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il mourut, suivant quelques biographes, le 12 septembre 1509, ou plutôt, comme nous le démontrerons, le 12 septembre 1494:

Que jamais il ne vit telles bésicles.

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motifs qu'il déduit pour expliquer le titre qu'il a pris. « Saches, lui dit la Raison, en lui pré» sentant les lunettes allégoriques dont il s'aOn a de lui un recueil de poésies intitulé: » git, que je leur ay donné à nom les lunettes Les Lunettes des Princes. Ces lunettes étaient des princes, non pour ce que tu soyes prince spécialement destinées au nez des papes, des» ou grand seigneur temporel; car trop plus empereurs, des rois, etc. Aussi l'auteur assure- » que bien loin es-tu d'un tel état, valeur ou » dignité, mais leur ay principalement ce nom t-il > imposé, pour ce que tout homme peut estre dict prince, en temps qu'il a reçu de Dieu gouvernement d'âme. Après quelques réflexions générales sur les misères humaines. déplore la mort de plusieurs des ducs qu'il a servis, témoigne sa reconnaissance des bienfaits qu'il a reçus de l'un d'eux, et laisse entrevoir que ses désordres personnels auraient contribué, plus que toute autre cause, au dérangement de sa fortune. Son affliction redoublant.

Le conseil qu'il adresse le plus souvent aux princes, c'est qu'ils doivent ménager les biens de leurs sujets, parce qu'ils ne peuvent les épuiser sans se ressentir eux-mêmes de cet épuisement:

Croyez que Dieu vous punira,
Quand vos sujets oppresserez;
L'amour de leurs cœurs plus n'ira
Vers vous, mais haine amasserez,
S'ils sont pauvres, vous le serez.

il

Persuadé que rien n'est plus propre à conte-la Raison vient à son aide, lui prouve par des nir les princes que la pensée de la mort, il a exemples tirés de l'histoire, de la fable, et du soin de la leur rappeler sans cesse :

Princes, vous n'estes d'autre alloi
Que le pauvre peuple commun;
Faites vous sujets à la loi,

Car certes vous mourrez comme un
Des plus petits....

Et ailleurs :

Si tu vas à saint Innocent,

Où y a d'ossemens grand tas;
Ja ne connoistras entre cent

Les os des gens de grands Estats,
D'avec ceux qu'au monde notas.
En leur vivant pauvres et nus,

Tous s'en vont d'où ils sont venus.

Dans un autre endroit, il dit que si le sujet arrive le premier au terme fatal, le prince ne tarde guère à le suivre :

Je vais devant, il vient après,

Nous sommes égaux à peu près.

Roman de la Rose, que tout, sur la terre, est fragile et périssable, et, afin qu'il puisse faire un bon usage de ses instructions, elle lui présente un petit livre intitulé Conscience, puis des lunettes destinées à en faciliter la lecture et à la rendre profitable. Sur l'un des verres est écrit Prudence, sur l'autre Justice; l'ivoire qui les enchâsse se nomme Force, et le fer qui les joint Tempérance. Le livret contient des réflexions morales sur ces quatre vertus.

A la suite de ces poésies, on trouve vingtcinq pièces sous le nom de Georges l'adventurier, servileur du duc de Bourgogne, personnage qui n'est autre que Georges Chastelain. surnommé l'Aventurier, à cause de sa vie agitée et de ses faits d'armes. Ces petites pièces ont pour titre Les Princes, parce que chacune d'elles commence par ces mots et contient une

Il creuse cette pensée, et en tire cette réflexion instruction morale qui peut convenir aux prin

assez philosophique :

A cent ans d'ici je m'attends

D'être aussi riche que le Roi,

J'attendrai, ce n'est pas long-temps,
Lors serons de pareil arroi.
Si je souffre quelque desroi
Entre d'eux, il faut endurer,
Malheur ne peut tousjours durer.
Enfin, il les avertit que, quand ils quitteront la
vie, ils n'auront d'autre cortège que leurs ac-
tions :

Quant au corps, guere d'avantage
Ne vois d'un prince aux plus petits,
Les anciens s'en vont devant áge
A la mort, pauvres et chétifs,
Autres suivent leurs appétits

Pour quelque temps, et puis ils meurent.
Leurs œuvres sans plus leur demeurent.
Toutefois, quoique Meschinot eût principa-
lement pour but de dicter aux princes des pré-
ceptes de conduite personnelle et de gouver-
nement, les moralités que renferme son livre
n'étaient pas tellement exclusives qu'elles ne
puissent convenir aux hommes de tous les
états. C'est ce qu'il déclare lui-même dans les

ces. Ce sont des envois de six vers chacun,
que Georges avait adressés à Meschinot, et
sur lesquels celui-ci fit autant de ballades qu'il
termine par
le dernier vers de l'envoi. On re-
marque encore dans ce recueil une pièce dont
le titre annonce suffisamment le sujet : c'est
la Commémoration de la Passion de Notre-
Seigneur Jésus-Christ. Elle est suivie de la
Supplication qu'il fit au duc de Bretaigne
(François II), son souverain seigneur; c'est
la requête que nous avons rapportée plus haut.
Deux pièces de vers du recueil offrent quelque
intérêt. L'une est la Briefve lamentation et
complainte de la mort de Madame de Bourgo-
gne, faile à la requête de Monseigneur de Crouy.
quand il vint en Bretagne devers le duc, lequel
piteusement se doutait du cas advenu. L'autre.
intitulée: Prosopopée de la ville de Nantes, qui
se plaint de l'interdit, est relative à l'interdit
qu'Amauri d'Acigné, évêque de Nantes, jeta
sur cette ville, après que lui-même eût été
mis, en 1474, au banc du duché par le duc
François Ier, à la suite des démêlés surveuus

Gens sans argent ressemblent corps sans âme.
On dit très-bien, mais on fait le contraire.

J. Bouchet et P. Grognet, contemporains de notre poète, en parlent d'une manière avantageuse et Marot l'a rangé parmi les meilleurs poètes de son temps dans son épigramme adressée à Salel, où on lit ce vers :

entre le prince et le prélat, à l'occasion de la sign. a-o, à 39 lignes par page, avec quelques régale. Plusieurs des ballades de Meschinot figures en bois sur le titre et au verso du deront des refrains assez heureux tels que ceux-nier feuillet se trouve la marque de Macé, où ci: l'on voit une ancre soutenue par un dauphin, comme dans les éditions aldines;-Lyon, Jacques Arnollet (il imprimait à Lyon dès 1495), in-4° goth., feuill. non chiff., sign. aij-liiii, 32 lign. par page; -Lyon, Olivier Arnoullet, petit in-8° goth. de 124 feuill. non chiff., sign. a-q-Paris. Jehan du Pré, in-4 goth. de 88 feuill. non chiff., sign. a-l, à 32 lign. par page, avec quelques fig. en bois. La nouvelle édition du Manuel de Brunet donne sur ces diverses éditions de curieux détails qui sont accompagnés des marques typographiques de Jehan du Pré, Le Petit-Laurens, Robinet - Macé et Gilles Corrozel. Les développements étendus que ce savant biographe a donnés à la nomenclature de vingt-deux éditions des Lunettes des Princes, et les remarques curieuses qu'elles lui fournissent, prouvent tout l'intérêt qu'elles peuvent offrir aux bibliophiles.

Nantes la Brette où Meschinot se baigne....

Néanmoins, le plus souvent, ses poésies se ressentent de la gene produite par le puéril et stérile mérite de la difficulté vaincue. On y voit entre autres deux huitains fort originaux en leur genre. En tête de l'un d'eux on lit Les huit vers ci-dessous écrits se peuvent lire et retourner en trente-huit manières. L'autre est précédée de l'observation suivante: Cette oraison se peut dire par huit ou par seize vers, tant en rétrogradant qu'aultrement, tellement qu'elle se peut dire en trente-deux manières dif férentes; et à chacusne y aura sens et rime; et commencer toujours par mots différents qui

veult.

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Maittaire, dans ses Annales typographiques, et Marchand, dans son Histoire de l'imprimerie, mentionnent une édition qui aurait été imprimée à Nantes, en 1488, par Etienne Larcher. Ces deux bibliographes sont les seuls qui Cette observation ne se trouve pas dans l'é- parlent de cette édition, dont l'existence est fort dition de Nantes, mais dans celle de Le Ca-problématique. et qu'ils ont, selon toute apparon, où on lit l'épitaphe de Meschinot, en dix-rence, confondue avec la première de celles sept vers commençant ainsi :

Mil cinq cens neuf moins plus nò
Douze en septembre.....

Cette date, bizarrement énoncée, ne peut s'interpréter qu'ainsi : Mil cinq cents (neuf en moins et non en plus), ce qui reporterait à 1494 la mort de Meschinot. Nous ferons remarquer à ce sujet que l'édition de 1493 porte feu Meschinot, ce qui est confirmé par l'édition de 1495. Il ne faut donc pas lire 4509 comme Nicéron, Goujet. et les biographes qui les ont suivis, mais 1500 moins 9. Le poète nantais est, par conséquent, mort le 12 septembre 1491.

dont la nomenclature suit. Ce qui donne lieu de croire qu'ils se sont trompés, c'est la forme singulière de l'x de la suscription, forme qui les aura entraînés à lire VIII pour XIII. Quant à Guimar, qui a reproduit cette indication dans ses Annales de Nantes, son erreur vient sans doute de ce qu'à l'exemplaire sans date que possède la bibliothèque de Nantes, et qu'il a dù consulter, on a joint un ouvrage anonyme, auquel Meschinot est tout-à-fait étranger, et qui ja pour titre: Chroniques de France, abrégées, avec la génération d'Adam, d'Eve, de Noé, et de leurs générations, et les villes et cités que fondèrent ceux qui yssèrent d'eulx, chroniques qui portent la date de 1488.

Malgré les étrangetés que nous avons signalées dans les poésies de Meschinot, étrangetés qui étaient au reste dans l'esprit du temps, el- Aux éditions précédentes, il faut joindre celles ne sont ni sans mérite, ni sans originalité. les qui suivent: I. Les Lunettes des Princes, Elles obtinrent un si grand succès dans leur avecques aulcunes balades. Nantes, Estienne nouveauté, qu'aucun poète de la fin du xve siè- Larcher, le XV iour dapvril en lan mil cccc. cle, sans en excepter Villon lui-même, n'ob-iiii xx XIII (1493, et non 1473, comme nous tint l'honneur de réimpressions aussi nombreu- l'a fait dire la Biographie universelle, t. LXIII, ses et aussi rapprochées. p. 514), petit in-4° goth. Cette édition est fort Il existe plusieurs éditions sans date des poé- rare et bien imprimée; elle est divisée en deux sies de Meschinot; en voici les principales: Les parties, la première de 66 feuillets, signature Lunettes des Princes, etc. Paris, Jehannot, in-a.-k., et la seconde de 44 feuillets, signature 8° goth.; Paris, Pierre Le Caron, petit in-4° A.-G. Au verso du titre de la première partie, goth. de 88 feuillets non chiffrés, sign. a-l, à il y a une gravure sur bois, assez bien exécu32 lignes par page, avec plusieurs vignettes en tée. Le premier feuillet de la seconde partie bois; -Paris, Le Petit-Laurens, petit in-4° goth. porte, au recto, une autre vignette en bois, et de 78 feuillets non chiffrés, sig. a-l, à 37 lignes au verso, le titre suivant: Sensuyvent xxv bapar page; -Rouen, Richard Auzout... pour Ro- lades compo | sees par ung gentil hōme nõme binet-Macé, libraire, in-4o goth. de 86 feuillets, | Jehă | Meschinot sur xxv príces de bala | des

:

lui envoyees de messire Georges | Ladvêturier | inspirés par la perte d'une bonne cause et le seruiteur de mōseigneur | de bourgogneet trou- gain d'une douteuse, le déterminèrent à renonuerez au come | de chascune des d. balades le cer à la carrière du barreau. Illa suivait encore refrain et à la fin le prince fait par le d. néanmoins lorsqu'eut lieu, en 1673, la sédition Georges. L'exemplaire sur vélin de cette édi- causée par l'établissement des impôts du timbre tion, qui a été vendu 100 fr. La Vallière et et du tabac. Mesnard fit preuve, en cette cir200 fr. Mac-Carthy, ensuite revendu 250 fr. à constance, d'une grande énergie, en parcoula Bibliothèque royale, n'a ni la première sou- rant les rues de Nantes avec le maire et l'aidant scription indiquant la date de l'impression et le à apaiser les troubles. Ce fut peu de temps après nom de l'éditeur, ni la seconde, qui ajoutait à que ses parents songèrent à le marier et à lui la première l'indication du domicile de Larcher, acheter la charge de procureur du roi au Préen la rue des Carmes, pres les changes. II. Les sidial; mais, résolu à exécuter le projet qu'il mêmes, avec aulcñes balades et additions. Paris, avait formé depuis long-temps de se consacrer philippe pigochet (sic) pour Symon vostre, li- à Dieu, il se déroba aux instances de sa famille. braire. 4495, in-8° goth. de 408 feuillets non et vint, à son insu, à Paris, d'où il sollicita son chiffe. Signat. a.-o. III. Les mêmes, Paris, phi-consentement. Parvenu, non sans peine, à lippe pigochet, pour Symon vostre, 4499, petit l'obtenir, il entra, en 1675, au séminaire de in-8° goth. de 108 feuillets. Signat. a.-o.; édi-Saint-Magloire, et s'y livra avec ardeur, sous tion copiée page pour page sur la précédente, la direction du savant père Thomassin, à l'émais imprimée en caractères plus neufs. Les tude de la théologie et à la méditation des écrits trois éditions qui précèdent sont les plus recher- de saint Augustin et de saint Thomas. Ordonné chées, bien que chacune des suivantes con- prêtre presque malgré lui, à l'âge de vingt-neuf tienne de nouvelles poésies. IV Les mêmes. ans, il voulait rester simple diacre, il reParis, Michel Lenoir, 1504, in-4° goth. de vint à Nantes, où il refusa successivement une 90 feuillets. Signat. a.-p., 37 lignes à la page. place d'archidiacre à la cathédrale et celle de V. Les mêmes. Paris, Nicolas Higman, pour curé de la Chapelle-Basse-Mer, à trois lieues Nicole vostre, 4522, petit in-4° goth. VI. Les de Nantes, pour se retirer à la communauté de mêmes. Paris, Galliot du Pré, 4528, petit in-8° Saint-Clément, où il ouvrit des conférences. de cxvi feuilles. Chiffr. signat. a.-p.; jolie édi- Le succès qu'obtint sa parole persuasive détertion, en lettres rondes, rare et fort recherchée. mina l'évêque à lui confier la direction de son VII. Les mêmes. Rouen, Michel Angier, 1530, seminaire, qu'il conserva pendant trente ans. in-8° goth., feuillets non chiffrés. Signat. a. p, Mesnard commença par réformer les abus qui par huit, et q. par quatre. VIII. Les mêmes. s'y étaient introduits, et se voua tout entier à Paris, Alain Lotrian, 4534, in-4° goth. IX. Les l'instruction des jeunes ecclésiastiques. C'est mémes. Paris, Jean Bignon, ou Pierre Sergent, là qu'il composa son ouvrage connu sous le ou Gilles Corrozet, 1539, in-12 ou petit in-46, titre de Catéchisme du diocèse de Nantes, comjolie édition en lettres rondes, dont les exem-posé par le commandement de Mgr Gilbert de plaires ne different entre eux que par le nom du Beauveau, évêque de Nantes, etc. Nantes, 1695, libraire porté sur le titre. in-8°. Ibid., 1723, in-12. Ce catéchisme, un des meilleurs, assure-t-on, bien qu'il contienne quelques erreurs, fut approuvé par un grand nombre d'évêques, notamment par ceux de Vannes et de Saint-Malo. L'édition publiée sous l'épiscopat de M. de la Muzauchère n'en est qu'un extrait. L'abbé Mesnard, qui ne se réserva jamais qu'une très-faible partie de son patrimoine, employait le surplus en œuvres pieuses et charitables, parmi lesquelles nous citerons la construction de la chapelle du séminaire et la fondation de la maison du BonPasteur, pour les filles repenties. Comme directeur de cette maison, il eut la joie de ramener à la vertu beaucoup de ces malheureuses. Contraint, par une douloureuse maladie, de quitter ces fonctions, il ne cessa pourtant pas d'aider l'établissement de ses lumières et de ses dons. Son zèle pour la religion le porta aussi à s'occuper de la conversion des protestants, dont un grand nombre, grâce à lui, rentrèrent dans le giron de l'Eglise.

Le catalogue de la Bibliothèque de la maison professe des Jésuites de Paris attribue encore à Meschinot La Jeunesse des Banni de Liesse. Paris, 1544, in-12. D'après la Biographie universelle (t. XIX, p. 274), cet ouvrage serait du poète Habert, qui prenait aussi le titre de Banny de Liesse. P. L...t.

MESNARD (JEAN DE LANOE), né à Nantes le 23 septembre 1650, était fils de Louis Mesnard, qui fut successivement échevin et sous-maire de cette ville. Cet honorable magistrat était âgé de soixante-onze ans, quand Françoise Fouré de Lanoë, sa seconde femme, donna le jour à Jean, qui, suivant l'usage fréquemment adopté alors dans la haute bourgeoisie, reçut le nom de sa mère en même temps que celui de son père. A l'issue de ses études, qu'il fit avec distinction chez les oratoriens de Nantes, Mesnard soutint, en 1668, ses thèses de philosophie, et vint à Paris, l'année suivante, pour y étudier le droit. Reçu avocat, il plaida d'abord à Paris, puis à Nantes; mais des scrupules

Lors de la publication de la bulle Unigenitus, en 1714, l'abbé Mesnard s'y soumit d'a

bord; mais la faculté de théologie de Nantes | cée armoricain, t. VIII, p. 82) que ce serait s'étant jointe, en 1717, à l'appel des quatre Nantes. - Indépendamment du Cathéchisme, évêques dissidents, Mesnard s'associa à leurs l'abbé Mesnard' avait composé un Traité de sentiments avec assez d'éclat pour que le chef l'usure et des Conférences sur les devoirs de des appelants, le cardinal de Noailles, qui ne la vie chrétienne et ecclésiastique. P. L....t. parlait jamais de lui que comme d'un saint, crût devoir le proposer au roi pour l'évêché de MEUR (VINCENT DE), issu d'une famille Saint-Pol-de-Léon. Non seulement cette de- noble et ancienne du pays de Tréguier, naquit, mande ne fut pas accueillie, à la grande sa- en 1628, trés-vraisemblablement au manoir de tisfaction de Mesnard, qu'effrayait le fardeau Kerigonan, près le Guerlesquin, séjour habide l'épiscopat, mais celui qui en était l'objet tuel de sa famille. Le manoir de Kerhuon, qu'il encourut, par sa persistance dans ses opinions, eut en partage et dont il prit le nom, ainsi que la disgrâce de son évêque, qui lui ôta la direc- cela se pratiquait alors, était une sorte de gention du séminaire et du catéchisme. Retiré tilhommière à tourelle, située dans le bourg d'abord chez M. Fouré, chanoine de la cathé-même de Tonquédec. C'est la situation de ce drale, comme lui en défaveur, puis à la com-manoir qui aura, selon toute apparence, fait munauté de Saint-Clément, il y termina, le 15 dire au P. Boscher, dans sa Vie du P. Mauavril 1747, une vie signalée par la pratique noir, que de Meur était né à Tonquédec, dont continuelle de la charité. On répandit fausse-il était seigneur, tandis qu'il était seigneur de ment le bruit qu'il s'était rétracté à l'heure de Kerhuon.·

en

la mort. Sa piété et sa douceur évangélique De Meur embrassa fort jeune l'état ecclésiaslui avaient tellement concilié les cœurs, que tique. Une place d'aumônier, qu'il obtint à la trente paroisses se rendirent processionnelle- cour de Louis XIV, sur la demande d'un de ses ment à son inhumation, qui eut lieu dans le frères, officier dans la maison du roi, lui eût cimetière de Saint-Clément. Les jansénistes facilement aplani les voies à de hautes dignités voulurent en faire un saint et tentèrent de per-dans l'église, pour peu qu'il eût eu d'ambition. suader qu'il s'était opéré des miracles sur son Il renonça de bonne heure à ses fonctions d'autombeau. Cette opinion a été émise dans l'ou-mônier pour se joindre à d'autres prêtres qui vrage publié sous ce titre Vie de M. (Jean) de désiraient vivre dans la pratique des vertus La Noë-Ménard, prêtre du diocèse de Nantes, chrétiennes, et qui le secondèrent dans la fondirecteur du séminaire et premier directeur de dation du séminaire des Missions étrangères. la communauté ecclésiastique de Saint-Clé-Cette petite société, connue seulement des douze ment, auteur du cathéchisme de Nantes, mort membres qui la composaient, s'assemblait d'aen odeur de sainteté, le 15 avril 1747, avec bord dans une maison située rue de la Harpe. l'histoire de son culte et les relations des mi- De Meur eut occasion d'y connaitre le P. de racles opérés à son tombeau; (par M. Gour- Rhodes, lors du voyage que ce jésuite fit, meau, curé de Gien). Bruxelles (Paris), 1734, 1652, à Paris. dans le but d'y chercher des in-12, 288 pp. Cet ouvrage, achevé dès 1748, missionnaires pour le Tonquin. Le P. de Rhoest précédé d'une dédicace que le cardinal de des visita la société naissante, et de Meur ne Noailles avait acceptée; différents incidents en tarda pas à contracter avec lui une liaison qui retardèrent la publication pendant seize ans. lui inspira le désir de suivre ce religieux dans L'abbé Gourmeau, janséniste fanatique et ses missions lointaines. Il crut qu'avant tout il grand partisan des miracles du diacre Pâris, fallait établir à Paris une maison d'où sortine s'est pas borné à retracer, dans ce livre, la raient des auxiliaires propres à faire réussir et douceur et les talents de l'abbé Mesnard; il a à continuer l'entreprise du P. de Rhodes; mais voulu justifier et préconiser ses erreurs. L'es- divers empêchements l'ayant contraint d'ajourprit de l'ouvrage mit obstacle à ce qu'il pût pa- ner l'exécution de son projet, il se détermina, raître avec approbation et fit même exiler son en 1657, à faire avec un de ses amis un voyage auteur en Auvergne, où l'on croit qu'il mourut. à Rome, pour y visiter les tombeaux des saints M. Miorcec de Kerdanet (Notices chronologi-apôtres. Ils accomplirent leur pieux pélerinage ques, etc., p. 313), insinue, il est vrai, qu'il à pied, le sac sur le dos, vivant d'aumônes, ne mourut curé de Gien en 1761; mais c'est une couchant que dans les hôpitaux, et même bien erreur, car des recherches que nous avons souvent en plein air. Retenu plusieurs mois à faites dans les archives de cette ville, il résulte Marseille par la crainte qu'inspirait aux capique l'abbé Gourmeau fut bien curé de la paroisse taines de navires la peste régnant à Gênes, de Saint-Louis du 22 mai 4723 au 17 janvier 1732, Meur arriva à Rome beaucoup plus tard qu'il mais que depuis cette dernière époque il y est ne s'y était attendu. Le pape Alexandre VII. totalement inconnu, et que les registres de auprès duquel il fut admis, l'engagea fortement 4761 ne mentionnent pas son décès. Nos in-à poursuivre son œuvre, et lui donna l'assuvestigations n'ont pu nous en faire découvrir rance qu'il l'aiderait à triompher de toutes les ni le lieu ni la date; quant au lieu de sa nais-difficultés qu'on pourrait lui susciter. Fort de sance, il semblerait, d'après M. Le Boyer (Ly- cet appui, de Meur revint en France en 1658.

Il était à peine de retour à Paris qu'il prit ses p A l'expiration de sa supériorité, de Meur alla grades par l'orde de son directeur, et reçut le visiter le tombeau de la vénérable mère Martitre de docteur en Sorbonne. Sa thèse de licen-guerite du Saint-Sacrement; puis il fit une ce, qu'il dédia au pape Alexandre VII, et qu'il mission dans le diocèse d'Autun et une autre soutint en présence du nonce-cardinal Piccolo- dans la ville épiscopale. La fatigue que lui caumini et de l'assemblée du clergé, alors réunie sèrent ces missions le mit dans un état qu'il à Paris, lui valut un bref de félicitation de Sa regarda comme l'avant-coureur d'une mort proSainteté. Le premier, il accusa de schisme ceux chaine. Afin de s'y mieux préparer, il resta. qui niaient que les cinq propositions condam-pendant tout un carême, en retraite chez nées se trouvassent dans Jansénius, et encou-les Chartreux de Dijon, s'imposant une abrut ainsi la haine et les persécutions de ses ad- stinence qui aggrava encore sa situation. Obliversaires. Des obstacles, qu'il ne put surmon-gé de se rapprocher de Paris pour conférer avec ter, ne lui ayant pas permis d'entrer dans les M. Pallu, évêque d'Héliopolis et vicaire aposMissions étrangères, il s'adjoignit un grand tolique de Tonquin, son ancien ami, il se rendit nombre d'ecclésiastiques, et tous pratiquèrent à Auxerre, où il passa encore huit ou dix jours en France le ministère que de Meur s'était pro- en solitude. Étant allé de là à Vieux-Châteauposé de remplir hors de son pays. Non content en-Brie, où, deux ans auparavant, il avait donné de prêcher chaque jour, il institua, dans les une mission, son état empira, et il mourut le différentes provinces qu'il parcourut, des con- 26 juin 1668. Son corps fut inhumé dans le lieu férences destinées à l'instruction du clergé des où il était décédé, et son cœur, apporté plus tard diocèses. A ces enseignements, il ajouta l'in- dans l'église des Missions étrangères, construite struction des confesseurs, auxquels il servit de en 1683, fut placé sous une table de marbre modèle, et qui le trouvèrent toujours disposé à qui portait cette inscription: Domini Vincentii résoudre les difficultés qu'ils crurent devoir lui de Meur, cor planè apostolicum. Un des memsoumettre. Ces travaux multipliés ne l'empê- bres du séminaire des Missions, Brisacier le chèrent pas de diriger les missions auxquelles jeune, composa une épitaphe latine en l'honil coopérait. Son zèle et son mérite déterminé-neur de ce religieux. rent ses confrères à l'appeler, en 1664, aux fonctions de supérieur du séminaire des Missions étrangères, à la fondation duquel il avait si efficacement contribué.

P. L...t.

MEURIS (AMABLE-JOSEPH), né en 1760, sur la paroisse de Russignies (commune wallone du Brabant), diocèse de Malines, s'est acL'année suivante, ayant perdu son père ainsi quis, comme Haudaudine (voy. ce nom), des que son frère aîné, M. de Meur de Kerigonan lettres de naturalité bretonne. Elevé à Tournai, (1), écuyer de la petite écurie du roi et gouver- sorte de petite république, il s'y imprégna, dès neur de Lannion, de Meur revint au pays pour l'enfance, de l'esprit républicain. Quand vint y régler ses affaires de famille. Ce fut à cette l'àge d'apprendre un état, il choisit celui de occasion qu'il invita le P. Maunoir à venir ferblantier, fit son tour de France, s'arrêta à donner une mission à Tonquédec. « Un doc-Nantes, où il épousa, le 13 juillet 1784, la fille >>teur de Sorbonne, nommé M. de Meur, su-d'un tailleur, Marie-Ursule Belnau, et s'éta» périeur du séminaire des Missions étrangè- blit dans la Haute-Grand'Rue, vis-à-vis la rue » res, et fort connu en Bretagne sous le nom de Beau-Soleil. » de prieur de Saint-André, dit l'auteur de la Lorsque la garde nationale fut réorganisée, » Vie du Père Maunoir, l'attendait avec une au mois d'octobre 1792, en deux légions, Meu>> troupe de missionnaires pour le mener à la ris fut appelé au commandement du 3o batail>> paroisse de Tonquédec, où il était né, et où lon des volontaires (légion d'Orient) par la voix >> il voulut travailler sous ses ordres. » De Meur unanime de ses frères d'armes, tant son coune se borna pas à accueillir la plupart des mis- rage inspirait de confiance. Nous ne rapportesionnaires dans son manoir de Kerhuon; il vou-rons pas ici plusieurs de ses faits d'armes, quoilut consacrer le souvenir de leur passage par qu'ils soient pourtant dignes de mémoire; nous une fondation pieuse. C'est dans ce but, d'a- arrivons tout de suite à celui qui l'a justement près un ancien titre, qu'il comparaît, le 16 immortalisé. » août 1665. après midy, en la maison presby- Pendant que les corps constitués de Nantes » tariale, et fonde, conjointement avec un cer- délibéraient sur les moyens à prendre pour re»tain nombre d'habitants de Tonquédec, la pousser l'attaque probable des Vendéens, ceux"confrérie du Saint-Rosaire, en l'église collé-ci leur firent remettre, le 22 juin 1793, la somgiale de cette paroisse, à laquelle il fait don » de quatre livres tournois de rente annuels, » hypothéqués sur sa métairie de Kerannesq, > en Tonquédec. »>

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(1) Le dernier descendant måle de la famille de Meur de Kerigonan est mort, il y a peu d'années, à Lannion. Il existe encore deux demoiselles de ce nom.

mation de livrer la place et deux représentants du peuple, menaçant, en cas de refus, de livrer la ville, quand ils en seraient maîtres, à une exécution militaire, et de passer la garnison au fil de l'épée. Le commandant Wieland et le général Canclaux, craignant pour le salut de Nantes, s'il était découvert, avaient exprimé l'avis

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