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écrit par Le Baud, sous le règne de François II, | Rennes, où il subit l'examen d'admission à l'éet composé de mille huit cent vingt vers, desti- cole polytechnique. A sa sortie de cette école, nés à fixer dans la mémoire les noms propres, il fut envoyé à Metz comme élève sous-lieutel'ordre et la date des faits sous une forme que nant du génie. Il était lieutenant d'état-major MM. de Port-Royal appliquèrent avec succès, de cette arme depuis le 18 décembre 1807. beaucoup plus tard, à l'etude des langues an- lorsqu'il fut chargé de faire la reconnaissance ciennes. Si, dans son Histoire, comme dans son des sources de la Roer et de la Kill, où l'EmBréviaire, Le Baud, pour les premiers temps pereur avait l'intention d'établir une place de de nos annales, reproduit toutes les fables de guerre; il fit à cette occasion un travail qui lui Geoffroy de Monmouth; si, à l'exemple des valut les éloges du ministre de la guerre. Au chroniqueurs des autres pays, il s'est cru obligé mois de septembre 1808, il prit, comme capide faire descendre les Bretons des Troyens, et taine en second, au mémorable siége de Sarade confondre ainsi l'absurde avec le vrai dans gosse, une part active, qui le fit nommer chele tableau de nos origines nationales; si ce mé-valier de la Légion-d'Honneur, le 10 mars 1809. lange hétérogène donne droit de lui reprocher A la bataille d'Ocana, au passage de la Sierrade n'avoir pas toujours été un critique judi- Morena, au blocus de Cadix, à la défense de cieux, il est juste néanmoins de reconnaître que Ronda, il se montra aussi brave soldat qu'hace reproche ne peut s'appliquer qu'aux temps bile ingénieur. Lors de l'évacuation de l'Andaantérieurs au ve siècle, pour lesquels il a man-lousie, il ne la quitta qu'après en avoir démoli qué de guides sûrs, et que, pour les temps pos- les fortifications. Il agit de même à l'égard du térieurs, il a fait preuve de tout le discerne- fort de Moron et du camp retranché de Grement qu'on pouvait exiger à son époque, Son nade. Il participa ensuite à l'attaque du fort livre est particulièrement utile pour l'histoire du Chinchilla et à la bataille de Vittoria. A celle ve au x siècle, période où, dégagé des entraves d'Orthez, il favorisa la retraite de l'armée, en de la tradition mythologique, et marchant ap- détruisant à propos les ponts, et dans la campuyé sur des autorités qu'il cite ou traduit fi-pagne de Toulouse, où il continua de payer dèlement, dans un style pittoresque et souvent bravement de sa personne, il reçut deux blesénergique, il supplée à un grand nombre de mo- sures. Nommé officier de la Légion-d'Honneur, numents historiques connus à la fin du xve siè-le 15 octobre 1814, il fut attaché, pendant les cle, mais perdus depuis, et devient un compi- Cent-Jours, avec la compagnie de mineurs lateur fidèle et scrupuleux, qui ne transige avec qu'il commandait, d'abord au corps du maréaucun des devoirs de l'historien. Le même ca-chal Gérard, ensuite à la défense de Metz. Il ractère d'impartialité, joint à un ardent patrio-était, depuis le 20 août 1816, employé à Grantisme, se trouve dans un opuscule inédit de Le Baud, dont l'existence a été révélée par notre érudit collaborateur, M. de La Borderie, qui en a donné, au congrès de Saint-Malo, en 1849, une analyse insérée, p. 445-147, t. II, du Bulletin archéologique de l'Association bretonne. Cet opuscule, dédié à la duchesse Marguerite de Foix, femme de François II, et formant 33 pages in-f, est une espèce d'abrégé de l'histoire de Bretagne, en même temps qu'un plaidoyer politique, destiné à prémunir la duchesse et son époux contre les intrigues du parti français qui, à la fin du règne de François II, s'efforçait de persuader aux Bretons que les principes de la loi salique formaient en Bretagne la règle de la succession au trône ducal, d'où la conséquence que François II n'ayant que deux filles, sa couronne, après sa mort, devait revenir au roi de France, seigneur suzerain.

P. L...t.

LE BESCHU de la Martais (VICTOR-RENÉ), -né à Fougères, le 23 avril 1781, fut, dès l'âge de sept ans, confié par ses parents à son oncle, recteur de l'abbaye de Saint-Sulpice-des-Bois. Il y resta jusqu'à l'âge de douze ans, époque où son oncle émigra et le remit à ses parents. Son père lui donna alors à Fougères les meilleurs maîtres, puis l'envoya à l'école centrale de

ville, dont il avait mission de reconstruire les fortifications, lorsqu'envoyé en Espagne, en 1823, il fut attaché au corps d'armée chargé de l'occupation de l'Andalousie. Sa conduite. dans cette campagne, lui mérita le grade de chef de bataillon (18 juillet 1823) et la croix de Saint-Ferdinand d'Espagne (18 novembre 1823). Revenu à Granville, il y resta jusqu'en 1825, qu'il fut appelé à commander l'école régimentaire du génie à Arras. De là il vint remplir à Brest, en 1831, les fonctions d'ingénieur en chef. Promu lieutenant-colonel, le 9 avril 1833, il passa, l'année suivante, avec le même emploi, à Cherbourg, et fut envoyé, le 14 août 1838, comme colonel-directeur des fortifications à Béfort, position qu'il conserva jusqu'à son admission à la retraite, en 1841. Il se retira alors dans une campagne voisine de Fougères, et, après sa mort, survenue à Avranches, le 31 juillet 1850, son corps fut porté et inhumé dans la première de ces villes.

La Chronique de Fougères, des 17 et 24 août 1850, contient, sur le colonel Le Beschu, des détails circonstanciés d'où sont extraits ceux qui précèdent. P. L...t.

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et persistantes n'ont pu nous faire découvrir ni son; tel est celui de la bibliothèque publique de les lieux et époques de sa naissance et de son dé- Brest, portant la date de 1667, quí se termine cès, ni aucune circonstance de sa vie; il ne nous par cette instruction, avec pagination spéciale, est connu que par l'ouvrage qu'il a laissé sous sous ce titre Instruction des termes vsitez au le titre de: Armorial breton, contenant, par or- blason des armoiries, selon l'ordre alphabetidre alphabétique, les noms, qualitez, armes et que; avec le nombre des émaux, leurs significablasons des nobles, annoblis et tenans terres et tions et représentations que l'on admet ordinaifiefs nobles ez eveschez de Tréguier et de Léon, rement en cette science héraldique et ne pouravec plusieurs autres familles externes, tant à roient être comprises d'un chacun sans les figuraison de leur parentez et alliances que pour les res cy-après. Rennes, Julien Ferré, 1667, in-4° terres et seigneuries qu'elles y possèdent; en- de 48 pages. —L'Armorial avait été commencé semble de plusieurs grandes et illustres maisons par le père de Guy Le Borgne, sur les titres de cetle province, même du royaume et autres d'un grand nombre de familles ainsi que sur les pays estrangers au frontispice de chaque lettre, mémoires déposés à la Chambre des comptes de et de plus un abrégé de la science du blason. Le Bretagne, et les deux auteurs n'avaient négligé tout nouvellement dressé et mis en lumière par aucun moyen d'investigation pour s'assurer de Guy Le Borgne, écuyer, sieur du Treuzcoat, con- l'exactitude de leurs indications. Toutefois, seiller du roy, alloué et baillif en la jurisdic- comme le fait justement remarquer un juge tion royalle de Lanmeur, etc. Rennes, Julien bien compétent dans la matière (notre érudit colFerré, 4666 et 1669, in-4° de 292 p. Une autre laborateur, M. Pol de Courcy, Introduction de édition, que M. Brunet dit plus rare que la pré- son Nobiliaire de Bretagne, p. vII), « L'Armocédente, aurait paru avec le titre suivant: Ar- »rial n'a pas tous les caractères d'authenticité morial de Bretagne, contenant les noms, qua- » désirables. Il parut en 1667, un an avant la lités, armes et blasons des nobles, annoblis et » réformation, et quelques-unes des familles tenants terres et fiefs de nobles ès évêchés de qu'il mentionne ont été condamnées par les cette province; avec plusieurs autres familles » commissaires; mais il est extrêmement préexternes.. augmenté d'un abrégé de la science» cieux en ce qu'il fait connaître les familles du blason, avec les figures pour bien apprendre » éteintes avant cette époque; il rapporte, avec l'art héraldique, le tout nouvellement dressé» la naïveté d'un légendaire, tout ce qu'on par ecuyer G. L. B. Rennes, Pierre Garnier, croyait autour de lui sur les familles, sauf, 1681, in 4°. Enfin M. de Kerdanet indique une» dit-il, au lecteur prudent et sage d'en faire édition de 1657, que nous n'avons ni rencon-» le discernement, et son livre indique, printrée ni trouvée mentionnée dans aucun biblio- » cipalement pour les évêchés de Tréguier et graphe. Quant à la réédition que, selon lui, le » de Léon, qu'il connaissait mieux, quelles P. Toussaint de Saint-Luc (voy. ce nom), au-» étaient de son temps les familles regardées rait donnée de l'Armorial, en 1680, à Rouen,» comme nobles, ou vivant noblement et techez la veuve Prignard, c'est un travail diffé- »nant terres et fiefs nobles, ce qui est déjà rent. Au reste les diverses dates de l'Armorial » une grande présomption de noblesse. Comne s'appliquent qu'à une seule et même édition,» bien de pompeux articles, dans les ouvrages à quelques exemplaires de laquelle on a ajouté » généalogiques anciens ou modernes, n'ont une instruction sur le blason, ce qui a trompé M. Brunet lui-même. Telle était l'opinion de notre regretté collaborateur M. Baron du Taya; telle est aussi celle de son savant émule M. Bizeul. Nous sommes d'autant plus empressés de l'adopter que les divers exemplaires de l'Armorial que nous avons eus entre les mains, quelle que soit leur date, ont une pagination identique, et ne different entre eux qu'en ce que l'édition de 1681 contient cinq feuillets de gravures d'écussons donnant exemples de blason et des armes de M. d'Argouges après le frontispice, feuillets que l'on trouve dans toutes les méthodes LEBOUVIER-DESMORTIERS (URBAINde blason. Tout porte à croire que l'édition de RENÉ-THOMAS), -naquit à Nantes, paroisse de 1666 ou 1667, antérieure à la réformation de Saint-Clément, le 1er mars 1739. Son père, 1668, ne se vendant point, on voulut amorcer d'une famille qui s'était distinguée dans la males acheteurs au moyen d'un frontispice qui gé-gistrature, était conseiller à la Chambre des néralisât l'ouvrage à toute la Bretagne, au lieu comptes de Bretagne. Il fut lui-même attaché de le borner aux évêchés de Léon et de Tré-à cette Cour en qualité de conseiller - maître, guier, comme l'indiquait le titre primitif. Des exemplaires, portant la date de 1666 ou 1667, contiennent d'ailleurs l'instruction sur le bla

pas un fondement aussi solide! » P. L...t.

LEBORNIC (JEHAN), -peintre-vitrier du commencement du xvIe siècle, dont M. Anatole Barthélemy a révélé l'existence au congrès de l'Association bretonne, tenu à Saint-Malo, au mois de septembre 1849, n'est connu que par un passage d'un compte capitulaire de la cathédrale de Tréguier, où il est mentionné.comme ayant réparé les vitres de ladite église hault et bas et le cloistre.

P. L...t.

charge qu'il posséda pendant vingt-cinq ans, et dans l'exercice de laquelle il se fit constamment remarquer par la justesse de son esprit

et son austère probité. Lors de l'avènement de Louis XVI, en 1774, sa compagnie le nomma son député en cour.

Pendant le séjour prolongé qu'il fit à Paris, il consacra ses loisirs à l'étude des sciences physiques et naturelles, pour lesquelles il avait montré beaucoup de goût dès sa plus tendre jeunesse. Non content de se les rendre familieres en suivant les cours de Fourcroy et de Sage, il forma un riche cabinet de physique qu'il mit à la disposition des savants.

édition au nombre de deux mille six cents exemplaires. Il n'en restait plus que trois cents lorsque Lebouvier en obtint la restitution en 1814. le surplus ayant été vendu ou distribué clandestinement par les agents de la police. VIII. Examen des principaux systèmes sur la nature du fluide électrique et sur son action dans les corps organisés et vivants. Paris, 1843, in-8°. L'auteur développe rapidement les systèmes à l'aide desquels on explique les phénomènes surprenants de l'électricité, et il expose les divers Lorsque la Révolution éclata, il en adopta modes d'application de ce fluide à la guérison les principes; mais à la vue des excès dont elle des maladies. Les cures qu'il avait opérées sont était accompagnée, il se retira dans la Vendée, attestées par des notaires et d'autres personnes où il éprouva tous les maux qu'entraînent les dignes de foi. C'était dans des lieux d'une surdissensions civiles. Ses propriétés furent in-veillance meurtrière, sous l'empire de la loi des cendiées, et son cabinet de physique passa en ôtages, qu'il avait guéri à Nantes, par l'électrid'autres mains. Plus tard, il revint à Nantes, cité, deux malades abandonnés des médecins, où il mourut le 11 mars 1827, des suites d'une et qu'il avait essayé par le même moyen de renattaque d'apoplexie, dre l'ouïe et la parole à des sourds et muets de On a de lui les ouvrages suivants : I. Epitre naissance. IX. Supplément à la vie du général à une dame qui allaite son enfant. Paris, Re- Charette, commandant en chef les armées cagnard, 1766, in-8° de 18 pages. Cette pièce de tholiques et royales dans la Vendée, extrait d'un vers, que l'auteur avait envoyée au concours manuscrit sur la Vendée. Paris, P. Didot aîné, du prix de poésie ouvert par l'Académie fran- 4814, in-8° de 16 feuilles. X Examen de la çaise pour 1766, obtint une mention honorable, Charte constitutionnelle de 1814. Paris, Delauet le secrétaire Marmontel en lut des extraits qui nay, 1815, in-8° de 2 feuilles. XI. Lettre aux furent applaudis et imprimés avec l'Epitre au auteurs anonymes de l'ouvrage intitulé « Vicpoète de Laharpe, qui fut couronnée. II. Coup- toires, conquêtes, désastres, revers et guerres d'œil sur l'Auvergne, ou Lettres à M. Perron.civiles des français, » pour faire suite à la Vie 1789, in-8°. Cet opuscule, que l'on désigne quel-de Charette. Paris, 1818, in-8° de 8 feuilles 3/4. quefois, mais à tort, sous le titre de Voyage en XII. Babioles d'un vieillard. Paris, Dentu, Auvergne, contient des renseignements utiles 1848, in-8° de 46 feuilles 1/2. Recueil compoaux naturalistes. III. Mémoires ou considéra- sé des amusements de l'auteur pendant sa jeutions sur les Sourds-Muets de naissance, et sur nesse il aurait pu s'abstenir d'y reproduire les moyens de donner l'ouïe et la parole à ceux quelques pièces de vers trop libres. XIII, Corqui en sont susceptibles. 1800, in-8°. (Voyez respondance de M. le comte Arthur de Bouillé le Magasin encyclopédique, 6o année, t. III, et de M. Lebouvier- Desmortiers, concernant p. 555). IV. Vers à l'abbé Siccard (dans le Jour- la gloire militaire de M. de Bonchamps, génénal de Paris du 26 germinal an VIII). V. Re-ral vendéen. Paris, 1819, in-8° de 2 feuilles. cherches sur la décoloration spontanée du bleu de Prusse et sur le retour de cette couleur. Paris, 1801, in-8° de 32 pages. (Voyez le Magasin encyclopédique, 6e année, t. VI, p. 129). C'est un mémoire intéressant qu'il avait lu à la Société libre des sciences, lettres et arts de Paris, dont il était membre. VI. Mme Antigall, ou Réponse (anonyme) au Journal de l'Empire. 4808, in-8° de 56 pages, plus le frontispice. VII. Réfutation des calomnies publiées contre le général Charette. Paris, 1809, 2 parties in-8°. Cet ouvrage, dédié à Mile Charette, était tout à la fois un acte de courage et de reconnaissance de courage, parce qu'il y avait du danger à braver, par sa publication, le gouvernement impérial; de reconnaissance, parce que, durant les guerres de la Vendée, Charette avait deux fois sauvé la vie à Lebouvier. Le sentiment qui animait l'auteur explique et justifie, autant qu'il est possible, la partialité dont il a été accusé. Lebouvier fut emprisonné et vivement poursuivi par la police impériale, qui fit saisir toute son

XIV. Vie du général Charette, nouvelle édition. Nantes, Mellinet-Målassis, 1823, in-8°. L'auteur y a refondu tous ses ouvrages sur Charette. XV. Discours (pour l'inauguration de la statue de Charette, faisant partie de la brochure intitulée: Fête de l'inauguration de la statue du général Charette, 4 septembre 1826). Nantes, Mellinet - Malassis, in-8° de 4 feuilles 1/2. Lebouvier était président de la commission chargée d'ériger cette statue. Pendant les dernières années de son séjour à Paris, il avait, à ses frais, fait sculpter par M. Bosio un très - beau buste de Charette, en marbre blanc, dans l'intention de l'offrir à une ville de Bretagne.

Lebouvier, dont l'instruction était très-variée, avait en outre publié des articles dans divers journaux. Entre autres morceaux qu'il avait insérés dans le Lycée armoricain, nous citerons des fragments en vers d'un Discours sur les Maurs (t. I, p. 36 et 134), et un Mot sur les deux Sexes, signé de Kerlec (t. II, p. 46 et 144). Il était membre de la Société libre des sciences,

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lettres et arts de Paris, des Sociétés philotech- | sions, et concourut à la prise du Port-de-Paix. nique, galvanique, de l'Académie des sciences. Il commanda en outre, pendant huit mois, la belles-lettres et arts de Rouen, et de la Société station du sud de Saint-Domingue. La colonie royale académique de Nantes. P. L...t. étant restée au pouvoir des nègres, et le capitaine de vaisseau Barré, commandant des forces LEBOZEC (PIERRE-MARIE), — né à Bréhat navales françaises, ayant conclu, le 30 no(Côtes-du-Nord), le 28 avril 1769, entra dans vembre 1803, une convention d'après laquelle la marine, en qualité de mousse, en 1782: nos bâtiments étaient remis aux Anglais, LeAprès une première campagne au service de bozec et le capitaine Montalan, de la Vertu, Etat, il continua de naviguer au commerce refusèrent d'y souscrire. La Clorinde et la Verjusqu'au 7 octobre 1792, époque où il obtint tu, ayant appareillé à l'entrée de la nuit, la le brevet d'enseigne non entretenu. Le 19 juin brise de terre tomba tout à coup, et les fréde l'année suivante, il fut nommé au commande-gates furent portées à la côte, sous la batterie ment de la canonnière la Vaillante, sur laquelle du Grigri. Cette contrariété de vent empêcha il soutint, en croisant dans la Manche, un com- les deux capitaines de mettre à exécution leur bat d'une heure contre une corvette anglaise honorable détermination. Les deux frégates de 18 canons, qu'il força de l'abandonner. Fait furent donc forcément comprises dans la capilieutenant de vaisseau le 19 janvier 1794, il tulation. passa sur la corvette la Républicaine, de 24 La captivité de Lebozec dura plus de sept canons de 8 en batterie et de 2 obusiers de 36. ans. Lorsqu'il revint en France, il fut nommé, Pendant les soixante-cinq mois dix-huit jours le 4 janvier 1844, au commandement du Friedque dura le commandement de Lebozec, il fut land; puis, le 24 avril suivant, à celui du Masoixante mois sous voiles, croisant tantôt dans rengo. Après un embarquement d'un mois sur la Manche ou l'Océan, tantôt dans les mers du la frégate la Loire, il commanda, du 1er octobre Nord, sur les côtes d'Afrique, etc. Dans ces 1813 au 30 novembre 1814, une division comdiverses croisières, il s'empara de soixante-posée des frégates l'Arethuse et l'Illyrienne et seize batiments anglais. Le récit des engage-de la corvette l'Alcyon. Il était capitaine de vaisments qui procurèrent ces nombreuses cap-seau de 2e classe depuis le 24 septembre 1803. tures serait trop long; nous nous bornerons Le 1er août 1816, il fut promu à la re classe de à mentionner le dernier combat que la Ré- son grade, et nommé, au mois de mars 1817, au publicaine eut à soutenir. Ce fut le 25 août commandement de la frégate la Flore, chargée 1799. La corvette française était réduite à cent d'aller montrer le nouveau pavillon français quatre-vingt-un hommes d'équipage, par l'obli- dans diverses colonies et d'y renouer des relagation où elle avait été de donner des hommes tions entre elles et la France. Lebozec se renà des prises américaines qu'elle venait de faire. dit d'abord à Cayenne, d'où il partit avec la corMais ce n'était pas la seule cause de diminution vette la Coquette. Il parcourut la chaîne des îles de ses forces; elle ne pouvait se servir de ses qui s'étend depuis là Martinique jusqu'à la côte caronades de gaillards, mal placées, par suite ferme, visita La Guayra, Santa-Martha, Carde leur emploi postérieur à la construction de la thagène, Porto-Bello, La Havane; il croisa encorvette, ce qui lui donnait, comme cela n'ar-suite sur les Sondes, puis se montra sur les côtes riva que trop souvent à bord des bâtiments de guerre français, un chiffre de canons supérieur à celui dont elle pouvait faire usage. La Républicaine, chassée par la frégate anglaise Tamar, de 44 canons et trois cents hommes d'équipage, capitaine Thomas Western, fut rejointe par son adversaire à quelques milles d'Orange. A cinq heures trente minutes du matin, les deux bâtiments furent par le travers l'un de l'autre, et l'ardeur de l'équipage français rendit un moment insensible l'énorme différence des combattants. Mais la corvette sentit bientôt tout l'effet des puissantes bordées de la Tamar, et, après un quart d'heure, rasée de tous ses mâts, elle amena son pavillon

de Porto-Ricco et de Saint-Domingue. Les rap-
ports qu'il transmit pendant sa mission, et les
documents hydrographiques qu'il rassembla sur
le mouillage des Iles-du-Salut, lui valurent des
témoignages de satisfaction du ministre, con-
signés dans une dépêche du 4er juin 1818. Cette
campagne fut la dernière du capitaine Lebozec.
Admis à la retraite en 1823, il se retira à Bré-
hat, où il mourut le 15 mai 1829. Il était com-
mandeur de la Légion-d'Honneur et chevalier
de Saint-Louis.
P. L...t.

LEBRAS (AUGUSTE), né à Lorient, le 18 juillet 1846, mort à Paris, le 16 février 1832, doit sa place dans la Biographie bretonne autant Rendu à la liberté, Lebozec. capitaine de à sa triste mort, dont tout Paris s'émut, qu'à frégate depuis le 24 mars 1796, fut nommé au ses ouvrages, oubliés depuis long-temps. Fils commandement en second de la frégate la Si-d'un avoué de Lorient, il fut destiné à la marène, puis ensuite (2 juillet 1801) au comman-rine; sa vocation, ou plutôt l'appât d'une gloire dement de la frégate la Clorinde, destinée pour enviée, l'entraînant vers la carrière des lettres, Saint-Domingue. Lebozec, pendant sa station il se brouilla avec sa famille et vint à Paris, où dans cette colonie, fut chargé de différentes mis-il se lia d'une étroite amitié avec Victor Es

cousse. On ne sait comment ils se connurent. Leurs dépouilles mortelles furent présentées, Les deux amis ne se quittèrent plus; ensemble le 19 février, à neuf heures du matin, à l'éils combattirent contre la royauté en juillet glise française, et furent accompagnées jus1830; ensemble ils travaillèrent à une tragédie, qu'au cimetière par une foule d'artistes et Farruch le Maure, qui, à la porte Saint-Martin, d'hommes de lettres. Edouard d'Anglemont eut un succès immense. Cet ouvrage contenait prononça quelques mots sur le tombeau de Lede grandes beautés à côté de défauts saillants bras. et d'abus du style prétentieux. Les éloges dont Lebras laisse peu d'ouvrages. Ceux qu'il a furent comblés les deux auteurs leur donnèrent publiés donnent de son talent une idée peu de grandes espérances et de hautes ambitions avantageuse; nous croyons que le jeune poète littéraires, que la chute de Pierre III, aux Fran- n'eût jamais fait un grand écrivain, ni en vers çais, et de Raymond, à la Gaîté, dissipa et rem-ni en prose. Il nous reste de lui: I. Les Trois plaça par un découragement complet.

Règnes, poème suivi d'Un Mot_à Béranger.
Paris, 1828, in-8° de 16. p. II. Trois Jours du
Peuple. Paris, 1830, in-8° de 8 p. III. Les
Armoricaines Paris, 1830, in-18.

Lebras et Escousse furent alors atteints de cette affection morale qui emprunte son nom à l'une des plus admirables, mais aussi des plus dangereuses créations de Châteaubriand on l'appelle la maladie de René. Il leur sembla que le monde n'était pas fait pour les comprendre, et qu'enlacés par les nécessités materielles, ils ne pouvaient donner l'essor à leur génie; la mort leur parut le seul remède à leurs maux. Des chagrins d'amour vinrent se joindre pour Escousse aux déceptions communes et as-Si vous laissez encor les beaux genêts fleuris sombrirent de plus en plus pour tous deux l'ho- Et les champs de mais pour aller à Paris, rizon déjà si gros d'orages. Quand vous aurez tout vu dans cette grande ville,

Béranger a chanté les deux amis. Qui ne
connaît cette belle strophe?
Quoi! morts tous deux dans cette chambre close
Où du charbon pèse encor la vapeur !

Et Brizeux, dans son beau livre qu'il a intitulé Marie, a inséré une élégie noble et touchante sur Auguste Lebras :

Les deux jeunes gens mûrirent leur projet, arrêtèrent le jour fatal, et se préparèrent à cette lie ou délire; non, j'ai toute ma raison, mais je ne puis solution d'une difficulté malheureuse; mais nul | vivre. Depuis deux mois je ne vis plus, je végéte en ce n'en sut rien. Ils continuèrent leur vie dissipée le vois à travers un voile.... Adieu pour toujours.... Oh! monde, dont je ne fais pour ainsi dire plus partie, car je et joyeuse, et cachèrent à leurs amis cette fu- seulement une grâce! J'ai un père, une mère, et eux seuls, neste résolution. Le 16 février 1832, au matin, comme je vous l'ai dit, m'ont retenu quelques jours de ils achetérent du charbon, et se donnèrent ren- plus sur la terre. Ma mort les frappera, les auéantira, s'ils dez-vous pour le soir. Dans la journée, Victor 'apprennent subitement. Oh! par grâce, préparez-les à en apprendre la nouvelle écrivez-leur que je suis ma. Escousse écrivit ces mots à Lebras: « Je t'at-lade; mais tranquillisez-les pourtant en leur disant que >> tends à onze heures et demie : le rideau sera vous me donnez des soins; qu'ils ne viennent point à Pa» levé; arrive afin que nous précipitions le dé- ris; ensuite vous leur ferez passer une lettre quand vous » nouement. » — - A l'heure indiquée, ils se ren-Adieu, o vous le plus humain des hommes... Adieu. Je jugerez à propos, et puis vous leur annoncerez ma mort. fermèrent, bouchèrent toutes les ouvertures, joins à cette lettre mes derniers désirs... Je n'ose pas dire et mirent le feu au charbon. « A minuit, écrit- volontés... Adieu... chaque ligne que je trace m'épuise. » on au Finistère, ils existaient encore, mais Auguste Lebras. >> dans les angoisses de l'agonie. Une voisine >> entendit des soupirs, et courut avertir le père » de l'un des jeunes gens (M. Escousse); mais >> celui-ci, après avoir écouté attentivement, >>crut entendre que son fils n'était pas seul et >> distinguer une voix de femme, et se retira »>il eût peut-être été temps. Ce ne fut qu'avant>> hier, à onze heures du matin, qu'on pénétra >> dans l'appartement: Escousse et Lebras étaient » couchés, l'un sur un lit, l'autre sur un cana» pé (1) ». On trouva sur la cheminée deux lettres écrites par Lebras à son médecin et à ses parents, et quelques vers de Victor Escousse (2).

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meurt avec moi. Veuillez lire la lettre que j'adresse à mon 16 Février, dix heures du soir, chez Victor Ecousse qui père, afin de juger quand il sera convenable de la lui faire passer.

Mon bon père et ma bonne mèrê,

ladie cruelle, causée par un trop grand travail, a usé mes
forces... Je vais mourir... De grâce, pensez quelques fois
à votre pauvre Auguste, qui vous attend dans un monde
meilleur... Oh! si la santé m'était offerte, je la refuserais,
Car
car j'envisage la tombe comme un bien.... L'existence
m'est à charge... Cette lettre vous parviendra par M. le
docteur Sarlandière, à qui je dois tout... C'est lui qui m'a
soigné avec autant d'affection que si j'étais son fils. Je
meurs pourtant; ne me pleurez pas, je vous en conjure;
vie que de pitié... Ceux-là seuls sont à plaindre qui se
ne me regrettez pas, car mon sort doit exciter plus d'en-

Je vous trace ces lignes sur le lit de la mort : une ma

ruent dans la tourbe du monde... Adieu....... Adieu..... Mille
baisers.
Auguste Lebras.
Mes frères, mes sœurs, recevez aussi le dernier adieu
de votre frère. Il s'endort pour l'éternité..... Priez pour
lui, mais ne le pleurez pas...
Auguste Lebras.

A cette dernière lettre était joint un pli contenant une mèche de cheveux avec cette inscription: Pour ma mère. Malheureux parents! Leur fils n'avait que seize ans ! C'est bientôt mourir ; et de cette mort! F. S.-In-r.

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