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A MANGOURIT,
LE VALAIS,

LIBRE, PAISIBLE ET RECONNAISSANT.

Il refusa l'or des Valaisans et n'accepta qu'une copie du décret.

le chargèrent des accusations les plus violentes. | et leurs prêtres, et fit abattre tout ce qui lui paCette retraite, suivant Mallet-Dupan (Mercure rut être un signe de la féodalité. Hormis le derbritannique, t. I, p. 434 de l'édit. in-8°), fut la nier fait, comment concilier une pareille consuite et la punition d'un lâche attentat sur une duite avec le décret de l'Assemblée représentajeune fille qu'il était chargé d'interroger; selon tive valaisienne commençant ainsi : « L'Assemd'autres, elle doit être attribuée à la publica-» blée nationale, pénétrée, comme tout le reste tion de trois brochures brûlées à Nantes par» de notre chère patrie, de la plus vive reconordre du Parlement. Questionné sur ce fait en» naissance pour les soins paternels du citoyen 1794, Mangourit répondit avec indignation » Mangourit.....?» Nous regrettons de n'avoir << Pourquoi s'en tient-on à des accusations por- pu découvrir la vérité sur l'administration de ❤tées dans l'ombre? Pourquoi ne m'attaque-t-Mangourit; nous pouvons affirmer seulement >> on pas et publiquement? Ils savent bien, ces qu'une récompense lui fut votée le 2 mai 1798 : » colporteurs ténébreux de calomnies, que je il fut décidé qu'on lui offrirait une bourse de » n'ai d'autre tort que celui d'avoir, au péril de 200 jetons frappés exprès, et portant, avec une » ma vie, détruit les brigandages et accordé les figure allégorique, cès quelques mots : > devoirs de l'humanité avec l'inflexible man>> dat de frapper les coupables. Mon plus grand > tort, à leurs yeux, est d'avoir témoigné, avec > trop de franchise peut-être, toute mon hor» reur pour l'atrocité des supplices infligés éga> lement à des délits inégaux en criminalité et En août 1798, le Directoire envoya Mangourit > en conséquences funestes pour la société. >> Sans prétendre absoudre entièrement Mangou-lité que la cour des Deux-Siciles ne voulut pas Naples, comme secrétaire de légation; quarit de l'accusation grave portée contre lui, nous nous permettrons quelques observations. L'ac-reconnaître, et, enfin, le nomma commissaire cusateur est un ennemi de la révolution : il lui des relations extérieures à Ancône. Il fut chargé a fait la guerre, et a partagé avec M. de Bo- secrètement de soulever l'Albanie, l'Épire et la nald et Joseph de Maistre la gloire de l'attaquer Morée en faveur de l'armée d'Egypte, et on lui à l'extérieur par ses ouvrages: il avait donc un adjoignit pour collègues un Grec de naissance motif de charger d'un crime aussi odieux un ré- et un Français précédemment attaché à l'amvolutionnaire de 1789, un partisan des principes bassade de Constantinople. Des tentatives funouveaux. D'ailleurs, pas d'autre preuve en fa-rent faites auprès de quelques Grecs influents. veur de Mangourit que son propre dire: il faut Un jésuite espagnol fut détaché de la Portepar conséquent laisser la question dans le doute, Ottomane; mais, faute d'argent, toutes les nétout en soupçonnant de partialité le rédacteur gociations échouèrent, et le Directoire dut redu Mercure britannique. Que ceux qui écriront noncer à ses projets. Mangourit administra la après nous la vie de Mangourit soient bien in-ville d'Ancône pendant le siége que les Franformés avant d'établir leur opinion. (Voir la cais y soutinrent contre les Russes, les Napolitains, les Turcs et les Autrichiens réunis, et note 4.) Privé de son emploi, Mangourit quitta la Bre-fut un des négociateurs du traité du 13 novemtagne et n'y revint qu'au commencement de la bre 1799, qui assura aux assiégés la liberté avec révolution, dont il adopta les principes avec en- des conditions honorables. Rentré en France, thousiasme. Dès le début, il fut nommé consul fut blessé au cœur dans ses affections les plus à Charlestown, et y soutint avec zèle les inté-intimes par la mort de sa femme et de sa fille, rêts de la Frauce. Mais la calomnie vint le re- qu'il affectionnait tendrement.

lancer jusqu'en Amérique, et il fut destitué en Après un voyage en Allemagne, dont il publia mars 1794. La nouvelle de son départ jeta l'af-la relation, il s'adonna uniquement à l'étude fliction dans toute la Caroline du sud : le géné- des sciences (1) et au perfectionnement des asral William Mould lui écrivit une lettre très

flatteuse, pour le remercier de tous les services (1) La découverte que nous avons faite dernièrement qu'il avait rendus aux Américains. Arrivé à Pa- fait nouveau de sa vie. En 1808, il voulut entrer dans l'ind'une lettre autographe de Mangourit nous a appris un ris, Mangourit se présenta devant le Comité destruction publique, et sollicita une place de conseiller orsalut public, et y donna des preuves irrécusa- dinaire de l'Université; mais il sollicita en vain. Nous publes de sa loyale administration: on ne lui de-blions cette lettre, adressée à M. de Fontanes, alors grandmanda pas de certificat de civisme.

En 1798, le Directoire, en le nommant résident de la République française dans le Valais, lui confia une mission toute de paix et de conciliation. S'il faut en croire M. Michaud (Biographie universelle, t. LXXII, p. 77), il sema la discorde dans ce malheureux pays, appela les navsans à l'insurrection contre leurs chefs

maître de l'Université :

A Son Excellence Monseigneur
De Fontanes,

Président du Corps législatif et Grand-Maître de l'Université
de l'Empire.

Monseigneur,

Si j'étais assez heureux d'obtenir votre agrément pour celui de S. M. I. et R. Je joins à cette demande la copie du une place de conseiller en l'Université, je serais sûr de placet que j'ai eu l'honneur de lui présenter, afin, Mon.

sociations maçonniques, dont il fut le plus sis, 1787, in-8°. II. Le Tribun du Peuple (anoferme soutien (4). Avec quelques amis, il fonda nyme). Nantes, Malassis, 1787, in-8°. III. Le la Société philotechnique et l'Académie celti-Pour et le Contre au sujet des grands bailliaque (2), devenue plus tard la Société royale des ges (anonyme). Nantes, Malassis, 1787, in-8°. Antiquaires de France, et apporta à ces réu- Ces trois ouvrages furent brûlés par ordre du nions savantes un concours utile et constant. Parlement de Bretagne; ils furent cependant Mangourit ne fut jamais un littérateur : la poli- hautement protégés, car ils arrivèrent en baltique, l'archéologie et la philologie l'occupèrent lots à Paris dans la voiture de M. de Lamoignon toute sa vie et lui procurèrent d'honorables amis, et dans celle de M. Bertrand de Molleville. IV. Millin, Cambry, La Tour-d'Auvergne, Court de Lettres édifiantes sur l'Apocalypse.... (anoGebelin et Le Brigant. L'Académie de Goettin-nyme). Londres et Paris, Chaussée-d'Antin, gue lui offrit le titre de membre correspondant, chez Cagliostro l'aîné, au bénéfice du frère et il ne tint qu'à lui de faire partie de l'Acadé-N..., 1788, in-12 de 18 p. V. Le Héraut de mie des Inscriptions et Belles-Lettres. Mangou- la Nation sous les auspices de la Patrie (anorit mourut à Paris le 17 février 1829. Il céda à nyme); journal publié à Paris, par Mangourit, une aberration que nous ne comprenons pas en exigeant que sa dépouille mortelle fût portée au cimetière sans les prières de l'Eglise. Ses amis. respectèrent ses dernières volontés, et l'un d'eux, Félix Lepelletier, prononça sur sa tombe un remarquable discours. Par une clause de son testament, il légua une somme de 500 fr. aux pauvres de son arrondissement.

depuis janvier 1789 soixante-cinq numéros parurent seulement et formèrent 2 vol. in-8°. L'auteur écrivit cette note sur un exemplaire qui lui appartenait : « Je suis l'auteur, le seul rédacteur du Héraut de la Nation, précurseur de tous les Journaux. Il sera utile à l'historien de la Révolution française, qui en recherchera les premiers mouvements dans le duché de Bretagne, ses ordres et leurs intérêts divers qui, depuis 1787, n'ont pas changé. Les ministres du roi, le cardinal de Brienne, protégeaient cet ouvrage, imprimé à Paris, et son auteur. Point d'ordres privilégiés.-Plus de Parlements. La Nation et le Roi. Tel fut le thème du Héraut de la Nation. Signé MANGOURIT. VI. Mémoire de Mangourit. Adresses des municipalités, sections, société républicaine de Charlestown et des gouverneur et citoyens de l'Etat de la Caroline du sud, ete. Paris, Gueffier, s. d. (1794), in-4° de 32 p. VII. La Phrase entière en réponse au Quatrième mot, ou Pautrizel à Le très-humble et très-obéissant son collègue Audrein, représentant du peuple

Mangourit a beaucoup écrit. Voici une liste, aussi complète que possible, des ouvrages qu'il a publiés, tant anonymes que signés I. Les Gracches français (anonyme). Nantes, Malas

seigneur, que vous veuilliez bien prendre un aperçu de mon caractère, de mes services et de mon dévouement à ma glorieuse patrie et à son auguste chef. Après le bonheur de me consacrer à leur service, comme membre de l'enseignement, mon plus grand plaisir serait de vous avoir pour chef et d'être plus près, dans la route des

lettres et du bien, du meilleur modèle.

Je suis, avec un profond respect,

Monseigneur,

De Votre Excellence,

serviteur,

MANGOURIT,
Ancien agent diplomatique, des Académies
celtique de France, royale de Goettingue,
de la Société philotecnique de Paris, pro-
priétaire, rue de Lille, 55, faubourg
Saint-Germain.

anonyme), s. d. (1795), in-8° de 8 p., VIII. De la Tyrannie de C...., ou les Camutes, anecdote druidique, écrite il y a deux mille ans, etc. (anonyme). Paris, imprimerie de l'Ami des Lois, an VI de la République, in-8° de 52 p., avec Paris, le 25 mars 1808. une légende et une figure représentant Theuta(1) Nous empruntons à des documents manuscrits les tès et César. IX. Le Premier Grenadier de nos détails suivants, qui interesseront, nous le pensons, les armées. Paris, 1801, in-8° de 72 p. Cette notice francs-maçons et ceux qui s'occupent de l'histoire de la sur La Tour d'Auvergne, lue, le 20 brumaire franc-maçonnerie. Mangourit fut, pendant la dernière moitié de sa vie, officier du Grand-Orient de France, et an IX, à la séance publique de la Société phiremplit deux fois les fonctions de Vénérable et de Très-lotechnique, a été réimprimée en tête des OriSage de la L.. et du Chap.. du Mont-Thabor. On lui doit gines gauloises. X. Le Mont-Joux, ou le Montla conception d'un rite particulier, celui des Sublimes Elus Bernard, discours historique suivi d'une lettre de la Vérité, qu'il établit à Rennes. Il a aussi créé une Société androgyne dans L.. Chap.. du Mont-Thabor: le de M. de Murith, etc. (anonyme). Paris, an IX Chap.. métropolitain des Dames écossaises de l'hospice de (1801), in-8° de 98 p.. 1 fig. XI. Défense d'AnParis, colline du Mont-Thabor. Cette association n'existe cóne et des départements romains, le Tronto, plus depuis long-temps. Enfin, il a créé la Société littéle Musone et le Métauro, par le général Monraire maçonnique des francs-penseurs, composée de maçons distingues, et dans laquelle, pendant les trois an-nier, aux années VII et VIII. Paris, Pougens, nées qu'elle a existé, il a donné lecture d'un Cours de phi-an X (1802), 2 vol. in-8°, cart. et fig. Cet oulosophie maçonnique. vrage renferme des renseignements très-curieux (2) L'Académie celtique fut fondée le 9 germinal an XIII. sur l'Italie à cette époque. XII. Voyage en HaL'ouverture des séances se fit dans l'hôtel de Bullion. Lesnovre, fait pendant les années 1803 et 1804, séances suivantes se tinrent au Musée des monuments contenant la description de ce pays, etc. Paris, français. Cette Société exista jusqu'en 1814 et publia cing volumes de mémoires, que la Société des antiquaires de Dentu, an XII (1805, in 8o de 500 p. Cette reFrance a continués jusqu'en 1849. lation fut violemment critiquée par les journaux

F. S.

F. S.

procurait à la France le moyen de se libérer facilement d'une dette de quelques millions qu'elle avait empruntés à la république pendant la guerre de sept ans, et lui offrait, dans un avenir plus ou moins rapproché, la perspective d'une cession inévitable. A son arrivée à Bastia, Marbeuf, conformément à ses instructions, donna

de l'époque; quoi qu'il en soit, elle est fort in- | fait major-général de l'infanterie du roi le 1er téressante. On lit avec plaisir quelques détails mai 1747, et obtint le rang de colonel le 15 fésur la bibliothèque publique d'Hanovre et sur vrier 1748. Employé, le 1er mars 1757, à l'arles manuscrits laissés à ce dépôt littéraire par mée de Westphalie. il fut nommé brigadier le son fondateur le savant Leibnitz. XIV. Discours 3 septembre 1759, et après avoir servi dans ce de l'orat.. Mangourit, prononcé dans la séance grade, en Bretagne. depuis le 1er mai 1760, d'installation de la mère-loge Ecos..,de 15 mars, il fut attaché, le 1er mars 1762, à l'armée d'Es1808. Paris, 1809, in-8° de 13 p. XV. Discours pagne, en qualité de maréchal-général-desde l'oral.. Mangourit, prononcé, le 17 septembre logis. Il était maréchal-de-camp depuis le 25 4808, dans la séance d'inauguration du temple juillet 1762, lorsque, deux ans plus tard, il fut neuf des Comm.. du Mont-Thabor, rue Saint-envoyé en Corse avec un corps de troupes, dont Honoré. Paris, 1809, in-8° de 13 p. XVI. Rap-la mission apparente était d'aider les Génois à port au temple du Mont-Thabor, le 5 août 1810, conserver la souveraineté de la Corse près de relatif à la R... L.. des chev.. de la Croix., etc. leur échapper. Le cabinet de Versailles avait Paris, Pougens, 1810, in-8° de 8 p. XVII. Céré-accueilli avec empressement une demande qui monie funèbre au s... chap.. métrop.. des dames Ecossaises... à la mémoire de M Adélaïde Giroust, décédée la 5 aurore du 10 signe de 5811. Paris, 1814, in-8° de 10 p. XVIII. Lectures-opéras pour des soirées de famille... no 1 (et unique) Paris, Le Duc, 1812, in-8° de 35 p. XIX. Nouveaux projets de soirées, lectures dramatiques et musicales, contenant une jour-à Pascal Paoli, chef suprême de la Corse, l'asnée d'Henri IV en Bretagne. Paris, Bailleul, 1815, in-8° de 328 p. XX. La Charte d'Hoëlle-Bon, roi de Galles, au xe siècle, par M. A. B. M. Paris, Bailleul, 1849, in-8° de 11 et 26 p. XXI. Les Portes symboliques du Temple, in-8° de 94 p., extrait de l'Hermes maçonnique, recueil dans lequel il a inséré plusieurs autres articles. XXII. Commandeurs du Mont-Thabor, rite Ecoss.. philosophique. fête funèbre en mémoire du R.. F... commandeur Jacques de Cambry. Paris, 1849, in-8° de 54 p. XXIII. Les Ecossais de France venant au secours de la R... L... l'Union royale, O'.. de La Haye, ou fraternelles observations, etc. Paris, 1829, in-8° de 27 p.; brochure devenue fort rare.

On a en outre de Mangourit divers articles philologiques et archéologiques dans les mémoires de l'Académie celtique et de la Société royale des antiquaires de France. Il a laissé en manuscrit plusieurs ouvrages: 4° Une Vie de sainte Thérèse; 2o son Cours de philosophie maconnique en trente leçons, gros cahier in-4° de 520 p. in-40; 3° un roman intitulé: Mémoires d'un homme de cinquante ans et plus.

Nous avons puisé nos documents bibliographiques dans la France littéraire de J. M. Quérard et dans le t. IX, 4re série, des Mémoires de la Société des antiquaires de France.

F. S-l-n-r.

MARBEUF (LOUIS-CHARLES-RENÉ, comte DE), né à Rennes le 4 octobre 1712, appartenait à une famille d'ancienne extraction, qui portait d'azur à deux épées d'argent, garnies d'or et passées en sautoir, les pointes en bas. Entré, comme enseigne, au régiment de Bourbonnais, le jour où s'accomplissait sa seizième année, il passa lieutenant le 7 juillet 1729, et capitaine le 23 avril 1732. Envoyé à Malte en 1738, il fut

surance que les Français avaient pour seule
mission de garder pendant quatre ans les cinq
places maritimes de l'ile, Bastia, Saint-Florent,
Ajaccio, Calvi et Algajola, mais nullement d'ai-
der les Génois à reprendre l'offensive contre
leurs anciens sujets. Cette singulière occupa-
tion fit place à des hostilités réelles, lorsque,
par le traité de Compiègne (17 juin 1768), con-
vaincue de l'inutilité de ses efforts, Gênes fit à la
France, au prix de 40 millions, l'abandon de la
Corse, abandon déguisé sous les noms d'enga-
gement ou de nantissement. Sept jours après,
le drapeau blanc flottait sur les murs de Bastia,
et, le 12 juillet, Marbeuf, dont le corps d'armée
avait été progressivement élevé de quatre mille
à douze mille hommes, envoyait sommer Paoli
de retirer les troupes corses qui gardaient les
communications de Saint-Florent à Bastia, et
tenaient ainsi en échec ces deux villes. Le 31
juillet, pendant que M. de Grandmaison, ma-
réchal-de-camp, placé sous les ordres de Mar-
beuf, attaquait sans succès le défilé de Santa-
Maria, par lequel on craignait que les Corses
ne tombassent sur Saint-Florent et sur les
derrières du camp du régiment de Royal-
Roussillon, le général en chef marchait avec
deux mille hommes vers les hauteurs qui do-
minent le chemin de Saint-Florent à Bastia,
et parvenait à s'en emparer après une vive ré-
sistance. La prise de Barbaggio, d'où il chassa
les Corses le lendemain, assura le succès de
cette expédition. Toutefois, le Cap-Corse n'é-
tant pas au pouvoir des Français, les commu-
nications entre Saint-Florent et Bastia n'étaient
pas suffisamment protégées, et pour qu'elles le
fussent, les deux généraux combinèrent l'at-
taque de ce point et s'emparèrent, après plu-
sieurs combats opiniâtres, du fort Nouza, où
fut pris un neveu de Paoli, Barbaggio, qui pou-

Malgré l'infériorité nominale de sa position. il était le gouverneur de fait. Aussi est-ce à lui que s'adressèrent, soit en France, soit en Corse, les attaques de tous ceux que mécontentait sa ferme et impartiale administration. Les opposants avaient pour principal appui un personnage puissant. le comte de Narbonne-Pelet, qui

vait seul entretenir la guerre dans ce canton. ' déchiraient encore, il fallait, pour les apaiser Jusqu'alors les opérations militaires avaient | ou les enchaîner, pour maintenir en équilibre été conduites avec une habileté qui révélait une tous les droits, une grande énergie de caractère, parfaite connaissance de la stratégie qu'il fal- un habile déploiement de forces de toute nature. lait pratiquer dans cette guerre, d'une nature Marbeuf satisfit à toutes les exigences de sa sitoute spéciale. Mais on allait changer de général tuation, et ce qui ne contribua pas peu à aplaet de tactique. Le marquis de Chauvelin, lieu- nir les difficultés dont elle était hérissée, ce futenant-général, investi du commandement en rent les libéralités splendides et le luxe de rechef, était débarqué, dès le 29 août 1768, avec présentation qu'il déployait, luxe qui lui donun renfort de huit bataillons, dont l'envoi avait nait l'apparence d'un vice-roi. Il n'eut pourtant été nécessité par les progrès de l'insurrection, jamais le titre de gouverneur, bien qu'il en eùt devenue générale. Autrefois ambassadeur à Gê- exercé les fonctions jusqu'au 4 août 1772, épones et médiateur entre cette république et les que où le marquis de Monteynard fut investi. Corses, il venait, cette fois, employer contre sous ce titre, de l'autorité supérieure. Alors eux des armes autres que celles de la diplomatie. Marbeuf prit celui de commandant en chef, auElles ne furent pas heureuses. Les échecs de quel il joignit, trois ans plus tard, celui d'inPinta (11 septembre), Murato (15 septembre), et specteur des troupes en Corse. la déroute de Borgo di Margana (9 octobre), où Marbeuf fut blessé, démontrèrent que Chauvelin n'avait rien de ce qu'il fallait pour lutter avec Paoli dans cette guerre de postes. Rappelé en France, il s'embarqua à Saint-Florent le 28 décembre. Dès que Paoli eut connaissance de son départ, il voulut porter un coup décisif. Il rassemble en toute hâte le tiers de ses compa-disputait à Marbeuf le commandement de la triotes, leur fait occuper les hauteurs du Nebbio et dirige des attaques vraies ou fausses sur divers points de nos quartiers d'hiver La vigilance de Marbeuf prévint le succès de ces attaques, et jusqu'à l'arrivée du comte de Vaux. successeur de Chauvelin, non seulement il tint Paoli en respect, mais il cerna les indigènes (16 février 1769) et les contraignit à capituler. Le comte de Vaux arriva dans les derniers jours d'avril et moins de quarante jours lui suffirent pour achever la conquête commencée par Marbœuf, qui le seconda efficacement à l'attaque de Borgo (5 mai), de Ponte-Novo (8 mai) et du pont du Golo (17 mai). Le départ de Paoli, qui s'embarqua pour l'Angleterre, le 13 juin 1769, mit fin aux hostilités, et décida la prompte soumission de l'île.

M. de Vaux étant rentré en France, Marbeuf, qui avait été élevé au grade de lieutenant-général depuis le 23 octobre 1768, resta chargé du commandement de la nouvelle possession française. Le gouvernement fit preuve de tact en le chargeant de l'administrer. Généralement aimé des indigènes, qu'il avait captivés par sa loyauté, il les rallia à la France, soit en servant d'intermédiaire utile à ceux d'entre eux qui acceptèrent la domination française, soit en multipliant ses efforts pour que les priviléges reconnus au pays, lors de sa soumission, fussent respectés. Si, dans la guerre qu'il lui fallut faire au banditisme sans cesse renaissant, il eut à déployer de la rigueur, elle contrasta avec la mansuétude dont il usa envers les populations paisibles. Sa tâche fut difficile et laborieuse. A cette époque d'occupation définitive d'un pays que Gênes avait ruiné et démoralisé, que les haines privées et les passions politiques

Corse, et l'avait dépeint aux ministres sous des
couleurs défavorables. Il paraît même que la dé-
putation noble de la Corse, en 1776, corrobora par
ses plaintes les imputations de M. de Narbonne.
Mais, l'année suivante, une autre députation
de la noblesse corse fut envoyée à Paris; Char-
les Bonaparte, père de l'Empereur Napoléon
la conduisait. Ses talents, ses manières, la haute
réputation dont il jouissait dans son pays lui a-
vaient concilié la bienveillance toute particulière
de Marbeuf, qui déjà lui en avait donné des preu-
ves en lui faisant obtenir une bourse au sémi-
naire d'Autun, pour son fils aîné Joseph, dont
Lucien prit la place, lorsque, plus tard, Joseph
fut envoyé, avec les mêmes avantages, à l'école
de Metz, et une troisième bourse pour Napo-
léon, à l'école de Brienne, en même temps que
sa fille Elisa entrait gratuitement dans un cou-
vent. En échange de ces services, Charles Bo-
naparte avait voué au général français une affec-
tion attestée, non seulement par les services qu'il
lui rendit, mais encore par le sonnet qu'il com-
posa à l'occasion du mariage du général, en 1783,
sonnet que M. Nasica, conseiller à la Cour im-
périale de Bastia, a inséré, pag. 376-377 de ses
Mémoires sur l'enfance et la jeunesse de Napo-
léon jusqu'à l'âge de vingt-trois ans, etc. Paris,
Ledoyen, 1852, in-8°. Consulté par le ministère
sur les causes de la mésintelligence des deux
généraux, il se prononça contre M de Narbonne.
qui fut rappelé. Charles Bonaparte fut, en cette
circonstance, l'interprète des sentiments de ses
compatriotes, qui préféraient les manières affa-
bles, insinuantes et populaires de Marbeuf à
la rudesse et à la hauteur de M. de Narbonne.
La famille Marbeuf s'attacha naturellement, de
plus en plus, à Charles Bonaparte, et saisit

toutes les occasions de lui être utile ou agréa-¦ d'infanterie russe à la tête de son régiment. Sa ble. L'archevêque de Lyon (voy. ci-après) lui mère lui survécut. Entrée dans la maison du écrivit pour le remercier de son intervention, Sacré-Cœur, rue de Varennes, où elle avait et lui envoya une lettre de recommandation prononcé ses vœux dans un âge mûr, elle s'y pour M. de Brienne en faveur du jeune Napo- concilia le respect et l'affection de la commuléon (4). Cette recommandation fut très-avan- nauté. « Il fallait (dit le Dictionnaire d'Ogée tageuse au futur empereur, puisqu'elle devint!» (nouv. édit., t. II, p. 250), il fallait la voir la source de l'intérêt que lui témoigna la famille » dans ses modestes fonctions de sacristine, Brienne, en le recommandant aux inspecteurs, » pour être ravi d'admiration en présence de qui, tous les ans, visitaient l'école. C'est donc de» tant d'aménité dans le caractère et de dignité cette époque, et pour ces motifs, que datent les » dans les moindres actions. Tout ce qu'il y rapports de bienveillance des Marbeuf et des » avait d'imposant chez la comtesse était graBrienne envers les enfants Bonaparte. En les cieusement tempéré par le voile de la relifaisant remonter à une époque antérieure, et en» gion. » Lorsqu'elle mourut dans cette maison, leur assignant une autre cause, la malignité a tenté d'accréditer des rumeurs sans fondement, que la Biographie universelle (t. LXXIII, p. 1416), a victorieusement réfutées, et dont un simple rapprochement de dates démontre d'ailleurs l'absurdité.

le 18 mars 1839, la pension de 6,000 fr., concédée par l'Empereur, fut reversée à sa fille unique. Mme Alexandrine-Marie de Marbeuf, née à Bastia, le 29 décembre 1784, veuve de M. Louis-Alexandre Valleron de Boucheron, comte d'Ambrugeac, lieutenant-général, pair de France, commandeur de Saint-Louis, grandofficier de la Légion-d'Honneur, né le 7 octobre 1771, à Paris, où il est mort le 24 mars 1844. P. L...t.

Marbeuf mourut à Bastia, le 20 septembre 1786. Il avait épousé, en 1783, Mlle CatherineAntoinette Salinguera Gayardon de Fenoyl, fille d'un maréchal-de-camp, née en 1765. Il était gentilhomme de la chambre de Stanislas, roi MARBEUF (Yves-Alexandre), neveu de Pologne, et grand'croix de l'ordre de Saint- du précédent, et non son frère aîné, comme le Louis. Louis XVI, pour récompenser les services qu'il avait rendus à la France, lui avait fait dit, à deux reprises, la Biographie universelle, une concession considérable de terres dans la très-mal renseignée en ce qui concerne tous les partie occidentale de la Corse, entre Cargèse et membres de sa famille, naquit vers 1734, soit Galeria, et avait érigé cette concession en mar-noine-comte de Lyon, lorsqu'il fut appelé à ocà Rennes, soit dans les environs. Il était chaquisat, sous le titre de marquisat de Cargèse. cuper, le 12 juillet 1767, le siége épiscopal Les libéralités de Napoléon atténuèrent, plus d'Autun. Chargé plus tard de la feuille des bétard, les pertes que la Révolution avait fait éprouver à la famille de Marbeuf. Par son dé-néfices, il devint, en 1788, archevêque de Lyon, cret du 19 décembre 1805, il accorda à la veuve et fut remplacé à Autun par M. de Talleyrand. du général, femme d'un esprit distingué, une Ayant refusé le serment à la Constitution cipension de 6,000 fr., « en considération, dit le vile du clergé, il émigra en Allemagne et mou» décret, du bien fait à la Corse par son mari, rut à Lubeck, en 1798, selon M. l'abbé Tres» pendant son gouvernement, ladite pension ré-vaux (Histoire de la persécution révolution»versible par portions égales sur les enfants vi-naire en Bretagne, t. II, p. 430), ou à Ham»vants de la titulaire. » L'un de ces enfants bourg, en 1799. d'après là Biographie univerétait Laurent-François-Marie, baron de Mar-selle. On a publié sous son nom des Mandebeuf, né à Bastia, le 26 mai 1786. Entré ments et Instructions pastorales, dont son esme élève pensionnaire à l'Ecole de Fontaine-prit et ses connaissances autorisent à le croire P. L... t. bleau, le 5 jour complémentaire an XI, il en sortit sous-lieutenant au 25e de dragons le MARBEUF (CHARLES-LOUIS-RENÉ, marquis 26 nivôse an XIII. Après avoir été officier d'or-de), autre neveu du commandant de la donnance de l'Empereur, il avait été nommé Corse, entra dans les mousquetaires en 1738. colonel du 6 régiment de chevau-légers, le Parvenu le 20 février 1761, au grade de maré44 octobre 1844. Il avait fait, à la Grande-Ar- chal-de-camp (il a été confondu sur ce point mée, les campagnes de l'an XIV, de 1806 et de avec son oncle par la Biographie universelle), 1807, lorsqu'il mourut à Marienpol (grand-du-il ne fut plus employé et mourut en 1789. ché de Varsovie) des blessures qu'il avait re- Mme Henriette-Françoise Michel, sœur de la çues à Krasnoï, où il avait enfoncé un carré duchesse de Lévi, et qualifiée de veuve de Jaciques Auger, marquis de Marbeuf, maréchal(1) Ainsi, deux familles bretonnes concoururent à pré-de-camp, née à Nantes, domiciliée à Champs parer l'avenir de Napoléon, les deux MM. de Marbeuf, (Seine-et-Marne), demeurant à Paris, rue du en le faisant admettre à Brienne, et deux des frères faubourg Saint-Honoré, 47, était âgée de 45 Keralio (voy. Biog. bret., t. II, p. 2 et 3), l'un en lui

l'auteur.

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donnant des leçons de tactique, l'autre en appelant ans, lorsqu'elle fut traduite devant le tribunal l'intérêt du gouvernement sur le jeune élève auquel il révolutionnaire, condamnée à mort, et exécuavait présagé une fortune extraordinaire. tée le 5 février 1794, « comme convaincue d'a

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