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jette un grand jour sur l'ensemble du système La part que prenait Tollenare aux travaux de protecteur du gouvernement à l'égard du com-la Société académique, quelque active qu'elle merce national. Sa répartition proportionnelle fût, ne l'empêchait ni de remplir ses fonctions des droits à établir sur les diverses denrées forme de trésorier des hospices de Nantes, auxquelles le cadre d'un tarif de douanes qui laissait peu à il avait été nommé en 1822, ni de fournir au désirer. L'Essai sur les entraves, quand il pa- Lycée armoricain, fondé dans cette ville en rut, fut unanimement jugé propre à élucider 1833, par Mellinet (voy. ce nom), de nombreux les plus importantes questions de la législation articles sur des matières économiques, indusfiscale, et les organes de la presse, sans distinc- trielles et psychologiques. Voyant dans sa place tions de couleur politique, le Moniteur, le de receveur des hospices autre chose qu'un Journal de Paris, le Courrier Français, la simple emploi de comptable, il s'appliqua à Quotidienne, le Constitutionnel, etc., applau- améliorer dans toutes ses parties le service hosdirent aux vues de l'auteur ainsi qu'à la ma-pitalier de Nantes. Un an ne s'était pas écoulé nière dont il les avait exposées. que le Sanitat, ou hospice des aliénés, avait

Le succès légitime de cet ouvrage appela sur changé de face. Par ses démarches auprès des son auteur l'attention de la Société d'encoura- autorités, par ses écrits, il avait réussi à faire gement de Paris et celle de la Société académi-substituer aux loges infectes et grillées où les que d'Orléans, qui se l'adjoignirent. La Société malades devenaient fous, quand ils n'y enacadémique de Nantes avait devancé ces deux traient pas tels, des dortoirs sains et bien aérés compagnies dès 1820. A peine admis dans son où la vie commune avait succédé efficacement sein, Tollenare prouva qu'il n'était point un à l'isolement.

ses artistiques de l'Italie. Tollenare s'y montre observateur judicieux, appréciateur éclairé des arts; ses descriptions, ses tableaux, ceux surtout de la Suisse, sont animés, et ses impressions, toutes vives qu'elles sont, ne nuisent ni à son exactitude ni à sa sûreté de tact.

membre parasite, soit en lui soumettant son Au commencement de 1823, cédant aux inMémoire sur le Voyage du Triton (premier ba-stances de M. Du Fou, son cousin et son ancien teau à vapeur venu à Nantes), soit en dressant, associé, il consentit à accompagner en Suisse dans la séance du 3 septembre 1821, l'inven- et en Italie le fils aîné de ce négociant, auquel taire raisonné (64 pages in-8°) de tous les tra- les médecins conseillaient de voyager pour révaux qu'avaient accomplis ses collègues pen-tablir sa santé. C'est à cette circonstance qu'on dant l'année qui venait de s'écouler. Au rapport doit la longue suite d'articles insérés dans les encore plus étendu qu'il fit l'année suivante, et t. III, IV, V, VI, VII et VIII du Lycée armoriqui, comme le précédent, était un modèle d'a-cain, et réunis ensuite sous ce titre : Notes sur nalyse, se joignirent d'autres travaux dus à sa la Suisse et sur l'Italie. (Extrait du Lycée arseule initiative, et que, par cette raison, il s'ab-moricain.) Nantes, Mellinet-Malassis, in-8° de stint de mentionner. M. Mareschal, qui le sup- 329 pages, tiré à 20 exemplaires. Ce livre a un pléa en 1824, fit ressortir le mérite de ses dis- grand mérite, celui de se faire lire après la mulsertations sur la Péche de la baleine au Brésiltitude d'ouvrages où sont analysées et décrites (Lycée armor., t. IV); sur les Ponts en fil de les beautés pittoresques de la Suisse, les richesfer; sur la Réduction de nos fonds publics et le changement à apporter dans notre système d'amortissement. Paris, Janet et Cotelle, 1824, in-8° de 64 pages et 2 tableaux. Redevenu secrétaire général, il analysa encore, dans la séance du 18 décembre 1825, tous les travaux de ses collègues. Le procès-verbal de l'année suivante reproduisit dans leur entier sa Note sur la broie mécanique de MM. Laforest, Berruyer et Cie; ses deux Notes sur les nouvelles routes à la Mac-Adam, fruits, l'une et l'autre, de l'étude qu'il avait faite du système de MacAdam, soit en Belgique, soit en Angleterre, d'où il avait rapporte non seulement les ouvrages de l'ingénieur anglais, mais encore les outils employés pour concasser les pierres et des échantillons de ces pierres elles-mêmes; son Rapport sur les travaux exécutés à Londres pour pratiquer un passage sous la Tamise (Lycée armor., t. VII, avec une planche), et son Rapport sur les pièces envoyées au concours de poésie de 1826. Le procès-verbal de 1827 contient son travail sur le Phormium tenax, et celui de 1828 son Rapport sur la méthode de lecture de M. le chevalier Coupe, ainsi que son Mémoire sur les entrepóts du commerce dans l'intérieur. (Ibid., t. XII.)

C'est dans le cours de ce voyage que Tollenare, jusque là sceptique, ou plutôt déiste, éprouva à la vue des catacombes de Saint-Janvier-des-Pauvres, à Naples (Notes, p. 191-193), une émotion qu'on peut considérer comme le germe du sentiment religieux ou spiritualiste que nous verrons exercer une si grande influence sur le reste de sa vie.

A son retour à Nantes, après une absence de six mois, il rédigea son voyage, compléta la réforme du Sanitat, et manifesta ses tendances à une évolution, jusque là plus morale que religieuse, par un écrit où il examina, sous le titre de Recherches sur le Spiritualisme, les idées régnant dans les écrits philosophiques de son ami Richer. Dans ses Recherches, comme dans son article intitulé: Sur la Lumière intérieure, ou la Conscience (Lycée armor., t. IX), Tollenare montrait bien son dégoût du sensualisme; mais ces deux écrits, a-t-il dit lui-même plus

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tard, renfermaient un vice radical, parce que, |» éprouve en s'abandonnant à l'amour du Seidans sa présomption, il faisait dériver de la seule » gneur, et en communiquant avec lui par la action de ses facultés les notions qu'il avait ac-» prière. » La prière! c'est là son unique culte, quises du bien et du mal, sans tenir compte de son unique doctrine. « S'agit-il de m'arrêter à celles de l'Evangile. Richer, d'abord disciple de» une doctrine, de placer cette doctrine dans un l'école sensualiste, avait une âme ardente qui culte spécial, autre que celui de la prière, je ne pouvait long-temps s'accommoder du ratio-» n'y suis plus, je ne sais où donner de la tête. nalisme pur: il s'était done mis à la recherche » Ibid.)« Swedenborg, ajoute-t-il, donne d'une croyance susceptible de satisfaire à la» du Christianisme une théorie qui me plairait fois sa raison et son cœur. Une foi libre et dé- » sans doute, et je dois, certes, à ses écrits de gagée du joug de l'autorité qu'impose la reli- » lire la parole avec un certain degré de lucidité gion catholique, voilà le but auquel il aspirait.» de plus. Mais, Monsieur, ses explications dogA Nantes se trouvait alors un brave militaire,» matiques, qui ne sont pas toutes nouvelles, M. Bernard des Essarts, qui, de système en»- car j'en trouve une très-grande partie dans système, était tombé au swedenborgisme, ex-» les ouvrages que les Gnostiques ont publiés pression, à ses yeux, de la religion chrétienne» au 1er et au e siècle, - ont été dès lors condans toute sa pureté. Vers 1824, il avait fait de» troversées et condamnées comme erreurs par Richer un adepte, et bientôt celui-ci, dans son» des gens qui avaient entendu les apôtres ou ardeur de proselytisme, avait déployé toutes les » leurs disciples immédiats. » Dans une lettre de ressources de sa parole entraînante pour per- trente pages qu'il adressait à Richer, le 20 mars suader Tollenare. Il ne réussit qu'imparfaite-1829, lettre contenant un examen raisonné du ment. Ce dernier, alors déiste (Lettre du 11 no IVe livre de la Nouvelle Jérusalem, et commenvembre 1827 à Richer), professait ce qu'onçant par cette déclaration, « qu'il adressait sa appelle la religion naturelle, et l'acceptait sous» prière au Seigneur, afin de puiser dans son toutes les formes admises par les hommes, tout » sein la lumière, et de s'affermir dans la réen reconnaissant la réalité et l'utilité des mira-» solution de n'en point employer d'autre que cles, « parce qu'il ne circonscrivait pas, disait-» celle qui viendra de lui, en quelque faible il, la puissance de Dieu dans le cercle des lois dose qu'il lui plaise de la lui départir, » il dit que les hommes ont découvertes ou imaginées.» qu'il croit à l'Evangile, « dépôt ou organe des La doctrine nouvelle l'attirait bien par sa mo- » vérités émanées du Dieu infini, et qu'il crainrale et sa poésie, qui jetaient un grand trouble» drait de blasphemer en soupçonnant le moindans son âme accessible aux sentiments les plus» drement la vérité de quelques textes qu'il ne affectueux; déjà même elle lui avait fait faire» comprendrait pas. » Poursuivant l'exposé de un grand pas, puisqu'il reconnaissait la divinité ses sentiments, il déclare croire à un seul Dieu, de la Bible, le mystère de la Rédemption, etc.; à l'Eglise universelle, soit une et catholique, à néanmoins, il n'était pas encore rendu. Les lut-la rémission des péchés, à la possibilité de la tes que se livraient son cœur et sa raison nous résurrection de la chair, etc. «Passons, ajoutesont révélées dans une série de lettres adres-» t-il, à Swedenborg, que j'aime et que je ressées, de 1827 à 1830, à MM. Richer, Bernard,» pecte, dont l'influence sur mes sentiments et au général de Bissy, dont Tollenare voulait,» religieux a été des plus heureuses, sous le par moments, faire le pontife de la nouvelle» charme, pour ainsi dire, de qui je tombe soucroyance. Ces lettres, dont beaucoup n'ont pas vent, mais dont je ne veux pas me déclarer le moins de 20 à 24 pages in-4°, très-compactes,» disciple, parce que sa mission de révélateur forment autant de mémoires, où sont traitées spécial n'est pas dans ma foi, et que pour les les questions psychologiques les plus abstru-» détails des doctrines religieuses, au delà de ses, et où Tollenare confesse alternativement» ce qui est devenu intuitif par le passage dans ses aspirations vers la partie morale du swe-» la vie même, il ne m'offre que l'entendement denborgisme, comme sa persistance à ne pas» pour guide. Or, l'entendement, en présence s'associer aux croyances dogmatiques qui en» d'arguments opposés, est d'une fragilité exdécoulent. Quoiqu'il s'avouat vaincu (21 no- » trême.... Je reste le chaud admirateur de l'invembre 1827), sa foi n'était, en realité, que par-» génieux, du sage moraliste Swedenborg; mais,. tielle. Une de ses lettres du mois de mars 1829 » par la raison que je viens de vous dire si proau général de Bissy en contient la preuve» lixement, je me refuse de me compter au nom<«<Loin d'être aussi avancé que vous le suppo- bre des disciples de ce révélateur. Je m'aidesez, lui dit-il, j'en suis encore à travailler à» rai souvent des plausibles explications qu'il cette préliminaire régénération, sans le parfait » donne sur des matières du plus haut intérêt accomplissement de laquelle il n'y a point d'é- » pour l'homme; mais, avant de me prononcer lus, et en l'absence de laquelle on ne trouve dans » affirmativement sur les interprétations rationl'entendement, et comme en fermentation, que » nelles ou érudites des dogmes mystérieux du de simples éléments d'éclairement. » Il parle de » Christianisme, défiant de la puissance de mon » ses perplexités, des vives consolations qui pé- » entendement, qu'éclaireraient seulement la >> nètrent dans son âme, de celles surtout qu'il » science et le raisonnement, j'attendrai de plus

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» haut les éclairements que je demande dans et qu'il agit en raison de la foi de celui qui le » mes prières, résigné, du reste, à l'équitable réclame, elle traita, au mois de septembre 1828, » Fiat voluntas tua de l'oraison dominicale. » un grand nombre de malades, dont la guérison, Si, dans la conviction de Tollenare, le swe- suivant elle et ses partisans, fut due à la seule denborgisme conduisait au perfectionnement efficacité de ses prières, substituées, d'après religieux, cette conviction n'allait pas jusqu'à elle-même, à l'action du magnétisme, dont elle croire, comme les plus fervents disciples du avait primitivement fait usage, mais qu'elle maître, à la nécessité d'un nouveau culte exté- avait abandonné à la vue des erreurs sans rieur Aussi blàmait-il et refusait-il de partager nombre dans lesquelles elle était involontaireles pratiques auxquelles se livraient les néo-ment tombée. Tollenare ne se borna pas à exalhyérosolimites dans une chapelle fondée à Nan-ter, dans sa correspondance, les causes et les tes, au commencement de 1829, par Mme de effets des cures de Mme de Saint-Amour; il puSaint-Amour, chapelle où les adeptes, réunis le blia, sous le titre de Point d'effet sans cause, dimanche, lisaient en commun les ouvrages de Nantes, Forest, 41828, in-8° de 36 pages, une Swedenborg et s'administraient réciproquement brochure où il combattit avec chaleur les adla communion, aucun des pratiquants ne rem-versaires des cures qui les attribuaient, les uns plissant spécialement les fonctions de ministre, à l'imagination des malades, les autres à l'acet différant en cela des prosélytes anglais, qui tion magnétique de l'opérateur. Il n'y faisait avaient des ministres ordonnés et consacrés aucune difficulté d'admettre que Dieu eût pu d'après certaines formes liturgiques. Tollenare, accorder à l'un de ses serviteurs, même non dans un voyage en Angleterre, avait vu beau-orthodoxe (Mme de Saint-Amour était dans ce coup d'entre eux, mais il n'avait pas, dit-il, cas), le don formant un ministère séparé — souscrit à tout leur symbole, et s'il était tou- de guérir par la prière, et il attribuait les réjours admirateur de la doctrine de Swedenborg, sultats obtenus par Mme de Saint-Amour à l'inquant aux questions morales qu'elle soulevait, tervention d'une loi de l'ordre spirituel. il n'osait s'associer aux dogmes qu'elle prêchait.

Quand le cœur de Tollenare ne s'épanchait pas par la prière, il se manifestait dans les acPar les fragments extraits de la correspon- tes de sa vie extérieure, dans l'exercice surtout dance intime de Tollenare, nous avons cherché de ses fonctions de trésorier des hospices. Sans à montrer le véritable état de son âme, les com- cesse préoccupé des améliorations que réclabats intérieurs dont elle était le théâtre, et voulu mait la situation des aliénés, des vieillards et des nous faire une idée aussi précise que possible de orphelins, il fit disparaître bien des abus funestes ses sentiments et de ses pensées. Pour nous, il à ces établissements, y opéra d'importantes n'est ni swedenborgiste complet, ni catholique économies, rétablit l'ordre et la clarté dans la pur, mais un composé de l'un et de l'autre, ad- comptabilité, et parvint à obtenir, après cinq ditionné de quelques éléments accessoires, em-ans de luttes persistantes, de faire acheter par pruntés, malgré lui, à ce rationalisme qu'il l'administration l'ancien dépôt de mendicité de s'efforce en vain de secouer. Si nous ne pouvons Saint-Jacques, à la place duquel s'est élevé définir ce qu'il était, peut-être n'y eût-il pas mieux réussi lui-même. Quelque chose, néanmoins, prédominait nettement en lui, c'était un état d'ascétisme ou de mysticisme qui le conduisait, par l'exagération du spiritualisme et le désir d'une perfection idéale, aux pratiques d'une piété plus ardente qu'orthodoxe sans doute, mais décelant une âme d'où la charité débordait.

depuis le magnifique hôpital de ce nom, dont Nantes s'enorgueiflit à juste titre, et dont la construction suffirait, à elle seule, pour que le nom du philantrope qui l'a provoquée et en a dressé le programme soit transmis à la postérité.

Ce service rendu à sa ville natale, tout grand qu'il est, n'est pas, à beaucoup près, le seul qui assure à Tollerare la reconnaissance de ses concitoyens. Jamais, en effet, il ne laissait échapper aucune occasion de leur être utile, soit qu'il provoquât la fondation de la Société industrielle, des salles d'asile et du dépôt de mendicité, dont il fut le premier administrateur, soit qu'il consentît à remplir les fonctions gratuites de trésorier du bureau de bienfaisance et de membre de la commission de surveillance de la bibliothèque de la ville et des archives du département.

Ce qui achève de nous faire croire que tel était le véritable état de Tollenare, c'est l'empressement qu'il mit à préconiser les cures opérées à Nantes, vers cette époque, par Mme de Saint-Amour. Mme Renaud de Saint-Amour, née Frémery, épouse d'un officier supérieur de cavalerie, avait reçu une excellente éducation, et possédait de brillantes qualités qui lui assuraient des succès dans le monde. Mais, arra chée par M. Bernard à l'indifférence religieuse, Une sorte de communication spirituelle, nous elle s'était vouée à la pratique des vertus chré-l'avons vu, s'était établie entre Richer et Toltiennes, et particulièrement au traitement des lenare. Quoique le premier n'eût pas gagné aumalades. Convaincue que Dieu accorde le don tant qu'il l'avait espéré sur l'esprit de son ami, de guérir à qui il lui plaît; que ce don a une ef- ce fut à lui néanmoins qu'il confia, à son lit de ficacité subordonnée aux vues providentielles, mort (21 janvier 1834), ses nombreux manu

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scrits, avec la mission de les publier, s'il les ju- | toire de Bretagne, publiée par M. Daru, geait susceptibles de faire quelque bien et de ra- l'Académie française. (Extrait du Lycée armener aux idées religieuses. Tollenare accepta moricain, t. IX.) Nantes, Mellinet - Malassis, ce legs et l'acquitta, de concert avec M. Im-1827, in-8° de 43 pages. Cet article porte un tipost, ami d'enfance de Richer. Tous deux fi- tre exact, car il renferme une analyse, et non rent imprimer, à leurs frais, chez Mellinet, à une critique de l'ouvrage de M. Daru, lequel en Nantes, en buit volumes in-8°, les travaux de appelait pourtant une sévère, puisque, simple leur ami, que Tollenare classa, collationna et abréviateur de l'abbé Gallet, l'élégant traducannota. La part que ce dernier prit à cette pu- teur d'Horace avait reproduit toutes les erreurs blication n'a pas peu contribué à faire croire historiques de son devancier, et que la seule que, swedenborgiste endurci, il était mort lui- partie acceptable de son livre était celle où sont même dans l'impénitence finale, ce qui est in-groupés les faits qui préparèrent et consomméexact, car, auparavant, il avait rompu sans ré-rent la réunion de la Bretagne à la France. Tolserve avec les doctrines du théosophie suédois, lenare, du reste, s'avouait tout le premier son et avait fait au Catholicisme un retour complet, inaptitude à faire cette excursion dans le doauquel avait contribué le respectable curé de maine de la critique historique. « M. Mellinet, Notre-Dame-de-Bon-Port, dont la douce piété écrivait-il, le 22 novembre 1826, à M. Daru, avait su trouver le chemin de son cœur. » m'a prié d'entretenir les lecteurs du Lycée arRetiré, pendant les dernières années de sa moricain de votre Histoire de Bretagne ; j'ai vie, à sa ferme de la Pompierre, qu'il conver-» osé le lui promettre; mais je ne peux dissimutit en une riante villa, il était parvenu à l'âge » ler que cette mission serait beaucoup mieux de soixante-sept ans sans avoir ressenti aucune » en d'autres mains que les miennes, vu que des infirmités qui annoncent ou accompagnent » je suis tout-à-fait étranger à ce qu'on appelle la vieillesse, quand se manifesta chez lui un ra- la grande érudition, et que les Bretons s'atmollissement du cerveau, déterminé vraisem-» tendront encore à voir remuer tous ces peblablement par l'excès de travail. Bien qu'éner- » sants commentateurs que vous avez eu le tort giquement combattue, cette redoutable affec-» de mettre à notre portée, mais sur lesquels tion n'en continua pas moins ses progrès, qui» ils auront toujours à controverser. Tel ne sera devinrent rapides à la mort de Mme de Tollenare,» point mon plan. Je ne considérerai votre exenlevée à l'affection de son mari par une atta-» cellent livre ni comme publiciste, ni comme que de choléra. Affaissé sous le poids de ses dou-» érudit; je prendrai mon point de vue du sein leurs morales et physiques, il puisa la force de» de la classe moyenne à laquelle j'appartiens, les supporter dans les consolations et les espé-» et si je réussis à tenir compte de la différence rances que lui offrit alors le curé de Notre-Dame- » des siècles, je serai au moins sûr d'être vrai.>> de-Bon-Port. Lorsqu'il mourut à Nantes, le «Après l'ouvrage de Gallet et ceux de MM. Ri20 décembre 1853, il était depuis six mois pres-» cher et Daru, je n'ai rien lu sur l'histoire de que impotent, et sa riche intelligence lui faisait parfois défaut.

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» Bretagne,» ajoutait-il dans sa lettre du 12 mars 1830 à M. Chaillou. Ces deux fragments de letModeste, affectueux, obligeant, Tollenare tres indiquent trop bien l'incompétence de Tolétait aussi indulgent pour les autres que sévère lenare dans la question, pour qu'on ait lieu pour lui-même. Aussí, par ses qualités, comme d'être surpris de l'insuffisance, ou plutôt de l'abpar sa courtoisie, ses bonnes manières, le sence de critique dans l'article dont nous parcharme de sa conversation, l'étendue et la pé-lons. II. Compte-rendu des « Jeunes indusnétration de son esprit, se concilia-t-il des ami- triels, ouvrage traduit de Maria Edgeworth, tiés d'élite. Le travail était pour lui un tel be- par Mme Louise Sw. Belloc. » (T. VII.) III. Sur soin que ses rares loisirs étaient employés à l'Amour du Gain. (T. VII.) IV. Du Commerce et transcrire les passages qui le frappaient le plus de l'Administration, etc., par M. A. du Châteldans les écrivains anciens et modernes qui s'é- lier, compte-rendu. (T. VII.) V. Sur la treiziètaient occupés de religion, d'histoire, de litté-me et dernière Leçon de 1828 du Cours de Phirature, de philosophie, etc. Ces extraits sont consignés dans deux volumes in-4°. Sous le titre de Guérisons par la Prière se trouvent rassemblés, dans un troisième volume in-4°, tous les écrits inédits ou publiés que lui avaient suggérés les cures de Mme de Saint-Amour. A ces trois volumes manuscrits, il faut en joindre cinq autres, également in-4°, intitulés : Mélanges et Essais divers, contenant, indépendamment de ses travaux publiés, d'autres qui ne l'ont pas été. Ceux de ses travaux publiés qu'il nous reste à mentionner se trouvent dans le Lycée armoricain. Ce sont: I. Analyse de la nouvelle His

losophie de M. Victor Cousin. (T. XII.) VI. Sur l'Art. des Jardins. (T. XII.) VII. Compte-rendu de la traduction du poème de Child-Harold, par M. P.-A. Deguer. (T. XII). VIII. Sur les Puits forés ou Puits artésiens. (T. XII.) IX. Quelques Remarques sur l'ouvrage intitulé: « Questions commerciales,» publié en novembre 1828 par D.-L. Rodet. (T. XIII.) X. Indices de Progrès. (Revue de l'Ouest, ancien Lycée armoricain, dernière livraison.)

Deux notices étendues et approfondies ont été consacrées à Tollenare. La première, qui a pour titre: Notice biographique de L.-F. de

P. L...t.

Tollenare, est due à son ami, M. Impost, qui de Saint-Pierre à Nevers, et de plusieurs autres l'a publiée, sous le pseudonyme de Lidner, anciennes basiliques de France. Mais ses invesdans le t. II, année 1854-1855, de la Revue des tigations avaient eu principalement la Bretagne provinces de l'Ouest, dirigée par notre excellent pour objet. C'est ainsi que, dans un mémoire collaborateur et ami M. And, Guéraud. L'au- inachevé, et que M. Denoual de la Houssaye avait tre est intitulée: Biographie de Louis-Fran- promis de terminer, il avait cherché à éclaircir çois de Tollenare, de Nantes, économiste, par un point historique fort intéressant, celui de J.-B.-E.- Priou, membre correspondant de savoir si, conformément à l'opinion de beaul'Académie impériale de médecine, etc. (Ex-coup de savants, la ville de Lexobie ne devait trait du Breton.) Nantes, imp. de Mme veuve point être distinguée de la cité des Lexovii, ou Camille Mellinet, 4854, in-8° de 23 p. C'est si le territoire de cette cité répondant, ainsi qu'on dans ces deux notices et dans les travaux ma- l'a fait observer, au diocèse de Lisieux, il n'a nuscrits ou imprimés de Tollenare que nous pas aussi existé, dans l'ancienne Bretagne, à avons puisé les éléments de notre propre travail. quelques lieues de Tréguier, une ville de Lexobie. Il s'était, en outre, occupé de déterminer la véritable position de Manatias, désigné, TOUDIC (PIERRE), né à Guingamp, en dans la notice de l'empire d'Occident, comme 1766, doué d'une imagination vive et d'une le port d'un des lieutenants du général qui comgrande facilité, s'attacha, après avoir terminé mandait la légion maritime appelée Tractus arses études, à Le Chapelier, qui le mit en état moricanus et Nervicanus, position qu'il croyait de se faire recevoir avocat avant la Révolution. répondre à celle du village de Poulmanach, siElu successivement officier municipal, procu- tué à l'extrémité nord-ouest de Perros, sur les reur syndic, député suppléant à la Convention côtes de la Manche, et qui pourrait bien en et membre de l'administration centrale des effet lui répondre, puisque la notice de l'emCôtes-du-Nord, il fut proscrit au 31 mai, et ne pire nomme Manatias après la ville des Ossisdut la vie qu'à une généreuse hospitalité. Les miens et avant celle d'Alet. On a enfin trouvé événements de thermidor lui ayant permis de après sa mort un cahier portant le n° 2 et comsortir de sa retraite, il fut rappelé, peu de mois mençant par la lettre L, dans lequel il avait après, à la Convention. Réélu au Corps légis-classé, par ordre alphabétique, ses principales latif, il fit partie du Conseil des Cinq-Cents jusqu'au mois de prairial an VI. Nommé alors inspecteur des contributions directes de son département, Toudic se voua désormais à la vie privée, et tout le temps qui ne fut pas consacré à l'exercice de ses fonctions, il l'employa à des recherches historiques et archéologiques sur la Bretagne. Très-versé dans la langue celto-bretonne, il s'en fit un auxiliaire efficace. TOULLIER CHARLES-BONAVENTURE), né Son projet était de soumettre à une saine cri- le 21 janvier 4752 (1), sur la paroisse de Notretique les travaux des historiens qui ont écrit sur Dame de Dol (Ille-et-Vilaine), de parents peu les monuments de l'ancienne Bretagne, et de favorisés de la fortune, commença ses études compléter leurs recherches. Ce projet était vaste, au collège de cette ville, et quand il les eut surtout quand on songe que, traversée plutôt terminées à Caen, il revint au foyer paternel. qu'asservie par les Romains, la Bretagne est Voisin des âpres falaises de la Manche, témoin peut-être des provinces de la Gaule celle qui des assauts que leur livre cette mer orageuse, renferme le plus de monuments celtiques et de il fut vivement ému par ce spectacle, et en l'antiquité la plus reculée. Une mort préma-conçut le désir de se faire marin. Mais, guidé par turée, suite des fatigues occasionnées par les une sorte d'intuition, Mgr de Hercé, évêque de opérations cadastrales du département, vint le surprendre, à Guingamp, le 31 décembre 1806, (1) Les prénoms, la date et le lieu de naissance de au milieu de ses projets. Il avait rassemblé plu- Toullier sont extraits de son acte de baptême, dans lequel sieurs faits curieux sur le commerce des iles n'est pas mentionné le prénom de Marie que lui donnent ses biographies, et qu'il semble lui-même s'être attribué, britanniques avant la conquête de César. Il soit sur le frontispice de ses ouvrages, soit dans son épiavait aussi extrait des mémoires de l'Acadé- taple composée par lui-même, inseree p. 29 de la notice mie des inscriptions, avec l'intention de les de M. Paulmier, et indiquant vraisemblablement par suite soumettre à un nouvel examen, quelques dé-d'une faute d'impression, le 21 juin (jun au lieu de jan), comme le mois de sa naissance. Ce n'est qu'à grandtails sur la reine Pédauque, ainsi nommée peine que nous avons pu préciser ces indications, trompé parce que l'un de ses pieds se termine en forme que nous étions par celles qu'a données M. Gautier de de patte d'oie, et dont l'effigie prise par Mabil- Dol dans sa Bibliothèque générale des écrivains bretons, lon pour celle de sainte Clotilde, et par l'abbé Leboeuf pour celle de la reine de Saba, se voyait au portail des églises de Saint-Benigne à Dijon,

recherches, généralement extraites d'Ogée. Le premier cahier n'a pas été retrouvé et ses autres manuscrits ont eu le même sort. Il était membre de l'Académie celtique, et c'est à ce titre que M. Denoual de la Houssaye lui a consacré une notice dans le t. III, p. 181-189 des Mémoires de cette Société.

P. L...t.

où, confondant notre grand jurisconsulte avec un de ses Pierre-Julien (ou plutôt Joseph), né le 18 octobre 1754, frères, il le mentionne sous les prénoms de Bonaventuresur la commune de Saint-Broladre, près Dol.

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