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1664; le second est intitulé: Contextus scien- | Daniel Couppé, ministre. Poitiers, 4630, in-8°. tiæ divinæ, et le troisième: Philocalia et ana- C'est une réfutation des attaques dont l'ouvrage lecta. Cet ouvrage, estimé principalement en précédent avait été l'objet, dans celui que puce qui regarde la théologie dogmatique, se dis- blia Couppé sous ce titre: Anti-Léon, ou Rentingue par un grand fonds de science et d'éru- versement des colonnes philistines; c'est-à-dire dition, beaucoup d'ordre, de clarté et une Réponse à l'ouvrage en sept colonnes du P. Léon, excellente latinité. XVI. Medulla sapientiæ carme, par lequel il attaque la religion prétenuniversalis, seu libellus aditialis, qui præfi- due réformée. Saumur, 4630, in-8°. XXIX. gitur tomo primo Studii sapientiæ universalis L'Entrée du ciel trois fois ouverte à saint Paul, cui preludit hæc Medulla, quasi introductio. dans lequel on propose des maximes généraParisiis, 1657, in-fo. XVII. Epistolæ selectæ, ad les de la vie morale, spirituelle et mystique diversos. Romæ, 4664, in-8°. XVIII. Instructio dans l'esprit et la vérité. Paris, 4633, in-8°. catholica adversus heterodoxos. 1661, ibid. in-8°. XXX. Avant-Goût du Paradis, ou Méditation XIX. Aurum optimum: Contextus evangelicus sur l'amour divin. Paris, 1634-1640, in-8°, et J.-C. vitam uno quatuor evangelistarum calamo 1653, in-46. XXXI. Lettre circulaire_adressée describens. 1669, in-8°. XX. De Theologiæ chris- aux religieux carmes de la province de Touraine. tianæ or tu, progressu, variisque ætatibus et in- Orléans, 1635, in-4°. XXXII. La Constance de crementis diatriba. Parisiis, incæpta, in-fo. Nous l'esprit. Paris, 1636. XXXIII. La Couronne des n'avons trouvé dans aucune bibliographie ni dans Saints, composée de différents panégyriques. aucun catalogue de traces de la publication de Paris, 1637, 1639, 1640, 1642, in-8°. XXXIV. cette histoire de la théologie, que nous pensons Le Pontife innocent, ou Sermon du B. François être restée manuscrite. XXI.Oratio funebris emi-de Sales, évêque de Genève. Paris, 1637, nentissimi Armandi Joannis cardinalis Plæssæi, XXXV. Méditation sur la Croix: De la Direcducis Richelii, regis Ludovici XIII administri tion particulière; Réflexion sur la sainte Croix; primarii. Parisiis, 1643, in-4°. XXII. Oratio fu- de l'Egalité de l'esprit ou de l'âme; de la Connebris eminentissimi Julii S. Roman. ecclesiæ fession sacramentelle. Ces cinq opuscules fucardinalis Mazarini. Romæ, 1664, in-4°. Le rent imprimés séparément à Paris, 4638, in-8°. P. Lelong mentionne (Bibliothèque historique, XXXVI. Histoire de sainte Anne. Paris, 1639, p. 743, 714, nos 13948 et 13980), mais sans faire in-8°. XXXVII. Instruction catholique pour disconnaître l'auteur, cette oraison funèbre qui, tinguer infailliblement la vérité du mensonge comme la précédente, fut écrite en latin, en fran- en matière de religion. Poitiers, 1647, in -4°: çais et en espagnol. XXIII. La Vie de la bienheu- XXXVIII. Oraison funèbre du R. P. Joseph Lereuse Marie-Magdeleine de Pazzi, de Florence, clerc, capucin. Paris, 1649, in-4°. XXXIX. Pareligieuse carmélite de l'ancienne observance. Poi-négyrique de saint Louis, roi de France, prétiers, 4627, in-8°. La même, Paris, 1634 et 1636. ché à Rome dans l'église de Saint-Louis. Rome, Le P. Daniel de la Vierge Marie ( t. II, p. 440 et 1648, in-4°. Jean Marquier, prêtre breton, en 448 de son Speculum carmelitanum) nous ap- publia, la même année, une traduction italienprend que le P. Léon avait traduit aussi en latin ne. XL. De l'Attention à la sainte Messe: Prinla Vie de sainte Madeleine, composée en ita-cipes de Perfection; Philosophie chrétienne; lien par Vincent Puccini, son confesseur. XXIV. Oraisons mystiques; Formulaire des Supérieurs. La Vie de la très-illustre et vertueuse Françoise Ces cinq ouvrages furent imprimés séparément d'Amboise, jadis duchesse de Bretagne et reli- à Paris, 1649, in-12. XLI. Histoire de l'Hostie gieuse de l'ordre de la glorieuse vierge Marie-du-miraculeuse de Paris. Paris, 1653, in-46; ibid., Mont-Carmel, dédiée à Henri, duc de la Tré-1664, in-24. (Fig.) M. de Montépin en a publié mouille. Paris, 1634, in-8°; ibid., 1669, in-12. une nouvelle édition. Paris, 1753, in-42. XLII. XXV. Abrégé généalogique des deux illustres Journal de ce qui s'est passé à la maladie et à maisons de la Trémouillé et d'Amboise. Paris, la mort du cardinal de Richelieu, et les derniè4634, in-8°. Cet abrégé sert de préface à la pre-res paroles qu'il a proférées. Paris, 1642, in-4°. mière édition de la Vie de Françoise d'Amboise. XLIII. Lettre du P. Séraphin de Jésus (masque XXVI. L'Alliance de la Vierge touchant les du P. Léon) à M. le marquis de Fontenay-Mapriviléges du saint Scapulaire des Carmes. Cet reuil, ambassadeur du roi T.-C. au Pape Uropuscule, réimprimé plus de quarante fois, à bain VIII, sur la mort du cardinal duc de RiParis et ailleurs, eut, dans son temps, une chelieu. Paris et Lyon, 1642, in-4°; réimprimé grande vogue, due particulièrement à ce que sous ce titre : Lettre à M. le marquis de FonLouis XIV, dont le P. Léon était alors prédi- tenay-Mareuil sur le trépas du cardinal de Ricateur, voulut recevoir le saint Scapulaire des chelieu, avec les traductions latine, italienne et mains de l'auteur lui-même. XXVII. Les sept espagnole. Paris, 1650, in-12. XLIV. Avis sinColonnes de la sagesse incarnée qui soutiennent cères et charitables de François-Irénée sur les le temple des sept principales vertus de la di-Questions de la Predestination et la Fréquente vine Eucharistie contre les hérétiques. Poitiers, Communion. Paris, 1643, in-8°. Le célèbre Ar4629, in-8°. XXVIII. La Réponse de celui qui est nauld répondit aux Avis par la Lettre d'un docattendu, ou Apologie contre l'Anti-Léon deteur en théologie sur un livre intitulé : Senti

ments sincères et charitables, par François-\fait chevalier de Notre-Dame-de-Mont-Carmel Irénée, lettre mentionnée dans la Table géné-et de Saint-Lazare-de-Jérusalem, dédié à rale des Ecrivains ecclésiastiques, t. V, col. 834. Louis XIV. Paris, 1664, in-24. LX. La vie de XLV. Trois Vérités fondamentales pour l'ins-Jésus-Christ, tirée des quatre Evangélistes. truction de très-illustre Henriette de Coligny, Cet ouvrage, que la bibliothèque des Carmes comtesse de Suze, à la foi catholique. Paris, attribue au P. Léon, sans indication de nom 4653, in-46. XLVI. Traité de l'Eloquence chré- d'imprimeur, de lieu et de date d'impression, tienne : la Morale chrétienne; Méthode de la Sa- semble présenter, quant au titre, une certaine gesse et de l'Eloquence universelle; neuf Scien- analogie avec l'article XIX, cité précédemces générales divisées en neuf tables; l'Image de ment. LXI. Jésus sur son trône, enseignant une la Sagesse, avec une Idée générale des Sciences. seule et vraie religion contre les athées et les Ces opuscules, imprimés en divers volumes in- idolâtres. Lyon, 1665, in-fo. LXII. La Somme 8° et in-12 (Paris, 1654), ne contiennent pres- des sermons parénétiques et panégyriques. Paque rien qui ne se trouve dans l'Encyclopedia ris, 1674-4675, 4 vol. in-fo. C'est le recueil de præmissum ou dans le Studium sapientiæ uni- tous les sermons du P. Léon; on y retrouve versalis. On peut en dire autant de l'ouvrage qui plusieurs des ouvrages qu'il avait publiés sépafait l'objet de l'article suivant. XLVII. L'Aca- rément, tels que le traité de l'Eloquence chrédémie des Sciences et des Arts, pour raisonner tienne, la Couronne des Saints, l'Année royale, de toutes choses et parvenir à la sagesse univer- la France convertie, etc., etc. LXIII. Enfin, le selle. Paris, 1679, in-12. XLVIII. L'Avent ca- P. Léon fut l'éditeur d'un ouvrage du P. Théotholique, ou pratiques solides et dévotes pour phile Raynaud, dans lequel ce jésuite avait nous préparer à la venue du Messie. Paris, 4688, réuni tous les témoignages qu'il croyait suscepin-12.XLIX. L'Année royale, ou Sermons préchés tibles de prouver la réalité de la vision de Stock, devant LL.MM. TT.-CČ., avec un Traité de l'E- par suite de laquelle ce général des Carmes loquence de la Chaire. Paris, 1655, 2 vol. in-8°. avait institué la confrérie du Scapulaire, pour L. Méthode abrégée pour apprendre facilement le honorer d'une manière spéciale la mère de Dieu. latin, par le sieur du Tertre. Paris, 1650, in-12 L'ouvrage édité par le P. Léon parut sous ce (voy. Tumulus Naudæi, p. 128); 2o édition, sous titre Scapulare partheno-carmeliticum illusce titre Méthode universelle pour apprendre tratum et defensum à R. P. Theophilo Rayfacilement les Langues. Paris, 1652, in-12.naudo, soc. J. theologo. Parisiis, 4653, in-8°. Le LI. La politesse de la langue française, pour P. Raynaud l'inséra lui-même dans le t. VII de parler purement et écrire nettement, par N. Fr., ses œuvres, sous le titre de Scapulare stochiaprédicateur et aumonier du Roi. Paris. 1656, num illustratum et defensum, titre qu'il lui donne 3e édit., ibid., 4664; 3 édit., Lyon, 1668, in- encore dans le catalogue de ses ouvrages, placé 12. Le nom de l'auteur se trouve sur le fron- aux pages 70 et 71 du t. XX du recueil complet tispice de l'édition de Lyon, qui, sans doute, de ses œuvres, publié à Lyon, en vingt volun'a pas été connu de Goujet, puisqu'il a cru mes in-folio, de 1665 à 1669. A cette occasion que les initiales N. Fr. signifiaient Noël Fran- le P. Raynaud exhale toute son indignation çois. (Voyez sa Bibliothèque française, t. XI, contre le P. Léon, qu'il accuse d'avoir mutilé p. 425.) Če volume ne renferme que des parties et dénaturé cet opuscule; d'y avoir fait des inde l'ouvrage publié par le même auteur, sous terpollations; d'avoir altéré jusqu'au titre du le nom de du Tertre, en 1650 et 1652. LII. Mé- livre même; d'avoir commis enfin une foule de ditation du saint amour de Dieu, 1653, in-12. fautes grossières. Bayle rapportant (t. III, LIII. Théologie mystique. Paris, 1654, 2 vol.p. 2424) les paroles du P. Raynaud, dit que in-8°. LIV. Les Heures de la Sainte Vierge, avec ces reproches s'adressaient à un carme qu'il l'exercice de la Journée chrétienne, particuliè- appelle Leo, et qui n'est autre que Jean Macé, rement pour les dévots qui portent le saint Sca- ou Léon de Saint-Jean. P. L...t. pulaire. Paris, 1655, in-12. LV. Le vrai serviteur de Dieu; Éloge du R. P. Antoine Yvan, LEON DE VANNES, capucin, s'attaprétre provincial, fondateur des religieuses de cha, quoique né en Bretagne, à la province de la Miséricorde. Paris, 1654, in-12. LVI. Let- Paris, et s'acquit, comme prédicateur, une rétre funèbre sur la mort de la présidente Molé. putation justifiée par le recueil de ses sermons, Paris, 1653, in-8°, publiée, comme le remar-publié sous le titre suivant: Secunda Nativitas que le P. Le Long (Bibl. hist., p. 66, no 4509), domini J.-C., complementum primæ; id est, avec les Méditations du saint amour de Dieu. Conversio animæ formata super exemplar VerLVII. La vie de la vénérable mère Marie de bi incarnati. Namnetæ, 1635, et Parisiis, 1637, Saint-Charles, religieuse de sainte Elisabeth 3 vol. in-8°. P. L...t. (la baronne de Veuilly). Paris, 4674, in-8°. LVIII. La France convertie, ou la vie de saint LEON (LOUIS DE), né à Rennes le 6 janDenis l'Areopagiste, avec un abrégé des Anti-vier 1848, était le sixième et dernier enfant quités de la célèbre abbaye de Montmartre, d'une des familles les plus honorables de la proche Paris. Paris, 1661, in-8°. LIX. Le par- Bretagne. Son père, homme nourri des plus

fortes études, fut son précepteur jusqu'en se--poésie qui se sont fait lire dans le déluge de vers conde. Il finit avec de grands succès sa rhéto- dont la littérature était alors inondée. On y disrique et sa philosophie au collége royal de Ren- tingue tout d'abord une grande originalité de nes. Dès lors, Louis de Léon se fit remarquer pensée et d'expression, beaucoup de nerf en par ses brillantes qualités. Homme sérieux et même temps qu'un vif amour de la vérité, de connaissant à fond les sujets qu'il traitait, lors- la justice et de la poésie. Nous avons relu bien qu'il causait avec les vieillards; avec les femmes souvent Mon Enterrement, pièce mélancolique et les jeunes gens, il était pétillant d'esprit. et singulière, dont on devine le sujet; la TraChaque mot devenait sur ses lèvres une pi-gédie du monde, poème satirique et mordant, quante saillie. Aussi fut-il recherché à l'excès ou Louis de Léon s'élève quelquefois jusqu'à la dans les salons de Rennes, qu'il savait égayer plus haute éloquence, et qui a donné son nom et charmer. Ces succès ne le détournèrent pas au volume lui-même; Napoléon, pièce remplie des travaux de l'intelligence; vrai poète, il ai- de vers heureux, et plusieurs autres un peu inmait à composer des vers charmants, qu'il a férieures, mais où le poète de talent se laisse rassemblés dans un volume intitulé: La Tra- encore deviner. Il ne manquait à Louis de Léon gédie du monde. La tournure de son esprit et ses que de s'écarter de Barbier et de Musset, et d'être études le portaient aussi vers l'histoire, la po- un peu plus lui. Le roman que l'auteur devait litique et les questions sociales. Dévoué aux publier lorsque la mort est venue le frapper, est idées légitimistes, il savait discuter avec me- une étude de mœurs très-spirituelle. La Dame sure et courtoisie, et ses adversaires politiques de cœur (c'est le titre de cet ouvrage), eût été ne pouvaient s'empêcher de prédire à ce jeune très-remarquée. Les chapitres eux-mêmes sont homme une belle carrière. A la fin de 1842, plaisamment intitulés : De la Femme et de Louis de Léon se rendit à Paris, et y fit en peu la manière de s'en servir. — De l'Amour et des de temps la connaissance de nos célébrités litté- Remèdes à y apporter. De l'Utilité du proraires Alfred de Vigny, Th. Gautier, Emile et chain dans le monde, etc.- La famille de Léon, Antony Deschamps, etc., admirent le poète ren-pressée par quelques amis de faire paraître cette nais dans leur cénacle et l'engagèrent à publier œuvre, a résisté à toutes les instances. Elle ses vers. La Tragédie du monde trouva un édi- croit que la Dame de cœur ne suffirait pas pour teur et fut imprimée dès le commencement de placer l'auteur au rang qui lui est dû, et elle 1843. Tous les journaux de Paris et de la Bre-préfère ne pas lui élever ce piédestal. tagne s'empressèrent d'en rendre compte, et Louis de Léon laisse encore un drame ébauadressèrent de gracieux éloges à l'auteur, qui ché, les Irlandais, où il dépeint l'oppression était alors plongé dans la douleur. Louis de qui pèse sur les catholiques de la Verte Erin, Léon, rappelé à Rennes par une lettre de son et salue d'une voix éloquente le grand libérateur frère aîné, y arriva à la hâte et y reçut le der- O'Connell. L'auteur de la Tragédie du monde, nier soupir de son père. Son âme sensible fut comme on le voit, n'est pas de ces écrivains qui attérée de cette perte si douloureuse, et sa santé jettent tout leur feu dans leur premier livre. s'en ressentit. Après avoir donné à sa famille Aussi, peut-on dire que sa mort a été une véritatout le temps convenable, il résolut de retour-ble perte pour la littérature et pour la Bretagne. ner à Paris pour y faire imprimer et publier un M. de la Durantais et M. Charles Labitte, roman dont nous parlerons plus loin, et pré-qui lui aussi est mort à la fleur de l'âge et du senter au Vaudeville une petite bluette origi- talent, ont écrit deux touchantes notices sur nale et piquante; mais le retard apporté par Louis de Léon. Nous les recommandons aux l'expert dans les partages entre les frères obli- amis du poète. Celle de M. Labitte a paru dans gea Louis de Léon à retarder son voyage jus- la Revue de Paris (juin 1843), et a, depuis, qu'à Pâques. Ce terme expiré, il fit ses prépa- été imprimée à part. (Paris, H. Fournier, 1843, ratifs, arrêta sa place à la diligence, mais ne in-8°). partit pas. La fièvre typhoïde sévissait alors à Nous ne voulons pas quitter la plume sans Rennes; il en fut atteint et succomba après adresser nos vifs remerciements à M. Ange de vingt-et-un jours de maladie et dix d'un horri-Léon, qui a bien voulu nous communiquer tous ble délire. Il tomba sur le seuil de la célébrité. les renseignements nécessaires sur son mal(14 mai 1843). heureux frère, dont la place était marquée dans la Biographie bretonne. F. S-ln-r.

LE PAYS (RENĖ) (1),—sieur du Plessis-Villeneuve, naquit à Fougères (2) vers 1634, et

Louis de Léon eût été, sans nul doute, un des hommes littéraires les plus remarquables de notre époque. Les ressources infinies de son esprit lui eussent permis de s'attaquer directement à l'histoire et au roman; la poésie lui eût servi d'introduction, et il l'eùt négligée pour des (1) La Biographie universelle (t. XXIV, p. 209) fait remarétudes sérieuses. La Bretagne a perdu celui de quer que René Le Pays a signé L.-C. Le Pays dans ses Nouvelles Euvres. Nous ne voyons pas trop ce que cela prouve, ses enfants qui eût peut-être le plus honoré sa puisque son acte mortuaire porte le nom de René. Peutmère. La Tragédie du monde ( Paris, Charpen-être avait-il d'autres prénoms. tier, 1843, in-18), est un des rares volumes del

(2) En établissant formellement que Le Pays est né à

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fut, selon toute apparence, baptisé à l'église de rent pour la première fois en 1644. à Grenoble,
Saint-Léonard. M. Léon Maupillé, notre colla- et furent réimprimés la même année à Paris.
borateur, de recherches en recherches, est ar- à Lyon, à Leyde, à Amsterdam et à Cologne.
rivé à conclure que René Le Pays était le se- Ce livre, recueil de lettres et de vers, eut un
cond fils de Denys Le Pays, sieur de la Brima- immense succès, que le goût du temps fait ai-
nière (en Normandie, d'où cette famille était sément comprendre: on aimait alors Voiture;
originaire), et de Marguerite Lefeuvre. Après on admirait ces phrases contournées, ces idées
avoir fait de bonnes études au collége de La Flè- fausses, ce style maniéré; aussi accueillait-on
che, se trouvant dans une position de fortune avec enthousiasme ce qui ressemblait au mo-
plus que médiocre, Le Pays partit pour Paris, dèle ingénieux qu'on présentait à tous les écri-
afin d'y chercher un emploi. Après quelques vains. Il faut le dire pourtant, Le Pays a plus
démarches, il fut placé dans les finances, et en- de naturel que Voiture; chez lui, on sent
voyé d'abord à l'armée d'Espagne. Revenu en moins l'effort et le travail: ce sont de vérita-
France à la paix des Pyrénées, il fit en Angle-bles lettres, pour la plupart. Nous avons lu avec
terre, en Flandre et en Hollande, divers voya-plaisir la lettre XXXVIIe du livre Ier, où il rend
ges dont on trouve dans ses œuvres des rela- compte d'un bal ridicule, et quelques autres qui
tions superficielles quant aux descriptions, mais
écrites d'un style enjoué et facile. Bayle en fait
une violente critique dans son Dictionnaire his-
torique. (T. III, art. Pays (René Le).

Le Pays revint en Bretagne dans sa famille,
et y tomba gravement malade: ses parents,
qui désiraient qu'il restât au milieu d'eux, pro-
fitèrent de son état pour lui arracher, pour ainsi
dire, une promesse de mariage; à peine guéri
il oublia ce qu'il avait promis, et retourna à Pa-
ris. C'est de cette époque que date sa fortune.
Nommé directeur-général des gabelles de la
Provence et du Dauphiné, il usa des quelques
loisirs que lui laissait sa position au profit de
ses travaux littéraires. Presque tous ses ouvra-
ges ont été publiés à Grenoble, et c'est à ce ti-
tre qu'Allard le classe parmi les écrivains du
Dauphiné.

Ses Amitiés, Amours et Amourettes, paru

Fougères, nous ne prétendons pas imposer notre convic-
tion sans l'accompagner de preuves suffisantes. Suivant
quelques-uns, Le Pays serait né à Nantes en 1636: à l'ap-
pui de cette opinion, on peut citer Moréri (t. VIII, p. 149,
édit. de 1759), M. J. Le Boyer dans le Lycée armoricain
(t. V. p. 414), M. Léon Maupillé (qui depuis a changé d'a.
vis) dans sa Notice historique sur Fougères (p. 509). Ces
différents auteurs, sans donner de preuves, affirment que
Le Pays est né à Nantes. L'un d'eux, M. Le Boyer, dit
en note: Je ne sais pourquoi Lefort de la Morinière,
dans sa Bibliothèque poétique, le fait naitre à Fougères.
Nous ne savons pas davantage pourquoi M. Le Boyer le
fait naitre à Nantes. Voici nos preuves: 1° Tous les frè-
res et sœurs de Le Pays sont nés à Fougères, de 1631 à
1649; leurs actes de naissance ont été retrouvés, et si
celui de René n'a pu l'être, c'est que les registres de la
paroisse Saint-Léonard, qu'habitait sa famille, manquent
de 1631 a 1635; 2° dans une lettre écrite par Le Pays au
marquis de Bois-Février, qu'il appelle son voisin, il lui
annonce l'intention de se retirer dans sa petite maison de
Beaucé, bourg situé à trois quarts de lieue de Fougères;
3 des lettres-patentes de comte palatin, datées du 21 dé-
cembre 1672, délivrées par le Pape Clément X à la fa-
mille Le Pays, de Fougères, à la suite d'un voyage que l'un
d'eux avait fait à Rome, où il s'était distingué par sa piété,
ses connaissances littéraires, etc., mentionnent Gilles Le
Pays, sieur de la Brimanière, et Julien Le Pays, sieur
du Plessix, le premier frère aîné, le second frère puiné
de René. Si tout ce que nous venons d'avancer ne prouve
pas jusqu'à la dernière évidence que René Le Pays est
né à Fougères, cela établit toujours en faveur de notre
opinion de très-fortes probabilités..

traitent de sujets satyriques. Les sujets amou-
reux sont ceux qu'il touche avec le moins d'es-
y apparaît, accompagnée de cette teinte d'exa-
prit; la bizarrerie quintessenciée de son modèle
gération qui appartient à tout copiste. Quoi
qu'il en soit, les Amitiés, Amours et Amou-
rettes, eurent un tel succès que plusieurs da-
mes vinrent, chez le libraire Serey, demander
comment était fait l'auteur. Le Pays ayant ap-
pris cela, envoya à l'une de ces dames, la du-
chesse de Nemours, son propre portrait : cette
pièce est très-curieuse, en ce sens qu'elle fait
connaître l'homme physique; c'est un mélange
de prose et de vers assez agréable, qui acheva
Le Pays n'échappa malheureusement pas à
sa réputation de galant écrivain (1).
Le Pays, sans mentir, est un bouffon plaisant,
verve de Boileau. On se rappelle ces vers:
Mais je ne trouve rien de beau dans ce Voiture.
(Satyre )..

Le Pays prit ces plaisanteries en homme de bon sens, et écrivit à ce sujet une lettre badine à l'un de ses amis, nommé Du Tiger: «Si tous les auteurs qu'il (Boileau) a attaqués, dit

(1) En tête d'une édition des Amitiés, Amours et Amourettes, que nous avons sous les yeux, nous trouvons un assez grand nombre de pièces laudatives dont voici des échantillons :

Celui dont nous tenons cet agréable ouvrage,
En souffrant qu'on le mette au jour,
Parmi les beaux esprits acquiert cet avantage
L. P. D. C.
Qu'en donnant ses Amours il gagne leur amour.

J'ai veu de tes Amours l'agréable tableau,
J'ai leu plus d'une fois ton excellent volume,
Et je te puis jurer que, contre ma coutume,
Plus je l'ay repassé, plus je l'ai trouvé beau.
Mais pour écrire ainsi, de quel charme nouveau,
Amy, de quel secret se sert ta docte plume?
Dys-moy d'où peut venir le beau feu qui l'allume?
Ce n'est point d'Apollon, ny du Sacré Coteau,
Car pour moy j'ay souvent invoqué le Parnasse,
Et cependant ma veine est froide comme glace:
La muse toute seule est un faible secours.
Voyant en tes écrits plus de grâces nouvelles,
Je conclus que l'amour a tiré de ses ailes
TIGER.
La plume qui te sert à peindre tes Amours.

Qui peut m'enlever tout mon bien.
Hélas! ce tout n'est presque rien;

Mais ce rien m'était tout, et tout perdre est sensible;
le perds et pourquoi ? Pour m'être associé
D'un homme qui montrait de sages apparences.
Ila, ce faux prudent, dissipé vos finances.
Pour lui dois-je être châtié?

D'un innocent ayez pitié;
votre âme à la justice en tout temps est ouverte :
Vous ou moi nous perdrons; consultez votre cœur :

Qui de nous deux dans un malheur
Peut mieux supporter une perte?

il, ne font son éloge, ils achèveront de se décrier. Pour moi, qui n'ai pas sujet d'en être satisfait, puisqu'en passant il m'a donné quel-Je ques atteintes, je ne cesse pas de louer la main d'où vient le coup, et même d'en publier partout l'adresse. » Un des commentateurs de Boileau nous apprend à quel point Le Pays se conduisit en galant homme « Il fit plus..... étant lui-même à Paris, il alla voir Despréaux et soutint toujours son caractère enjoué. Boileau fut d'abord embarrassé de la visite d'un homme qu'il avait mis en droit de se plaindre; mais il dit pour toute excuse à Le Pays qu'il ne l'avait nommé dans la satyre que parce qu'il avait vu des gens qui le préféraient à Voiture. Le Pays passa facilement condamnation sur Quelque oublié que soit aujourd'hui Le Pays, cette préférence, et ils se séparèrent bons amis.»il mérite néanmoins une notice consciencieuse. (Notes de Brossette sur la 3e satyre.) Son talent le place beaucoup au dessus des La Serre, des Bonnecorse, des Linière, avec qui il est confondu; c'était un homme d'esprit et de cœur qu'on ne doit pas mépriser.

Linière fut toujours en querelle avec Le Pays. Ce dernier lui dit un jour : « Vous êtes un sot en trois lettres.»-« Et vous en mille que vous avez écrites, répliqua Linière. »

En 1668, il fut admis à l'Académie d'Arles, la seule qui existât alors en Provence. La lettre de remerciment qu'il adressa à cette Académie est bien tournée : elle est datée de Grenoble, le 12 juin 1668. (Lettre XXXIX du ler liv. des Nouvelles OEuvres.)

Peu de temps après, il tomba malade; le chagrin usa son organisation, et il mourut, le 30 avril 1690, dans une maison de la rue du Bouloy; ses restes furent déposés à Saint-Eustache.

M. Le Boyer raconte à son sujet une anecdote assez plaisante que nous rapportons ici.

Le prince de Conti s'étant un jour écarté de son équipage de chasse, vint à une auberge où se trouvait notre poète, et demanda à son hôte s'il n'y avait personne chez lui. On lui répon Le duc de Savoie, à qui il avait dédié l'un dit qu'il y avait un galant homme qui faisait de ses ouvrages, le décora de l'ordre de Saint-cuire, dans sa chambre, une poularde pour son Maurice, en 1670. Le Pays fut fait chevalier diner. Le prince y monta, et trouva Le Pays ocde la main du marquis de Damiens, dont les cupé à parcourir des papiers. Celui-ci, qui ne condeux fils lui servirent de parrains. Il sollicita naissait pas le prince. ne se leva point, et lui une commanderie qui pourrait lui rapporter un répondit: « La poularde n'est pas cuite, et elle revenu considérable. «D'ailleurs, écrit-il à l'un n'est destinée que pour moi. » Le prince soutint de ses parrains, on fera taire, en me faisant qu'elle était cuite, et Le Pays qu'elle ne l'était commandeur, mille gens ridicules qui me vien- pas. La dispute s'échauffait, lorsqu'une partie nent faire des questions impertinentes sur la de la cour du prince arriva. Le Pays alors le recroix que je porte. Il y en a d'assez sots pour me venir dire: « Combien, mon cher monsieur, gagnez-vous tous les ans à porter cette croix? Je vous avoue qu'alors je ne sais que leur répondre. » Nouvelles OEuvres, 2e partie, livre I, Lettre XLIII, p. 112. datée de Grenoble le 21 mai 1670.)

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pieds du prince, en lui disant à plusieurs reconnut, quitta ses papiers et courut se jeter aux prises: « Monseigneur, elle est cuite, elle est cuite!» Le prince se divertit de cette aventure, et dit au poète, avec bonté : « Puisqu'elle est cuite, il faut la manger ensemble. » (Lycée armoricain, t. V, p. 417.)

Le Pays administra les gabelles avec une ir- On doit à Le Pays les ouvrages suivants : réprochable probité. Dévoué au service du roi, I. Amitiés, Amours et Amourettes. Grenoble, il ne mérita jamais que des éloges. Malheureu-1644, in-12. II. Zélotide, histoire galante. Pasement pour lui, un fripon, en qui il avait eu confiance, détourna des deniers publics; il fut déclaré responsable, et vint à Paris pour se défendre. Il adressa au roi ce placet en vers: Mon petit bien n'est pas un fief impérial;

N'attaquez jamais de bicoque
Indigne d'un siége royal;

Subjuguez tout le Rhin, la gloire en sera grande :
La justice le veut, votre droit le demande;
Ce sont des coups dignes d'un roi :
Prenez sur l'Empereur, prenez sur la Hollande :
Mais, Sire, au nom de Dieu, ne prenez rien sur moi.
Il perdit son procès; néanmoins il envoya au
roi un nouveau placet:

Sire, je l'ai perdu ce procès si terrible

ris, 1665, in-12. III. Nouvelles OEuvres. Paris, 1672, 2 vol. in-12, et Amsterdam, Abr. Wolfgank, suivant la copie de Paris, 1674, 2 vol. in-12. Dans ces Nouvelles OEuvres, nous trouvons une lettre très-curieuse (XXVI, II' partie, livre II), intitulée: Titres de noblesse de la Muse amourette, à Monseigneur du Gué, conseiller ordinaire du Roi, etc. Le Pays, craignant d'être poursuivi comme faux noble, écrivit à M. du Gué cette lettre, où il prouve la noblesse de sa muse, issue de celle de Voiture: il en conclut qu'il est gentilhomme et bon gentilhomme; il faut avouer que c'est fort ingénieux. IV. Le Dé| mêlé du Cœur et de l'Esprit. Paris, 1688, in

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