- p. 764) et les Anglais attaquèrent le Port-Louis,
» nistres. Cet écrit est imprimé à Rennes, chez succéda, en 1627, au commandement du ma-
> Joannet Vatar, à 7,000 exemplaires..... » réchal de Themines en Bretagne, et mourut dans
La même lettre affirme que c'est le duc d'Ai- ses terres, mécontent de n'avoir pas reçu l'or-
guillon qui a fait composer cet écrit, sous ses dre du Saint-Esprit, qui lui avait été promis.
yeux, par l'ex-jésuite Legai et son ancien se- mais qui ne lui fut pas conféré, parce qu'il avait
crétaire Voëllo. Le nom de ce secrétaire paraît été enveloppé dans la disgrâce du garde-des-
breton: il est donc à propos de le préserver d'un sceaux Marillac. C'est en sa faveur que Henri IV
entier oubli, ainsi que cet écrit en faveur du avait érigé en comté la terre du Bois-de-la-Ro-
duc d'Aiguillon, traité de libelle par le plus vio- che, comprenant, indépendamment de l'un des
lent des pamphlets parlementaires, ces Lettres plus importants châteaux - forts de Bretagne,
d'un Gentilhomme breton, dont l'auteur est resté plusieurs paroisses et des fiefs considérables,
inconnu. Il est bon de recueillir tous les docu-avec franchises et privilèges d'anciennes con-
ments de cette affaire de Bretagne, qui a si évi- cessions. De son mariage avec Hélène de Tal-
demment préparé la grande affaire de la Révo-houët naquirent quatre enfants, dont l'aîné,
lution de 1789, et que l'équitable postérité est
appelée à juger en dernier ressort. BIZ....

-

Charles, fut le père d'Anne-Toussainte de Vol-
vire du Bois-de-la-Roche, née au Bois-de-la-.
Roche, le 2 novembre 1653, morte en odeur de
VOLVIRE, ancienne et illustre maison, sainteté, le 22 février 1694, et connue sous le
originaire du Poitou, et remontant à Ingelelme nom de Sainte de Néant (commune où est si-
de Volvire, qui vivait sous le règne de Robert, tué le Bois-de-la-Roche). Sa vie, toute de bon-
en 996. Cette maison, qui portait burelé de dix nes œuvres, été racontée d'une manière fort
pièces d'or de gueules, devint bretonne par suite touchante dans un Abrégé (Vannes, s. d., in-48)
du mariage de l'un de ses membres, René Ier, résumé par M. l'abbé Tresvaux (t. V de sa réé-
avec Catherine, fille du chancelier Philippe de dition des Vies des Saints de Bretagne, de D. Lo-
Montauban (voy. ce nom), laquelle lui apporta bineau), par l'abbé Carron, dans sa Vie des
en mariage la terre du Bois-de-la-Roche, éri- Justes, et par M. Emile de Condé, dans ses Ré-
gée en vicomté par Anne de Bretagne, le 14 dé- cits et Impressions de Voyages. On lit à son su-
cembre 1498, et en comté par Henri IV, au mois jet, dans la réédition du Dictionnaire d'Ogée,
de février 1607. Philippe ler, fils des précé- vo Néant : « On voit dans l'église de Néant le
dents, capitaine de cinquante, et plus tard, de tombeau de Mille de Volvire, dont l'image est tou
cent hommes d'armes, ambassadeur de France jours chère aux habitants de ces contrées. Son
en Allemagne, membre du conseil privé et gen-image est religieusement conservée dans la sa-
tilhomme de la chambre de Charles IX, son cristie. On lit au pied de ce portrait: Anne-Tous-
lieutenant-général en Bretagne, gouverneur et sainte de Volvire, appelée communément M1le du

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Bois-de-la-Roche, ou la sainte de Néant, morte nuer la route. A cinq heures, l'un de ces batien odeur de sainteté, le 22 février 1694. Son ments, dans lequel on reconnaissait alors partombeau est renommé par un grand nombre de faitement un vaisseau à trois ponts, ayant tiré miracles. On vend une petite brochure conte-deux coups de canon, distancés l'un de l'autre, nant la vie de la sainte de Néant, et quelques-le Marengo diminua de voiles pour l'attendre. uns des cantiques composés en son honneur. L'on put bientôt distinguer le pavillon anglais auprès de la fontaine qui porte son nom, et qui flottant à la corne du vaisseau de 108 canons est visitée par un grand nombre de pèlerins. »le London, capitaine sir Harry Burrard Neale, -Joseph II, petit-fils de Henri Ier, issu de Jo- lequel faisait partie de la division de sept vaisseph Ieret de Madeleine-Elisabeth Baux de Saint-seaux, deux frégates et une corvette, aux orFrique, né vraisemblablement au château du dres du contre-amiral sir John Borlase Warren. Bois-de-la-Roche, maréchal des camps et ar- Le London prit poste par le tribord du Marengo mées du Roi, son lieutenant-général en la haute et le héla. Pour toute réponse, il reçut une borBretagne, aux évêchés de Rennes, Dol, Van-dée, qui fut le signal du combat. Les deux vaisnes et Saint-Malo, et commandant des troupes seaux étaient si rapprochés, que Linois ordonna auxdits évêchés et au pays nantais, se distingua à Vrignaud de prendre l'initiative et d'aborder à plusieurs siéges et actions. Dangereusement le London; mais le capitaine anglais aperçut blessé à la tête. à la bataille de Malplaquet, il assez tôt ce mouvement pour éviter l'abordage, ne voulut pas quitter le champ de bataille, quoi- et le combat continua vergue à vergue. En ce que toute la maison du Roi insistât fortement moment, Linois fut blessé à la jambe et forcé pour qu'il le fit, et couvert de sang depuis la tête de quitter le pont. La fregate la Belle-Poule jusqu'aux sabots de son cheval, il participa en- n'était pas restée spectatrice oisive du combat. core à plusieurs charges qui excitèrent tout à et elle n'avait cessé de canonner le London de la fois l'admiration et l'inquiétude des témoins l'avant, lorsqu'à six heures trente minutes du de son intrépidité. Son frère, Philippe-Auguste, matin, Vrignaud, atteint de sept blessures et lui succéda dans le commandement de la haute privé de son bras droit, qu'un boulet venait Bretagne et du pays nantais. La famille de d'emporter, dut, à son tour, descendre au poste Volvire s'est éteinte dans la maison de Saint- pour y subir une amputation immédiate. Le caPern. P. L...t. pitaine de frégate provisoire Chassériau . qui lui succéda dans le commandement, soutint la VRIGNAUD (Joseph-Marie), — né à Brest lutte pendant plus de deux heures et n'amena (Recouvrance), le 23 février 1769, entra comme son pavillon que quand le Marengo, entouré par mousse dans la marine à l'âge de treize ans, et toute la division anglaise, fut démâté, perce de embarqua en cette qualité sur la frégate l'An-boulets à sa flottaison, et que ses ponts furent dromaque, commandée par M. Du Roslan. Par-jonchés de morts et de mourants.

venu, après dix années de services, au grade La captivité de Vrignaud dura six ans. Comde premier pilote, il fut fait enseigne de vais-me il n'existait plus alors de cartel d'échange, seau le 28 août 1792 et embarqué sur le Fan-elle aurait duré jusqu'à la paix si le commanfaron. Au combat de Groix, après avoir vu périr dant du Marengo n'était parvenu à s'échapper. successivement les officiers qui le précédaient | Revenu à Brest le 11 février 1812, il ne put donc en grade, il prit le commandement du vaisseau le Tigre, soutint le feu d'une escadre entière et ne rendit son bâtiment que privé de la moitié de son équipage, démâté, désemparé, coulant bas. Libre après cinq mois de captivité, Vrignaud revint en France et fut successivement embarqué comme capitaine de frégate sur plusieurs bâtiments.

reprendre de service actif sur la flotte, et il ne fut plus employé qu'à terre, soit comme premier adjudant à l'état-major général, soil comme chef militaire par interim.

ne trouva personne plus digne que le commandant Vrignaud de la représenter au Champ-deMai. Il y reçut les aigles destinées à nos marins et en fit le dépôt à la préfecture.

En 1814, Louis XVIII, qui avait plusieurs fois témoigné de l'intérêt au capitaine Vrignaud, dont le cautionnement était peu éloigné de Lutworth, le comprit au nombre des quatre preIl était capitaine de vaisseau et capitaine de miers officiers de la marine qui furent crees pavillon du contre-amiral Linois, sur le vais-chevaliers de Saint-Louis. seau de 74 le Marengo, lorsque, dans la nuit. Pendant les Cent-Jours, la marine de Brest du 12 au 13 mars 1806, ce vaisseau, qui revenait en France, de conserve avec la Belle-Poule, et qui se trouvait par 26° de latitude nord et 32 de longitude ouest (240 lieues de Palma), aperçut, à trois heures du matin, plusieurs Admis prématurément, en 1817, à prendre voiles dans l'est. Le contre-amiral Linois or-sa retraite avec le grade de contre-amiral hodonna au capitaine Vrignaud de diminuer de noraire, il ne voulut pas se condamner au revoiles pour observer leurs manoeuvres; mais, pos. Il consacra quatorze années au service une demi-heure après, l'un des bâtiments aper-des pauvres comme administrateur de l'hospice çus ayant fait des signaux que les Français ne civil de Brest, et, pendant dix ans, il siegea purent comprendre, Linois ordonna de conti-à l'intendance sanitaire. A la juste réputation

de bravoure et de loyauté qu'il avait obtenue | blique et regretté de ses concitoyens, qui l'ont comme marin se joignit, dans l'exercice de ces accompagné en foule à sa dernière demeure. Il fonctions gratuites, celle d'intégrité et de dé- était commandeur de la Légion-d'Honneur. voùment. Le contre-amiral Vrignaud est mort

à Brest le 26 juin 1841, honoré de l'estime pu- |

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P. L...t.

WAROCH ou GUÉRECH Iar, que l'on a fet des milices du Mans, de l'Anjou, de la Tousouvent confondu avec Waroch II (1), parce raine et du Poitou, qui vinrent, au nombre que, comme lui, il fut comte du Bas-Vannetais, d'environ vingt mille, camper sur la Vilaine, était vraisemblablement le père de Conober près de Messac. Waroch ne leur laissa pas le (voy. ce nom), et conséquemment l'oncle de Wa- temps de franchir la rivière; tombant de nuit roch II, à moins qu'il n'ait été l'un des frères sur eux, il les tailla en pièces. Ce succès ne de ce mème Conober, ce qui, toutefois, est moins l'aveugla point. Ne se trouvant pas assez préprobable. Il ne semble avoir joué aucun rôle paré à une lutte qu'il n'avait pas cru devoir historique, et n'aurait pas de droit à être men- s'engager si promptement, il fit la paix, trois tionné par les biographes, sans le pieux et jours après, avec les chefs neustriens, prêta ardent concours qu'il prêta à la propagation serment de fidélité à Chilpéric, et livra son fils de la foi chrétienne, en aidant saint Gildas à en ôtage. Il s'engagea en outre à restituer la construire le monastère de Rhuys, saint Sam- ville de Vannes, dont il obtint toutefois de son celui de Dol, et saint Méen celui de Saint- rester gouverneur, à la condition de payer exacJean-de-Gaël. Il était le père de la belle Trif- tement, et sans mise en demeure, les tributs fine, cette intéressante victime de Conmôr. d'usage. La suzeraineté des Mérovingiens sur (Biog. brel., t. I, p. 549), et son impuissance la cité de Vannes était plus nominale que personnelle à réfréner ce monstre démontre que ses moyens d'action étaient assez restreints. D. Lobineau dit qu'il mourut vers 549. P. L. .t.

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réelle. Cette ville avait conservé ses franchises municipales, et le mode de désignation de son premier magistrat (voy. EUSEBIUS) démontre, à lui seul, que le traite de 497 ne lui avait pas WAROCH ou GUÉRECH 11, comte de ravi ses libertés antérieures. Se prévalant de la partie occidentale du pays de Vannes, ap-ce qu'il n'avait pu sans leur agrément, enpelée de son nom Bro-Weroc ou Bro-Werec, gager ceux de qui il tenait l'autorité, Waroch succéda, en 570, à son père Macliaw (voy. dépêcha à Chifpéric l'évêque de Vannes, Euce nom). A peine en possession des états qu'il nius, porteur de propositions nouvelles. Le Roi avait pu recueillir de l'héritage paternel, il s'oc- frank les trouva si étranges qu'il tança vertecupa de réaliser son projet de s'affranchir de la ment le prélat pour s'être chargé d'un pareil domination que les princes franks, arguant message et l'exila. du traité d'alliance conclu en 497 entre Človis Tout ce qu'avait voulu Waroch, c'était se et les Armoricains, voulaient faire peser sur créer un prétexte, bon ou mauvais, de reprences derniers. Plus que tout autre, il était im-dre les armes. En trouvant un plausible dans patient du joug de l'étranger, et le refouler au le rejet de ses propositions, il se remit en camdelà de la Vilaine et de la Loire était, depuis pagne l'année suivante, passa la Vilaine, enlong-temps déjà, son idée fixe. Brave, rusé, vahit le pays de Rennes, appartenant aux opiniâtre, audacieux ou prudent, fidèle ou non Franks, s'avança jusqu'à Cornuz (Corps-Nuds), à ses serments, selon que le commandaient ses près Janzé, mit tout à feu et à sang, et revint, intérêts et les circonstances, ce digne adver- chassant devant lui force troupeaux et captifs. saire des Mérovingiens était merveilleusement Chilpéric, alors occupé à réduire les Limousins préparé au rôle de libérateur de son pays. insurgés, n'apprit cette agression que quand Pensant qu'à la faveur des divisions susci-elle fut consommée. Attenuant alors sa ritées entre les princes gallo-franks par la mort gueur envers Eunius, mais ne voulant pourviolente de Sigebert, il lui suffirait, pour devenir indépendant, de se proclamer tel, il refusa à Chilpéric (578) le tribut annuel auquel il était obligé envers lui. Chilpéric répondit à ce refus par l'envoi des Saxons du pays de Bayeux,

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tant pas le laisser reprendre possession de son siége, il lui permit de se retirer à Angers, et lui assura un sort convenable. Mais clément envers Waroch, il détacha contre lui un de ses lieutenants, Beppolen, qui, au lieu d'attaquer le chef breton et de tenter la conquête de Vannes, employa tout l'été à dévaster le pays. Dès qu'il se fut retiré. Waroch prit sa revanche. Ses forces s'étant accrues, il ne se borna pas,

cette fois, à ravager le pays de Rennes, il pé- Quelques années se passèrent sans que Gonnétra dans le comté nantais, à l'époque des tran entreprit rien contre lui; mais, en 586. vendanges, que ses soldats firent eux-mêmes. il conféra le gouvernement d'Angers, de Nantes Excités par le vin, boisson jusqu'alors inconnue et de Rennes à Beppolen, qui essaya d'en prenpour eux, ils ne se firent faute d'aucun excès. dre possession à la tête d'une armée. Rennes Saint Félix, évêque de Nantes, intervint alors. ayant refusé de le recevoir, il se replia sur Il avait autrefois sauvé la vie à Macliaw, et l'Anjou, qui se donna à lui. Après y avoir compouvait se croire des droits à quelque influence mis toutes sortes d'exactions, il retourna desur Waroch. Il n'en fut rien pourtant. Le comte vant Rennes, s'en empara, et laissa pour y vannetais promit bien, il est vrai, de réparer le commander son fils, que les habitants massadommage et de restituer tout ce qui avait été crèrent dès qu'il se fut éloigné pour aller guerpris, mais, oublieux de cette promesse, il garda royer ailleurs. tout son butin. Toutefois, pour masquer son manque de foi, il donna l'ordre de la retraite à ses soldats, qui s'éloignèrent, entonnant ce chant de guerre que la tradition nous a conservé (1).

L'année suivante, Waroch, à l'instigation de Frédégonde, entra dans le pays de Nantes, qui avait embrassé le parti de Gontran. Avec lui marchait un autre Breton que Grégoire de Tours nomme Widimaël (Widimaelus), et dans «Mieux vaut vin blanc de raisin que de mûre; lequel D. Morice a vu Judwal, prince Dommomieux vaut vin blanc de raisin." O feu néen; moins absolu, D. Lobineau n'avait préo feu! ô acier! ô acier! ô feu! ô feu! ô acier senté l'identité de ces deux personnages que et feu! ô chêne! ô chêne! ô terre! ô flots! sous forme de conjecture, et aux raisons que flots! terre et chêne! - Mieux vaut vin notre érudit collaborateur, M. de la Borderie, a nouveau que bière; mieux vaut vin nouveau. déduites avec sa sagacité habituelle (Biog. bret..., -O feu! etc. - Mieux vaut vin blanc qu'hy-t. I, p. 552), pour faire révoquer en doute cette drómel; mieux vaut vin brillant. - Mieux vaut identité, on pourrait peut-être ajouter que ce vin de Gaulois que de pomme (2); mieux vaut nom de Widimaël, vraisemblablement altéré par vin de Gaulois. Gaulois, ceps et feuille à Grégoire de Tours, s'appliquerait assez raisontoi; ô fumier! Gaulois, ceps et feuille à toi!nablement à Judhaël, fils de Judwal. Peu im-Vin blanc, à toi, Breton de cœur! Vin blanc, porte, du reste, quel fut l'auxiliaire de Waà toi, Breton! Vin et sang mêlés coulent.roch; lui seul fut l'âme et le bras de l'expédiVin et sang coulent. Vin blanc et sang rouge tion. Le territoire nantais fut pillé et ravagé. et sang gras; vin blanc et sang rouge. Sang Gontran, à la nouvelle de cette invasion, rasrouge et vin blanc, une rivière ! sang rouge et semble une armée; mais avant de la faire marvin blanc. C'est le sang des Gaulois qui coule, cher, il envoie aux deux chefs bretons un le sang des Gaulois. J'ai bu sang et vin dans messager chargé de leur enjoindre de réparer la mêlée terrible; j'ai bu sang et vin. - Vin et le dommage, faute de quoi il les exterminerait sang nourrissent qui en boit; vin et sang nour-par le glaive. Waroch, et Widimaël, seignant l'effroi, promirent tout ce qu'on voulut. Dupe de leur apparente sincérité, Gontran envoya, pour régler la réparation des dommages, Ñamatius, évêque d'Orléans, Bertrand, évêque du Mans, et plusieurs autres personnages de distinction. Dans les conférences, qui se tinrent sur la lisière du pays de Nantes, les deux rusés bretons répétèrent en ces termes ce qu'ils avaient déjà fait dire à Gontran: « Nous savons que ces cités appartiennent aux fils du roi Clothaire, et que nous-mêmes nous devons leur être soumis; ainsi, nous composerons sans retard pour Les luttes que Chilpéric, tant qu'il vécut, eut ce que nous avons fait contre leurs droits. » à soutenir sur un autre théâtre, ne lui laissè- Ils fournirent des cautions, s'engagèrent à payer rent pas le loisir de satisfaire son ressentiment 4,000 sous à chacun des rois Gontran et Clocontre Waroch, qui profita de ce répit pour affer- thaire, et jurèrent de ne plus faire d'irruption mir son autorité. A la mort du roi frank, le sur les territoires appartenant aux rois franks. comte breton, gagné par sa veuve Frédégonde, La paix ainsi faite, les députés de Gontran qui lui accorda tout ce qu'Eunius avait de-lui rapportèrent le traité qui semblait l'assurer, mandé, se déclara pour son fils Clothaire contre Gontran, que le feu roi en avait nommé tuteur.

rissent.

-

» Sang et vin et danse, à toi soleil ! Sang et vin et danse. Et danse et chant, chant et bataille! Et danse et chant. Danse du glaive en cercle; danse du glaive. - Chant du glaive bleu qui aime le meurtre; chant du glaive bleu. -Bataille où le glaive sauvage est roi; bataille du glaive sauvage. O glaive! ô grand roi du champ de bataille! ô glaive! ô grand roi! Que l'arc-en-ciel brille à ton front! que l'arc-en-ciel brille!

» O feu! etc. etc. »

(1) Le Vin des Gaulois et la Danse de l'épée. (M. de la Villemarqué, Barzaz-Brecz, t. I, p. 176, 3 édition.) (2) C'est-à-dire que du cidre.

mais que Waroch violait aussitôt en saccageant le territoire nantais et en y faisant les vendanges dont il enlevait les produits. Gontran, en apprenant cette audacieuse violation de la foi jurée, ordonna à son armée de rétrograder vers la Bretagne; mais il s'apaisà, dit avec bonho

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