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de sa maison. Le prélat se réfugia d'abord près de Conan IV, en haine duquel il était vraisemblablement persécuté. Le duc entra dans le pays de Léon, attaqua Guyomarch, et le mit en fuite. Ainsi rétabli sur son siége, Hamon ne put y trouver le repos, ni même la sûreté que Conan avait espéré lui garantir; il fut assassiné un an après. Albert Le Grand dit que ce fut sur la grande place devant son église; mais Guillaume Le Breton désigne pour théâtre de ce meutre un lieu nommé Rengat.

Aux cris d'indignation qui s'élevèrent de toutes parts se joignirent les menaces du duc et en particulier celles du meurtrier de l'archevêque de Cantorbéry, assassiné la même année. Henri II protestait qu'il allait tirer vengeance de cet attentat, et il était prêt à se mettre en marche lorsque Guyomarh se soumit aux expiations qui furent demandées. C'est en réparation de ce crime, annoncé à l'avance, marque notre hagiographe, par des prodiges avantcoureurs de la colère du ciel, qu'il fonda en 1473 l'abbaye de Daoulas.

que cette même réserve était divisible par portions égales entre ces puînés. L'esprit du temps allait même bien plus loin en faveur des aînés. car, à dix années de là, le comte Geoffroi, avec l'assentiment des barons du pays, promulguait son Assise par laquelle il fut établi qu'aucun démembrement des grands fiefs ne pourrait avoir lieu au profit des cohéritiers mâles. C'est la maxime reproduite dans les Etablissements de Saint-Louis, en ces termes si connus: Baronie ne se départ mie entre frères.

à

C'est à cette même époque que nous voyons, côté d'un autre frère qui ne peut évidemment obtenir de pareils avantages, Hervé (1) investi de plusieurs fiefs importants au cœur même du comté et d'autres domaines considérables. Son partage comprenait les terres de Landerneau et la Roche-Morice, Coëtmeur-Daoudour, Pensez et Penhoët, en Léon, de Plogastel-Daoulas et Crozon, en Cornouaille, et Bourgneuf, près de Carhaix, au pays de Poher. Ce sont du moins les possessions que nous retrouvons aux mains de ses prochains descendants.

Renan, et celle de Lesneven, qui avait un ressort très-étendu et dont relevaient les réguaires de l'évêché. Quant à la ville de Morlaix, à son territoire, et au ressort de Lanmeur, ils étaient restés aux mains du comte Geoffroi.

Après la mort de Conan IV, Guyomarch, qui, Les comtes avaient pour siége de leur mousuivant l'expression d'un chroniqueur, ne crai-vance les grandes jurisdictions de Brest, Saintgnait ni Dieu ni les hommes, provoqua par une nouvelle entreprise le successeur de ce prince. Geoffroi entra dans le pays de Léon, et se mit en possession de ses Etats, ne lui laissant que deux paroisses jusqu'à son départ pour la TerreSainte, car le comte et Nobilis, sa femme, avaient fait vœu d'entreprendre ce pélerinage, que la mort de Guyomarch, survenue dans la même année (1179), ne lui permit pas d'exé

cuter.

La mort de ce prince, qui laissait sa veuve enceinte de l'héritier de la couronne, etla guerre engagée entre Henri II et Philippe-Auguste, parurent à Guyomarch des conjonctures favorables pour recouvrer Morlaix, qu'il surprit en 1186. Les enfants qu'il laissa, sont: 1° Guyo-Profitant d'une trève avec son ennemi, le termarch VII, qui suit; 2° Hervé, tige des vicom-rible Plantagenet fut bientôt en Basse-Bretates de Léon et des branches de Châteauneuf gne. Le château de Morlaix fut attaqué à l'aide en Thimerays, Noyon-sur-Andelle et Hacque-de machines de guerre et occupé après une déville; 3o Adam, mort au siége d'Acre, en Pales-fense dans laquelle les assiégés subirent toutes tine, en 1191; 4° Aliénor, seconde femme de les horreurs de la famine (1187). Heureusement Eudon de Porhoët; 5° Guen, mariée, suivant Du Paz, à André de Vitré.

GUYOMARCH VII - trouvait l'héritage de son père à la merci d'un prince auquel les événements contemporains ne rappelaient que les guerres qui avaient mis les comtes de Léon aux prises avec son beau-père Conan et avec Henri, son père. Il profita de ses avantages pour diminuer la puissance de ces grands vassaux, en instituant une seigneurie rivale au sein même de la famille. Il avait attaché à sa personne le second fils du dernier comte; c'est en sa faveur que fut réglé le mode de partage qui devait réaliser ces projets.

S'il n'existait pas en ces temps de coutume écrite pour nous faire connaître les termes de la législation qui réglait l'ordre des partages, nous avons les précédents suivis dans cette baronie et dans les autres pour constater que la portion réservée aux puînés était relativement modique. Et l'on ne peut pas douter davantage

pour le comte de Léon, Henri avait plus de souci de se défendre contre Philippe-Auguste que de se livrer au plaisir de la vengeance. Il se borna à exiger que Guyomarch vint avec ses hommes grossir les rangs de son armée, dont les entreprises, bientôt suivies de la mort du chef (1189), ne furent point heureuses.

Constance, après avoir perdu son beau-père, eut à subir d'indignes traitements de la part de Richard Coeur-de-Lion, qui lui succédait. Hervé prit alors les armes avec les autres barons du pays pour obtenir la liberté de la duchesse. Ri

(1) L'histoire contemporaine fait mention d'un autre Hervé, de Leon. Fidèle aux liens du sang, il accompagna, dit Albert Le Grand, son frère Hamon dans l'exil, et il était près du prélat lorsqu'il fut ramené et rétabli sur son siége. De la génération précédente, il avait du recueillir son partage, et s'il avait été la tige des vicomtes de Léon, la tradition n'eût pas manqué de faire ressortir les heureuses destinées de cette branche, comme une rémunération du ciel décernée à sa vertu.

chard ne les attendit pas; il marcha le premier châteaux de son fils tomber au pouvoir des seicontre eux; ils se réfugièrent en Basse-Breta- gneurs qu'il avait provoqués. Se sentant trop gne, mirent le jeune Arthur en sûreté dans le faible pour leur résister, if essaya de les diviser château de Brest, et, sous les ordres du comte et y réussit. Mais l'échec que les barons esde Léon et du vicomte de Rohan, ils combat-suyèrent en 1222, à Châteaubriant, n'ébranla tirent si vaillamment les cotereaux du roi d'An- pas la résistance du comte de Léon, et Pierre gleterre, que ce prince essuya une complète finit par reconnaître ses droits. déroute (1197).

On retrouve Guyomarch et son frère Hervé parmi les seigneurs qui se réunirent, après l'as-¡ sassinat d'Arthur, pour aviser aux affaires de l'Etat (1203-1204) et venger cet odieux attentat. Guillaume le Breton, qui a écrit en vers épiques la vie de Philippe-Auguste, n'y a point oublié ces deux guerriers lorsqu'il célèbre les victoires de son héros sur Henri II. Richard, s'entretenant avec son père des preux qu'ils comptaient dans leur camp, lui raconte en ces termes des traits de la force prodigieuse de Guyomarch dont il avait été témoin, à la cour, sans doute, du comte son père :

Quid Paganellos (les Paynel) referam geminosque Leones
Britigenas fratres Herveum cum Guidomarho
Quorum presidio generosa Leonia pollet?
Hic nuper coram nobis durissima pugno
Tempora fregit equi mortem que subire coëgit
Ichnomonum que (1) sui patris nihilominus ictu
Solius pugni, prægrandi corpore monstrum
Coram patre suo morti succumbere fecit.

(Liv.., vers 245, etc.)

On ne sait pas en quelle année mourut Conan. Les enfants qu'il eut d'une sœur d'Alain, comte de Penthièvre, sont: 1° Guyomarch, qui suit; 2o Isabeau, mariée à Alain VI, vicomte de Rohan, qui mourut en 1266.

GUYOMARCH VIII,-dans le cours des expéditions par lesquelles il se formait au métier des armes avant de recueillir l'héritage de son père, prit part à la glorieuse bataille de Bouvines. en 1214, parmi les quarante bannerets bretons qui combattaient dans l'ost de Philippe-Auguste.

Le génie turbulent de Pierre Mauclerc n'avait pas moins agité la France que la Bretagne. Il avait, à la satisfaction des seigneurs Bretons, été condamné par saint Louis, pour crime de félonie, à perdre l'administration du duché. Guyomarch entra avec les principaux barons du pays dans le traité que le Roi leur fit offrir pour assurer l'exécution de cet arrêt. Il s'agissait ensuite de constater les anciennes prérogatives Ce seigneur, dont la patience, suivant ce por-sement des infractions et des empiètements du de ces grands vassaux, pour obtenir le redrestrait, n'égalait ni l'intrépidité, ni la vigueur, mourut en 1208, laissant de Margilia, sa fem-coupable. Ce fut l'objet d'enquêtes préparées me, dont la famille n'est pas connue : 1° Conan, pour être soumises à la justice royale, qui les qui suit; 2° Salomon, qui assista aux Etats de prit en considération. Il y est établi que les ba1203 et 1225, à la fondation de la ville de Saint- dernière volonté, de la tutelle de leurs héritiers Saint-rons pouvaient disposer naguère, par acte de Aubin-du-Cormier, et qui fut gouverneur du mineurs; en un mot, que les dues ne s'arrochâteau de Guarplic en 1234; 3° Hervé, mentionné aux nécrologes de Daoulas et de Lande- geaient alors ni ce droit de tutelle qu'on nomvenec, qui mourut en 1218, au retour de la hommes de leurs vassaux. Les droits des commait le bail, ni celui d'exiger l'hommage des Terre-Sainte. tes de Léon sont plus spécialement consignés CONAN dit le BREF ou le COURT, avait as-dans l'enquête faite à Tréguier en 1235. On y sisté avec son père aux Etats tenus à Vannes lit qu'ils étaient en possession du droit de bris en 1203. Il fut un des seigneurs qui eurent le sur le littoral de leurs domaines, qui, pour le plus à souffrir de l'esprit inquiet et avide apporté pays de Tréguier, s'étendait, sous Guyodans le gouvernement du duché par Pierre Mauclerc, à qui l'influence de Philippe-Auguste avait procuré l'alliance d'Alix, fille de Geoffroi II. Pierre, prétextant des usurpations faites par les comtes de Léon sur les attributions du domaine ducal, fondit sur leurs terres et s'en saisit si complètement qu'ils furent contraints de chercher asile dans les bois, et que leurs hommes de guerre furent réduits à vivre de pillage.

march VII, depuis Morlaix jusqu'aux environs de Lannion, et qu'ils avaient la régale dans l'évêché de Léon (4). On y voit que leurs cadets tenaient en juveigneurie, et que Pierre Mauclerc avait brulé les lettres de restitution octroyées à ce dernier comte par la duchesse Constance et son fils Arthur.

Guyomarch VIII assistait, avec Hervé de Léon, sieur de Noyon, à l'entrée solennelle de Leurs intérêts n'étaient point isolés; le sen-Jean-le-Roux, comme duc de Bretagne, dans timent d'un danger commun rallia autour de la ville de Rennes, en 1237; il prit la croix en Conan le comte de Goëllo, le vicomte de Rohan et la noblesse de Tréguier. L'attaque d'Amaury de Craon, sénéchal d'Anjou, contre Pierre Mauclerc, survint alors à propos pour les aider à se débarrasser de ce dernier, qui vit plusieurs des

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(1) Un acte inséré aux Preuves de l'Histoire de Bretagne (Pr., t. I, col. 1019), établit qu'il existait pour le pays de Léon une assise ou coutume particulière. Elle dut être abrogée par les coutumes générales du duché, publiées

au commencement du siècle suivant. On sait qu'en France la rédaction de ces codes effaça ainsi un très-grand nombre de législations locales.

seul mobile des habitants, ils restèrent sourds à sa voix; mais ils en furent punis, dit la légende, par la perte des trois quarts de leurs navires et de leurs marchandises, perte que Michel Le Nobletz leur avait prédite.

tacher, comme saint Jérôme et saint Paulin, à aucune église particulière, il obtint bientôt qu'on le délivrat de la direction de celle-ci, et il retourna faire une seconde mission à Quimper. Elle n'était pas encore finie quand il cornut, par une révélation, que Dieu lui destinait une longue et ample mission dans la commune de Plouaré. Il y alla aussitôt, et, n'ayant trouvé l'église remplie que de pêcheurs, de matelots et de paysans, auxquels le luxe et la vanité étaient inconnus, il se sentit porté à les assister. Il se hâta donc de terminer sa mission de Quimper, et, le 22 mai 1615, il était de retour à Plouaré. Il s'établit à Douarnenez, petite ville située entre la paroisse de Plouaré, dont elle dépendait, l'ile Tristan et le bourg de Trévoul. Pendant les vingt-cinq années qu'il y résida, il eut bien des traverses à essuyer; mais il en triompha; ses nouveaux disciples, chrétiens de nom, ne connaissaient ni l'oraison dominicale, ni les préceptes les plus vulgaires de la religion. Ici, comme dans ses précédentes missions, sa sœur partagea ses travaux, se réservant plus particulièrement le soin de cathéchiser et d'instruire les femmes, ce qu'elle fit jusqu'à sa mort arrivée en 1633.

Il résolut dès lors de s'attacher de préférence aux campagnes, où l'ignorance était du moins dégagée de sordides intérêts. Il ne tarda pas à reconnaître combien son zèle avait été heureusement inspiré à chaque pas, il rencontra des pratiques et des cérémonies superstitieuses, vestiges, pour la plupart, de la religion païenne. Ici les femmes balayaient la chapelle la plus voisine de leur village, et en jetaient la poussière au vent, pour le rendre favorable au retour de leurs maris et de leurs enfants qui étaient embarqués. Là, elles prenaient les images des saints, les menaçaient de mauvais traitements, les fouettaient même, ou les jetaient à l'eau s'ils ne leur accordaient pas promptement l'heureux retour des personnes qui leur étaient chères. Quelques-uns laissaient dans un champ un trépied ou un couteau crochu, pour empêcher que les loups n'endommageassent leur bétail égaré. D'autres avaient soin de vider toute l'eau qui se trouvait dans la maison où il était mort quelqu'un, de peur que l'âme du dé- Sentant que l'instruction est le plus sûr moyen funt ne s'y noyât; ils mettaient aussi des pier- d'amener le triomphe de la vérité, Michel Le res auprès du feu que l'on allume le jour de la Nobletz fonda, à Douarnenez, une école où les Saint-Jean, afin que leurs pères et leurs ancê-enfants, en même temps qu'ils recevaient l'édutres vinssent s'y chauffer à leur aise. La nou- cation élémentaire, apprenaient et récitaient les velle lune était adorée à genoux, et l'oraison cantiques bretons dans lesquels il avait fait endominicale récitée en son honneur. Le premier trer l'explication des mystères de la foi. Nous jour de l'an, on célébrait une espèce de sacri- ne rapporterons pas les conversions éclatantes, fice aux fontaines publiques, en leur offrant les miracles, ni même les prophéties dont la lédes morceaux de pain beurré. Dans d'autres gende lui fait honneur pendant son long séjour à endroits, on jetait, le même jour, dans ces fon- Douarnenez. Nous nous bornerons à dire que le taines, autant de morceaux de pain qu'il y grand-vicaire de Cornouaille, profitant, en 1640, avait de personnes dans une famille, et ceux qui de l'absence de l'évêque de son diocèse, donna surnageaient indiquaient le nombre de morts gain de cause aux persécuteurs de Le Nobletz, qu'on aurait à pleurer dans l'année. Des prê- en lui prescrivant de retourner dans l'évêché de tres ignorants où intéressés, tantôt partageaient Léon, et de ne jamais revenir dans celui de Corces croyances superstitieuses, tantôt les exploi- nouaille. Il avait soixante-trois ans quand il reçut taient. Le Nobletz eut la consolation de faire cet ordre, auquel il souscrivit sans murmurer. disparaitre ces abus, et de voir fleurir une piété Ses fatigues et ses austérités l'avaient beaucoup pure et solide, là où avaient régné l'erreur et la vieilli. Néanmoins, dès qu'il fut revenu au Consuperstition. La commune de Sizun, veuve de quet, il continua ses prédications ordinaires jusson pasteur, accueillit comme un ange descendu que vers la fin de l'année 1651, qu'il fut frappé du ciel le saint missionnaire, qui l'anima bien- de paralysie. Il demeura dans cet état, privé tôt d'une ferveur digne de la primitive Eglise. de l'usage de ses membres. Ses souffrances fuCelui des habitants qui profita le plus de ses en- rent très-grandes dans les derniers temps de seignements fut un pêcheur nommé François sa vie, qui se termina le 5 mai 1562. Le Su, qu'il instruisit dans la connaissance Michel Le Nobletz était d'une modestie telle des livres saints. Son instruction et sa piété de- que, pour ne pas être distingué des prêtres de vinrent telles, qu'après avoir rempli, autant basse extraction, qu'on ne désignait que par que le pouvait un laïque, des fonctions de prê-leur nom de baptême, avec la qualification de tre, tant que la commune n'eut point de pas- maître, il ne voulut jamais être appelé que maìteur, il en fut fait recteur. La paroisse de Meil- tre Michel. Le convoi de cet apôtre de la Basselars était également dépourvue de recteur: Mi- Bretagne ressembla plutôt à une procession des chel Le Nobletz le fut quelque temps pour com- paroisses voisines qu'aux obsèques d'un partiplaire à son évêque; mais, ne s'étant engagé culier. Après que son corps eut été déposé, pendans le sacerdoce qu'à la condition de ne s'at-dant trois jours, dans la chapelle de Saint-Chris

tophe, il fut inhumé dans celle de Lochrist. On | cadrans et autres, on aura une idée de tout ce y voit encore son tombeau composé d'un sar- qui dut sortir de cette tête, évidemment encophage de marbre noir, sur lequel est placée flammée aux feux du midi, et qui en avait resa statue, bien modelée en terre cuite et peinte; flété toute la teinte dans un style imagé, heuelle le représente à genoux, les mains jointes reux mélange de la fécondité gasconne et de et le visage tourné vers l'évangile du maître-l'énergie bretonne. autel. On voit aussi, au Conquet, la maison qu'il occupait, et qui sert d'oratoire aux pieux habitants de cette ville. Il est, dans toute l'Armorique, notamment au Conquet et à Douarnenez, l'objet d'une vénération égale à celle des saints canonisés.

Voici la nomenclature des manuscrits de Michel Le Nobletz, possédés par M. Du Châtellier :

I. Mémoires et lettres diverses, avec dissertations, sur l'opportunité des cartes mystiques que le saint prêtre avait peintes et distribuées aux femmes de la paroisse de Douarnenez pour leur instruction religieuse. (1630).

II. Carte du chevalier errant, avec explication de tous les symboles et figures qui y sont représentés. (1621).

Michel Le Nobletz avait écrit un Journal de ses missions, dont on lit quelques fragments dans sa vie publiée sous ce titre : La Vie de Michel Le Nobletz, prêtre et missionnaire en Bretagne, par le sieur de Saint-André (Antoine de Verjus, jésuite). Paris, Muguet, 1666 III. Description de la carte de Pythagoras et 1668, in-8°. M. l'abbé Tresvaux, vicaire-gé-(Description eus ar carto hanvet lizeren Pynéral et official de Paris, en a donné une nou-thagoras) (manuscrit breton). velle édition. Lyon et Paris, Périsse, 1836, IV. De littera Pythagorica (manuscrit latin). 2 vol. in-12. Ses œuvres théologiques, où l'on V. Dispositions testamentaires autographes trouve une grande énergie de pensée et de style, de Michel Le Nobletz, datées du Conquet, le ont été recueillies en partie par M. Miorcec de 8 janvier 1629, avec énumération de toutes les Kerdanet, qui avait annoncé l'intention de les peintures mystiques de Michel Le Nobletz, au publier. Il en a fait imprimer un fragment sous nombre de quarante-six cartes ou tableaux. ce titre De l'Union de la volonté humaine avec la volonté divine, par le bienheureux Michel Le Nobletz, apôtre de la Basse-Bretagne, publiée pour la première fois, sur le manuscrit de ce saint prêtre, par M. Daniel-Louis Miorcec de Kerdanet, avocat et docteur en droit. Brest, Ed. Anner, in-48 de vingt-cinq pages. D'autres fragments, un surtout écrit en breton, devaient être publiés successivement; mais aucun d'eux n'a paru.

VI. Autres dispositions testamentaires, datées de Douarnenez, le 18 jour d'aougst 1630 (autographe signé Michel Le Nobletz, prêtre);

VII. Concession d'une tombe au cimetière de Ploaré, près Douarnenez, où avait été inhumée la sœur de Michel Le Nobletz (janvier 1634);

un spécimen de l'œuvre civilisatrice du saint apôtre et de l'esprit de son siècle. Comme avantpropos de cette publication, il avait fait sur Michel Le Nobletz un travail d'appréciation, encore inédit, qu'il a bien voulu nous communiquer. On pourra se faire une idée du vaste plan développé dans la Carte du Chevalier Errant par l'aperçu analytique, et aussi succinct que possible, que nous en donnons ici.

VIII. Acte notarié et signé de Le Nobletz pour la remise de ses cartes mystiques, après sa mort, à la femme Claude Le Bellec, veuve Lemoan, à Douarnenez (12 septembre 1635). M. Du Châtellier possède, de son côté, un Notre savant collaborateur s'était proposé de certain nombre de travaux manuscrits et auto-publier la Carte du Chevalier Errant, comme graphes de notre saint missionnaire; mais ces travaux et ceux qu'a recueillis M. de Kerdanet ne doivent être qu'une très-faible partie de ce qu'il avait écrit, puisqu'on sait que, pliant, ainsi que ses néophytes, sous le poids de ses cartes et de ses manuscrits, il sentit un jour le besoin d'acheter deux haquenées qui devaient l'aider à transporter ses papiers et images partout où il irait catéchiser le pauvre peuple qui croupissait dans l'ignorance. L'ensemble de ses Conçue et exécutée de manière à agir protravaux devait, d'après la tradition, embrasser fondément sur l'imagination, cette carte symdes études de tout genre. Les discours latins, bolise toutes les péripéties de la vie d'un homfrançais, bretons, qu'il avait composés sur une me sorti de la voie du salut pour suivre celle du foule de sujets, traitaient tout à la fois de l'his-vice. Jésus-Christ y est représenté entre deux toire de l'église et de celle de la philosophie an- châteaux, celui du paganisme d'où le chevalier cienne. Après une dissertation sur les péchés, est sorti par le baptême, et celui de l'Eglise des quelquefois en même temps, venaient des ré-saints ou Religion chrétienne qu'il a quitté après flexions sur les doctrines de Pythagore et de y avoir été admis. Tout, dans les objets figurés Socrate. Une prodigieuse quantité de dessins sur cette carte, a une signification allégorique, mystiques, conçus de la manière à la fois la depuis chaque pièce de l'armure du chevalier plus naïve et la plus originale, complétaient et de l'équipement de son cheval, jusqu'aux cette espèce de mobilier théologique et litté-divers appartements du second château, déraire; et si l'on y ajoute des cahiers de mathé- fendu par un chevalier chrétien. Le Chevalier matiques, des tracés de gnomonique, tels que Errant parvient à gravir les trois étages de ce

château, où l'on enseigne la science mystique | tenait, soit de son assistance personnelle, soit et la pratique des vertus. Du chasteau d'irréli- des aumônes qu'elle recueillait pour eux. Elle giosité placé en face, le démon fait jouer ses fut inhumée, suivant ses désirs, au bas de l'écanons, c'est-à-dire les suggestions mondaines glise de Plouaré, où sa tombe a long-temps été et charnelles qui parviennent à faire de grosses visitée avec des témoignages de vénération par brèches à l'une des tours du château chrétien, les habitants des pays environnants, qui avaient celle de l'oraison. Pendant ce temps, le Che-conservé le souvenir de ses bonnes œuvres. valier Errant, aux prises avec deux femmes, P. L...t. mal vouloir et sottise, échange les pièces de son armure contre une chemise appelée lassi- LE NOBLETZ (ANNE), sœur des précévité, une fraise nommée gourmandise, le pour-dents, se consacra plus particulièrement à une point du mauvais désir, etc., et essuie mille vie sédentaire et contemplative. Animée du mêmisères jusqu'au moment où la Grâce de Dieu, me esprit de charité que son frère et sa sœur sous les traits d'un pauvre, vient le retirer du elle le mit en pratique dans la commune de bourbier où il est plongé pour le rejeter sur un Plouguerneau, où elle veillait au soulagement lit de douleurs. Les fièvres et coutumes vicieuses de toutes les infortunes. Elle fut enterrée dans qui l'entourent semblent résolues à ne pas là-l'église de Plouguerneau, ainsi qu'elle l'avait cher leur proie; mais un ange, armé de la verge ordonné. On ignore la date de sa naissance et d'or de miséricorde, le touche. Le Repentir, de son décès. accompagné de tous les symboles que nous venons de voir, se présente au patient, le ramène dans la bonne voie, l'introduit dans le chasteau- Un manuscrit sur papier, de la première de la connaissance de soi-même, sur la porte duquel est écrit: qui se voit bien se connait, et une nouvelle vie commence pour lui.

P. L...t.

LENOIR, sieur de CREVAIN (PHILIPPE).

moitié du xvIIe siècle, contenant 361 feuillets in-40, relié en veau et portant sur la couverture les armes du président de Robien, se trouve Comme le fait judicieusement remarquer M. à la bibliothèque de la ville de Rennes, et est Duchâtellier, cette œuvre qui, aujourd'hui, intitulé: Histoire ecclésiastique de Bretagne, semblerait peut-être excentrique et anormale, depuis la réformation, divisée en deux livres, dépose, dans toutes ses parties, de l'intensité par le sieur de Crevain; ce manuscrit n'est de la foi qui animait Michel Le Nobletz. Cette qu'une copie d'un original qu'on ne retrouve illumination de la vie mystique a quelque chose plus, et il y manque plusieurs feuillets, soit en de fier, de hardi, de pénétrant; elle explique entier, soit par parties. Une note marginale recomment l'humble missionnaire, par sa lutte produite dans la copie, à laquelle elle ne peut persévérante avec les vices de son temps, par-être appliquée, est ainsi conçue : « Brouillon vint à éveiller des instincts pieux et généreux là où il n'y avait avant lui que superstition, ignorance et corruption.

P. L...t.

commencé le 4 octobre 1683. Achevé le 22 décembre 1683. » Il est évident que ce brouillon était la minute autographe de l'auteur, rendue défectueuse postérieurement par des LE NOBLETZ (MARGUERITE), sœur du causes qui nous sont inconnues, et de laquelle précédent, naquit en 1583, au château de Kéro- nous ignorons également la destination ultédern, et mourut le 17 septembre 1633. Nous rieure. La copie. portant les armes de M. de avons peu de chose à ajouter à ce qui a été dit Robien, et probablement faite par ses ordres, d'elle dans la notice consacrée à son frère. nous porte à croire que l'original a été, au Douée d'un esprit agréable, et d'un caractère moins pour quelque temps, à la disposition du vifet décidé, elle était parvenue à l'âge de vingt- savant magistrat breton, mais rien ne nous apcinq ans lorsque Michel entreprit de la gagner prend d'où il avait tiré ce document, ni à qui à Dieu après sa sortie du noviciat des Domini-il le restitua; en sorte que nous ignorons si cains de Morlaix. Docile aux conseils de son c'est de l'original ou de la copie que se sont frère, elle renonça successivement aux at- servis, d'abord l'abbé Travers, qui le cite deux traits du monde et à un mariage qu'elle était fois, p. 347 et 363 du t. II de son Histoire des sur le point de contracter. Comme Michel, elle évêques de Nantes, sans nommer l'auteur; puis soumit son corps à toutes sortes de mortifica- Dom Taillandier, continuateur de Dom Morice, tions. Elle contribua efficacement aux succès en parlant de l'introduction et des progrès du des missions du saint apôtre dans les diocèses calvinisme en Bretagne, au t. II du texte de de Léon, de Tréguier et de Cornouaille. Par ses son histoire. C'est dans l'avertissement de ce soins, son assiduité, sa douceur, elle s'insi- second tome qu'il est fait mention de Crevain nuait dans les esprits et gagnait les cœurs les pour la première fois. « Quant à ce dernier obplus endurcis. Les secours spirituels n'étaient » jet (l'établissement du calvinisme), les histopas les seuls qu'elle distribuât. Passant dans la » riens de France, dit Dom Taillandier, nous chaumière du pauvre et au chevet des malades» ont laissé dans une profonde ignorance. Nous les instants dont ses devoirs pieux lui permet-» aurions été forcés d'imiter leur silence à cet taient de disposer, elle les consolait et les sou- » égard, si nous n'avions été assez heureux

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