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château, où l'on enseigne la science mystique | tenait, soit de son assistance personnelle, soit et la pratique des vertus. Du chasteau d'irréli- des aumônes qu'elle recueillait pour eux. Elle giosité placé en face, le démon fait jouer ses fut inhumée, suivant ses désirs, au bas de l'écanons, c'est-à-dire les suggestions mondaines glise de Plouaré, où sa tombe a long-temps été et charnelles qui parviennent à faire de grosses visitée avec des témoignages de vénération par brèches à l'une des tours du château chrétien, les habitants des pays environnants, qui avaient celle de l'oraison. Pendant ce temps, le Che-conservé le souvenir de ses bonnes œuvres. valier Errant, aux prises avec deux femmes, mal vouloir et sottise, échange les pièces de

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sœur des précé

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son armure contre une chemise appelée lassi- LE NOBLETZ (ANNE), vité, une fraise nommée gourmandise, le pour-dents, se consacra plus particulièrement à une point du mauvais désir, etc., et essuie mille vie sédentaire et contemplative. Animée du mêmisères jusqu'au moment où la Grâce de Dieu, me esprit de charité que son frère et sa sœur, sous les traits d'un pauvre, vient le retirer du elle le mit en pratique dans la commune de bourbier où il est plongé pour le rejeter sur un Plouguerneau, où elle veillait au soulagement lit de douleurs. Les fièvres et coutumes vicieuses de toutes les infortunes. Elle fut enterrée dans qui l'entourent semblent résolues à ne pas là-l'église de Plouguerneau, ainsi qu'elle l'avait cher leur proie; mais un ange, armé de la verge ordonné. On ignore la date de sa naissance et d'or de miséricorde, le touche. Le Repentir, de son décès. accompagné de tous les symboles que nous venons de voir, se présente au patient, le ramène LENOIR, sieur de CREVAIN (PHILIPPE). dans la bonne voie, l'introduit dans le chasteau Un manuscrit sur papier, de la première de la connaissance de soi-même, sur la porte du- moitié du xvIIe siècle, contenant 361 feuillets quel est écrit: qui se voit bien se connaît, et in-40, relié en veau et portant sur la couverune nouvelle vie commence pour lui. ture les armes du président de Robien, se trouve Comme le fait judicieusement remarquer M.à la bibliothèque de la ville de Rennes, et est Duchâtellier, cette œuvre qui, aujourd'hui, intitulé: Histoire ecclésiastique de Bretagne, semblerait peut-être excentrique et anormale, depuis la réformation, divisée en deux livres, dépose, dans toutes ses parties, de l'intensité par le sieur de Crevain; ce manuscrit n'est de la foi qui animait Michel Le Nobletz. Cette qu'une copie d'un original qu'on ne retrouve illumination de la vie mystique a quelque chose plus, et il y manque plusieurs feuillets, soit en de fier, de hardi, de pénétrant; elle explique entier, soit par parties. Une note marginale recomment l'humble missionnaire, par sa lutte produite dans la copie, à laquelle elle ne peut persévérante avec les vices de son temps, par-être appliquée, est ainsi conçue: « Brouillon vint à éveiller des instincts pieux et généreux là où il n'y avait avant lui que superstition ignorance et corruption. P. L...t.

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commencé le 4 octobre 1683. Achevé le 22 dé>>cembre 1683. » Il est évident que ce brouillon était la minute autographe de l'auteur, rendue défectueuse postérieurement par des causes qui nous sont inconnues, et de laquelle nous ignorons également la destination ultérieure. La copie, portant les armes de M. de Robien, et probablement faite par ses ordres, nous porte à croire que l'original a été, au moins pour quelque temps, à la disposition du savant magistrat breton, mais rien ne nous apprend d'où il avait tiré ce document, ni à qui

LE NOBLETZ (MARGUERITE), sœur du précédent, naquit en 1583, au château de Kérodern, et mourut le 17 septembre 1633. Nous avons peu de chose à ajouter à ce qui a été dit d'elle dans la notice consacrée à son frère. Douée d'un esprit agréable, et d'un caractère vifet décidé, elle était parvenue à l'âge de vingtcinq ans lorsque Michel entreprit de la gagner à Dieu après sa sortie du noviciat des Domini-il le restitua; en sorte que nous ignorons si cains de Morlaix. Docile aux conseils de son c'est de l'original ou de la copie que se sont frère, elle renonça successivement aux at- servis, d'abord l'abbé Travers, qui le cite deux traits du monde et à un mariage qu'elle était fois, p. 347 et 363 du t. II de son Histoire des sur le point de contracter. Comme Michel, elle évêques de Nantes, sans nommer l'auteur; puis soumit son corps à toutes sortes de mortifica- Dom Taillandier, continuateur de Dom Morice, tions. Elle contribua efficacement aux succès en parlant de l'introduction et des progrès du des missions du saint apôtre dans les diocèses calvinisme en Bretagne, au t. II du texte de de Léon, de Tréguier et de Cornouaille. Par ses son histoire. C'est dans l'avertissement de ce soins, son assiduité, sa douceur, elle s'insi- second tome qu'il est fait mention de Crevain nuait dans les esprits et gagnait les cœurs les pour la première fois. « Quant à ce dernier obplus endurcis. Les secours spirituels n'étaient» jet (l'établissement du calvinisme), les histopas les seuls qu'elle distribuât. Passant dans la riens de France, dit Dom Taillandier, nous chaumière du pauvre et au chevet des malades» ont laissé dans une profonde ignorance. Nous les instants dont ses devoirs pieux lui permet- » aurions été forcés d'imiter leur silence à cet taient de disposer, elle les consolait et les sou- » égard, si nous n'avions été assez heureux

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pour recouvrer une histoire manuscrite du gonvelin) et de Taulé, et portant d'or à une calvinisme en Bretagne. L'auteur de cet ou- fasce de sable chargée de trois arbres d'argent; vrage, qui se nommait Crevain, était Breton mais rien ne prouve cette attache, et le regis> et ministre de la religion prétendue réformée. tre des désistements et déboutements de no>Les alarmes où les ministres de cette secte blesse vient, au contraire, nous apprendre que >se virent exposés en 1664, les obligèrent à les prétentions nobiliaires des Lenoir. de Blain, » faire des recherches, dans les archives de furent repoussées en ces termes : « Philippe leurs églises, pour justifier les titres de leur Lenoir, sieur de Crevain, de Blain, a renoncé possession. Crevain fut chargé de cette com-» à la qualité de noble, par déclaration du 30 >> mission pour la Bretagne. C'est sur les mé-> septembre 1668.»-André Lenoir, sieur de >moires qu'il ramassa, et sur ceux de Lou- Hellé, de la ville de Blain, condamné à l'au>veau, premier ministre de la Roche-Bernard, dience par jugement des commissaires, le 16 » qu'il a composé l'histoire du calvinisme en août 1669.» Quoi qu'il en soit, ces préten» Bretagne, qu'il conduit jusqu'à l'édit de Nan- tions, bien que non accueillies par les commis»tes. A l'entêtement près qu'il montre partout saires chargés de la réformation de la noblesse » pour sa secte, c'est un homme de bonne foi, de Bretagne, démontrent que la famille Lenoir » qui raconte sans passion, qui expose les faits était comptée parmi les plus honorables de la » avec impartialité et tels qu'il les trouve con- haute bourgeoisie. La conjecture de M. Vauri» signés dans les mémoires qu'il suit. » Il faut gaud me semble beaucoup plus heureuse quand avouer qu'en parlant d'un ouvrage entièrement il parle d'André Lenoir, sieur de Beauchamp, inconnu jusqu'à lui, Dom Taillandier s'est mon- qu'il nous fait connaître comme étant, en 1609, tré avare de renseignements, non seulement pasteur de la Roche-Bernard, puis, en 1614, sur la provenance et l'état graphique du ma-pasteur dans la maison du duc de Rohan; en nuscrit, mais encore sur l'auteur, dont il se 1620, et jusqu'en 1637, pasteur de Blain, et contente de citer vaguement le nom, la patrie et l'état, sans y ajouter le moindre détail biographique. Quant au jugement qu'il porte sur l'ouvrage, nous y reviendrons plus tard.

nes. Il nous cite son bisaïeul, le sieur de Beaulieu, procureur au Parlement; sa bisaïeule, Denise du Claray; le frère de celle-ci, ancien de l'église de Rennes, déterré comme huguenot et traîné par les rues de la ville vers 1560; Mesmenier-Escoufflart, propriétaire de la maison de Bouzille, lieu de réunion des calvinis

qu'il présume être le frère de Guy Lenoir, sieur de Crevain, et conséquemment oncle paternel bable qu'il a existé des liaisons de parenté ende notre Philippe. Il paraît, en effet, très-proAinsi, en désignant par le seul nom de 6re- tre Guy et André Lenoir, successivement pasvain l'auteur de l'Histoire du calvinisme en teurs à la Roche-Bernard, et André et Philippe Bretagne, Dom Taillandier a fait croire que ce Lenoir, tous deux pasteurs de Blain, le preCrevain et le ministre Philippe Lenoir étaient mier de 1620 à 1637 au moins, et le second deux personnages différents, et la Biographie depuis 1651 jusqu'à la révocation de l'édit de universelle, qui a enregistré ce dernier (Sup- Nantes. Quant à la famille de sa mère, qui se plément, t. LXXI, p. 294), n'a nullement parlé nommait Anne de Lahaye, ce dernier nous apdu manuscrit de Rennes. Cependant, si le sa-prend, p. 19 du manuscrit, qu'elle était de Renvant bénédictin avait lu le manuscrit avec plus d'attention, il y eût vu, d'abord à la page 10, que M. de Crevain-Lenoir était pasteur de la Roche-Bernard jusqu'en 1630 et au-delà; puis à la page 137, que l'auteur lui-même dit que le sieur de Crevain, pasteur de la Roche-Bernard en 1630, était son père. Cette remarque, Nous avons vainement cherché des renseiconfirmée d'ailleurs par les détails qui vont tes, etc. suivre, lève, ce nous semble, toute difficulté sur l'identité de Crevain et de Philippe Lenoir. gnements sur la première jeunesse de Philippe M. Vaurigaud, pasteur de l'église réformée Lenoir. Il fut probablement destiné de bonne de Nantes, et premier éditeur de l'Histoire du heure à l'état ecclésiastique. M. Vaurigaud concalvinisme en Bretagne, a trouvé dans les listes jecture qu'après avoir étudié aux colléges de des pasteurs de France, dressées par les syno- Vitré ou de Blain, fondés pour les calvinistes des nationaux en 1617, 1620, 1626, le nom de dès 1608 ou peu après, l'usage n'étant pas qu'un Guy Lenoir, sieur de Crevain, pasteur à la Ro-proposant aille dans une autre province cherche-Bernard et au Croisic. Ce nom ne s'y re- cher l'instruction qu'il peut avoir dans la sienne, trouve plus en 1637. Cette qualité du père de le jeune Philippe se rendit à Saumur pour y Philippe Lenoir, emportant l'idée d'un domi- faire ses études théologiques. La thèse qu'il y cile prolongé, pourrait conduire à croire que soutint, ajoute l'auteur, a pour titre : De micelui-ci naquit à la Roche-Bernard vers 1620. nistrorum ecclesiasticorum cælibatu et digaM. Vaurigaud a essayé de rattacher sa famille miâ, et est signée: Respondente Philippo Lepaternelle aux Lenoir, mentionnés dans les an-noir, armorico. La date de cette thèse ne nous ciennes réformations de la noblesse de Breta-est pas donnée, mais elle dut être soutenue peu gne aux années 1441, 1443 et 1448, dans l'é- de temps après que Philippe Lenoir fut appelé êché de Léon, paroisses de Ploaquelen (Plou-à desservir l'église réformée de Blain. Voici

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l'acte fort court qui en fut rapporté, tel qu'on | Péan, imprimeur et marchand libraire, in-8°. le trouve à la p. 16 du papier consistorial de la L'auteur, dans l'épître dédicatoire, a assez bien même église, conservé au greffe du tribunal de jugé son œuvre poétique : « J'ai creu, dit-il, Savenay, parmi les registres de l'état civil de la» qu'entreprenant un si grand ouvrage pour la paroisse de Blain : « Au nom de Dieu. Traicté » gloire seulement de l'adorable Emanuel, il » de l'église de Blain avec M. Lenoir, confor- m'assisterait tellement des grâces de son Saint » mément à la lettre de Madame ( la duchesse » Esprit que, si je ne faisais briller les trésors de » Marguerite de Rohan), 12 mars 1651. Les an- son Evangile par des termes exquis et par une > ciens et chefs de famille de l'église de Blain,» poésie achevée, du moins il me conduiroit en » à l'issue de l'action faicte par M. de la Mau- » sorte que je ne meslerois rien de contraire au > che, pasteur de l'église de Nantes, se sont ac-» sacré génie de son alliance, ni à la pureté de > cordez avec M. Lenoir à ce qu'il vienne faire» sa divine parole. Si ma sainte muse n'est pas » sa résidence à Bottier, donner un presche tous charmante, elle est du moins toujours chaste >> les dimanches, et, aux jours de cène, deux; » et toujours vierge, et les beautez les plus pa» qu'il visite les malades et tous ceux qui au- » rées ne sont pas d'ordinaire les plus modes>>ront besoin de consolation. De visiter le quar- tes ni les plus retenues. » Si, en effet, l'Ema»tier de Saffré et y donner le presche, quand nuel de Philippe Lenoir ne brille pas du côté poé>> M. et Mme de Vieillevigne y seront; le tout tique, il a un autre genre de mérite, assez rare » pour 600 livres, y compris 320 livres que dans une œuvre calviniste, c'est de n'avoir ad» donne Madame (de Rohan). Signé : La Mau- mis aucune proposition mal sonnante aux oreil>> che-Bouchereau, pasteur de l'église de Nan-les catholiques. « L'auteur....., dit l'avertisse» tes, Philippe Lenoir, proposant, G. Morel,» ment, s'est gardé religieusement de ne cho» La Masseais (Amproux), Pierre Portebize, » quer ni l'une ni l'autre religion, afin que tous » Amproux, P. Héraud, Pineau, Loyseau, La» les chrétiens, sans distinction et scrupule, » Ferrassière-Pélisson. » Lenoir fut installé, le » puissent venir apprendre en son livre, non pas 6 août suivant, dans la maison de Bottier, au- l'art de disputer, mais la science salutaire d'ajourd'hui l'hôpital de Blain, au bout occidental » dorer Jésus. » Parmi les pièces laudatives plade laquelle on avait bâti un temple en 1639, au cées en tête du poème, nous en remarquons moyen d'une souscription dans laquelle figure deux, l'une de quarante-huit vers alexandrins, un M. (Lenoir) de Beauchamp, dont nous avons par escuyer Jacques Pelisson, sieur de la Ferparlé ci-dessus, alors encore pasteur de Blain, rassière, capitaine des châteaux de Blain et de et qui eut très-probablement Philippe Lenoir Josselin, mort au manoir du Vauguérin, papour successeur immédiat. Celui-ci se maria, roisse de Vay, le 1er août 1660; l'autre, en forle 22 mai 1652, avec Anne Henriet, d'une fa-me de sonnet, par M. de Cran- Henriet, qui mille calviniste de la paroisse de Vay. Il en eut était probablement frère de la femme de Philipdeux enfants: Jacques, né le 31 août 1654, et pe Lenoir. Nous trouvons dans plusieurs actes Suzanne, née le 27 avril 1656, dont la nais-notariés de 1660 à 1679, faisant partie de notre sance coûta la vie à sa mère. Lenoir ne pouvait collection, que Pierre Henriet, escuyer, sieur avoir alors guère plus de trente ans. Il ne paraît de la Chesnaye de Cran, était premier capitaine pas qu'il ait jamais songé à un second mariage. au régiment de Montaigu. Il est représenté dans D'un caractère doux et modéré et d'un esprit méditatif, il se livrait à l'étude avec d'autant plus de facilité que son troupeau de Blain, fort nombreux, devait lui laisser beaucoup de loisir. Ce fut probablement après la mort de sa femme qu'il se livra à la composition d'une sorte de poème épique intitulé : Emanuel ou paraphrase évangélique, comprenant l'histoire et la doctrine des quatre évangiles de Jésus-Christ, nostre Seigneur, poème chrestien divisé en quinze livres. Dédié à Madame la duchesse de Rohan, princesse de Léon, etc., par Philippes Lenoir. Nous ne connaissons pas la première édition de ce livre; mais, comme l'épître dédicatoire à Me de Rohan est datée de Blain, le 13 avril 1658, on peut croire qu'il parut imprimé en cette même année. Il a été réimprimé plusieurs fois.

La Biographie universelle mentionne une édition de 1673 à Rouen, in-8°, et une autre d'Amsterdam, 1772, in-12. M. Vaurigaud et moi en possédons chacun une de 1678, Saumur, René

ces actes par Philippe Lenoir, qui prend la qualité d'escuyer, sieur de Crevaín, ce qu'il n'avait fait ni en contractant son engagement comme pasteur de Blain, ni en se mariant, ni enfin sur le titre du poème dont nous avons parlé. Il paraît qu'il en fut autrement pour le manuscrit autographe de l'Histoire ecclésiastique de Bretagne depuis la Réformation, manuscrit dont nous n'avons plus qu'une copie, comme nous l'avons déjà dit; le nom de Crevain s'y trouvait, et c'est sous ce nom que cet ouvrage est mentionné par dom Taillandier, par M. Miorcec de Kerdanet (Notice des Ecrivains bretons). et par M. Maillet (Catalogue des Manuscrits de la Bibliothèque de Rennes), sans qu'on ait songé à l'identité de Crevain et de Philippe Lenoir, que je crois être le premier à avoir fait remarquer, à l'aide des actes authentiques dont j'ai fait mention ci-dessus. L'histoire du calvinisme en Bretagne paraît avoir été commencée vers 1664, à l'occasion des craintes qu'éprouvèrent les réformés pour le maintien de celles de leurs

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églises dont ils ne pourraient pas prouver la pos- liv. XI, p. 7, nous apprend que « députés au session durant les années requises par l'Édit de» Conseil par les réformés de Bretagne, PhiNantes. Il fallait administrer cette preuve par» lippe Lenoir et un gentilhomme fort intelliactes écrits, et non pas seulement par témoins.» gent dans ces affaires ne purent obtenir le Lenoir réunit une grande partie des matériaux concours du maréchal de Turenne, ni celui nécessaires. Il divisa son récit en quatre épo-» du marquis de Ruvigny, notre député général. ques, la première de 1558 à 1564, que l'auteur» Il n'y eut que la duchesse de Rohan qui vouappelle l'âge de l'enfance durant les séditions» lut solliciter pour eux, mais elle y reçut des des peuples et les rigueurs de la justice; la se-» rebuffades fort inciviles. D'Argouges réponconde de 1562 à 1598, l'âge de la jeunesse, temps dit à son compliment: Je ferai contre vous et de troubles et de guerres civiles, jusqu'à l'édit contre vos églises tout ce que je pourrai: de Nantes; la troisième de 1598 a 1660. l'âge attendez-vous-y. Le chancelier, à qui elle rede virilité et de force, état de rétablissement montrait que les églises de Bretagne étaient sous l'édit de Nantes; la quatrième, de 1660 à» en petit nombre et peu considérables, lui ré1683, l'âge de la vieillesse et de la caducité,» pondit sèchement: Il serait à souhaiter qu'il temps de décadence et de dernier déclin, sous» n'y en eût pas une. Le 19 janvier 1665, un les déclarations qui donnent atteinte à l'édit de» arrêt du Conseil interdit l'exercice à Sion, au Nantes et le sapent pied à pied pour le renverser. Croisic, à la Roche-Bernard, à Dinan, à Malheureusement, l'auteur manquait des trois » Ploërmel, à Saint-Malo et à Blain. Le roi orqualités indispensables à l'historien, la hauteur donna aussi la démolition du temple de Sion de vue pour dominer son sujet, l'érudition pour» et de Blain.» Lenoir continua néanmoins, de l'approfondir, le style pour l'orner. Il se traîne pendant long-temps sur un sec journal de Louveau, ministre de la Roche-Bernard, quand il avait sous la main, aux archives du château de Blain, les regrettables mémoires de Catherine de Parthenay, l'une des plus illustres et probablement la plus savante femme de son siècle, et une foule d'autres documents provenant des maisons de Rohan et de Soubise, dont les chefs avaient toujours joué le rôle principal parmi les réformés en Bretagne et en Poitou; documents complètement détruits aujourd'hui, depuis qu'ils furent offerts en holocauste, comme litres féodaux, à la liberté de 1793. Philippe Lenoir s'ar-» rête péniblement à révéler la naissance, les progrès, les persécutions d'un assez grand nombre d'aggrégations presque imperceptibles, qu'il nomme églises de tel ou tel lieu. Il rassemble tous les noms, toutes les plus petites anecdotes. Son ouvrage est plutôt un factum de procureur qu'une véritable histoire; et pourtant, malgré tous ses défauts, Dom Taillandier a eu raison de dire que, sans cette compilation, il aurait été contraint de laisser, pour les quarante dernières années du XVIe siècle, une lacune impor

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Le savant bénédictin a aussi rendu hommage On parlait depuis long-temps de faire imprià la vérité en louant l'extrême modération et Ja probité historique de Lenoir; qualités qui méritent d'autant plus être appréciées que l'auteur mer l'histoire du calvinisme en Bretagne. Enécrivait sous la prévision, comme il le dit lui- fin, cette publication a eu lieu par les soins de même, de la décadence et du dernier déclin de M. Vaurigaud, président du consistoire et passon parti. Nous n'avons que les deux premiers teur de l'Eglise réformée à Nantes, qui se lilivres de son œuvre, dont le manuscrit contient vre avec zéle et succès aux recherches histomême de nombreuses lacunes, dues, comme riques concernant les établissements protesnous l'avons fait entendre, au mauvais état de tants en Bretagne, et nous fait espérer de faire conservation du manuscrit original. On ignore suivre ce premier document de beaucoup d'ausi les deux autres livres ont été écrits. Au reste, tres restés pareillement inédits. L'ouvrage de tout ce travail devint inutile devant les me- Philippe Lenoir, sieur de Crevain, a paru sous sures prises par l'autorité. M. Vaurigaud, d'a- ce titre Histoire ecclésiastique de Bretagne près l'Histoire de l'Edit de Nantes, t. IV, depuis la Réformation jusqu'à l'Edit de Nantes,

par Philippe Lenoir, sieur de Crevain, pasteur | séjour d'une légion romaine, dont le nom conde l'Eglise réformée de Blain (Loire-Inférieure), tracté a formé celui de Léon. L'on trouve un ouvrage publié pour la première fois, d'après exemple analogue au pays de Galles pour l'anle manuscrit de la bibliothèque de Rennes, avec cienne ville de Caër-Léon, qui est appelée en une préface, une biographie et des notes, par latin Urbs legionum. B. Vaurigaud, président du consistoire et pasteur de l'Eglise réformée de Nantes. Nantes, L. et A. Guéraud, 1851, in-8° de XXXIV et 370 pages. Biz....

Les actes de saint Pol Aurélien nous apprennent que ce missionnaire de l'île de Bretagne étant arrivé dans ces parages de l'Armorique fut averti par inspiration de se présenter devant le chef qui y commandait. Withur - c'était son LEON (Les comtes et vicomtes de) - étaient nom était chrétien; il désirait qu'une église les seigneurs du riche et fertile territoire qui, fût érigée dans son gouvernement. Mais l'aus'étendant depuis le Jarlo, l'un des affluents torisation de Childebert, dont il n'était que le du port de Morlaix, au sommet des montagnes lieutenant, était nécessaire pour un acte aussi d'Arès, et déborné ensuite par le cours de l'E- considérable que la fondation d'une cathédrale, lorn et par la mer, embrasse les villes de Saint- et d'une autre part le saint refusait les honPol, de Lesneven, de Brest et de Saint-Renan, neurs du ministère pastoral. Withur prit une avec une partie de celles de Morlaix et de Lan- voie détournée pour réussir dans ses desseins. derneau, traversées par les cours d'eau que Il prétexta certaines communications qu'il avait nous avons marqués pour ses limites. Ce pays à transmettre à la cour du roi des Francs, et formait l'une des contrées dépendantes de Vor- obtint de Pol qu'il se chargerait de les porter. ganium, cité gauloise des Ossismiens, que l'on Mais la dépêche qui lui fut remise ne contenait place généralement à Carhaix dans les divisions que l'expression des vœux du comte, qui furent de la Gaule, et que conserva long-temps la po- renouvelés à la cour avec de si vives instances litique romaine. Dans la Notice de l'Empire, qui que le missionnaire dut se soumettre à recevoir appartient aux dernières années de sa domina- la consécration épiscopale, et revenir, comme tion sur les Gaules, on voit le nombre des cités évêque, près du troupeau confié à sa sollicitude. se multiplier; c'est alors qu'elles prennent le Les actes de saint Judicaël, qui vivait environ nom des populations dont elles sont le centre. un siècle après cette époque, font mention d'un Dans cette nouvelle circonscription, on remar-autre chef du même pays. Il se nommait Auque pour la première fois une ville des Coriso- sochus, et habitait, dit la légende, sur les bords pites (maintenant Quimper), et, près de la con- de la mer (in tribu Lisiæ, in commendatione trée qu'ils habitent, la civitas Ossismorum, que Ili) en Tref-les, dans la région de Quemenetnos anciens historiens et légendaires ont nom- Ili; et, ce qui peut paraître plus digne d'intérêt, mée Occismor. Les courses incessantes des Bar- si l'on admet qu'il s'agisse encore d'un prince bares du Nord obligeaient à garder les côtes, on Franc, il était de la race du roi Hispertit, e gevenait de créer un gouvernement militaire pour nere regis Hispertiti. D. Lobineau veut que ce le littoral de la Manche et de l'Océan, et les soit quelque petit roi inconnu de la Cambrie; troupes romaines quittaient l'intérieur pour s'é- mais, en rapprochant ces actes de ceux de saint tablír vers les bords de la mer. Le chef de l'un Pol, ne serait-on pas porté à voir plutôt dans de ces corps (præfectus maurorum Ossismia- le nom du second chef une altération de celui corum) avait sa résidence dans la ville des Oc- de Chilpéric? cismiens, qu'il ne faut pas confondre avec l'ancienne capitale de notre pointe occidentale du temps des Gaulois.

C'est un fait connu de ceux qui sont un peu au courant des vieilles institutions de la Bretagne, que les propriétés rurales, dans les pays L'emplacement de cette seconde ville des Os- qui forment le sommet de sa péninsule, étaient sismiens doit être cherché sur le territoire que généralement tenues, jusqu'à nos jours, sous nous venons de délimiter, soit près de Plouné le régime du domaine congéable. L'auteur de venter, où l'un de nos antiquaires bretons a dé- l'excellent traité du Domaine, qui.a été publié couvert de nombreux vestiges d'habitation ro- sous le titre d'Institutions convenancières, n'y maine, soit à Saint-Pol, ville qui, suivant le a vu que les conditions d'un pacte qui dut inlégendaire auquel nous devons la vie de son tervenir entre les colons insulaires émigrés dans premier évêque, eut de tout temps une enceinte l'Armorique, et les seigneurs qui possédaient de murailles qui n'est encore connue des Bre- les terres incultes défrichées pareux. Nous n'adtons que sous le nom de Castel, et dont le siége mettons pas cette idée d'un contrat entre les épiscopal et le titre de capitale de Léon attes-colons et des seigneurs étrangers. Elle est détent l'importance dans les temps les plus éloi- mentie par les mœurs du temps auquel on rapgnés. porte ce contrat; quoique, de nos jours, elle ait Les auteurs de l'histoire de Bretagne ne met- été reproduite par des savants, elle n'en a pas tent pas en doute, lorsqu'ils parlent de cet évê-plus de valeur à nos yeux.

ché, que le nom de Legionenses, donné à ses Nous croyons retrouver les éléments du dohabitants par d'anciens écrivains, rappelait le maine congéable dans les anciennes lois des

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