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MAH

MAGON de la Villehuchet (NICOLAS-FRANcois), né à Saint-Malo, le 24 octobre 1727, cousin des précédents, les avait précédés sur l'échafaud le 2 messidor an II (20 juin 1794), pour avoir déciamé contre la représentation nationale et traité de monstre sanguinaire l'ami du peuple Marat. Son fils, Jean-Baptiste Magon de Coëtizac, accusé du même crime que lui, partagea son sort. P L...t.

MAHÉ (JOSEPH),

375 Ce dernier, avant son émigration, avait un 224,700 fr. dans la caisse de la marine. Spolié compte ouvert sur les livres de son banquier, | de sa fortune, évaluée à 2,000,000, il partagea, sous le titre d'Assignations sur le trésor du comte comme nous l'avons dit, le sort de son frère. d'Artois. Huit de ces assignations, s'élevant en capital et intérêts à la somme de 2,750,660 fr., se trouvaient dans le portefeuille de Magon de la Balue lorsqu'il périt sur l'échafaud. Le banquier malouin était si attaché à la famille royale que, malgré l'énormité de ce découvert et les incertitudes d'un remboursement, il n'hésita pas à faire parvenir au comte d'Artois, alors à Coblentz, une somme de 600,000 fr. qui fut touchée par les agents du prince. L'envoi de ces 600,000 francs eut lieu à la fin de 1792; c'est assez dire qu'on ne put le constater, ni par un naquit le 19 mars 1760, titre régulier, ni même par une mention sur les à Arz, petite île du Morbihan, située à une lieue livres, et que Magon de la Balue dut se confier et demie de Vannes. Son père, capitaine au caaveuglément au souvenir du prince. Malgré les botage, lui fut enlevé de bonne heure. Cette précautions dont ces diverses opérations furent perte prématurée et la modicité des ressources entourées, Magon ne tarda pas à être incarcéré du jeune Mahé faillirent l'empêcher de contiet traduit devant le tribunal révolutionnaire nuer ses études au collége de Vannes, où il s'ésous l'accusation « d'être le plus cruel ennemi tait déjà fait remarquer parmi les quinze cents > du peuple français; d'avoir, depuis 1789, dé- élèves qui en suivaient les cours. Des mœurs > claré la guerre à la Révolution; d'avoir fourni pures, des goûts sérieux, une propension à la > aux scélérats coalisés contre la patrie les ar- piété et au recueillement, ayant fait pressentir » mes les plus redoutables pour servir leurs pro- sa vocation, il entra au séminaire, et après »jets parricides, etc., etc. » Condamné à mort, avoir terminé son cours de théologie, il fut il fut exécuté le 1er thermidor an II (9 juillet nommé vicaire à Kervignac, et attaché, peu 4794) avec son frère Luc Magon de la Blinaye, après, avec le même titre, à la paroisse de Saintla marquise de Saint-Pern, sa fille; le marquis Salomon de Vannes. Ce fut là que la Révolude Saint- Pern, son petit-fils, âgé de dix-sept tion le trouva environné de la considération puans; M. Erasme-Charles-Auguste Magon de la blique. Pendant tout le temps que les ecclésiasLande, son cousin, et M. de Cornulier, son tiques furent en butte aux persécutions, Mahé, petit-fils, âgé de vingt-deux ans. Mme de Cor- bien que proscrit, ne voulut pas s'éloigner du nulier, enveloppée dans l'accusation, ne fut département qui l'avait vu naître, et il fit dipas condamnée. Les héritiers Magon de la Balue version aux ennuis et aux inquiétudes de sa soayant sollicité, sous la Restauration, le rem-litude, soit en se livrant à l'étude de la musiboursement des 600,000 francs prêtés aux prin- que, où il acquit sans aucun secours une grande ces émigrés, Louis XVIII, ou ses ministres, re- habileté, soit en instruisant les enfants de l'ami poussèrent durement cette réclamation. Elle qui le sauvait au péril de ses jours. Mais si le fut mieux accueillie par Charles X, qui reconnut dévouement actif de cet ami conserva la vie de la dette; mais il n'avait encore rien fait pour Mahé, il ne put aller jusqu'à l'empêcher de suse libérer lorsqu'il fut détrôné en 1830. Après bir, vers la fin de la tourmente révolutionnaire, les événements de Juillet, les héritiers Magon une année de captivité. Quand, en 1802, M. de de la Balue n'eurent plus de recours que sur Pancemont fut nommé au siége de Vannes, il les propriétés du monarque déchu. et en 1832, accueillit favorablement la recommandation que les 600,000 francs furent intégralement payés, Jullien, alors préfet du Morbihan, lui fit de en vertu d'un jugement, sur les bois apparte- Mahé, et le pourvut d'un canonicat. Cette nounant à Charles X. velle position lui laissa des loisirs qui tournèrent au profit de la science. Aussi le vit-on acsique, dessin, mathématiques, langues, littéquérir promptement une érudition variée. Murature, philosophie, histoire, archéologie, il connaissait tout et parlait de tout en homme chez qui l'étude n'avait pas étouffé l'imagination. En 1806, le P. David, ancien religieux de Prières, s'étant démis des fonctions de bibliothécaire de la ville de Vannes, fit agréer pour son successeur l'abbé Mahé, qui fut en même temps nommé aumônier du collége. Ces deux emplois qui, réunis, ne lui procuraient qu'un modique traitement annuel de 800 fr., n'étaient

MAGON de la Blinaye (Luc), Malo, le 15 mars 1745, frère du précédent, - né à Saintcommandait la garde nationale de Saint-Malo, lorsqu'il fut arrêté au mois de janvier 1794, sous prétexte d'intelligence avec les Anglais. On trouva dans sa cave, dit le rapport adressé à la Convention sur son arrestation, 700 louis d'or, vingt-et-un sacs de 1,200 fr. et 130 marcs de vaisselle enfouis à deux pieds sous terre. Les délégués du comité de sûreté générale qui le conduisirent à Paris emportèrent la vaisselle, sept sacs de 1,200 fr., 25 louis d'or, et déposèrent

pas pour lui des sinécures, car ils lui prenaient | moins exactes, des dessins et des plans, puis il la plus grande partie de son temps. Toutefois, brocha sur le tout, Dieu sait comment! Reils ne l'empêchaient ni de poursuivre ses tra- connaissant partout des pierres druidiques, des vaux scientifiques, ni même de suppléer les tumulus, etc., il ne décrit que des monuments professeurs du collége que la maladie éloignait celtiques et ne dit rien de ceux des Romains. momentanément de leurs chaires. Leurs camps sont, à ses yeux, des enceintes Un cumul si peu coûteux et si utile à la ville religieuses des Gaulois. Quant au moyen-âge, de Vannes semblait devoir assurer à Mahé la il n'en parle pas, et l'on est amené à se demanperpétuité de ses fonctions. Il en fut toul au-der s'il savait distinguer le roman de l'ogive. trement. La réaction de 1815 lui ravit son em- Ajoutez que, quoique savant, très-savant mêploi de bibliothécaire et celui d'aumônier. Le me sur certaines matières, il connaissait fort premier fut supprimé à l'instigation de quel-imparfaitement l'histoire de Bretagne et ses ques personnes qui, sous le prétexte d'une dé- sources (1). possession antérieure, réclamèrent et obtinrent Quelques dissidences d'opinion sur la véritad'une administration complaisante la majeure ble situation de l'ancienne capitale de la Vénépartie des livres de la bibliothèque. Ainsi fut tie armoricaine, sur la destination des tumulus anéanti un établissement à l'accroissement du- ou barrows, et sur la statue de Quinipily, déquel Mahé avait puissamment contribué. Quant terminèrent le spirituel et caustique auteur des à ses fonctions d'aumônier, la révocation en fut Lettres morbihannaises, insérées dans le Lycée provoquée par l'ouvrage qu'il publia sous ce armoricain, à entamer avec l'auteur de l'Essai titre Dialogues sur la grâce efficace en elle- une polémique qui commença par la lettre pumême, entre Philocarus et Alélhozète. Paris, bliée dans le tome VII, p. 507 et suivantes du 1818, in-12. Cet ouvrage, où Mahé s'appuyait Lycée. Mahé y répondit dans le tome VIII, p. 120sur les doctrines gallicanes pour réfuter celles 124. Une nouvelle lettre qui se trouve dans le que les Jésuites venaient de professer à Van- même volume, p. 240-250, motiva une réplines dans deux missions récentes, cet ouvrage, que de Mahé, aussi insérée dans ce volume, il l'avait écrit sous la seule inspiration de sa p. 453-458. Cette discussion se termina par une conscience, et peut-être eût-il mieux valu lais-troisième Lettre morbihannaise. (T. IX, p. 80ser tomber de lui-même dans l'oubli un livre 90). Les critiques que renfermaient les Lettres impuissant à ressusciter des controverses d'un morbihannaises portaient plus particulièrement autre temps; l'opinion contraire prévalut. On sur les antiquités monumentales. La partie de vit, ou plutôt on feignit de voir dans Mahé un l'ouvrage qui traitait des mœurs du pays enautre Pascal, et dans ses Dialogues de nou-courut aussi des reproches; on trouva que l'auvelles Provinciales. M. de Bausset, malgré son teur s'était trop complu dans le récit des conesprit de tolérance, ne put s'empêcher de re- tes de sorciers et autres croyances populaires connaître que quelques-uns des reproches adres- qui font le charme des veillées du pays, et que, sés aux Dialogues étaient fondés; dès lors, ce loin de chercher à les déraciner, il semblait s'êfut pour lui un devoir d'en interdire la lecture tre proposé de les propager l'intention conaux jeunes séminaristes, et, par une consé- traire résulte de plusieurs passages du livre de quence naturelle, de retirer à feur auteur ses Mahé, où, s'appuyant sur la physique, il donne fonctions d'aumônier, afin qu'il ne fit pas ger-l'explication de certains phénomènes que la crémer des doctrines erronées dans le coeur des enfants soumis à sa discipline. Mahé souscrivit à la décision de son supérieur ecclésiastique, et arrêta, par la suppression de son livre, le scandale qu'il avait suscité.

dulité a transformés en miracles. M. de Fréminville ayant publié, deux ans après, la première partie de ses Antiquités du Morbihan, Mahé lui adressa une lettre qui se trouve dans le dixième volume, p. 378-390 du Lycée, lettre dans laquelle il combattit plusieurs des opinions émises par cet archéologue. Un extrait de la réponse de M. de Fréminville fut inséré dans le tome XI, p. 97-99 du même recueil. Cette polémique, comme celle avec l'auteur des Lettres morbihannaises, prouve que Mahé, homme du caractère privé le plus aimable, devenait, quand il s'armait de la plume, amer, tranchant, et lourd s'il voulait être plaisant.

Libre désormais de tous devoirs publics, il se livra avec ardeur à ses études favorites. Ce fut quelques années après qu'il publia son Essai sur les Antiquités du Morbihan. Vannes, Galles aîné, 1825, in-8°. (Pl.). L'érudition classique et pédagogique débordé à tort et à travers dans ce livre, et si cette superfétation en était élaguée, il resterait à peine cent pages pour la description des monuments, et encore quelle description! Mahé, nous le tenons d'une source irrécusable, avait très-peu vu de ses propres (1) Cette appréciation du principal ouvrage de l'abbé

yeux, si tant est même qu'il eût rien vu; c'est Male diffère de celle que nous en avons faite, il y a dix au point qu'il n'était pas allé à Carnac. Son ou-ans, dans la Biographie Universelle, t. LXXII, p. 368. vrage lui fut commandé par M. de Chazelles, Mieux éclairé depuis sur la matière, nous ne faisons nulle préfet du Morbihan, et payé par le départe-autorités nombreuses et concordantes, devant la sûreté difficulté de modifier des opinions condamnées par des ment. Il fit alors venir quelques notes plus ou desquelles nous nous inclinons respectueusement.

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Les antiquités nationales n'étaient pas les seules dont Mabé se fût occupé; celles des Grecs et des Romains avaient aussi attiré son attention. C'est ainsi que M. de Penhouët (voy. ce nom), ayant, dans le cinquième volume du Lycée (p. 440), avancé, sur l'autorité de SidoineApollinaire, que les prêtres toscans pouvaient à leur gré, et à l'aide de moyens empruntés à la physique, faire tomber la foudre, cette opinion paradoxale lui attira une réfutation de Mahé, ínsérée, comme la réponse de M. de Penhouët, dans le tome VI du recueil déjà cité.

Mahé faisait d'Homère sa lecture habituelle, non pas tant pour en admirer les beautés littéraiMAHYEUC ou MAYEUC (Le P. YVES), res que pour découvrir, dans la double épopée du prince des poètes Grecs, quels avaient été jus- né en 1462 dans la paroisse de Plouvorn, près qu'à lui les religions, les mœurs, les sciences, Morlaix, fut envoyé de bonne heure par ses les arts des peuples de l'Asie. Le produit de ses parents, marchands aisés, au collége de Saintrecherches à ce sujet forme, sous le titre d'An- Pol-de-Léon. Après y avoir terminé sa philosotiquités homériques, un travail assez volumi-phie, il vint à Morlaix, où un riche bourgeois neux qui n'a pas été publié. Un autre travail lui confia l'éducation de ses enfants. Ce fut en inédit, dont nous ignorons le sort, contenait ce temps-là que le vicaire-général de la congrédes recherches fort curieuses. C'était un recueil gation de Hollande, de l'ordre des Frères Prêd'extraits de tous les auteurs de l'antiquité, où cheurs, envoya seize religieux pour introduire sont rapportés des faits miraculeux, reproduits la réforme dans le couvent du même ordre à et arrangés dans la Vie des Saints bretons. Ainsi, Morlaix. Ces religieux, gouvernés par le frère dans cette espèce de mythologie comparée, le Guillaume du Rest, prieur de Nantes, entrèjaillissement de maintes fontaines ne serait que rent en possession de leur couvent le 27 août la réminiscence, avec variantes, de ce qui se 4484, et s'attachèrent, par leur conduite édipassa quand Moïse frappa le rocher de Raphi- fiante, un grand nombre de prosélytes. L'un dim; la submersion des prétendues villes d'Is des premiers fut Mahyeuc. Il reçut, en 1483, et d'Herbauge figurerait l'engloutissement de l'habit de Saint-Dominique, et montra, pendant Sodome, le poisson de Saint-Corentin la multi-son noviciat, tant d'ardeur et de persévérance, que ses supérieurs s'empressèrent de l'admettre plication des pains, etc. etc. la profession. Peu après, il se rendit à Nantes, où il étudia la théologie pendant quatre ans. Il fut ensuite envoyé dans un couvent de son ordre, à Rennes. La reine Anne, dont il était confesseur, non contente d'accorder toute son estime à cet excellent religieux, lui procura celle du roi Charles VIII, son époux, qui le choisit aussi pour son confesseur, et le Ces travaux, si nombreux et si variés, ne lui nomma aumônier de la reine. La pension confirent jamais négliger l'étude des livres saints. sidérable attachée à ce titre devint le patrimoine Peu satisfait des traductions de la Bible, il avait des pauvres, en faveur desquels le P. Mahyeuc appris l'hébreu, le grec et le syriaque; et le sollicitait sans cesse la reine, empressée de serapprochement des textes de l'Ancien et du conder ses pieuses importunités. Pierre Le Nouveau Testament lui avait fourni les moyens Baud (voy. ce nom), aumônier de cette prind'en faire un commentaire resté manuscrit. cesse, étant mort avant d'avoir pu prendre posAppréciant à leur source les beautés de ce livre session du siége de Rennes, auquel il aurait divin, Mahé en nourrissait son esprit et son été nommé, selon Du Paz, la reine présenta à cœur, les méditait sans cesse, et, même pen- sa place le P. Mahyeuc au chapitre de cette dant ses repas, la Bible hébraïque était toujours ville. Dès qu'il fut informé des dispositions de devant ses yeux. Il avait aussi commencé une la princesse, il courut se jeter à ses pieds, interprétation des Psaumes, et, quand la mort pour la supplier de détourner de lui cette faveur, le frappa, il était arrivé au soixante-seizième. protestant que, si elle persévérait dans sa résoAnimé d'une piété sincère et d'une foi vive, il lution, il prendrait la fuite, et se cacherait si crut devoir, dans un mémoire sur le déluge bien qu'on ne le trouverait jamais. La reine universel, défendre l'autorité des livres saints n'en poursuivit pas moins son élection, qui se fit attaqués par Dupuis, et réfuter, dans des notes à l'unanimité. Le P. Mahyeuc, voyant que ses critiques, la cosmogonie de Bailly. Ces travaux, larmes et sa résistance étaient superflues, receux sur la Bible, sur les Psaumes, et ses re-courut à un innocent, mais inutile artifice; il

T. II.

vier 1507.

MAILLARD (OLIVIER),

prédicateur fa

prétexta ne pouvoir acquiescer à son élection | sont incomplètes; quant à celle du P. de la Rosans le consentement de ses supérieurs; et, afin che, elle est remplie d'indécences. On peut que ce consentement lui fût, refusé, il écrivit consulter encore, au sujet du P. Mahyeuc, le au P. Jean Clareo, vicaire-général de l'ordre, t. IV de l'Histoire des hommes illustres de l'orconfesseur du roi Louis XII, et depuis général; dre de Saint-Dominique, par. le P. Touron, doil le conjura avec toutes les instances imagi-minicain. Paris, Babuty, 1743, 6 vol. in-4°. nables de ne pas permettre qu'il fût élevé à une C'est par les soins du P. Mahyeuc que furent dignité dont le poids surpassait ses forces. Mais recueillies des hymnes et diverses poésies asle vicaire-général, qui connaissait sa piété et cétiques de Marbode ou Marbœuf, l'un de ses ses talents, lui ordonna de se soumettre à son prédécesseurs au siége de Rennes. Ce recueil, election, et le P. Mahyeuc, par obéissance, ac-publié par Raoul Besiel, parut sous ce titre : cepta ses bulles d'institution, datées du 29 jan-Liber Marbodi, quondàm nominatissimi præsulis Rhedonensis (scilicet hymni et alia poemata), Dans la première année de son pontificat, la ex recensione Radulphi Besiel. Rhedones, per ville de Rennes fut affligée d'une maladie pes- J. Baudouyn, primum et unicum calcographum tilentielle; pendant tout le temps qu'elle dura, et impressorem ejusdem civitatis, etc., 1524, il s'acquitta avec une assiduité et un dévoue-in-4° goth., aujourd'hui fort rare et recherché ment sans bornes de tous les devoirs de son mi- des curieux. Le P. Beaugendre, religieux de nistère. Constamment au chevet des malades. la congrégation de Saint-Maur, a revu cette ne songeant nullement à se préserver de la con- collection sur les manuscrits, et l'a fait réimtagion, il ne se bornait pas à administrer les primer à la fin des œuvres de Hildebert, archesecours spirituels, sa libéralité venait encore vêque de Tours. P. L.... soulager l'indigence. Quelques années après, voulant remédier au relâchement qui s'était introduit dans la discipline du couvent de Notre-meux du xv siècle, naquit en Bretagne. On ne Dame-de-Bonne-Nouvelle, de Rennes, il ap- peut préciser ni le lieu ni l'époque de sa naispela auprès de lui quelques religieux distin-sance (1). Fort jeune encore, il vint étudier à gués par leur piété, et les chargea de rétablir Paris dans la Faculté de décret (la Sorbonne), et la régularité et de fortifier l'amour de l'obser- y prit le bonnet de docteur. Après être entré dans vance dans ce couvent. Les obstacles qu'il é-les Cordeliers de l'ordre des Frères mineurs conprouva à cette occasion, loin de le rebuter, le ventuels, il passa plus tard dans celui des Obdéterminèrent à étendre à tout son clergé, tant régulier que séculier, les bienfaits de la réforme. Il eut besoin de la faveur et de l'appui du roi François Ier et de la reine Claude, pour faire revivre la régularité dans l'abbaye de SaintGeorges de Rennes, dont les religieuses avaient contracté des habitudes un peu mondaines. Ce fut ce saint évêque qui mit sur la tête du dau-reprises, de 1487 à 1499. les fonctions de comphin François, en 1532. la couronne ducale de Bretagne qui, depuis, n'a plus servi à personne. Ce fut lui aussi qui, le 15 septembre 1541, posa la première pierre de l'église cathédrale de Rennes, à la construction de laquelle il contribua libéralement. Le 20 du même mois, il mourut à sa maison de Brutz, dans la trente-cinquième année de son épiscopat et la soixante-dix-neuvième de son âge. Une délibération des Etats de Bretagne, provoquée le 6 décembre 1638, par Mgr. Cornulier, évêque de Rennes, sollicita sa canonisation. Bien que cette demande n'ait pas reçu d'exécution, il n'en est pas moins vénéré à l'égal d'un saint dans le diocèse de Rennes. Une vie du P. Mahyeuc a été publiée par Rechac de Sainte-Marie, dominicain, dans l'ouvrage intitulé: Les Vies et actions mémorables de trois des plus signalés religieux en sainteté et vertu, de l'ordre des Frères Prêcheurs de la Bretagne; du B. Yves Mahyeuc; du B. Alain de la Roche; du P. Pierre Quintin. Paris, Cl. Le Beau, 1644, in-12; ibid., 1664, in-12. La vie du P. Mahyeuc et celle du P. Quintin | tère d'Yvignac.

servantins, dont la règle sévère convenait mieux à son caractère. S'étant voué aux travaux apostoliques, il prêcha avec un certain retentissement dans les chaires de Nantes et de Poitiers. La prédication, bien qu'elle fût sa principale occupation, ne lui ferma pourtant pas l'accès des dignités de son ordre, où il exerça, à trois

missaire ou vicaire-général. Maillard, très-versé dans la théologie et le droit canonique, ainsi que l'attestent ses sermons, enseigna ces sciences dans plusieurs couvents de son ordre. Il fut prédicateur de Louis XI et du duc de Bourgogne, puis confesseur de Charles VIII. Il fut en outre mêlé aux affaires politiques de son temps. Nommé, par Innocent VIII, légat auprès du roi de France, dans le but d'en obtenir l'abolition de la Pragmatique, il échoua, malgré son adresse; mais il n'en continua pas moins ce rôle de négociateur pour l'étranger. Investi de la confiance de Charles VIII, et vendu pourtant, a-t-on dit, au roi d'Aragon, il réussit à

(1) L'Annuaire des Côtes-du-Nord de 1848, partie historique, p. 64, fixe le lieu de sa naissance à Yvignac. Ce recueil s'est sans doute fondé sur une tradition qui a cours dans cette commune, où il existe un bois appelé le Bois du Cordelier. Ce bois, qui aurait bien pu être nommé ainsi en commémoration de notre prédicateur appartenait encore, pendant le siècle dernier, à une famille Maillard, dont un membre établit une confrérie à laquelle il donna la maison et les dépendances du presby

faire rendre le Roussillon à Ferdinand, sans qu'il voulut. Il paraît même qu'il n'en devint qu'il remboursât les cent mille, écus qu'avait pas plus circonspect à l'égard des têtes couronpayés Louis XI pour la cession de cette pro- nées, car, lors de la dissolution du mariage de vince. La conduite de Maillard dans cette af- Louis XII, il prêcha contre lui dans l'église de faire souleva plus d'un blâme, ce qui donna lieu Saint-Germain-en-Grève, et proclama Jeanne à Du Bellay de dire de lui, dans ses Mémoires, la seule vraie et légitime reine de France. qu'il était un homme apparent de grande sanctimonie, mais de grande hypocrisie au fond. » De Thou lui donne, en propres termes, les noms de traître et de scélérat. En regard de ces accusations, que l'on a quelques raisons de croire tout au moins exagérées, l'équité commande de placer la justification de Maillard, insérée dans le Martyrologium Franciscanum, p. 298, et dans les Annales minorum, t. XIV, p. 452, et t. XV, p. 392.

par le roi, de cesser leurs chants. Quand ils avaient fini un cantique, ils en recommençaient aussitôt un autre. De guerre lasse, les commissaires se retirèrent, ainsi que le prévôt et le gouverneur de Paris, qui étaient venus, avec cent archers, leur prêter main-forte. Le lendemain, l'évêque d'Autun revint avec le procureur général au Grand-Conseil, et, après quelques pourparlers, les moines changeant de batterie « se mirent à pleurer et douloir tant piteusement », que l'évêque se laissa attendrir, et chargea vingt-quatre cordeliers, pris dans les couvents de Blois, Bourges, Autun et Amboise, de pratiquer la réforme, «et, ce fait, frère Oli» vier Maillard, avec ses cordeliers, fut hon» teusement mis hors dudit collége et hué d'un » chacun. »>

Venu à Paris, en 1504, avec cinquante autres cordeliers de l'Observance, pour introduire la réforme dans le grand couvent de son ordre, Maillard, bien qu'assisté des évêques d'Autun et de Castellamare, nommés par le légat du pape, ne put réussir dans sa mission. Les Chroniques de Jean d'Auton, publiées (18341835) par le bibliophile Jacob (t. II, chap. 34), nous font connaître les ruses et les obstacles que lui opposêrent ses confrères. Quand les réAnimé d'un vif désir d'épurer les mœurs de formateurs se présentèrent, les moines descenson temps, Maillard n'épargnait pas plus les dirent le Saint-Ciboire, le placèrent sur le grand grands que le peuple. Le P. Nicéron cite autel et se mirent à entonner force hymnes et (t. XXIII, p. 53-56), des fragments de ses ser-cantiques. Vainement leur fit-on défense, de mons, où il s'exprime avec la plus grande hardiesse contre les distributeurs d'indulgences, qu'il appelle nettement des voleurs et qu'il envoie à tous les diables; dans d'autres, il s'élève contre les gens de justice, dont il dévoile toutes les ruses, et contre les femmes mariées, qu'il représente, dans une piquante allégorie, comme composant facilement avec la fidélité conjugale. Parmi les traits de hardiesse qu'on cite de lui, nous nous bornerons à indiquer les deux suivants. Un jour qu'il prêchait devant le Parlement de Toulouse, ayant pris pour texte le Mauvais juge, il ne se fit pas faute d'allusions fort transparentes contre deux de ses auditeurs. Il y eut grande rumeur au Palais, et l'on mit en délibération d'arrêter l'audacieux prédicateur. L'affaire en vint au point que l'archevêque fut obligé d'intervenir et de lui interdire la chaire pour quelque temps. Maillard se soumit sans murmure à ce châtiment canonique, et, entraîné par un repentir sincère, il alla se jeter aux genoux des magistrats offensés; puis, dans cette humble posture, il leur parla si éloquemment du pécheur endurci, que les deux conseillers se démirent de leur charge et en- Voltaire, qui appelle Maillard un arlequin en trèrent dans un couvent. Une autre fois, s'é-surplis, n'a pas peu contribué à accréditer l'otant attaqué à Louis XI lui-même, il en fut pinion que, comme Menot. le prédicateur bremenacé d'être cousu dans un sac et jeté à la ri-ton avait parlé dans la chaire un jargon barbare, vière. << Dis à ton maître, répartit vivement Mail> lard au messager du roi, que je serai plus tôt > en paradis par eau que lui avec ses chevaux » de poste », faisant ainsi allusion aux relais de poste que Louis XI venait de créer. Cette réponse a fait l'objet du quatrain suivant de Josse Badius, inséré au titre CI de son Navis stul tifera, et rapporté par Lacroix du Maine :

Quidam notus homo, cum propter libera verba,
Submergendum undis censeret rex metuendus:
Dic, ait, hoc regi: per aquas maturiùs altos
Advehar ad cœlos, per equos ac ipse volantes.
La menace du roi n'eut pas de suite. Maillard
continua de prêcher tant qu'il voulut et tout ce

Maillard survécut peu à cette mésaventure; il mourut, le 13 juin de l'année suivante, au couvent de Sainte-Marie-des-Anges, près Toulouse. Son corps, d'abord inhumé dans l'enceinte du chapitre du couvent de Barcelone, fut transféré, six ans après, dans une chapelle construite en son honneur.

mêlé de latin et de français à doses à peu près égales. « Leurs sermons, a-t-il dit, étaient pro» noncés moitié en mauvais latin, moitié en » mauvais français. De ce mélange monstrueux » naquit le style macaronique; c'est le chef» d'œuvre de la barbarie. Cette espèce d'élo» quence, digne des Hurons et des Iroquois, » s'est maintenue jusqu'à Louis XIII. » M. Géruzez (Nouveaux Essais d'histoire littéraire), a démontré que cet arrêt, s'il ne doit pas être entièrement réformé, doit du moins être singulièrement atténué. Expliquant le mélange des deux langues dans les sermons de Maillard, il a prouvé que ce mélange, plus rare d'ailleurs chez Mail

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