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consacré à l'abbé de Kerisac une notice tirée de sa vie manuscrite, par Me Marie de la Fruglaye, sa petite-nièce, et de celle du P. Maunoir, par le P. Boschet.

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core, le malheur devait le pousuivre. Au mois d'août 1815, lors de l'invasion de la France, des troupes prussiennes s'avancèrent jusque dans le département de la Loire-Inférieure, et de Kerivalant, dont la famille avait toujours été KERIVALANT (NICOLAS LE DEIST DE), attachée aux Bourbons, recevant ces soldats naquit à Nantes, sur la paroisse de Saint- étrangers comme des libérateurs, voulut en loNicolas, le 25 février 1750. Le nom qui figure ger un grand nombre chez lui. Mais ces homsur son acte de baptême est de Kerivalan. Nous mes s'y montrèrent bientôt exigeants, demanne savons à quelle époque il l'a modifié; mais, dèrent du vin d'une qualité supérieure à celle ce dont nous nous sommes assurés, c'est qu'il qu'on leur distribuait, et finirent par se livrer a signé tous ses ouvrages de Kervalant, et que aux plus grands excès: ils brisèrent les meule nom est écrit de cette dernière façon sur son bles à coups de sabre, maltraitèrent les doacle de décès. Son père, Thomas Olivier le mestiques, et insultèrent les demoiselles, qui Deist de Kerivalan, avocat à la Cour, descen- ne parvinrent qu'avec beaucoup de peine à se dait d'une famille honorable de l'évêché de réfugier chez. le maire. Pendant tout ce désorSaint-Brieuc, et sa mère, Renée Mercier, ori-dre, le malheureux vieillard resta caché dans ginaire de Nantes, était fille d'escuyer Nicolas un grenier, sous des fagots, jusqu'à ce que des Mercier, conseiller-secrétaire de la maison et secours arrivassent enfin du quartier-général, couronne de France. De Kerivalant, après avoir pour le délivrer de sa garnison prussienne. Cereçu une excellente éducation sous la surveil- pendant il ne se remit jamais de l'émotion que lance de sa mère, fit son cours de droit et fut lui avait fait éprouver ce désordre, et il sucreçu avocat au Parlement. Quelques années comba, dans sa maison de campagne, le 15 ocaprès, ayant acquis une charge de maître des tobre 1815. comptes à la Chambre de Bretagne, il fit preuve d'une grande énergie comme auteur de plusieurs remontrances que cette Chambre adressa au roi dans des circonstances délicates. Mais la Révolution l'ayant privé de sa place, sans attaquer sa fortune, il se livra tout entier à l'étude, se perfectionna dans le latin par la lecture des meilleurs auteurs, et apprit assez d'italien et d'anglais pour se rendre familiers les chefs-d'œuvre ecrits dans ces deux langues. Ce ne fut qu'à l'âge de cinquante ans qu'il s'essaya dans l'art des vers, et qu'il publia, dans le Mercure, l'Almanach des Muses, la Muse bretonne et plusieurs autres recueils périodiques, un grand nombre de productions fugitives, parmi lesquelles on distingue surtout des imitations agréables de la Prière universelle, de Pope; de l'Elégie, de Gay, sur un cimetière, d'un Hymne d'Addison; enfin diverses traductions d'Horace, de Tibulle et de Catulle.

En 1804, de Kerivalant devint membre de la Société des sciences et des arts de la LoireInférieure; il en fut nommé secrétaire, pour les années 1809 et 1810, et président en 1812. Le discours qu'il prononça comme tel, dans la séance publique du 1er juillet 1843, fut un Eloge de Napoléon. Il lut encore un grand nombre de travaux, au sein de cette Société; nous n'en citerons ici qu'un seul, resté manuscrit et intitulé: Essai sur l'origine, les progrès et le génie de la langue française. L'analyse de ce mémoire, imprimé dans le procès-verbal de la séance du 5 mai 1808, remplit les pages 94 à 108.

De Kerivalant, avant de mourir, avait ordonné que ses manuscrits fussent envoyés à Castelnaudary, à son ami, M. de la Bouisse, pour les publier. Ce sont des imitations en vers des plus belles pièces d'Ausone, des traductions des épigrammes choisies de Martial et d'Owen, Le caractère aimable de Kerivalant, la dou- ainsi que plusieurs élégies de Tibulle. Outre une ceur de ses mœurs, les grâces de son esprit et foule de 'vers dispersés dans les recueils du de sa conversation, auraient dù contribuer à temps, et dont nous avons déjà fait mention, rendre sa vie privée constamment heureuse; on a encore de lui I. La Vendée, poème élécependant des chagrins bien vifs vinrent em- giaque. Nantes, 1844, in-8". II. Epigrammes poisonner et abréger son existence. Resté long- choisies d'Owen, traduites en vers français. temps veuf, il s'était remarié avec Agathe Mon- Lyon, 4819, in-8°. L'éditeur, M. de la Bouisse, gin, femme charmante, avec laquelle il habi- annonçait, en 1822, que les imitations d'Ausone tait une maison de campagne près de Fontenay- étaient près de paraître, et qu'il travaillait au le-Comte (Vendée). Mais il eut bientôt la dou- commentaire dont il se proposait d'accompaleur de perdre sa jeune épouse, et un fils qu'il gner la traduction des épigrammes de Martial. avait eu de son premier mariage se tua sur le De nombreuses lectures faites par l'auteur, tant corps de sa belle-mère, pour laquelle il avait à Nantes qu'à Paris, faisaient vivement désiéprouvé la passion la plus violente. De Kerivalant rer la publication de ces ouvrages. Mais les ne voulant plus voir le théâtre de cette double deux filles de Kerivalant, qui, depuis la mort infortune, vendit sa propriété et acheta la terre de leur père, ont embrassé la vie monastique, de la Verdière, située dans la commune de Mau-en empêchèrent l'impression.

ves, à quelques lieues de Nantes. Mais, là en De Kerivalant était surtout remarquable par

son instruction littéraire, son esprit agréable | poupe. On parvint à l'éteindre, et le combat et son talent comme auteur. Une notice bio-recommença avec une nouvelle ardeur, bien que graphique lui a été consacrée, par le docteur l'équipage eût perdu près de trois cents hommes. Fréteau, et est imprimée dans le Précis analy- Enfin, après sept heures d'une lutte acharnée, tique des travaux de la Société des lettres, scien- le Neptune étant ras comme un ponton, et ayant ces et arts de la Loire-Inférieure, pendant les sept pieds d'eau dans la cale, Kerlérec, qui était années 1814 et 1815. Une autre a été insérée grièvement blessé à la jambe, fut contraint de dans le Journal anecdotique de Castelnaudary se rendre. Promu capitaine de vaisseau, en rédu 48 septembre 4822. DE R. DE R. compense de sa bravoure, il devint, plus tard, brigadier des armées du roi et gouverneur de la Louisiane, où il ajouta, par la fermeté et la sagesse de son administration, à la réputation qu'il s'était acquise dans la marine. On dit qu'il avait fait sur la Louisiane des mémoires intéressants que l'on croit perdus. Il mourut à Paris, le 9 septembre 1770, à l'âge de 66 ans. P. L...t..

KERLEAU VINCENT de), né au château ( le l'Isle, dans la commune de Moustéru, ancienne trève de Pédernec, au pays de Goëllo, appartenant à la maison de l'Isle. Devenu abbe de Bégar en 4443, il fut chargé, par les ducs Pierre II et François II, de diverses négociations, et dont il s'acquitta à l'avantage du duché, auprès du pape, du roi d'Angleterre et du duc de Bourgogne. François II l'établit, en ou- KERLIVIÓ (Louis EUDO de), — issu d'une tre, président de la Chambre des comptes pen-ancienne famille d'Hennebon, qui avait fourni dant la première disgrâce de Guillaume Chau- des conseillers au Parlement de Bretagne, était vin. A son retour de la seconde mission qu'il le premier des quatre enfants de François Eudo avait remplie en Angleterre, en 1472, il fut nom- et d'Olive Guillemoto. Il naquit, le 14 novemmé à l'évèché de Léon, dont le pape Sixte IV lui expédia les bulles le 1er juillet de la même année, mais en chargeant l'abbaye de Bégar d'une pension de 200 ducats d'or au profit de Pierre, cardinal du titre de Saint-Sixte. Ce fut apparemment pour cette raison que Kerléau conserva en commende son abbaye de Bégar et celle de Prières, dont il était pourvu depuis 1467. Il ne tint son siége que quatre ans, étant mort le 30 octobre 1476.

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bre 1621, à Hennebon, et fut-baptisé le même jour dans l'église de Saint-Caradec. Après avoir terminé ses humanités à Rennes, il alla faire sa philosophie à Bordeaux, et revint ensuite à Hennebon. Un esprit vif et solide, une humeur enjouée, des talents de société en faisaient un cavalier accompli: aussi obtenait-il de grands succès dans le monde, lorsqu'un amour contrarié le détermina à suivre une autre vie. S'étant enfermé pendant six semaines au couvent des Carmes des Billettes, sous la conduite du KERLEREC ( LOUIS BILLOUART, cheva- P. Donatien de Saint-Nicolas, il se voua, par ses lier de ), d'une ancienne famille de la pa- conseils, à l'état ecclésiastique, et se présenta roisse de Penmarc'h, évêché de Cornouaille à Saint-Vincent-de-Paul, au séminaire des était enseigne de vaisseau et embarqué, dans Bons-Enfants. Ses parents lui refusèrent d'al'escadre du marquis d'Antin, sur le vaisseau bord leur consentement; mais il persista si rél'Ardent, commandé par M. d'Epinay, lors du solument que bientôt Saint-Vincent-de-Paul combat du 18 janvier 4740. Blessé à la cuisse put le citer comme un modèle de ferveur, d'ausdans ce combat, il fut fait lieutenant, et capi-térité et d'abnégation. Ordonné prêtre à vingttaine de compagnie à la campagne suivante. Ce quatre ans, il prit ses degrés en Sorbonne, et fut en qualite de premier lieutenant du vaissaeu le Neptune qu'il prit, aux combats des 15, 47 août et 29 octobre 1746, une part honorable, qui lui valut la croix de Saint-Louis. Dans le mémorable combat livré, le 21 octobre 1747, par M. de L'Etanduère (Biog. bret., t. Ier, p. 924925), le Neptune, dont Kerlérec était encore premier lieutenant, était l'un des vaisseaux de l'arrière-garde. Dès le commencement de l'action, le capitaine, M. de Fromentières, avait eu la caisse emportée par un boulet, et, peu après, M. de Longueval d'Harancourt, commandant en second avait été tué. Le Neptune avait alors ses mâts presque hachés et ses canons en partie démontés. Kerlérec, investi du commandement, ranima le courage de l'équipage, et continua, avec la plus grande vigueur, la défense du Neptune contre trois vaisseaux ennemis. Dans l'intervalle, le feu prit à sa

revenu après la mort de sa mère à Hennebon, il y exerça promptement une telle influence sur son père qu'il devint son directeur spirituel. M. de Kerlivio père, étendant le cercle de sa charité habituelle, fit de sa maison un véritable hospice; et, quand il mourut, il dit à son fils qu'il n'avait point fait de testament, assuré qu'il était que tout le bien qu'il lui laissait deviendrait celui des pauvres et de l'église. Jamais dernière volonté ne fut mieux exécutée. Multipliant ses bonnes œuvres sous toutes les formes, son fils distribua d'abondantes aumônes, donna une maison pour recevoir les pauvres orphelins, paya leur apprentissage, dota des religieuses, et acheva de bâtir l'hôpital d'Hennebon, qu'il dota aussi. Retiré dans cet hôpital, où il s'était réservé un petit appartement, il faisait des pauvres son unique société, passant tout son temps à les confesser, à les

catéchiser, et les assistant de ses revenus aussi | plupart des congrégations de N.-D. dans les bien que de ses conseils, tandis qu'il s'imposait villes et la confrérie du Saint Sacrement, avec à lui-même des austérités telles que ses supé- l'adoration perpétuelle dans toutes les paroisrieurs durent le modérer. Quoique ses aumônes ses. et qu'il consacra, soit à ces fondations fussent considérables, il trouva pourtant le pieuses, soit à l'entretien des ecclésiastiques, moyen d'acheter des Jésuites de Vannes un jar- des églises et de leurs ornements, des libéradin attenant à leur collége, pour que le P. Ri-lités qui s'élevèrent, dit-on, jusqu'à cinquante goleuc (voy. ce nom) pût y établir un séminaire mille écus. où les jeunes gens qui se destinaient à l'état Quand monseigneur de Rosmadec fut appelé ecclésiastique seraient élevés dans la piété, en à l'archevêché de Bourges, en 1671, monseimême temps qu'ils étudieraient au collége. gneur de Vautorte, son successeur, prévenu Monseigneur Ch. de Rosmadec, évêque de contre Kerlivio, lui ôta la charge de grand-viVannes, l'arracha, mais non sans peine, à son caire, ainsi que la direction des maisons relihôpital pour en faire son grand-vicaire; et gieuses. Mais cette disgrâce, suscitée par l'enquand le prélat revint à Vannes, après deux vie, ne fut que momentanée. Le prélat, prompans de séjour à Paris, où l'avaient appelé les tement revenu de ses injustes préventions, réaffaires de son diocèse, il fut surpris du nom-tablit les maisons de retraite des femmes qu'il bre et de l'importance des améliorations que avait interdites, nomma Kerlivió supérieur de Kerlivio y avait introduites. Il redoubla d'esti- celle qu'il permit de bâtir et du monastère de me pour lui, et il le lui prouva en le choisis-la Visitation; puis, au mois de janvier 1677, sant pour son confesseur, ce qui ne l'empêcha il le pria de reprendre ses lettres de grand-vipas de causer à ce pieux ecclésiastique le plus caire. Kerlivio, qui regardait l'obéissance grand chagrin qu'il ressentit dans toute sa vie. comme le premier des devoirs religieux, se Le prélat avait d'abord agréé le projet du sé- soumit, et continua d'exercer ces fonctions minaire des écoliers; mais lorsqu'il fut ques- jusqu'à sa mort, qui eut lieu à Vannes, le 24 tion de l'employer à cette destination, entrai- mars 1685. Il fut inhumé dans l'église des Jéné par l'opposition unanime des prêtres de son suites, où son tombeau a long-temps été visité synode, il désapprouva ce qu'il avait approu- par les fidèles qui venaient y témoigner leur vé antérieurement. Kerlivio voulut alors re- vénération, pour celui dont toute la vie s'était noncer aux fonctions de grand-vicaire et se passée dans la pratique de la piété et de la borner au gouvernement de la paroisse de Plu- charité. Sa vie est retracée avec de grands démergat, dont il avait récemment été nommé rec- véloppements dans les Vies des Saints de Breteur; mais revenu à d'autres sentiments, il fit tagne, etc., de D. Lobineau, pp. 550-563. Le du séminaire une maison de retraite pour les P. Champion en a publié une parmi celle des hommes, et l'évêque s'empressa de sanction- fondateurs de. maisons de retraite; Nantes, ner ce changement. Kerlivio dressa, de concert petit in-12. On assure qu'il y a une autre vie avec le P. Huby, les statuts de la nouvelle de Kerlivio. Troyes, 1702, in-12. institution, et y fonda l'entretien de quatre religieux pour en être les directeurs. Les soins tout particuliers qu'il donna pendant vingt-six KERMAINGUY (PIERRE), célèbre docans à la maison de retraite ne lui firent pas teur en Sorbonne, né à Saint-Pol-de-Léon, et négliger un instant ses devoirs de grand-vicai- mort provincial des Carmes de Touraine en re. Continuant l'œuvre du P. Maunoir et celle 1474, est mentionné dans la Bibliothèque des du père Rigoleuc, il favorisa et propagea la Carmes comme auteur d'une Histoire ecclésiaspratique des missions. Il introduisit dans le dio- tique, écrite en latin; d'une Histoire de l'ordre cèse une discipline sévère, dont sa bienveil- des Carmes; d'une Critique des constitutions lance sut néanmoins tempérer la rigueur, cor-d'Aristote; enfin d'un ouvrage intitulé Super rigea une foule d'abus et établit l'unité dans l'enseignement du dogme. Il cumuilat tous ces soins avec ceux du confessionnal, où sa douceur faisait de nombreuses conquêtes, et, ni l'âge, ni les infirmités ne purent jamais.ralentir son zèle, pas plus que modifier ses habitudes de rigoureuse abstinence Monseigneur de Rosmadec l'ayant obligé à prendre la cure de Saint-Patern, la première du diocèse, il ne la garda qu'un an, parce qu'ayant un grand patrimoine, il se faisait scrupule d'y ajouter le bien de l'église dont d'autres pouvaient avoir besoin. Toute sa vie, depuis le moment de sa conversion, ne fut qu'un exercice perpétuel de zèle et de charité. C'est ainsi qu'il érigea la

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Aristotelis clinchos commentaria. Le P. Possevin fait mention de ce religieux dans son Apparatus sacer, et d'Argentré dans son Histoire de Bretagne, liv. Ier, chap. XI. P. L...t.

KEROUAZLE (LOUISE-RENÉE DE PEN-ANCOET DE), duchesse de Portsmouth et d'Aubigny, comtesse de Farcham et de Kerouazle, baronne de Petersfield, dame de Mesnaolet et des terres, fiefs et seigneuries et juridictions du Châtel, naquit en 1649. Elle appartenait par son père, Guillaume de Pen-an-Coët, comte de Kerouazle, et commandant de l'arrière-ban du diocèse de Léon, à une ancienne famille de la paroisse de Guiler, dans ce diocèse, famille

dont le nom originaire de Penhoet ou Penhoat | écrivait-il à Mlle de Kerouazle. (OEuvres me avait été échangé contre celui de Pen-an-Coat Londres, Vaillant, 1708, 6 vol. in-12, t. ou Pen-an-Coël (en français Chef du Bois), p. 63-64.)« Elles ont plus de pudeur à lorsque François de Penhoat, qui épousa le 10 » frir que n'en doit avoir une honnête fille mai 1330 Jeanne de Pen-an-Coët, dame de » écouter.... Laissez-vous donc aller à la Kerouazle, s'obligea, par une clause expresse» ceur des tentations, au lieu d'écouter v de son contrat de mariage, à faire prendre à » fierté. Votre fierté vous ferait bientôt ret ses enfants le nom et les armes de leur mère, » ner en France, et la France vous jetterai que leurs descendants ont toujours conservés» quelque couvent... Au lieu de porter au o depuis. Cette maison portait: fascé de six piè-» vent le dégoût de l'amour, le couvent vous ces d'argent et d'azur, ALIAS: à la bordure» fera naître l'envie. » Quand tout fut p chargée de six annelets en orle, avec cette de- pour la conclusion du marché, Louis, sous p vise: A bep pen, lealdet (loyauté partout), et texte de visiter les côtes de France, emme aussi en diavez (à découvert). Elle était une la reine, Mme Henriette, Mlle de Kerouazle des quatre premières du diocèse, comme l'at- toute la cour à Dunkerque. Madame s'échap teste cette antique devise, bien connue dans la avec sa compagne, franchit le détroit et vint Basse-Bretagne Antiquité de Penhoet, vail- Douvres, où elle avait donné rendez-vous a lance de Chastel, richesse de Kerman, chevale- roi son frère. Là ils passèrent des jours part rie de Kergournadech. Par arrêt rendu en la gés entre des fêtes bruyantes et des conféren Grand'Chambre de la réformation de Bretagne, ces auxquelles prirent part le roi, deux de se le 8 juin 1669, au rapport de M, Le Jacobin, ministres, l'ambassadeur français. Madame e elle avait été déclarée noble d'ancienne extrac- Mlle de Kerouazle. Charles fut subjugué. Hen tion, et Guillaume, père de Louise-Renée, avait riette avait débarqué en Angleterre le 16 ma été maintenu dans sa qualité de chevalier. Un 1670; le 22 elle avait obtenu la signature du autre Guillaume de Pen-an-Coët, l'un des an- fameux traité secret, et le 26 elle l'apportait à cêtres du précédent, avait été salade de la com- Dunkerque, laissant pour garant de son exécupagnie de cinquante salades tenant garnison tion sa belle fille d'honneur, qui se prêta sans aux ville et château de Brest, sous René de difficulté à ce que Charles la conduisit à sa Rieux, seigneur de Sourdéac, dont Louise-Re-cour (4). Bientôt invitée par Arlington, ami du née était la petite-fille par sa mère, Marie de Plouc du Tymeur, fille de Sébastien, marquis de Plouc et du Tymeur, et de Marie de Rieux, fille de Sourdéac.

prince, à venir passer quelques jours dans sa terre d'Eaton, elle y rencontra son royal amant et en revint avec les droits qu'elle avait acquis à être attachée comme fille d'honneur, suivant l'étiquette traditionnelle, à la femme du roi, et à être créée baronne de Petersfield, puis ensuite comtesse de Farcham et duchessé de Portsmouth..

Mile de Kerouazle était fille d'honneur de Mme Henriette d'Angleterre, sœur de Charles II, lorsque Louis XIV prit la résolution d'affermir l'autorité intérieure du monarque anglais et de faire rétablir dans son royaume la prédominance de la religion catholique. Mais, (1) Bien différente en cela d'une autre demoiselle de comme on l'a justement observé, pour con- Keroualle, personnage épisodique d'une nouvelle histosommer cette œuvre pieuse, n'était-ce pas as-rique intitulée : Les actions héroïques de la comtesse de Montfort, duchesse de Bretagne. Paris, Jacques Collombat, sez d'envoyer à Charles cette sœur qu'il ai-1697, in-12. Cette demoiselle de Kerouazle, que l'auteur, mait tant, cette séduisante et infortunée Hen- Lesconvel, (V. ce nom), suppose fille d'un Philippe de Penriette d'Angleterre, devenue, par son mariage an-Coet de Kerouazle, amiral de Bretagne sous un duc avec Monsieur, l'ornement de la cour et la con- Flandre. L'auteur en fait une des héroïnes qui secondèrent Arthur, était attachée comme fille d'honneur à Jeanne de quête de l'Eglise de France? Louis, pour obte- la comtesse dans sa belle défense d'Hennebon. Amante nir la conversion de Charles, devait-il, comme aimée d'un brave chevalier, le sire de Penmarch, elle réle dit Hume, lui faire présent d'une maîtresse? sista aux séductions du roi Edouard, à la cour de qui Ce fut pourtant ce qui arriva. Le ministère an- joua le rôle d'Henriette, en favorisant autant qu'elle put elle avait accompagné la comtesse, laquelle, de son côté, glais, resté voué, sous le nom de cabale, au les desseins de son hôte. La vertueuse fille ne fut pas plus mépris ainsi qu'à l'exécration des contempo- accessible aux tentatives du comte de Glocester, rains et de la postérité, appuyait Louis XIV, agissant, soit pour lui-même, soit pour le compte du roi, qui le soudoyait. Toutefois, l'apathique et vo- dire que Penmarch se trouva à point pour délivrer son luptueux Charles II résistait encore aux afla- amante, dont il reçut la main en récompense de sa fidé. ques de ses méprisables conseillers. Pour l'en-lité et de sa bravoure. Ces personnages sont imaginaires, traîner, on recourut à des intrigues décisives sur un prince qui ne demandait, qu'à passer sa vie entre ses maîtresses et ses compagnons de plaisirs, intrigues que Saint-Evremond, alors son courtisan et son pensionnaire, seconda par ses détestables conseils. Ne rebutez pas trop » sévèrement les tentations en ce pays-ci, »

qui,

l'enleva une belle nuit et par force de son lit. Inutile de

sans doute, et introduits dans le seul but de motiver la dédicace du livre à la duchesse de Portsmouth; mais, n'est-ce pas chose plaisante que cette naïveté, involon tairement satirique, du romancier s'évertuant à dérouler sous les yeux de la courtisane titrée les amours chastes tre dans des situations identiques qui, par cela même, et désintéressés de son aïeule, et les plaçant l'une et l'audonnent lieu à un parallèle fort peu honorable pour la

maîtresse de Charles II?

réunion du Parlement était même fixée au 1er février 1685. Le roi, tombé malade la veille, mourut le 6 février, et son projet avorta.

Le cœur quoique Mme de Sévigné ait insi- | Portsmouth semble avoir peu usé de son emnué le contraire (1) ne fut pour rien dans la pire sur lui pour le déterminer à des résolutions liaison de Charles II et de Mlle de Kerouazle. La louables, si ce n'est vers les derniers temps de politique et des goûts purement sensuels, d'une la vie de ce prince. Charles, honteux de l'oppart, l'ambition et la vanité, de l'autre, en fu- pression que lui faisait subir le duc d'Yorck, rent les seuls mobiles. Plus habile que Mme de son frère, avait, dit-on, résolu de rétablir les Montespan, qu'elle égala, dit-on, en beauté, immunités nationales qu'il avait confisquées au mieux servie d'ailleurs par les circonstances et profit du pouvoir absolu, d'assembler un Parpar le caractère de l'indolent Charles II, la nou- lement librement élu, et de le laisser maître de velle favorite sut toujours conserver intact l'as- prendre des sûretés convenables. On prétend cendant qu'elle avait pris sur lui. Bien des fois, que ce plan avait été concerté entre le roi, la pourtant, on lui suscita des rivales, et, chose duchesse, le comte de Sunderland et lord Goqui n'a pas droit de surprendre chez un cour-dolphin, qui venait d'entrer au ministère. La tisan, ce même Saint-Evremond, que nous avons vu l'entraîner dans le précipice, ne fut pas un des moins ardents à essayer de la faire supplanter. Lorsque la duchesse de Mazarin Après la mort de Charles II, la duchesse de vint, en 1676, se fixer en Angleterre, il se fit Portsmouth revint en Bretagne, et habita, tanson confident, son ami, et peut-être, si la belle tôt son hotel, en face de l'ancienne église de Mancini eût suivi ses conseils, la duchesse de la rue des Sept-Saints, tantôt le château de Portsmouth eût-elle été détrônée. Ce n'est là, Kerouazle, qu'elle fit décorer de peintures mytoutefois, qu'une conjecture; car la favorite, thologiques, dont quelques-unes se voient enindifférente aux nombreuses infidélités de son core aux plafonds et aux lambris des apparteesclave couronné, les exploitait, au contraire, ments, notamment le sujet d'Andromède et de comme, plus tard, la Pompadour, à l'égard de Persée, où la fille de Céphée, nue et enchaînée Louis XV, en dirigeant les choix de Charles de sur un rocher, est représentée, assure-t-on, façon à ce que ses amours éphémères servissent sous les traits de la châtelaine du lieu. Toujours à fortifier son crédit. Plus occupée du soin de le attentive à soigner et à accroître sa fortune, maintenir et d'asseoir sa fortune, elle se fit don- elle s'occupa activement et personnellement de ner force terres et largesses, même en France, la gestion de ses affaires, comme le prouvent où Louis XIV, à la prière de Charles II, récom- maints actes qui nous ont passé par les mains, pensa son dévouement à servir sa politique, en et qui révèlent son caractère intéressé et prolui donnant, en 1673, la terre d'Aubigny, dans cessif; caractère qui eut bien des occasions de le Berry, terre qu'il érigea, en 4684, en duché- se montrer. En effet, l'acquisition qu'elle avait pairie, par lettres-patentes non enregistrées. Il faite de la seigneurie du Châtel l'avait rendue y joignit des terres formant un apanage consi-propriétaire de domaines considérables dans le dérable, dont Charles, duc de Richmond, ar- Bas-Léon, voire même d'une partie d'un des rière-petit-fils de la duchesse, mort le 29 décembre 4806, fut privé à la Révolution, mais que Louis XVIII rendit, avec une partie des priviléges honorifiques qui s'y trouvaient attachés, au neveu de ce dernier, mort gouverneur-général des possessions anglaises dans l'Amérique du nord, le 27 août 1819 (2).

Mêlée aux déplorables intrigues qui constituent le règne de Charles II, la duchesse de

côtés de Brest ( Recouvrance); ce qui donna lieu de lui payer de larges indemnités, lorsqu'en 1684, Louis XIV créa en quelque sorte la ville de Brest, « parce que, dit Colbert dans sa » lettre du 13 mars de cette même année à l'in» tendant Desclouzeaux, il y a lieu de donner un >> desdommagement au seigneur de la terre du » Chastel, de qui despend le lieu de Recouvrance, estant difficile qu'estant joint et fai» sant un même corps de la ville avec Brest. il (1) Ne trouverez-vous point bon aussi de savoir que >> demeure dans la seigneurie d'une terre parKeroual, dont l'étoile avait été devinée avant qu'elle» ticulière. » Après la mort de la duchesse, qui partit, l'a suivie très-fidèlement ? Le roi d'Angleterre l'a aimée; elle s'est trouvée avec une légère disposition ⚫ à ne pas le hair. Enfin elle se trouve grosse de huit ⚫ mois. Voilà qui est étrange. La Castelmaine est disgra ⚫ciée. C'est ainsi qu'on en use en ce royaume là. (Lettre • 408 de M" de Sévigné, édit. Monmerqué, t. III, p. 464.) (2) Le régent ajouta à ces largesses. En 1718, il ac⚫ corda à la duchesse de Portsmouth 8,000 livres d'aug›mentation de pension à 12,000 qu'elle avoit déjà. Elle étoit fort vieille, très convertie et pénitente, très mal dans ses affaires, réduite à vivre dans sa campagne. Il ⚫ étoit juste et de bon exemple de se souvenir des servi⚫ces importants et continuels qu'elle avoit rendus de ⚫ très bonne grâce à la France, du temps qu'elle étoit en › Angleterre maîtresse très-puissante de Charles II. (Memoire de Saint-Simon, xxx, 28.)

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eut lieu, à Paris, le 14 novembre 1734, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans et deux mois, la terre du Châtel fut acquise par le fameux financier Crozat, qui la fit ériger en marquisat. Quelques années auparavant, Mme de Portsmouth avait fondé, dans la ville d'Aubigny, un couvent de religieuses hospitalières. Etait-ce en expiation de ses erreurs? Nous voulons le croire avec Saint-Simon. Elle avait partagé avec Ninon le privilége de conserver sa beauté jusqu'à un âge où il est donné à peu de femmes de braver les outrages du temps. «Nous lui avons vu, à l'âge » de près de soixante-dix ans, dit Mme de La

T. II.

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