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louanges de Dieu, à l'abri des importuns. La à Paris. Cachées avec d'autres reliques dans le vénération et la confiance qu'il avait inspirées Jardin du séminaire, en 1793, elles en furent devinrent des obstacles à l'accomplissement de retirées en 1797, et placées dans le massif du ses souhaits les uns venaient lui demander maître-autel de l'église de Saint-Jacques-dudes conseils, les autres des aumônes ou des Mont-Pas, où elles restèrent jusqu'en 1835, prières. L'affluence devint bientôt telle, qu'afin qu'on les renferma dans une belle châsse de de s'y soustraire, il forma le désir de se réfu- bois doré. On ne put reconnaître alors à quels gier dans un désert. Mais Budoc le détourna saints appartenaient précisément les diverses de ce projet, et il était résigné à continuer la parties de ces précieux restes, parce qu'un sévie dont il ne pouvait s'affranchir, quand un jour de quatre ans en terre en avait détruit les riche seigneur, guéri par ses soins et son in- titres; mais on eut la certitude qu'elles étaient tercession, lui témoigna sa reconnaissance par authentiques. Aussi l'archevêque de Paris, voule don de la moitié d'une terre dans l'île de lant solenniser cette découverte, officia-t-il luiJersey, don qui aurait promptement été suivi lui-même pontificalement dans l'église de Saintde celui de l'autre moitié de cette terre. Jacques, le 25 octobre de la même année. Dom Le P. Albert Le Grand, voulant expliquer Mabillon a inséré, dans le tome Ier de ses Actes ces dons, cite à cette occasion des miracles que bénédictins, la vie de saint Magloire, et dans D. Lobineau, moins crédule, rejette avec rai- le tome III de ses Analectes, l'histoire de la son. Cette explication était d'ailleurs superflue, translation des reliques du même saint, ouvrapuisque les îles de Jersey et de Guernesey, ayant ges bien différents sous le rapport de la comété données par le roi Childebert à saint Sam-position; car, au jugement de D. Rivet, l'auson, pour qu'elles appartinssent à perpétuité, teur de la Vie est un conteur de fables et de ainsi que plusieurs autres îles du littoral de la puérilités (auquel nous n'avons eu aucun égard Normandie, au monastère de Dol, tout don par- pour la rédaction du présent article), tandis que tiel était, sinon impossible, du moins sans ob- l'historien des reliques est un écrivain plein de jet. Quoi qu'il en soit, Magloire vint à Jersey mérite et de bonne foi, digne enfin de l'abbaye avec soixante-deux religieux, et y bâtit un mo- de Lehon, dont on croit qu'il était religieux. nastère où il s'imposa, jusqu'à sa mort, les plus On trouve aussi ces deux ouvrages parmi les rudes austérités. Il fut enterré dans ce monas- manuscrits de la Bibliothèque impériale (nos 837 tère, d'où son corps, renfermé dans une châsse et 5283). On peut, en outre, consulter la vie de d'argent doré, fut apporté, dans le IXe siècle, saint Magloire dans les recueils d'Albert Le à l'abbaye de Lehon. Il y resta jusqu'en 973, Grand, D. Lobineau, Baillet et Butler; mais il que Salvator, évêque d'Aleth, afin de le sous- convient de dire que le premier de ces légentraire aux Normands qui envahissaient la Bre- daires s'est fait l'écho fidèle des fables dont tagne, en s'y livrant à toutes sortes de profana- saint Magloire a été le sujet. P. L...t. tions, emporta les reliques de saint Magloire et de saint Samson à Paris, et les déposa dans la MAGNANNE ou MAIGNANNE (ANNE chapelle du palais où Hugues Capet fonda un mo- SANZAY, comte de la), -fameux partisan et nastère de l'ordre de saint Benoît, sous l'invo-abbé séculier de Lantenac, né dans le xvIe siècation de saint Barthélemy, apôtre, et de saint cle, appartenait à l'illustre maison de Sanzay, Magloire. Cette chapelle ne conserva pourtant originaire du Poitou, qui portait pour armes qu'une partie des reliques de saint Samson et de Saint-Magloire, ainsi que de celles de dix-sept autres saints bretons qui y avaient été transportées en même temps, car Hugues Capet permit ensuite aux Bretons d'en emporter chez eux des portions. Une partie de celles de saint Magloire fut rapportée dans la cathédrale de Dol. Les chanoines réguliers qui étaient dans la chapelle de Saint-Barthélemy, furent transférés dans celle de Saint-Nicolas, située dans l'intérieur du palais. Mais, en 4438, les religieux de saint Magloire, qui se trouvaient trop à l'é- dier (Bibliothèque française, t. III, p. 411) mentionne (1) C'est ce René de Sanzay ou son pèro que Duvertroit et trop près du palais, se transportèrent comme auteur de deux harangues qu'il aurait prononau faubourg Saint-Jacques, dans la maison voi-cées en qualité d'ambassadeur, la première devant le Pape sine de leur ancien cimetière, et dont l'abbaye France; la seconde devant le roi de Portugal, après le sac Paul IV, contre les calomnies qu'on mettoit sus au roi de de Lehon devint un prieuré. Le revenu de celle fait par les François de l'isle de Madère, en la mer Athlande Saint-Magloire, de Paris, fut réuni, en 1564, tique. Icelles deux harangues contenues au volume des mià l'évêché de cette ville, et en 1620, l'église fut litaires de Belleforest. - Le même René de Sanzay était, donnée, avec les bâtiments, aux prêtres de dit Le Laboureur, un gentilhomme savant dans l'art militaire, aimant les lettres et l'histoire. Il composa avec l'Oratoire, qui devinrent dépositaires de la por-Jean Le Ferron, roi d'armes de France, une généalogie tion des reliques de saint Magloire conservée de cinquante degrés des Sanzay.

d'or à trois bandes d'azur à la bordure de gueules, qui est Poitou; à l'écusson en abyme, échiqueté d'or et de gueules, qui est Sanzay, et pour devise: Sanzay sans aide.

René Ier, son père, chambellan et pannetier ordinaire des rois François Ier et Henri II, épousa Renée du Plantys, dont il eut cinq fils et deux filles. René II (1), le premier de ses fils, s'attacha particulièrement à la personne du connétable de Montmorency, qui l'appelait son

-

P. L...t.

cousin; il était chevalier de l'ordre, ainsi que | res, rançonnant les prisonniers, et renchéristous ses autres frères, capitaine de cinquante sant, ainsi que son compagnon le sire de Bozehommes d'armes, pannetier ordinaire et cham-ron, sur les cruautés commises, l'année précébellan du roi, capitaine-général du ban et ar- dente, à la Roche-Bernard, par du Quengo. rière-ban de France, intendant des fortifica- Pendant les six années suivantes, il habita tions, capitaine et gouverneur, pour Anne de Nantes, et prit une part active aux démêlés qui Montmorency, des château, ville et comté de s'élevèrent entre son frère et la communauté Nantes. Il fut le premier à se qualifier comte de la ville. Impérieux, taquin et entêté, René de Sanzay et vicomte héréditaire de Poitou. A de Sanzay s'était rendu suspect à la ville, qui la bataille de Saint-Denis, en 1567, il combat- voyait en lui un obstacle à ce qu'elle pût s'aftit à côté de Montmorency, qui mourut entre franchir de l'autorité royale, et au roi Charses bras. (Voy. Mémoires de Castelnau, publiés les IX, à qui l'on avait porté, dès 1570, des par Le Laboureur, t. II, et Ronsard, Epitaphe plaintes contre les deux frères, dont la fidélité de Montmorency.) Le quatrième fils de René Ier lui semblait douteuse. Le corps de ville pensait fut Charles de Sanzay, seigneur d'Ardaine, que La Magnanne, qui ne cessait de battre le dont nous dirons quelques mots plus loin. pays, sous prétexte d'aller à la découverte des La Magnanne était le cinquième fils du comte protestants, pourrait, s'ils le payaient bien, de Sanzay. Il commença sa carrière militaire passer de leur côté, et les seconder dans leur par une expédition contre les corsaires barba-projet de prendre le château de Nantes. Il fut resques. Ses débuts ne furent pas heureux. Un donc résolu de l'éloigner en employant la douboulet de canon lui enleva un bras, et il fut fait ceur, la violence pouvant tout gâter. Facilement prisonnier. Emmené captif à Alger, il devint la propriété du grand-prêtre de la mosquée principale; parmi les femmes du harem de ce personnage, il y en avait une qui distingua le jeune esclave, s'en fit aimer et l'aima. A la faveur de Vers 1580, nous voyons La Magnanne au cette intrigue, qui dura pendant tout le temps nombre des députés de Nantes et de Vannes, de la captivité de La Magnanne, sans que le se- élus pour examiner les cahiers de la réformacret fût éventé, il put trouver les moyens de tion de la Coutume arrêtés en avril et mai préne pas abjurer, et passa, aussi doucement que cédent : il y est qualifié de capitaine et gouverpossible, le temps de son esclavage. Il en em-neur de l'île de Noirmoutiers. Nous ne doutons porta des souvenirs qui, plus tard, servirent à égayer la cour, comme le rapporte Brantôme, qui parle longuement des amours de La Magnanne. (Discours Ir sur les Dames de son temps.)

accessible à l'orgueil et à la cupidité, il accepta, moyennant cent pistoles d'or, la mission ď’aller en cour avertir le roi des menées des protestants.

pas que c'est à cette occasion qu'il fut mis à la Bastille, par ordre de Henri III, pour certains brigandages qu'il était accusé d'avoir commis sur terre et sur mer. Il y resta un an environ, recouvra la liberté par le crédit de M. de Molac, son ami, et obtint comme retraite la jouissance des revenus de la riche abbaye de Lantenac, au diocèse de Saint-Brieuc.

Racheté par ses parents et par le connétable de Montmorency, son parrain, La Magnanne revint en France. Nous avons tout lieu de croire qu'il s'attacha alors au connétable, et que ce Véritable oasis dans un pays de landes, Lanfut par son crédit qu'il devint chevalier de l'or- tenac avait excité la convoitise d'un partisan dre et gentilhomme ordinaire de la chambre du protestant, Hervé de Kerguezangor, ancien roi. Nous croyons aussi que c'est de lui qu'il gouverneur des enfants du duc de Rohan. est question dans l'Histoire du Languedoc, où Tombé dans la disgrâce de ce prince, il s'était il est dit (t. V, p. 266, et Pr.. col. 484) que. retiré à son manoir de la Villaudrain, résolu à le 15 janvier 1555, le roi chargea le sieur de arrondir, aux dépens des papistes, ses domaines, Sanzay, gentilhomme de sa chambre, et son se- qui comprenaient la Villaudrain, Launay-Mur crétaire Desfontaines, d'aller réformer des abus et la Villenorman. Un jour donc de l'an 1565, en Languedoc et d'y établir la paix. Après la il se rendit à Lantenac, accompagné de deux mort de son protecteur, il paraît avoir rejoint de ses gens, et, sans se donner la peine de desson frère René, qui, en 1555, avait été nommé cendre de cheval, il contraignit l'abbé Jean par le connétable, alors capitaine et gouver- Fabri à signer, sur la selle même de l'audaneur de Nantes, sous-lieutenant en cette ville, cieux visiteur, un acte par lequel lui et son fils au lieu et place de Claude de Bois - Dauphin, Claude étaient reconnus par Fabri pour ses proseigneur de Tholligny. cureurs dans l'administration des biens de l'abEn 1569, nous le trouvons à la Roche-Ber-baye. Or, cette administration consistait à chasnard, faisant aux protestants tout le mal possi-ser tous les religieux, à s'établir dans le moble, pillant les églises et les maisons particuliè- nastère, à en percevoir tous les revenus comme s'ils avaient appartenu au prétendu procureur. et à dilapider les archives au profit des amis

(1) Histoire ecclésiastique de Bretagne, depuis la réfor des huguenots. Cet état de choses dura cinq

mation jusqu'à l'édit de Nantes, par Ph. Le Noir, seigneur de Crevain, etc., p. 153.

ans environ. Il revint alors aux oreilles du Par

lement de Rennes que dix marchands de cette » et bat en retraite; d'Aubigné le poursuit jusville, passant par Cadellac, avaient été volés, » qu'à Rom, où il fait faire halte à son infanpuis égorgés par ordre de la dame de Villau-» terie; mais, à deux heures de la nuit, il se drain. Des soldats furent envoyés pour se sai- » met, avec quatre-vingts chevaux, aux troussir des coupables: on les chercha inutilement à » ses du régiment de La Magnanne, qu'il laisse Lantenac, mais on les trouva à la Villaudrain,» à Couhé. Les capitaines de d'Aubigné lui ou ils soutinrent un siège de quelques heures.» conseillent alors de ne pas tenter avec si peu Hervé de Kerguezangor et sa femme furent de monde de déloger La Magnanne de ce conduits et jugés à Rennes; celle-ci fut déca- » bourg. Sur leur avis, il ordonne le retour; pitée, mais le mari prévint ce supplice en s'em- » pour lui, avec sept autres compagnons d'arpoisonnant. Leur fils Claude fit tout ce qu'il» mes des plus déterminés, il se dérobe dans les put pour conserver la jouissance des biens de» ténèbres, va donner dans la première barriLantenac, qui avaient été saisis par le roi; mais » cade de Couhé, force le corps-de-garde, des lettres-patentes de Charles IX, datées de» laisse une douzaine de morts sur la place, et Fougères, le 25 février 1570, les rendirent à » vient rejoindre sa cavalerie. On apprit le lenl'abbé Jean Fabri. » demain que tout ce régiment de lígueurs s'é» tait débandé.

Tout fait supposer que jusqu'en 1582 les moines ne purent reprendre possession de Lantenac. A cette époque, l'abbaye fut donnée à Mathurin Denechaut ou Denechac, qui institua La Magnanne son mandataire, en vertu d'une procuration qui nous semble simulée. En effet, il résulte de plusieurs actes de procédure conservés aux archives des Côtes-du-Nord, que Le Magnanne était vraiment commendataire de l'abbaye, et nous ne voyons Deschenau figurer en cette qualité que dans un seul acte, daté du 5 juillet 1585.

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La Magnanne resta ainsi à guerroyer pendant près de deux années hors de Bretagne; nous le voyons de retour à Lantenac à la fin de 1587. Pendant son absence, il perdit sa femme, morte dans le courant de cette année à l'abbaye de Lantenac, où elle avait obtenu l'autorisation de résider pour changer d'air, à raison de la maladie dont elle était affligée, et aussi pour éviter les maladies contagieuses qui étaient près des maisons. Aussitôt qu'elle eut rendu le dernier soupir, plusieurs de ses parents vinrent, à la tête d'une centaine d'hommes, pour s'emparer de son mobilier, sur lequel les scellés avaient été mis; ils pillèrent ce qui était dans le monastère, et, pour les faire déguerpir, il fallut un arrêt du Conseil du 4 mai 1587.

Ce fut vers cette époque que La Magnanne épousa Marie de Tuomelin, veuve du baron de Penmarch, et dame du Bourouguel, en Plouigneau. De 1582 à 1585, il resta à la Chèze, où il s'était fixé. Ses soldats étaient casernés dans l'abbaye, où ils menaient joyeuse vie; on au- L'année suivante, La Magnanne quitta son rait pu croire que les huguenots de la Villaudrain abbaye, où il paraît n'avoir fait que de courtes étaient de retour. Les bois étaient coupés, l'église apparitions jusqu'en 1595. Il avait autre chose servait d'écurie, le réfectoire avait été transformé à faire que de bivouaquer avec ses soldats dans en salle d'armes, puis en étable; les bâtiments une abbaye. En effet, catholiques et protestants tombaient en ruines sans que l'on songeât à les se battaient dans le Poitou, et tout porte à croire entretenir; La Magnanne et ses compagnons que La Magnanne s'était empressé d'aller prenemployaient les revenus autrement qu'en répa-dre rang dans les troupes royalistes. En 1589, il fut envoyé à Rennes, par Henri III, vers Vers 1585, il reçut l'ordre de se transporter Jacques de Lesquen, seigneur du Plessis-Tuhen, en Poitou avec son régiment. Il quitta Lante- pour annoncer à ce dernier qu'il eût à recevoir nac, et, laissant sa femme à la Chèze, il alla les troupes du prince de Dombes, que le roi rejoindre l'armée catholique, qui était alors à venait de nommer son lieutenant-général en Niort sous les ordres de Jean de Chources, sei-Bretagne, avec mission d'enrayer les succès gneur de Malicorne, gouverneur du Poitou. du duc de Mercœur, maître de Rennes, de FouNous empruntons à M. Briquet (Histoire de gères et de Vitré. Niort, t. Ier, p. 297), quelques détails sur cette campagne.

rations.

D

En 1594, nous voyons La Magnanne revêtudu titre de capitaine de la noblesse, ports, havres << Malicorne, dit-il, fait sortir de Niort les et côtes de l'évêché de Lantréguier. A ce titre, régiments de Villeluisant et de La Ma-il se plaignait de ce que les capitaines des pla>> gnanne pour charger les réformés qui osaient ces de Guingamp, Bréhat, Paimpol et la Roche>> tenir la campagne; le premier s'arrête à Saint- Jagu se permettaient d'empiéter sur son autorité, » Gelais, le second se rend à Melle. D'Aubi- en s'ingérant du faict de navigage, charge et » gné, connaissant ces dispositions, part de descharge et visite des vaisseaux qui abordent >> Rahecq à minuit; il prend d'abord le chemin aux havres dudict evesché, en percevant des » de Saint-Gelais, puis change de route, et se impositions et levées de deniers sur les mar>> dirige vers Melle pour y surprendre La Ma-chandises entrant et sortant, et en forçant les » gnanne. particuliers à aller travailler aux fortifications

A son approche, ce ligueur quitte la place des places ci-dessus mentionnées. Dans un con

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seil de guerre, tenu le 3 décembre, le prince de | dans sa lettre, que M. de Mercœur, auquel il MAG Dombes donna raison entière à La Magnanne, était dévoué, et qui avait toute confiance en lui, sous la seule condition qu'il aurait à prévenir les lui avait prescrit de venir rafraîchir ses troupes particuliers qui devraient venir travailler deux jours par mois aux fortifications de Guingamp. Dans l'intervalle de 4591 à 4593, La Magnanne se fit ligueur, très-probablement parce que Olivier Pavye, seigneur de Kerhallec, avait été nommé gouverneur du pays de Tréguier. Dans cette même année 1593, il prit part à une expédition où il joua un rôle sur lequel les chroniqueurs ne s'accordent pas. Selon quelquesuns, La Magnanne aurait rejoint La Fontenelle près de Roscoff, pour piller le pays, que les gens de guerre appelaient le Petit Pérou, à cause des riches profits qu'y faisaient ces brigands. D'autres, au contraire, et de ce nombre est le chanoine Moreau, pensent qu'il livra à La Fontenelle, près de Pont-Plancoët, un sanglant combat, à la suite duquel ce dernier fut obligé de se retirer. Cette seconde version, la plus authentique selon nous, amène tout naturellement à reconnaître que, si La Magnanne agissait ainsi, c'était, soit afin de défendre une prise qu'il voulait garder pour lui-même, soit en vertu d'ordres secrets du duc de Mercœur. En effet, il n'etait plus royaliste, puisque nous trouvons une lettre du maréchal d'Aumont dans laquelle il dit à du Liscoët que, pour la quatrième fois, il l'engage à charger et tailler en pièces La Magnanne et ses troupes, qui font tant de ravages et de ruines par où elles passent. (D. Mo-de Rosampoul, gouverneur du château de Morrice, Pr., t. III, col. 4574.)

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Ce redoutable partisan était, en effet, entré sonne, il accourut pour l'aider dans sa vigoulaix, assiégé par le maréchal d'Aumont en perdans la Basse-Cornouaille, entre Châteauneuf reuse défense. Il partit de Saint-Pol-de-Léon. et Châteaulin; il avait pris le Faou, et y était et, chemin faisant, se chargea encore de butin resté quatre jours, occupé à piller le pays. Il et mit en déroute une troupe nombreuse de allait même marcher sur Châteaulin, quand il paysans. Mais les ligueurs étaient en minorité s'aperçut que les ponts étaient coupés et les dans la ville, la seule qui tint encore pour passages gardés par le sieur de la Villeneuve et l'Union, dans l'évêché de Léon, et, à son arles paysans, qui semblaient résolus à se défen- rivée devant la porte de Marallac'h, il la trouva dre vigoureusement. En traitant ainsi en pays fermée, et fut réduit à camper au faubourg des ennemi une partie de la Bretagne toute dévouée Brebis; puis, quand le maréchal d'Aumont fut au duc de Mercœur, et qui avait à peine souf- entré dans la ville, et que Rosampoul se fut refert de la guerre civile, il travaillait évidem- tiré dans le château, il y pénetra avec ses quament pour son propre compte et non pour l'U-tre cents hommes. Le château ayant capitulé le nion. Dans cette équipée, il fit prisonniers deux 21 septembre, Rosampoul et La Magnanne regentilshommes des environs du Faou, les sieurs joignirent Mercoeur à Quimper; mais le marédu Bot en Quimerc'h; pour acquitter leur ran-chal d'Aumont, craignant qu'ils n'excitassent çon, ils se virent obligés de vendre leurs terres, les habitants à une trop longue résistance, exiqui ne rentrèrent dans leurs familles que près gea leur prompt éloignement. d'un siècle plus tard. Longues années après, on montrait encore, eux environs de Quimerc'h, un camp retranché ayant la forme d'un parallélogramme qui dominait le pays. Les habitants de la contrée prétendaient qu'il avait été tracé et établi en une nuit par La Magnanne.

Cependant, il fallait, à tout prix, que ses troupes passassent la rivière. Ne pouvant y parvenir par la force, il tenta la ruse et réussit. Il écrivit à Charles du Liscouet, évêque de Quimper, pour lui demander le passage; il exposait,

resta, baillant des fermes et percevant des diLa Magnanne revint alors à Lantenac et y mes, jusqu'à ce qu'il eût recouvré la liberté en payant 2,000 écus, qui furent affectés à la rançon des trois capitaines royalistes Court, Courle seigneur de la Boblinaye, capitaine de cent sinet et de la Martinière, faits prisonniers par chevau-légers pour le duc de Mercœur. La Magnanne chargea son frère Charles de Sanzay. sieur d'Ardaine et de Saint-Jouan, et chevalier de l'ordre, de remplir cet engagement en son

nom. Dans l'acte du 2 juillet 1595, il est qua- MAGNET, peintre sur verre, fit, avec
lifié de chevalier de l'ordre, capitaine de cin-Robin, en 1648, 1652 et 1653, des vitraux dans
quante hommes d'armes des ordonnances et le chœur de la cathédrale et de la chapelle de
colonel des arquebusiers à cheval du duc de Saint-Yves, à Tréguier, ainsi que nous l'ap-
Mercœur.
prend M. Anatole Barthélemy, dans un mémoire
soumis au congrès de l'Association bretonne,
tenu à Saint-Malo, au mois de septembre 1849.
P. L...t.

La Magnanne, ayant ensuite rassemblé cinq cents hommes, battit de nouveau le pays, et, après avoir mis à contribution maintes places, où il laissa des hommes à lui dévoués, il s'em

para de Quintin, qui n'était pas gardé, mais les membres se sont fait remarquer par leur
MAGON, famille de Saint-Malo, dont tous
que reprit bientôt le sieur de Kergomar, gou-charité et leur générosité.
verneur de Guingamp, accouru avec Erlach et
ses Suisses. La Magnanne et sa bande, pour-
suivis jusque dans le château, furent réduits à
capituler, sans autre condition que la vie sauve
et la liberté. Tous les bagages, le butin et les
armes tombèrent au pouvoir du gouverneur de
Guingamp.

MAGON de la Gervaisais,-mort à Paris,
sans postérité, le 8 avril 1683, a laissé une mé-
moire bénie des pauvres auxquels il avait, de
son vivant, distribué plus de 400,000 livres d'au-
mônes secrètes. Il avait, en outre, consacré
50,000 livres aux besoins de la cathédrale de
Après cet échec, l'histoire de La Magnanne Saint-Malo, et établi plusieurs fondations pieu-
devient assez obscure et perd de son intérêt. Le ses. Son testament du 30 octobre 1674 et son co-
Journal de Jean Pichart D. Morice, Pr., III, dicille du 1er mai 1680 contenaient près de 60,000
col. 1748), semble indiquer qu'au commence- livres de legs pieux et la constitution d'une rente
ment d'avril 1596, il était aux environs de Mor- perpétuelle de 5,400 livres destinée à doter des
laix, occupé à enlever Primer au sieur de Goes-
laix, occupé à enlever Primer au sieur de Goes-filles orphelines, à apprendre des métiers aux
briand. Il disparaît ensuite et semble s'être re-
tiré dans son fief du Bourouguel, où il serait garçons orphelins, et à faire des distributions
mort ignoré. Il posséda en commende l'abbaye
annuelles aux pauvres les plus nécessiteux.
de Lantenac jusqu'à la fin de mai 1602, époque MAGON de la Gervaisais (ALAIN), -en-
où le roi délivra des lettres-patentes par les-seigne aux gardes en février 1693, parvint au
quelles il nommait Guillaume de La Carrière grade de lieutenant-général, le 1er mars 1738,
économe, pour percevoir les fruits de l'abbaye. et mourut à l'âge de soixante-quinze ans, le
Deux ans auparavant, le visiteur de l'ordre de 28 avril 1748. Un autre Magon de la Gervai-
Saint-Benoît avait présenté une requête au Par-sais (Nicolas) parvint aussi au grade de lieute-
lement pour faire saisir les revenus du monas- nant-général, le 20 février 1743, et mourut le 6
tère, attendu que La Magnanne ne tenait pas août 1765, âgé de quatre-vingt-six ans.
sa promesse d'y entretenir quatre religieux et
un cuisinier. La seule mention qu'on trouve
ensuite de ce partisan se rencontre dans une
requête par laquelle l'abbé de Lantenac deman-
dait (16 décembre 1624) l'autorisation d'être
représenté à la levée des scellés apposés au
Bourouguel, chez La Magnanne, pour qu'il pût
vérifier s'il ne s'y trouvait pas des titres pro-
venant de l'abbaye. Depuis long-temps, on le
regardait comme mort, puisque, dès les pre-
mières années du XVIIe siècle, Brantôme, qui
semblait ignorer que son ancien ami le cheva-
lier de Sanzay et La Magnanne fussent un seul
et même personnage, regrettait en ces termes
la mort prématurée de notre terrible partisan :
Le chevalier de Sanzay, de Bretagne, un très-
honnête et brave gentilhomme, lequel, si la
mort n'eût entrepris sur son jeune âge, eust été
un grand homme de mer, comme il avoit un très-
bon commencement; aussy en portait-il les mar-
ques et enseignes; car il avoit eu un bras em-
porté d'un boulet de canon, en un combat qu'il
fil sur mer, etc.
Ale de B. (4).

(1) Cette notice est résumée d'un travail approfondi et rempli d'intéressantes recherches, que son auteur avait déjà publié sous ce titre : Anne de Sanzay, comte de La

Voy. aussi LA GERVAISAIS.

MAGON de la Lande (JEAN), cousin des
précédents, mort subitement, le 18 juillet 1709.
à l'âge de soixante-huit ans, dans l'église de
Saint-Benoît, aux pieds de son confesseur, qui
venait de lui donner l'absolution, suivit l'exem-
ple de son grand-oncle. Entre autres monu-
ments de sa libéralité, nous citerons l'acte du
25 septembre 1694, par lequel, de concert avec
Laurence Eon, son épouse, il donna la somme
de 15,200 livres pour augmenter les revenus
de l'Hôpital-Général, et surtout les fonds des-
tinés à l'entretien des Filles-Repenties.

MAGON de la Balue (JEAN-BAPTISTE)
né à Saint-Malo, le 22 septembre 1713, était, en
1789. banquier de la cour et du comte d'Artois.

Magnanne, abbé séculier de Lantenac, par A. Barthelemy.
ancien élève de l'Ecole des Chartes, de la Société des anti-
quaires de France, etc. Saint-Brieuc, Guyon frères, in-8°
de 34 p. Pour réduire ce travail aux proportions d'une
notice appropriée au cadre de la Biographie bretonne,
M. Barthélemy en a retranche des détails et des docu-
ments qui, sans concerner spécialement La Magnanne.
aident à bien faire connaitre le mouvement politique et
religieux de la Bretagne à la fin du xvr siècle. P. L...t.

.

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