Imatges de pàgina
PDF
EPUB

0

OBET (YVES-LOUIS), naquit le 14 juillet | prendre le large et y transporta, pendant la 1738, à Bréhat, petite île des Côtes-du-Nord, nuit, les feux de ces navires. Ceux-ci ainsi dont la population de 2,000 âmes est presque masqués prolongèrent la côte, et, après leur exclusivement composée de marins. Il n'avait éloignement, les bateaux retournèrent s'amarque huit ans lorsque déjà il s'était mesuré, rer au rivage, d'où ils purent eux-mêmes pendant la guerre de 1746, avec les Anglais, braver l'ennemi. sous les yeux de son père. Arthur Obet, capi- Au mois de juillet 1780, un autre convoi, extaine de commerce. La paix ayant été conclue pédié de Saint-Malo à Brest, échappa encore, en 1748, il consacra les trois années qui la grâce à sa vigilance, aux Anglais qui gardaient suivirent à acquérir les connaissances théo- l'entrée de la rade de Brest. Le 15 mars 1781, riques qui lui manquaient en hydrographie, se trouvant attaqué par trois cutters, et hors et, de 1751 à 1757, il servit encore au com- d'état de résister seul à des forces si supérieumerce sous son père ou sous d'autres capi-res, il eut l'heureuse idée de leur donner la taines. L'intrépidité dont il fit preuve en 1761, chasse. Cette manoeuvre hardie réussit, et ses en offrant d'aller, dans une pirogue de sau- trois adversaires prirent la fuite. Le 19 mai suivages, porter à Belle-Ile, alors investie, des vant, il se dirigeait vers Saint-Malo, lorsqu'il dépêches urgentes, attira sur lui l'attention. rencontra, dans la baie de Saint-Brieuc, deux Tout était prêt pour cette expédition d'un nou-lougres ennemis qui avaient pris un bâtiment veau genre, lorsque la nouvelle de la capitu- de commerce. Il le reprit aussitôt, et les deux lation de Belle-Ile vint, au moment même de lougres eussent inévitablement partagé le même son embarquement, arrêter l'exécution d'un projet devant lequel avaient reculé les marins

sort, si la supériorité de leur marche ne les avait dérobés à son attaque. Au mois de septembre 1782, faisant voile du Havre à Brest avec une Depuis cette époque, Obet fut plus particu- vingtaine de bâtiments chargés de bois de conlièrement chargé du service utile, mais peu struction pour le compte de l'Etat, il fut chassé, brillant, de l'escorte des convois, et, jusqu'en depuis Jersey jusqu'à Granville, par un vais1762, il eut constamment le bonheur de sous-seau et sept corvettes ou autres bâtiments lėtraire à la vigilance des escadres ennemies gers, qui l'obligèrent à relâcher dans ce derqui bloquaient alors les ports de France, un nier port. Etant sorti de cette position difficile grand nombre de navires chargés de munitions il se croyait à l'abri de tout danger, quand il de guerre, notamment celui qui portait les fut rejoint par les ennemis à l'entrée de l'île de canons du Royal-Louis, principal objet des Batz. où, pendant un mois, il fut gardé à vue recherches des Anglais. Dès le commencement par un vaisseau de cinquante canons, deux fréde la guerre de 1778, il fut attaché à la marine gates et trois corvettes, aux ordres du commomilitaire avec le grade de capitaine de brûlot, dore Elliot. Malgré la surveillance la plus acet nommé successivement au commandement tive, il parvint à rallier environ soixante voiles des cutters le Folzton, l'Alligator, et des cor- à son convoi, Alors, quels que fussent les danvettes le Jeune-Henri et le Serin, navires sur gers auxquels l'exposait la présence de l'enlesquels il continua jusqu'à la paix le service nemi, toujours mouillé à l'entrée de l'île, l'imde convoyeur, pour lequel son aptitude spé-portance et l'urgence de sa mission le détermiciale était bien connue. C'est ainsi que, parti de Camaret, le 4 juillet 1779, avec un convoi de cinquante voiles, chargé de munitions de guerre et de bouche destinées pour Saint-Malo. il mit ce convoi à l'abri des attaques des deux frégates anglaises la Licorne et le Québec, et réussit, par une adroite manœuvre, à entraîner Pendant la guerre de 4778, Obet fut constamle Québec sur une basse où elle fut forcée ment à la mer, si ce n'est du mois d'août au d'échouer. Le 2 août suivant, faisant voile de mois d'octobre 1779, qu'il commanda les mouGranville à Saint-Malo, avec dix-sept bâtiments vements de la rade et du port de Saint-Malo, où de transport, il fut chassé par neuf frégates, l'on se proposait, dans la vue d'une descente cutters ou lougres anglais qui se proposaient, en Angleterre, de rassembler plus de quatre en le brûlant, de lui faire éprouver le sort cents bâtiments, tant de guerre que de transqu'avaient subi la frégate la Danaé et plu- port. L'activité qu'il déploya dans cette mission sieurs navires qu'elle escortait. Un strata-ne contribua pas peu, lors de la conclusion de gème lui permit de se soustraire à ce danger. la paix, à lui faire obtenir la croix de SaintProfitant de la présence, dans la baie de Can-Louis et le grade de lieutenant de vaisseau, cale, d'un nombre de bateaux pêcheurs égal à dont il fut pourvu le 1er mai 1786. Après la celui des navires de son convoi, il leur fit guerre, le Gouvernement ayant résolu de dé

nèrent à les braver tous, et, le 14 octobre, à la faveur d'un gros temps, il appareilla, franchit heureusement les écueils dont ces parages sont semés, et jeta l'ancre, le jour même, après les plus périlleuses manœuvres, sur la rade de Brest, sans avoir perdu un seul bâtiment.

sarmer les côtes de France, Obet fut chargé, | gua aucun motif, il ne fut rappelé au service concurremment avec Ganot, général d'artille- actif qu'en 1796, lors de l'expédition qui derie, de visiter celles de Bretagne sa connais- vait transporter en Irlande le général Hoche. Il sance de ces côtes, qu'il avait constamment eut le commandement du vaisseau rasé le Scépratiquées, celle des lieux où les ennemis pou- vola. On sait que les vaisseaux de cette expédivaient se réfugier ou être avantageusement at- tion, séparés dès leur sortie de Brest, furent taqués, avaient motivé son adjonction à Ganot. accueillis par des tempêtes incessantes, et ne Sur ses observations, il fut dressé un mémoire purent pas tous aborder la terre d'Irlande. Le prouvant que, loin de songer à désarmer les Scévola fut du petit nombre de ceux qui purent côtes, il fallait en augmenter les moyens de gagner la baie de Bantry; mais, à peine mouillé. défense. A l'issue de cette mission, le souvenir il fut repoussé en mer, et essuya de fortes avade celle qu'il avait remplie à Saint-Malo en 1779 ries. Le vaisseau, vieux et rompu, faisaiteau de fit encore jeter les yeux sur lui pour occuper toutes parts, et devait couler bas dans un trèsles fonctions de directeur du port de Cherbourg, court espace de temps; c'est dans cette horrible alors naissant, et sa coopération aux grands position qu'il fut rencontré par le vaisseau que travaux qui s'y exécutaient lui valut, pendant montait le capitaine Dumanoir. L'équipage et trois ans, l'approbation de ceux qui les diri- les nombreux passagers y furent recueillis, et geaient. Obet, emportant seulement son épée, ne quitta Lorsqu'en 1790, des insurrections fomentées le Scévola qu'après s'être assuré qu'il ne resdans l'escadre d'Albert de Rions propagèrent tait personne à bord. Pendant les six années à Brest un funeste esprit d'insubordination, il suivantes, il fut chargé de quelques missions fut investi du commandement de la caserne particulières, organisa le service des convois des marins, et, par ses mesures, à la fois depuis Brest jusqu'à Saint-Malo, et, en ramefermes et conciliatrices, il réussit à ramener et nant lui-même un convoi à Brest, il fut canonné, à maintenir l'ordre parmi ces hommes égarés. près de Saint-Mathieu, par une frégate anglaise Nommé en 1791 au commandement de la fré- qui avait pénétré assez avant dans la rade de gate la Précieuse, faisant partie de l'expédition Brest. Lors d'une levée de marins, qu'il fit de qui transporta aux Antilles le général Béhague, concert avec le commissaire Boulet, vers 1798, il eut le bonheur, à son retour sur la Fine, dans l'arrondissement de Brest, il réussit, avec de recueillir et de sauver la majeure partie de son collègue, à apaiser un soulèvement à l'équipage de l'Amphitrite, qui s'était perdue Douarnenez, où les matelots, excités par leurs sur les récifs de Mogane. Au mois de mai de femmes, se refusaient à partir. Obet, qui était l'année suivante, il commanda, sur la Cléopâ-chef de division depuis la création de ce grade, tre, la croisière chargée de surveiller non seu fut admis à la rétraite, en 1803, et se retira à lement les mouvements de l'Angleterre, avec Morlaix, où il mourut le 29 mars 1810. laquelle les hostilités semblaient imminentes, mais encore ceux des autres puissances soupçonnées de vouloir entrer dans la coalisation. OGÉE (JEAN-BAPTISTE), né le 25 mars Le grade de capitaine de vaisseau fut la ré- 1728, soit à Morgny, soit à Chaourse (Aisne), compense de son heureuse et active vigilance. mort à Nantes, le 4 janvier 1789 (1), sur la paCe fut vers la même époque que Monge, minis- roisse de Saint-Nicolas, appartient à cette dertre de la marine, voulant ôter au port d'Os-nière ville, ou plutôt à la Bretagne, par les tratende la facilité de fournir aux ennemis des vaux de toute sa vie, qui l'ont pour ainsi dire moyens de renforts et d'approvisionnement, identifié avec cette province. Fils d'un capitaine imagina de combler ce port en y faisant cou- d'infanterie réformé, il suivit d'abord lui-même ler quelques navires. Aussitôt cette résolution la carrière militaire; mais sa vocation l'appelait prise, l'ordre de l'exécuter fut transmis à Obet, qui objecta que le succès de cette opération était, sinon impossible, du moins hérissé de difficultés. Ses observations le firent appeler à Paris, où il démontra au ministre que la prise d'Ostende par les troupes de terre n'était qu'un jeu, tandis que mille circonstances, dont il développa les plus frappantes, pouvaient rendre inexécutable le comblement projeté. Ses avis furent écoutés, et, à quelques jours de là, Ostende fut pris par terre. Embarqué successivement sur les vaisseaux l'Achille et le Suffren, il fit partie, sur ce dernier, de la station de Quiberon. Destitué de son commandement, le 21 nivose an II, par les représentants du peuple en mission à Brest, dont l'arrêté n'allé

P. L....t.

ailleurs. Il servit quelques années dans la gendarmerie, après quoi son goût particulier. aidé sans doute de quelque circonstance heureuse, lui fit embrasser la profession d'architecte et d'ingénieur. Il fut nommé, au mois de juillet 1753, inspecteur de la route de Nantes à Ingrande, à 600 liv. d'appointements; et, quatre ans après (20 février 1757), une commission de sous-ingénieur des ponts, chaussées et grands chemins de la province, au département de Nantes, avec 800 liv. d'appointements, lui fut expédiée par le duc d'Aiguillon, gouverneur de

(1) Et non le 6, comme le disent M. Audiffret (Biog. aire de l'ancien cimetière Saint Nicolas. Le 6 fut le jour univ.), et l'épitaphe d'Ogée, gravée sur la pierre tumu. de l'inhumation.

[blocks in formation]

Bretagne, qui donnait alors aux travaux de la province de Bretagne, dédiée et présentée à voirie une grande impulsion attestée par les Nosseigneurs les Etats, etc., levée par ordre deux réglements pour les grands chemins de la des Etats, avec approbation du Conseil du roi. province de Bretagne, qu'il publia en 1754 Gravé par Nyon, en 1771. Ecrit par C. D. Rennes, Vatar, in-8° de 69 p.), et 1757 (in-8° Beauvais et par J. Dezauche. Les quatre feuilde 24 p.); réglements qui datent de la promo-les de cette carte sont quelquefois réunies et tion d'Ogée. collées ensemble, de manière à former une seule C'est dans l'exercice de ses fonctions d'ingé- et immense carte. Cette carte, dont les Etats nieur qu'Ogée recueillit les moyens de dresser: avaient ordonné l'exécution, en 1770, est en4° La Carte du comté Nantais, en une feuille, core estimée et recherchée, concurremment qu'il fit graver par Nyon, et qu'il dédia, en 1768, avec celle de Cassini. Elle fut contrefaite, en au duc d'Aiguillon. Le marché passé à cet effet Angleterre, pendant la Révolution, pour l'usage est signé de Pasumot, comme représentant des partisans royaux, et l'on en saisit plusieurs d'Ogée, ce qui montre qu'il existait des rela- exemplaires sur les émigrés, à Quiberon, lors tions d'amitié entre ces deux hommes, dont le de la descente qu'ils y firent, en 1793. Depuis, premier venait de publier des Mémoires géogra- les planches que l'on croyait perdues ayant été phiques sur quelques antiquités de la Gaule, retrouvées, par hasard, sur une armoire, dans avec de très-bonnes cartes. Paris, Ganeau, 1765, la famille de l'auteur, il en a encore été fait un in-12. La carte d'Ogée, qui avait fait oublier nouveau tirage à Nantes, chez M. Forest, imcelle du P. Lambilly, jésuite, quoique excel-primeur-libraire, avec correction et addition des lente pour le temps où elle parut (1), a été bien nouvelles divisions politiques. Les cuivres mêdépassée, à son tour, par celle de l'agent-voyer mes ont été cédés, il y a vingt ans, moyennant Castagnet, et surtout par celle dressée d'après la somme de 1,350 fr.. par le fils d'Ogée, à les plans cadastraux des cantons de la Loire-M. Forest, qui les possède aujourd'hui. «< Par Inférieure, et publiée par M. de Tollenare, respect pour la mémoire de l'ingénieur-géoagent-voyer en chef de ce département; 2° L'Atlas itinéraire de Bretagne, contenant les grands chemins de toute cette province, avec tous les objets remarquables qui se trouvent à une demi-lieue à droite et à gauche, dédié à Nosseigneurs les Etats de Bretagne; gravé par Nyon. Paris, Merlin, 1769, in-4° oblong de 20 feuilles; 3o La carte en quatre feuilles, publiée sous le titre de Carte géométrique de la

graphe Ogée, est-il dit dans l'acte intervenu à cet effet. M. Forest s'engage à ne jamais détruire les cuivres de la carte de Bretagne; mais il se réserve le droit de faire corriger, s'il y a lieu, les erreurs qui pourraient être reconnues, ainsi que de faire ajouter les nouvelles divisions politiques, s'il le jugeait convenable; ce qui, du reste, serait parfaitement dans l'intèrêt de la carte. Nantes, 28 mars 1834; » 4o Carte itinéraire de la province de Bretagne, une feuille grand in-4° obl., réduite de l'atlas

(1) Carte de l'évesché de Nantes, dédiée à Messire Charles Beauveau, évêque de Nantes, par G. de Lambilly, jé-itinéraire, en 1771. suite, professeur d'hydrographie. Paris, Jaillot, 1693, une feuille grand in-f. — On lit dans un des coins: Le public est averti que cette carte a été faite avec un soin et une exactitude extraordinaires; l'auteur ayant pris soigneusement, avec le demi-cercle et la planchette, la distance des bourgs, des châteaux et des autres lieux qui y sont marqués. Il a ensuite dessiné, le plus exactement qu'il lui a été possible, les ruisseaux, les rivières, les iles, les marais, les ports de mer, les forêts et les grands chemins. Il a marqué les abbayes, les prieurés, plusieurs chapelles remarquables, les châteaux, les maisons de qualités distinguées et même plusieurs autres maisons moins considérables, dans les endroits qui ne se sont pas trouvés trop chargés. Au reste, cette carte étant faite de la sorte, i l'a orientée en prenant exactement la ligne méridienne à l'Observatoire de Nantes, et du même lieu observant l'angle que cette méridienne formait avec les clochers d'alentour, comme Vertou et le Loroux. Pour ce qui est des évêchés circonvoisins, il a copié les cartes les plus exactes qu'il a pu trouver, attendant qu'il se puisse transporter sur les lieux pour faire la carte des autres évêchés de Bretagne.

La carte du jésuite Lambilly, dont l'article a été omis dans la Biographie bretonne, a été, en effet, dressée avec beaucoup d'intelligence et une grande exactitude pour le temps. Il y a dans l'Armorial général de France, de d'Hozier, une généalogie de la maison de Lambilly, qui est bretonne; elle se trouve aussi dans le Nobiliaire de Bretagne, qui a été extrait et tiré à part, in-f. Le château de Lambilly est situé dans la commune de Taupont ( Mor

bihan.

En se livrant aux opérations, préliminaires obligés de ces divers travaux graphiques, Ogée avait pris tous les renseignements historiques et archéologiques concernant les localités dont il levait les plans. C'est ainsi qu'il fut conduit insensiblement à rassembler les matériaux du dictionnaire qu'il publia sous le titre de Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne. Rennes, Vatar, 4778-1780, 4 vol. in-4°. Le président de Robien (voy. ce nom) avait déjà eu l'idée d'un pareil travail, dont il avait même publié le plan sous le titre de Projet d'une description géographique, économique el historique de la province de Bretagne, imprimée par ordre des Etats de Bretagne, tenus à Rennes au mois de décembre 1746, par un membre de l'Assemblée de l'ordre de la noblesse (le président de Robien.) S. L., 1748, in-4° de 24 pages, trèsrare, dont M. de Wismes possède un exemplaire. Mais M. de Robien n'avait donné aucune suite à ce projet, ou du moins le produit de son patriotisme et de ses veilles était resté inédit. lorsqu'Ogée le reprit et l'exécuta. Nous avons fait connaître (t. Ier, p. 839). la part qu'Ogée

et son collaborateur Grelier avaient prise res- | placés en regard des articles primitifs, il fait pectivement à la composition du Dictionnaire connaître, sous toutes ses faces, l'état de la géographique. Mais ce que nous devons spécia- Bretagne ancienne et moderne. Le concours lement mentionner ici, c'est l'espèce d'interdit des écrivains bretons dont le zèle patriotique dont ce livre fut frappé par la noblesse bre- a élucidé, depuis trente ans, les questions de tonne, dont plusieurs membres trouvèrent que tout genre qui intéressent notre pays, a fait leurs prétentions héraldiques n'y avaient pas de ce livre le dépôt des connaissances acquises obtenu une satisfaction suffisante; interdit qui en géographie, histoire, archéologie, indusexplique pourquoi le Dictionnaire fut dédié à la trie, etc. Un supplément modificatif et addination bretonne, tandis que les travaux antétionnel, qui doit paraître incessamment, lui rieurs d'Ogée l'avaient été aux Etats. donnera la somme de perfection à laquelle peut atteindre une œuvre si complexe, surtout si le consciencieux directeur fait usage des remarques fondées que notre érudit collaborateur. M. A. de la Borderie, a consignées dans ses Quelques observations sur la nouvelle édition du Dictionnaire d'Ogée. Rennes, Catel, 1853, in-12 de 35 pages.

Ogée s'était occupé, en dernier lieu, d'une Histoire de Nantes, et Grelier, dans une note, prétend même l'avoir vue. C'était sans doute une sorte d'ampliation de l'article de son Dictionnaire consacré à cette ville; mais on ignore ce qu'elle est devenue, ainsi que le volume de Supplément au Dictionnaire qu'il avait annoncé, et qui devait contenir la table générale et alphabétique des matières, la rectification des erreurs, etc.

Epuisé par le travail, il mourut à la suite d'une longue et douloureuse maladie. C'est vers l'époque où il entra dans les ponts-etchaussées de Bretagne qu'il dut se marier à une jeune personne, originaire de Nantes probablement, Mlle Claude-Marie-Angélique de Sainte-Agathe, qui appartenait à la petite bourgeoisie, malgré l'aristocratie de son nom. C. D. M. P. L...t.

Ogée, qui avait soumis son projet aux États de 1776, en avait reçu une réponse, que nous ne connaissons pas, mais qui lui avait paru ou une approbation ou un encouragement. Mais, quand il présenta son premier volume aux Etats de Vannes, le 20 novembre 1778, l'Assemblée refusa de l'accepter; et, le 3 décembre, elle rapporta sa délibération de 1776, « en ce que l'auteur voudrait en induire l'approbation de son livre, que les États n'ont point approuvé et n'approuvent point. » Dans la tenue de Rennes qui suivit la publication du 4o volume, cette improbation fut renouvelée, et le président des ordres fut chargé d'écrire au garde-des-sceaux, pour le prier de retirer à l'auteur le privilége d'impression qui lui avait été accordé. Ce singulier mode de critique, qui rappelait, à certains égards, les tracasseries suscitées à D. Lobineau, peut sembler étonnant aujourd'hui; mais, abstraction faite de la forme, la critique était légitime, non pas seulement parce qu'Ogée avait commis quelques-unes des erreurs spéciales qu'on lui reprochait, mais parce que son Dictionnaire en contenait de bien autrement graves en matière géographique, historique et archéologique. Plusieurs d'entre elles furent signalées dans une très-bonne analyse des trois premiers volumes, publiée par M. C.-G. Tous- OGEREAU, ancien oratorien, mort en tain de Richebourg, dans le Journal Encyclo-1796, à Nantes, où l'on croit qu'il était né, avait pédique de mars, août et décembre 1778, analyse à laquelle Grelier répondit dans les Affiches générales de Bretagne, nos 20. 22 et 47 de 1778, 48 de 1779, etc. Aussi, la nécessité de redresser les erreurs du Dictionnaire, jointe aux autres raisons que nous avons précédemment déduites (vo Grelier), en commandaitelle une réédition. Cette tâche, notre excellent OLIVIER, le Breton, docteur de l'Unicollaborateur et ami, M. Marteville, l'a ac-versité de Paris, y enseignait en 1143. Il existe complie, après dix années d'un rude labeur, parmi les manuscrits de plusieurs bibliothèques dont les résultats ont été publiés sous ce titre d'Angleterre des copies des cahiers qu'il dictait Dictionnaire historique et géographique de la à ses élèves; ce qui prouve qu'avant le milieu province de Bretagne, dédié à la nation bre- du XII° siècle l'enseignement écrit était joint à tonne, par Ogée, ingénieur-géographe de cette l'enseignement oral, qui paraît avoir été seul province. Nouvelle édition, revue et augmentée, en usage jusqu'au commencement de ce siècle. par MM. A. Marteville et P. Varin, avec la P. L...t. collaboration principale de MM. De Blois, Ducrest de Villeneuve, Guépin de Nantes el Le Huérou. Rennes, Molliex, 1843-1853, 2 vol. grand in-8°.

Ce travail a plus fait que reproduire et rectifier Ogée. Par l'addition d'articles nouveaux

formé une très-belle bibliothèque et en avait fait un catalogue très-bien raisonné, qu'il publia sous ce titre : Bibliologie abrégée, ou Essai sur les livres considérés tant en eux-mêmes que par rapport à la partie typographique et à leur valeur. La Haye, 1778, in-4°. P. L...t.

OLIVIER, surnommé Brito ou Armoricus, et quelquefois Trecorensis, parce qu'il était de Tréguier, prit l'habit des FF. Prêcheurs dans le couvent de Morlaix, et vint étudier à Paris, dans leur école de la rue Saint-Jacques.

On ne saurait déterminer, entre les années 1280 titre sans effet que prenait le théologien choisi et 1290, l'époque précise où il obtint le grade de par le roi ou le parlement pour examiner les docteur; mais il est le quarante-sixième sur livres concernant la religion, et qu'il n'y avait une liste que Bernard Guidonis a dressée des pas en France de tribunal de l'inquisition. Cette Dominicains qui ont rempli, à Paris, les fonc- opinion, combattue par Echard (Script. ord. tions de professeurs; il succédait, dans une Præd., t. 2, p. 162-163), est complètement chaire, à Guillaume d'Auxerre, mort en 1293. démentie par les faits. L'inquisition établie par Olivier devint ensuite prieur provincial, et François fer était un tribunal composé de juges mourut à Angers en 1296. Voilà ce que nous délégués par le pape, qui faisait la recherche disent de sa vie les auteurs de l'histoire litté- des hérétiques et réformés, et instruisait contre raire des FF. Prêcheurs, d'après Bernard Gui- eux la procédure sur laquelle prononçait la donis, Laurent Pignon, Léandre Alberti, Alta- Chambre ardente, créée dans le parlement et mura et D'Argentré qui, par erreur, fait vivre chargée seule de les condamner au feu. L'inOlivier jusqu'en 1310 (p. 75). Les écrits de ce quisiteur était donc plus qu'un simple censeur religieux consistent, selon Pignon, en com- de livres, et, sauf la différence d'attributions mentaires sur les quatre livres des Sentences et que nous venons d'indiquer, il concourait aux sur l'Organon d'Aristote, si pourtant c'est là | procédures en matière d'hérésie. C'est ce que le sens des mots super omnes libros Elencho-confirme Dulaure lorsqu'il dit (Hist de Paris, rum. Simler y ajoute des Sermons et des Ex-t. III, p. 335), qu'Ory présida, en 1543 et 1546, plications du cantique Magnificat, ainsi que dans les deux procès d'Etienne Dolet, dont le des paroles évangéliques Missus est. On ne second, on le sait, se termina par la sentence connaît que les titres de ces productions, qui portant que « Etienne Dolet, pour blasphêmes. n'ont conservé aucune importance. Dans un» sédition et exposition de livres prohibés et recueil manuscrit de questions scolastiques,» damnés, et autres cas par lui faits et commis, qui ont perdu aussi toute valeur, il s'en trouve » était condamné d'être mené dans un tombeune dont l'auteur est appelé Oliverius, prædi-» reau depuis la Conciergerie jusqu'a la place calor; c'est peut-être notre Olivier (Ilist. litt.» Maubert, où serait plantée une potence, aude la France, t. XXI, p. 304). P. L...t. >> tour de laquelle il y aurait un grand feu, » auquel, après avoir été soulevé en ladite OLIVIER (Guénolé), est auteur d'un livre » potence, il serait jeté et brûlé avec ses livres. intitulé: Instruction pour user à propos des eaux» son corps converti en cendres. Et néanmoins thermales de Balarue. Montpellier, 1730, in-8°. » est retenu, in mente curiæ, que, où ledit Le P. Le Long (Bibl. hist. de la France, I,» Dolet fera aucun scandale où dira aucun n° 2958), et Hérissant (Bibliothèque phys. de» blaspheme, sa langue lui sera coupée et sera la France, no 590), s'accordent à dire que ce» brûlé tout vif » (1). livre est assez singulier.

P. L...t.

L'inquisition ne se borna pas à brûler Dolet et ses livres, sur la place Maubert, le 3 août 1546. On voit, par un extrait des registres de la Tournelle criminelle, que, pendant les vacations de la même année, un grand nombre de sectaires furent condamnés au feu. Dans une seule journée, celle du 2 octobre, la Chambre ardente condamna cinquante habitants de Meaux, de tout âge, de tout sexe, à divers supplices. Quatorze furent brûlés vifs; de ce nombre était Pierre Le Clerc, ministre de cette ville.

ORY ou ORRY (MATHIEU), né en 1492, à Montfort-la-Canne (Ille-et-Vilaine), n'avait que dix-huit ans lorsqu'il embrassa, à Dinan, la règle de Saint-Dominique. Après sa profession, il fut envoyé au couvent de la rue Saint-Jacques, et s'y prépara à prendre ses degrés dans la Faculté de théologie de Paris. Quand il eut subi sa licence, en 1526 et 1527, il se consacra au ministère de la parole et s'y acquit une si grande réputation, qu'elle aurait Ory prit part encore, comme inquisiteur, à déterminé, a-t-on dit, le cardinal François de un autre procès célèbre, celui de Michel SerTournon à le choisir pour son prédicateur or- vet, ainsi que nous l'apprennent les Mémoires dinaire. Peut-être aussi ce prélat voulut-il seu-d'.4rtigny, t. II, p. 55-153, et la pièce ayant lement, par cette distinction, témoigner à Ory sa satisfaction du zèle qu'il déploya, comme nous le verrons, dans la poursuite des protes

tants.

Nommé, vers 1534, supérieur de sa maison, Ory fut, dans le même temps, élevé, par le général de son ordre, aux fonctions de grandinquisiteur en France, fonctions dans lesquelles François Ier le confirma par son édit du 30 mai 4536. Simon, t. Ier de ses Lettres, p. 243 de l'édition d'Amsterdam, 1730, prétend que le titre d'inquisiteur de la foi n'était alors qu'un

(1) Joly, Remarques critiques sur le Dictionnaire de
Bayle, p. 316, rapporte ces vers, qu'il suppose, avec
assez de vraisemblance, avoir eté composés par quelque
démontrer la
ecrivain protestant, et qui concourent
participation d'Ory au procès de Dolet :

Dolet, enquis sur les points de la foi,
Dit à Oris (sic) qui faisait son enquête :
. Ce que tu crois, certes je ne le croi;
Ce que je crois ne fut onc en ta tête..
Oris pensant l'avoir pris, en fit fête,
Lui demanda: Quest-ce que tu crois donc ?.
Je crois, dit-il, que tu n'es qu'une bête.

[ocr errors]

. Et suis certain quo tu ne le crus onc..

« AnteriorContinua »