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MM. Botherel et de Saint-Pern, était originaire de Dinan. Les Le Chapelier de Cucille et de la Maison-Franche avaient fait une donation à l'église des Cordeliers de cette ville, où ils avaient un enfeu.

de son ouvrage sur la ville de Nantes, qu'il n'a d'horticulture, institution fondée en 1828, qui jamais eu le don de la poésie; et, en 1805, l'Al- compte en ce moment près de cinq cents adhémanach des Muses ayant inséré quelques-uns rants, et qui a eu la plus heureuse influence de ses morceaux poétiques, le critique Geoffroy sur le développement et le goût de la culture écrivit à leur sujet : « Ayant vu, à la table du des jardins, ainsi que sur l'instruction théorirecueil Le Cadre pour le portrait de Was-que et pratique des horticulteurs nantais, Le «hington, nous nous attendions à trouver une Cadre est mort, à Nantes, le 6 mai 1843. riche bordure pour la peinture d'un aussi grand De R. de R. » homme, mais ce n'est qu'un de ces distiques >> signalés par Rivarol que M. Le Cadre nous a LE CHAPELIER (ISAAC-RENE-GUY), > offert.» En 1810, les résultats obtenus, comme né à Rennes, le 12 juin 1754, était fils de Guyprofesseur, par Le Cadre, ainsi que des travaux Charles Le Chapelier, substitut du procureurlittéraires sérieux, ayant fixé l'attention du rec-général au Parlement de Bretagne, lequel obteur de l'Académie de Rennes, M. de Fontanes, tint des lettres de noblesse au mois d'octobre alors Grand-maître de l'Université impériale, lui 1779. Le trisaïeul de ce dernier, Sébastien Le accorda le diplôme de docteur ès-lettres; puis, Chapelier, conseil des États et duché de Brequelques années après, en 1814, il fut autorisé tagne, puis syndic des Etats-généraux de la à porter la décoration d'officier de l'Académie. province, avait rempli ces dernières fonctions Entré, en 1809, dans la Société des sciences et d'une manière si distinguée que les Etats avaient des arts du département de la Loire-Inférieure, demandé pour lui, en 1643, des lettres de conLe Cadre y lut, en 1810 et 1841, des notices bio- firmation de noblesse ou d'anoblissement; sa graphiques sur Fournier et Ceyneray, architec- mort, survenue sur les entrefaites, empêcha de tes, auxquels Nantes doit plusieurs de ses plus donner suite à cette demande. Cette famille, à beaux monuments. Dans le courant de l'année laquelle appartenaient l'abbé Le Chapelier, dé1812, étant allé habiter Orléans, il fut admis puté du clergé dans le dernier siècle, et un à la Société littéraire et académique de cette autre ecclésiastique du même nom, aumônier ville, qui le compta bientôt parmi ses membres du corps des partisans royaux, commandé par les plus actifs. De 1844 à 1822, Le Cadre s'occupa de nouveau d'affaires commerciales dans la maison Martin-Laffite, du Havre, puis revint chercher en Bretagne un repos que rendait nécessaire bien plus sa santé chancelante que son âge déjà avancé. Mais son repos ne fut point Entré jeune au barreau, Le Chapelier s'y fit de l'oisiveté, car c'est alors qu'il fit paraître dans remarquer par l'élégance et la facilité de son les Annales de la Société littéraire de Nantes, élocution, la force de sa dialectique et l'étendevenue, depuis 1818, Société académique de la due de ses connaissances. Lors des troubles Loire-Inférieure, une longue série de mémoires, suscités en 1787, par les édits de Brienne et de parmi lesquels nous avons surtout remarqué Lamoignon, il embrassa la cause des parleune Notice sur les puits artésiens et une autre ments, autour desquels se ralliaient alors les sur le noir animal. Il publia en outre, dans le partisans des réformes politiques, abusés par Lycée armoricain, entre autres articles: Eclair- des apparences libérales qui, sous le masque cissement d'un point devenu douteux dans les d'une opposition aux vues ministérielles, Annales bretonnes; - Lieu de la victoire rem-chaient souvent un désir d'empiétement sur les portée par Alain-Barbe-Torte sur les Nor- prérogatives royales. L'énergique protestation mands;- Le Papegault à Nantes;--La Pierre que fit Le Chapelier, en cette circonstance, au nantaise et l'Ermitage; - Communication à la nom du barreau, et sa coopération avec GleSociété académique du département de la Loire- zen, Lanjuinais et Varin au Mémoire des dépuInférieure, de quelques observations sur des an-tés de l'ordre des avocats au Parlement de Bretiquités découvertes à l'entrée du canal de Bretagne, concernant la malheureuse affaire de tagne. Mais l'ouvrage le plus important de Le Cadre est, sans contredit, celui qui est intitulé: Quelques Notes sur la ville de Nantes, vol. in-8° de 287 pages, imprimé, en 1824, chez V. Mangin, et destiné à faire suite aux Notices sur le département de la Loire-Inférieure et sur la ville de Nantes, de J. Le Boyer, ou plutôt à une critique très-acerbe de cet ouvrage. Le livre de Le Cadre, tout en contenant des observations judicieuses et le résultat d'excellentes recherches, est cependant écrit dans un esprit de polémique que l'on ne peut que regretter. C'est encore à Le Cadre que la ville de Nantes doit sa société

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Rennes, des 26 et 27 janvier 1789, déterminérent son élection à l'Assemblée nationale, comme représentant du tiers-état. Dès les premières séances, il prit place parmi les orateurs les plus distingués, et prononça un grand nombre de discours dans lesquels il attaqua, non seulement les institutions de la vieille monarchie. mais encore cette magistrature qu'il avait défendue jusque là, parce qu'il voyait en elle une barrière opposée aux tentatives possibles d'un pouvoir absolu. Le 13 mai, il proposa de sommer les deux ordres privilégiés de se réunir au tiers, et le 43 juillet suivant, après s'être plaint

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de la concentration des troupes sur Paris, il demanda la prompte organisation des gardes nationales. Nommé membre du comité de constitution, après la prise de la Bastille, il appuya la création du fameux comité de recherches, mais s'opposa avec force à la violation du secret des lettres. Elevé aux fonctions de président, la veille de la nuit du 4 août, il célébra, dans un discours énergique, la suppression des priviléges, rédigea le décret d'abolition de la noblesse. et fut l'auteur de la proposition qui fit considérer les députés comme les représentants de la France entière et non comme les mandataires spéciaux d'une province. Lors de la discussion du décret relatif à la propriété des biens ecclésiastiques, il demanda énergiquement qu'ils fussent mis à la disposition de la nation et placés sous le scellé. Il fut de nouveau appelé plusieurs fois à occuper le fauteuil, notamment le 5 octobre 1789, en l'absence de Mounier. Le Chapelier, que ses adversaires accusèrent alors de s'être laissé aller à des provocations incendiaires dans sa correspondance avec les patriotes bretons, proposa des mesures répressives contre les autorités rebelles aux déerets de l'Assemblée sanctionnés par le Roi; insista pour la création d'un seul collége électoral par département, et pour la libre élection des députés par l'universalité des citoyens français, c'est-à-dire par tous ceux qui paieraient volontairement la contribution. Il dénonça comme ennemis des nouvelles institutions les Parlements de Rouen et de Rennes; provoqua, à plusieurs reprises, le remplacement de ce dernier et la punition des magistrats réfractaires aux décrets de l'Assemblée; demanda l'institution des tribunaux de famille, proposa une série de questions pour la suppression des ordres religieux et des dîmes de toute espèce; fit adopter le décret prononçant l'égalité dans les partages; provoqua l'établissement des jurés, même en matière civile, et refusa au roi l'institution des juges. Il vota avec Mirabeau sur la question du droit de paix et de guerre que Barnave et les Lameth firent attribuer exclusivement au Corps législatif; réclama l'augmentation du traitement des curés de campagne; voulut faire adopter pour les évêques un traitement supérieur à celui qui fut décrété; présenta un projet d'organisation de la haute-cour nationale et du tribunal de cassation; prit une part active au décret sur le pavillon tricolore; obtint, par son éloquence, que les protestants de l'Alsace et de la Franche-Comté jouiraient du libre exercice de leur religion et des droits de citoyen actif; repoussa comme calomnieuse, au commencement de 1794, l'inscription de son nom sur la liste des membres du club monarchique; fit, sur la résidence des fonctionnaires publics, le rapport du comité de constitution au nom duquel il déclara l'impossibilité de faire une bonne loi sur l'émigration, ce qui

lui valut les rires et les murmures d'une partie de l'Assemblée; combattit vivement l'opinion de Robespierre sur la non rééligibilité des membres de l'Assemblée nationale à la prochaine législature, et ne craignit même pas de dire, à cette occasion, que les électeurs, dans l'exercice de leur souveraineté, ne pourraient être tenus d'avoir égard aux exceptions prohibitives par lesquelles on voulait enchaîner leur action.

Cette rapide énonciation des principales opinions de Le Chapelier suffit pour montrer l'ardent réformateur inclinant graduellement à modifier ce qu'il y avait de trop absolu, de trop immédiat, dans les principes dont il était le champion. Cette tendance se révéla d'une manière plus tranchée après la fuite du roi à Varennes. Comme Barnave et les Lameth, il crut de son devoir d'opposer une digue au torrent révolutionnaire qu'il avait, contre ses intentions, contribué à faire déborder. Ses votes ultérieurs, s'ils contrastèrent avec les précédents, prouvèrent néanmoins, et plus qu'eux peut-être, que les plus sincères, ou du moins les plus intelligents amis de la liberté ne sont pas ceux qui ouvrent la porte aux excès. Dès le 24 juin, il avait fait adopter une adresse aux Parisiens et réclamé des mesures de sûreté publique; le 23, il fit révoquer la convocation des assemblées primaires. Se séparant des Jacobins, il entra aux Feuillants, et s'y fit remarquer par son zèle à poursuivre la révision de la Constitution, à laquelle il venait de coopérer. L'exercice des droits électoraux lui parut alors devoir être exclusivement réservé aux propriétaires, et il insista pour qu'aucune indemnité ne fût attribuée aux représentants. Si, dans la discussion du décret sur la liberté de la presse, il fut plus fidèle à son passé, demandant une détermination précise des délits et l'interdiction de toute loi extensive de cette détermination, il en fut tout autrement lorsque, à la grande surprise de l'Assemblée, après avoir déclaré que les membres de la famille royale devaient être exclus de toutes les fonctions publiques soumises à l'élection, par le motif qu'ils exerçaient de fait des fonctions politiques, il divisa ces dernières en catégories, les unes comprenant les ambassades et les ministères auxquels les princes ne pourraient être appelés, tandis qu'ils seraient accessibles aux commandements militaires.

Cette dernière opinion, par son incohérence, nous semble caractériser le mouvement de transformation qui s'opérait chez Le Chapelier. Par le mélange de ses opinions anciennes et nouvelles, il voulait faire de cet éclectisme politique qu'on a, de nos jours, baptisé du nom de juste-milleu. Ses allures furent plus nettes lorsque, le 29 septembre 1794, il fit décréter, au nom du comité de constitution, que nulle société, club ou association ne pourrait avoir, sous aucune forme, une existence politique, ni

victions loyales et du plus honorable caractère,
est mort à Rennes le 10 janvier 1848.
P. L...t.

LECHAT (JULIEN-PIERRE-LOUIS),

prêtre,

exercer aucune influence ou inspection sur les actes des pouvoirs constitués ou des autorités légales, ni faire des pétitions collectives, ni envoyer des députations, etc. Avec ce décret testament politique, passablement réactionnaire de l'Assemblée nationale, il faut en convenir, né à Fougères (Ille-et-Vilaine), le 25 juin 1795, s'éteignit la popularité de Le Chapelier; et ce entra dans l'état ecclésiastique dès l'âge de ne fut pas une chose peu curieuse que de voir quatorze ans, au commencement de sa rhétocelui qui avait été l'un des plus ardents pro- rique. Il termina ses études à Rennes, et fut moteurs du club breton, remplacé par celui des reçu bachelier ès-lettres en 1811. Il étudia la Jacobins, déclarer que les clubs étaient propres théologie au grand séminaire de Rennes, de à alarmer tous les citoyens paisibles, et à éloi- 1811 à 1814, et professa la seconde pendant gner tous ceux qui voulaient vivre sous la pro-neuf ans, d'abord à Vitré, puis à Saint-Malo. tection des lois.

L'abbé Demeuré, proviseur au collége royal de Nantes, le décida à quitter cette dernière ville pour venir occuper la chaire de philosophie de son collége, où l'abbé Lechat est resté depuis 1823 jusqu'à sa mort, le 9 octobre 1849.

Avec une vocation décidée pour les fonctions difficiles de l'enseignement, l'abbé Lechat fit de bonne heure partie de l'Université. Fort de son instruction, il ne recula pas devant l'obligation des épreuves publiques, et dans ses examens, soutenus avec talent, il conquit les grades de licencié et de docteur ès-lettres de la faculté de Paris. Dès 1828, il reçut le titre d'officier de l'Université. Le ministre de l'instruction publique, pour récompenser ses nombreux services, le fit nommer, en 1847, chevalier de la Légion-d'Honneur.

A son retour à Rennes, après la session de l'Assemblée nationale, Le Chapelier, considéré comme déserteur de la cause populaire, eut grand'peine à se faire admettre au nombre des membres de la Société des Amis de la Constitution. Son admission, combattue dans un pamphlet intitulé: L'Ordre du jour, ou les Deux Evangiles, mit toute la ville en émoi pendant trois jours. Cependant, malgré la menace qu'avaient faite les sociétés affiliées de ne plus correspondre, s'il était admis, il fut reçu après de longs débats, à la suite desquels cent vingt membres firent scission et formèrent une nouvelle société. Le nouvel élu fut bientôt nommé président de celle qui s'était épurée par cette retraite. ce qui n'empêcha pas cette société de s'affilier plus tard à celle des Jacobins; mais Outre plusieurs discours et fragments littéelle professait alors des principes plus modérés. raires et philosophiques qu'il a fait imprimer, Il était en Angleterre lorsque fut rendu le mais qui n'ont pas été réunis, l'abbé Lechat a décret qui mettait sous le séquestre les biens publié en 1836 Philosophie de l'histoire prodes absents. Revenu à Paris, afin de se sous-fessée en dix-huit leçons publiques, à Vienne, traire aux effets de ce décret, il ne tarda par Frédéric Schlegel; ouvrage traduit de l'alpas à être arrêté, et fut traduit au au tribunal lemand en français, par M. l'abbé Lechat, révolutionnaire, le même jour que Thouret et docteur,etc. Paris, Parent-Desbarres, 2 vol. in-8°. d'Eprémesnil. Condamné à mort, le 22 avril En 1847, il a publié un Recueil de sermons et 1794, pour avoir conspiré, depuis 1789, en fa- instructions religieuses, à l'usage des maisons veur de la royauté, il fut conduit à l'échafaud d'éducation et des familles. Nantes, L. Guéentre ses deux anciens collègues. On prétend raud, et Paris, Hachette, in-8° de 436 pages. qu'avant de marcher au supplice, qu'il subit Quelques années avant sa mort, il eut l'intenavec courage, il dit à d'Eprémesnil : « Monsieur, tion de faire imprimer un Traité de philosophie >> on nous donne, dans nos derniers moments, résumant ses études et son long enseignement; » un terrible problème à résoudre. Lequel? mais cet ouvrage, resté manuscrit dans les C'est de savoir, quand nous serons sur la mains de son frère, curé de Hédé (Ille-et-Vi>> charrette, à qui de nous deux s'adresseront laine), n'a pas paru; aussi la Biographie uni» les huées. A tous deux, répondit d'Epré-verselle des contemporains (3o liv., p. 38 et 39, » mesnil. » Plusieurs des discours de Le Cha- Paris, 1849), a-t-elle été inexacte en disant qu'il pelier à l'Assemblée nationale ont été impri- était sous presse. més. Il avait coopéré, avec Condorcet, à la Bibliothèque de l'homme public. Paris, 1790, 1792, 28 vol. in-8°. - Sa veuve épousa M. de Corbière, ancien ministre de l'intérieur sous la Restauration, et bibliophile distingué, mort à Rennes, le 12 janvier 1853, et qui, depuis sa retraite des affaires publiques, vivait, en quelque sorte, dans son immense bibliothèque, composée de livres rares et curieux. Son fils, M. Alfred Le Chapelier, ancien payeur du département d'Ille-et-Vilaine, homme de con

Nous mentionnerons encore la Thèse sur le Beau qu'il composa pour être admis au doctorat, et un Discours prononcé à la distribution des prix du collége royal de Nantes, le 20 août 1838 (in-8° de 16 p.. Nantes, imp. Mellinet). Dans ce dernier travail, il expose clairement toute la base de son enseignement. Il indique les causes qui font tomber dans deux erreurs opposées un grand nombre de philosophes les panthéistes et les atomistes ou athées; il leur adresse un juste blâme. Les uns, pressés

sans doute par le besoin d'unité, le premier à études cléricales dès le commencement de la LEC se faire sentir au fond de l'intelligence qui est théologic, et se rendit à Saint-Malo, où il se une, repoussent la pluralité comme inexplica- plaça, en qualité de clerc, chez un procureur. ble et contradictoire, ne reconnaissent que Dieu De là il alla à Rennes remplir les mêmes foneet nient la nature, ou n'y voient que de vaines tions, et ce fut dans cette dernière ville qu'une apparences, des reflets de la substance unique; certaine aptitude paléographique le fit remar les autres, rejetant l'unité comme insaisissable, n'admettent que la nature, que la matière avec sa pluralité indéfinie, ses métamorphoses continuelles. Ces solutions extrêmes ne pouvaient satisfaire l'intelligence et les principes religieux de notre savant professeur, et, avec tous les hommes de bon sens, il reconnaissait et enseignait la réalité de la co-existence de Dieu et de la nature. Il savait établir avec méthode et clarté leurs rapports: il admettait, avec la philosophie moderne, à la fois l'unité et la pluralité. Dieu et la nature; mais il n'accordait à celle-ci que le second rang, en affirmant Dieu, comme son principe et son auteur, et la nature comme la manifestation de Dieu; il démontrait par là que telle est la solution du théisme, la solution du christianisme, le plus pur des théismes. Il suivait, à peu de changements près, le système de Leibnitz sur l'origine des idées et s'attachait surtout dans son cours à bien établir que, suivant la théorie qu'on adopte, on se fait une idée différente de l'homme, de ses devoirs et de l'art; en un mot, que la règle de toute notre conduite varie suivant nos principes; de là la haute importance des études philosophiques.

quer d'un archiviste qui le prit pour collaborateur. Après avoir été employé à copier de vieux titres, il devint archiviste lui-même, et travailla comme tel dans différents châteaux, notamment dans ceux de Combourg et de Châteauneuf. Une assez longue maladie qu'il fit dans ce dernier détermina les médecins à lui conseiller de venir respirer pendant quelques mois l'air natal. Afin de se distraire des ennuis de sa convalescence, il s'occupa à mettre en ordre les archives de Plougasnou et de SaintJean-du-Doigt. Son travail plut, et M. Mol du Guernélé, qui habitait le château de Kerprigent, en Saint-Jean, l'engagea alors à classer ses propres archives. Pendant qu'il se livrait à ce travail, il fit la connaissance de Mille MarieJeanne Landouer, de Saint-Jean-du-Doigt; mais, quand il s'agit d'obtenir sa main, ce qui eut lieu le 13 novembre 1781, M. Landouer mit pour condition à son consentement qu'il prendrait un emploi plus fixe que celui d'archiviste, qui pouvait, suivant les occasions, le transporter d'une extrémité à l'autre de la France. Il acheta, en conséquence, la charge de M. DuminilRenault, notaire à Morlaix, vacante par suite Admis, le 6 octobre 1836, comme membre du décès du titulaire. Toutefois, jusqu'à la révorésidant de la Société académique de Nantes, lution, il exerça peu ces fonctions, celles d'aril prit une part active à ses travaux jusqu'au 5 chiviste étant plus lucratives et plus conformes janvier 1848, époque à laquelle l'état de sa ses goûts. Quand la révolution éclata, il était • santé lui fit donner sa démission. Comme prê- à Paris, faisant des perquisitions dans les artre, l'abbé Lechat sut allier les prescriptions chives du royaume pour une famille noble des rigoureuses du sacerdoce avec le commerce environs de Morlaix qui voulait prouver ses discret du monde; comme parent, il se dévoua droits au privilége de monter dans les carrosses généreusement à sa famille; comme professeur, du Roi. On l'a souvent entendu dire qu'il avait il apporta dans son enseignement une forte éru- trouvé tout ce qu'il cherchait; mais la révoludition et une préparation bien mûrie qui feront tion, en abolissant et priviléges et royauté, renlong-temps regretter ses utiles leçons. dit inutile le résultat de ses recherches. Revenu à Morlaix et voyant l'horizon s'assombrir, il se qu'il eût pu faire, du reste, sous l'ancien réretira à Plougasnou, et y fixa sa résidence, ce gime, Plougasnou étant du ressort judiciaire de Morlaix. C'est là qu'après avoir été bien persécuté sous la terreur, il mourut en 4809, exercant toujours ses fonctions de notaire, alors sa seule ressource. Il était profondément religieux et ardent catholique; c'était assez pour le rendre suspect quand même ses anciennes relations avec la noblesse n'auraient pas été un grief contre lui.

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LE CLECH ou plutôt CLECH (1) (JEANFRANÇOIS), fils de Pierre Clech et de Catherine Nédelec, naquit, le 3 mars 1751, au lieu (autrefois manoir) de Guiquelleau, situé au bourg de Plougasnou, ancien diocèse de Tréguier, aujourd'hui arrondissement de Morlaix. Il commença ses études avec succès au collège de Saint-Pol-de-Léon, et les termina à celui de Tréguier. Destiné à l'état ecclésiastique, il porta la soutane, et fit ce qu'on appelait alors un quartier de séminaire; mais, ne se sentant pas de vocation pour l'état sacerdotal, il cessa ses

quisitions chez lui et n'y laissèrent que des Lors de sa mort, des curieux firent leurs per(1) Son vrai nom est Clech. Trompé par les indications M. l'abbé Clech, alors au séminaire, et aujour notes historiques et généalogiques qui furent de Cambry et de tous ceux qui ont ecrit d'après lui, nous retrouvées dans deux mannequins par son fils, avions réservé pour la lettre L cette notice dont la véri-d'hui aumônier des Dames hospitalières à Sainttable place aurait dû être à la lettre C. Pol-de-Léon. C'est à ce respectable ecclésias

tique que nous devons les moyens de retracer la vie et les travaux de son père, travaux qui embrassaient l'étude des sciences, celle surtout de la linguistique.

consonnes, pour la formation desquelles il épuisa toutes les facultés dont le créateur avait doué son organe vocal. Ces consonnes modifièrent la valeur des voyelles, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, selon leur placement, ou naturel ou renversé.

Tel est l'aperçu du système de Clech, d'après lequel les premières notions de l'homme auraient été des abstractions métaphysiques, ce qui, comme le fait judicieusement observer M. Le Jean, est contraire à la marche ordinaire de l'esprit humain.

P. L...t.

désigna la hauteur dans la création; ainsi du reste. Dans la suite, l'accroissement du nombre des hommes multiplia les besoins, élargit le cercle des idées, et nécessita de nouveaux Dépourvu de livres spéciaux, mais doué d'une mots qui furent composés des anciens sons immense faculté d'analyse, Clech avait ima-auxquels l'homme en joignit de nouveaux, les giné une sorte de glossologie universelle. plus Ingénieuse que solide, mais qui, quelque jugement qu'on en puisse porter, devra toujours être considérée comme un tour de force de l'esprit humain. Un prospectus qu'il lança en 1789, et qui fut mentionné dans la Chronique de Paris du 24 octobre de cette année, p. 136, avait annoncé la publication de son travail sous le titre de Précis des principes généraux de la décomposition des langues, ou Découverte de leur constitution en vingt-quatre mots. Les événements politiques empêchèrent cette publication, et tout ce qu'on a pu savoir du système de Clech, on le doit à l'analyse qu'en a donnée LECOQ (OLIVIER), -peintre sur verre, qui Cambry, dans son Voyage dans le Finistère, habitait dès 1462, à Tréguier, un ostel situé t. Ier, p. 188-194, analyse qu'il accompagna de dans la rue Neuve, et qui mourut avant 1496, tableaux explicatifs et dont MM. de Kerdanet travailla avec Jean Le Lenevan à la grande viet Le Jean ont reproduit des extraits, le pre-tre de la cathédrale de Tréguier et à celle de mier dans ses Notices chronologiques, le se- Notre-Dame de Lacour cette dernière seule cond dans son livre intitulé : La Bretagne, son histoire et ses historiens. A force de décompositions et de comparaisons de mots ayant une même signification, quoique appartenant à des langues différentes, Clech fut conduit à penser que ces mots avaient constamment la même racine. Des études persistantes sur ce sujet l'amenèrent à conclure que toutes les langues connues, celles même de l'Amérique, dont il s'était procuré des fragments, n'étaient, en réalité, que des dialectes différents ou des modifications d'une même langue. Mais quelle était cette langue? Les méditations de Clech le convainquirent que le langage naturel à l'homme ne dut se composer pour Adam que des cinq sons que nous appelons voyelles, sons qu'il employa d'abord à exprimer et les sensations produites chez lui par les perfections de la Divinité et les LE CORGNE DE LAUNAY (JEAN-BAPidées qu'elles lui inspiraient. Cette langue de TISTE-GABRIEL), né à Lamballe (Côtes-ducinq sons, suffisante à l'homme, tant qu'il fut Nord), le 14 janvier 1724, d'abord archidiacre seul, cessa de l'être dès que Dieu lui eut donné de Goëllo, évèché de Saint-Brieuc, puis ensuite une compagne, cette société lui faisant éprou-professeur de théologie en Sorbonne, et grand ver le besoin d'exprimer de nouvelles pensées. archidiacre de Paris, où il est mort au mois Les mêmes sons lui servirent encore, il est d'avril 1804, est auteur des ouvrages suivants : vrai, mais avec des modifications basées sur I. Les Droits de l'Episcopat sur le second ordre, une sorte de parallèle entre les attributs de pour toutes les fonctions du ministère ecclésiasDieu et ceux des objets créés. Ainsi l'a, qui, tique. Paris, Desprez, 1760, in-12. Nous avons relativement à Dieu, avait exprimé son exis- exposé, en parlant de l'abbé Corgne (voyez ce tence infinie, exprima, quant aux choses créées, nom), les raisons qui nous font conjecturer leur existence finie; l'e, expression de l'im- que ce dernier pourrait bien être l'auteur des mensité de Dieu, devint celle de l'étendue, de Droits de l'Episcopat. II. Réponse à la letla grandeur de la création; l'i, qui avait dési- tre d'un docteur de Sorbonne, 1759. III. Régné l'éternité de Dieu, désigna la durée, la lon- flexions sur l'examen de cette réponse. Il fut gévité de la créature; l'o, qui avait exprimé la plusieurs fois député aux assemblées du clergé, profondeur infinie de Dieu, exprima la profon- et il rédigea, assure-t-on, les actes de celle de deur bornée de la créature; enfin l'u, qui, ori- 1765. M. de Kerdanet lui attribue les deux ougininairement, avait désigné le Dieu très-haut, vrages suivants: I. Réponse aux objections

existe encore aujourd'hui. Lecoq travailla seul, de 1469 à 1480, aux vitraux de la chapelle de Kermartin, fondée près de Tréguier par saint Yves, non loin de son manoir. M. Anatole Barthélemy, auquel nous empruntons les détails précédents, consignés dans un mémoire adressé au congrès de l'Association bretonne tenu à Saint-Malo au mois de septembre 1849, ajoute qu'il a vu dans les pièces d'un procès soutenu en 1494, par l'abbé de Bégar, qu'un vitrier du nom d'Olivier fut chargé de remettre dans la maîtresse vitre de l'église de Pédernec l'image de saint Bernard et les armes de l'abbé. M. Barthélemy est porté à penser qu'il s'agit de Lecoq, bien que le titre se contente de mettre : Olivier, dit vittrier.

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P. L...t.

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