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Vers le milieu de l'été, le besoin de se procurer du bois et des vivres frais détermina Kerguélen à relâcher à Bergen, en Norwège. Après une courte absence, il y revint le 17 août, et s'éleva jusqu'au 69o parallèle nord. Comme tous les bâtiments pêcheurs quittent ces mers du 25 au 30 août, se prépara au retour, d'autant plus que la brume et les mauvais temps, qui commençaient à se faire sentir, le mettaient dans l'impossibilité de rendre aucun service. Le 9 septembre, il rentra à Brest.

Au retour de cette campagne, il reçut ordre d'aller étudier secrètement, en Angleterre, la construction des vaisseaux de guerre. Cette mission accomplie, il fut chargé, au printemps de 1768, d'aller une seconde fois protéger la pêche sur les côtes d'Islande, et d'y faire de nouvelles observations nautiques sur la corvette l'Hirondelle, qu'il avait préférée à une frégate. Le récit des deux missions de Kerguélen, par lui présenté au Roi, a été publié sous ce titre.: Relation d'un voyage dans la mer du Nord, aux côtes d'Islande, du Groënland, de Ferro, de Schettland, des Orcades et de Norwège, fait en 1767 et 1768 (pl. ) Paris, Prault, 1774, in-4°. On y trouve d'assez bons détails sur les pays visités par l'auteur; mais son ignorance de la langue de ces pays est cause qu'il a mutilé les noms de lieux. Ce voyage, où Kerguelen s'est montré navigateur soigneux et instruit, se recommande par la rectification de plusieurs erreurs des cartes françaises.

Kerguelen, parti de Lorient le 1er mai arriva à l'Ile-de-France le 20 août suivan Berrier étant peu propre à la mission qu vait remplir, il obtint de MM. Desroche Poivre, gouverneur et intendant de la colo qu'on y substituât les flûtes la Fortune Gros-Ventre. Des démêlés qu'il avait eus, dant la traversée, avec l'abbé Rochon, dé minèrent ce dernier à rester à l'Ile-de-Fran d'où Kerguelen appareilla le 13 septem S'étant dirigé au nord corrigé, pour gagner chipel qui est au nord de cette ile, il découv le 19 septembre, un banc qu'il appela le Bo de la Fortune. Il fit ensuite route pour s'élev au 5 degré de latitude sud, visita les Maldive prolongea l'île de Ceylan, repassa au sud de ligne et revint à l'Ile-de-France, le 8 décemb 1774, avec la conviction que la route indiqu par M. Grenier était non seulement praticabl mais encore préférable à celle suivie jusque 1 On a prétendu, d'après les assertions de l'abi Rochon, qui avait cherché à lui faire partag son opinion, contraire à celle de M. Grenier que Kerguelen avait été d'avis que les avanta ges offerts par cette route étaient plus que ba lancés par les dangers qu'elle présentait. Ker guelen, au contraire, avait conclu formelle ment à l'adoption de cette route dans un mé moire très-détaillé, mémoire qui fut lu à l'Aca démie royale de la marine, le 9 juillet 1772 avant son retour à Brest. Ce mémoire inédit de 25 pages in-fo, se termine ainsi : « ..... Je A son débarquement à Brest, Kerguelen fut » crois donc pouvoir conclure que la route de chargé de classer par calibre les canons jus- » l'Ile-de-France, au parallèle de 5 degrés sud qu'alors entassés sans ordre dans l'arsenal. Il » par l'archipel', peut se faire en tout temps; les fit disposer dans un ordre convenable devant » que les vents qui soufflent, dans la mauvaise les magasins du port, après les avoir préala- saison, sur ce parallèle, sont constamment de blement éprouvés. Ce travail achevé, il fut em- » la partie de l'O.; que la route de M. Grenier ployé, en 1770, à faire des relèvements sur les » est praticable; que cette route rend la possescôtes de France, et à déterminer les points où» sion de l'Ile-de-France plus utile; que le sysil serait utile d'établir des phares et des balises.» tème de cet officier et les soins qu'il s'est donAu mois de septembre 1770; il alla à Ver- » nés pour éclaircir les mers de l'Inde méritent sailles et soumit au ministre un projet de voyage» de grands éloges, prouvent un zèle ardent, aux terres australes, dont Gonneville n'avait » des vues étendues et des talents infinis. >> découvert, en 1504, qu'un des points avancés. Le 16 janvier 1772, Kerguélen appareilla de La crainte d'une rupture entre la France et nouveau de l'Ile-de-France pour aller à la rel'Angleterre fit ajourner cette entreprise jus- cherche des terres australes, et fit route au sud. qu'en 1771. L'abbé Terray, successeur de Le 12 et le 13 février, étant par 50° 5' de latiM. de Praslin, enjoignit alors à Kerguelen d'al- tude S., et 60° de longitude Ó., il eut connaisler prendre à Lorient le commandement du sance d'une petite île à environ 4 lieues. Le lenBerrier, vaisseau de 50 canons. D'après ses in-demain matin, on en vit une nouvelle, et en constructions, il devait d'abord s'assurer si la tinuant la route à l'E.-1/4-N.-E., on distingua route proposée par le chevalier Grenier, pour un gros cap très-élevé, puis ensuite une contise rendre de l'Ile-de-France à la côte de Coro-nuation de côtes s'étendant, à toute vue, demandel, était praticable. Après avoir rempli puis le N.-E. jusqu'au S. du compas, et comcette première partie de sa mission, il devait prenant 25. lieues de côtes. C'étaient les terres aller à la découverte des terres australes, en observer les productions, la culture, les établissements qui pourraient y exister, et indiquer le parti qu'ils seraient susceptibles d'offrir au commerce français. L'abbé Rochon s'embarqua sur le Berrier en qualité d'astronome.

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australes. Une chaloupe du Gros- Ventre, montée par le second de ce navire, en prit possession, au nom du roi de France, avec toutes les formalités d'usage. La bouteille qui fut laissée à terre, et qui renfermait l'acte de prise de possession, fut trouvée en 1776, par le capitaine

Cook lorsque, dans son troisième voyage autour accusations. Un officier du Roland publia condu monde, il reconnut l'île découverte par Ker- tre lui un mémoire dans lequel il se plaignait guélen, île à laquelle il conserva le nom de ce d'en avoir été injurié. Un conseil de guerre fut navigateur, remplacé plus tard sur les cartes assemblé à Brest, et, pendant toute la durée du anglaises par celui de Terre-de-la-Désolation. procès, il fut détenu à bord du vaisseau amiral. Une chaloupe de la Fortune, commandée par Après une enquête dans laquelle furent entenM. de Rosily (voy. ce nom), avait été expédiée dus tous les officiers et les maîtres du Roland, pour sonder en avant, avec ordre de se replier, le conseil de guerre, présidé par M. le vicomte en cas d'événement, sur le Gros-Ventre. Du 13 d'Aché, déclara, le 15 mai 1775, que Kerguelen au soir jusqu'au 18, des brumes épaisses, ac- était convaincu « d'avoir furtivement et illicitecompagnées de neige, et des temps par grains, » ment embarqué sur son vaisseau, la veille du assaillirent les deux bâtiments. Le grand mât» départ de la rade de Brest, une jeune fille; de la Fortune, avarié, fut plus d'une fois me- » d'avoir vécu avec elle et d'autres passagères nacé de tomber; force fut donc à Kerguelen de » pendant toute la campagne, tant à son bord s'éloigner de terre et de se séparer du Gros-Ven- » que dans les relâches de False-Bay et de l'Itre, qu'il avait perdu de vue depuis plusieurs » le-de-France, de la manière la plus scandajours. C'est cet éloignement forcé qui, plus tard, » leuse, et d'autant plus pernicieuse que cette fournit le prétexte d'accuser Kerguélen d'avoir » conduite, en atténuant le respect et la consivolontairement abandonné M. de Rosily, le- » dération dus à son état, a été une des princiquel fut presque miraculeusement recueilli par » pales causes des désordres qui ont régné dans le Gros-Ventre. M. de Rosily a justifié Kergué- » son vaisseau; et suspecté d'avoir détourné l'élen de cette imputation, en demandant spon» crivain de sondit vaisseau d'avoir porté ladite tanément à aller le rejoindre dans son second » fille sur son rôle dans le temps où elle devait voyage. » l'être, et sous la qualification qu'elle devait Arrivé en France, le 26 juillet 1772, Kergué- » avoir » Tels furent les principaux motifs de la len se rendit à Versailles et fut présenté au roi. condamnation. Les autres griefs articulés dans Louis XV, frappé d'une découverte qu'on lui di- le jugement s'appliquaient aux faits d'avoir ensait devoir être d'une grande importance pour combré son vaisseau de marchandises faisant la France, attacha de sa main la croix de Saint-l'objet d'un commerce dans lequel il était intéLouis à la boutonnière de Kerguelen, et lui an- ressé; d'avoir compromis son autorité, en prononça qu'il le faisait capitaine de vaisseau. Cet voquant et injuriant ses officiers; d'avoir manavancement, par suite duquel il primait quatre-qué à faire certaines manoeuvres; de n'avoir pas vingts officiers de son grade, souleva de nom- rempli les articles les plus importants de ses ínsbreuses clameurs. On alla jusqu'à dire qu'il n'a- tructions, etc. Ce jugement. confirmé par la vait vu que des glaces, et que, pour se débarras- cour, le cassa de son grade, le raya des listes ser du Gros-Ventre, il l'avait coulé bas. Toutes de la marine, et le condamna à six ans de prices calomnies absurdes n'empêchèrent point le son dans telle citadelle ou château qu'il plairait ministre de désigner Kerguelen au roi pour le à S. M. lui assigner. Le même jugement déclacommandement d'une nouvelle expédition des- ra l'écrivain du vaisseau incapable de servir tinée à vérifier et à compléter sa découverte. dans la marine, et le bannit à perpétuité des arElle était composée du vaisseau le Roland et de senaux, avec défense d'en approcher de plus de la frégate l'Oiseau; elle fut renforcée de la cor- dix lieues. Un autre officier, celui qui avait dévette la Dauphine, à l'Ile-de-France, d'où elle noncé Kerguélen, fut lui-même condamné à un appareilla le 29 août 1773. Ce ne fut que le 14 mois de détention à l'amiral pour avoir désobéi décembre suivant, et après avoir essuyé plu-à son commandant pendant la campagne. Le sieurs coups de vent, que Kerguelen vil la ter- lieutenant en pied fut admonesté pour avoir re; il reconnut et releva plusieurs îles auxquel- complaisamment souscrit un procès-verbal irles il donna les noms de Croi, de la Réunion et de Roland. Le 17 janvier 1774, la division qui avait heureusement exploré environ quatre-vingts lieues de côtes, se trouvait à cinquante lieues de terre lorsqu'elle fut assaillie par une tempête des plus violentes. Les équipages, épuisés par la fatigue et attaqués du scorbut, étaient dans le plus triste état. Forcé de s'éloigner de ces parages, Kerguélen se rendit à la baie d'Antongil (Madagascar), où il aida le fameux Béniowski à ravager et incendier plusieurs villages. Après cette opération, il fit voile pour le cap de Bonne-Espérance, puis ensuite pour Brest, où il mouilla le 7 septembre 1774. A peine débarqué, il fut en butte à diverses

régulier.

Tel est le résumé du Jugement du Conseil de guerre, tenu au port de Brest, le 15 mai 1775, exécuté et rendu public en exécution des ordres du roi. Brest, R. Malassis, 1775, in-4° de 16 pages: Plus tard, Kerguelen essaya de se justifier dans un écrit qu'il publia sous ce titre Précis de l'affaire du sieur Kerguelen. décoré de la croix de Saint-Louis, et ci-devant capitaine de vaisseau. Paris, Pougin, 1792, in-8° de 14 pages. Il y discute les divers chefs d'accusation qui avaient été portés contre lui.

Kerguélen, dans la relation qu'il a publiée de ses deux voyages aux Terres-Australes, a contesté ou expliqué les faits dont il était accusé,

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et il y a cité des lettres fort honorables que lui suivies des lettres dont nous avons parlé, de avaient adressées des officiers distingués qui l'extrait de ses services, et d'une table des vaavaient servi sous ses ordres, et qui le regar-riations observées pendant sa navigation. La daient comme victime de la haine et de l'en- description que nous venons de donner de ce vie. Au nombre de ces lettres sont celles du vi- volume ne comprend pas l'Astronomie nauticomte d'Aché, président du conseil de guerre; que lunaire, que M. de Kerdanet attribue à Kerde M. Fouquet, chef d'escadre; du comte d'Es-guélen, et qui nous semble devoir être l'ouvrage taing, de M. de Rosily, et de l'aumônier du publié sous ce titre par l'astronome Lemonnier. Roland. Il se peut que l'avancement prématu- Paris, imprim. roy., 1774, in-8°. Peut-être un ré de Kerguelen eût excité l'envie de plusieurs exemplaire relié avec l'ouvrage de Kerguelen officiers de son corps; mais ni ce sentiment, ni a-t-il causé cette erreur. aucune passion ne se révèlent dans les pièces manuscrites de la procédure, où les faits, que nous avons textuellement extraits du jugement, sont attestés par un grand nombre de témoins dont les dépositions semblent empreintes de modération et de vérité.

En 1779, la guerre étant déclarée, Kerguélen obtint sa liberté, à la condition qu'il commanderait un corsaire: En conséquence, il fit à Rochefort l'acquisition de la corvette la Brionne, de 20 canons. Parti de la rade de l'île d'Aix, le 4 mars 1779. il se trouva, le 6, à neuf heures du matin, par un temps brumeux, à une demi-portée de canon d'un vaisseau de 74, qui était à la cape sous le vent à lui, par un trèsgros vent d'est, à soixante lieues dans l'ouest de l'ile d'Ouessant. Kerguelen le reconnaissant pour un ennemi supérieur, force de voiles pour s'en éloigner. Le vaisseau anglais met aussi toutes les voiles qu'il peut porter; la grosseur de la mer lui donne de l'avantage sur le petit corsaire français qu'il approche insensiblement. Kerguélen fait alors jeter deux ancres à la mer pour soulager son batiment qui, à chaque tangage, êtait couvert de l'avant à l'arrière par la lame. Le vaisseau ennemi le canonnant de sa seconde batterie lui coupa plusieurs manoeuvres qui furent aussitôt réparées. A six heures du soir, le vaisseau anglais approchant toujours, et la Brionne ayant son petit humier percé par les boulets de l'ennemi, Kerguelen ordonna de jeter six canons à la mer. Ainsi allégé, il put se soustraire au vaisseau et aller croiser dans les mers du Nord, où il s'empara de trois bâtiments, dont un fut pris et rançonné trois fois par le même corsaire, dans la même croisière.

Pendant sa captivité au château de Saumur, Kerguelen employa ses loisirs à la rédaction de ses deux voyages et de divers écrits qu'il réunit, plus tard, en un volume publié sous ce titre Relation de deux voyages dans les mers australes et des Indes, faits en 1771, 1772, 1773 et 1774, par M. de Kerguelen, commandant les vaisseaux du roi le BERRIER, la FORTUNE, le GROS-VENTRE, le ROLAND, l'OISEAU et la DAUPHINE, ou Extrait du journal de sa navigation pour la découverte des Terres-Australes, et pour la vérification d'une nouvelle route proposée pour abréger d'environ huit cents lieues la traversée d'Europe à la Chine, avec cette épigraphe : Amari res illa negat contenta doceri. Paris, Knapen et fils, libr.-imp., 1782, in-8°. La suppression de ce livre, prononcée par arrêt du Conseil, du 23 mai 1783, L'ayant rendu rare, nous croyons devoir en indiquer ici le contenu. Après le titre et le faux-titre (quatre pages): 1° Epitre dédicatoire à la Patrie. p.-v, VI, VII; 2o Table des pièces contenues dans cet ouvrage, p. VIII; les voici Relation des voyages de M. de Kerguelen, avec un extrait de ses services, p. 1; Observations sur la guerre d'Amérique, ou Let- L'année suivante, il adressa au ministre un tre de M. de Kerguelen, etc., p. 121; Observa- projet détaillé sur les moyens de prendre le tions sur la disposition des vaisseaux pour la fort d'Yorck et celui du Prince dans la baie guerre, p. 134; Mémoire sur l'île de Madagas-d'Husson, projet qu'il dit avoir été mis à exécar, p. 154; Observations sur la manière de faire la guerre à l'Angleterre, p. 170; Réflexions sur la Marine, p. 186; Réflexions sur le scorbut, p. 210; Signaux pour servir aux vaisseaux du roi, p. 220. Cette piece, la dernière du volume, finit p. 244. Suit une carte des Terres-Austra les découvertes par Kerguélen, avec des vues dessinées sur les marges, et, après la carte, l'approbation de Robert de Vaugondy, censeur royal, en date du 22 août 1782, et le privilége du roi accordé à l'auteur pour l'impression de son ouvrage; il est du 40 septembre 1782, et enregistré le 27 du même mois. La table ci-dessus pourrait faire croire que la relation a cent vingt pages; elle se termine en réalité p. 94, les trente dernières pages étant consacrées à des réflexions de l'auteur sur son procès, réflexions

cution par MM. de la Pérouse et de Langle.

En 1781, contrarié dans ses entreprises comme commandant de corsaire, il résolut de faire un nouveau voyage d'exploration autour du monde. Dans ce but, après avoir préalablement obtenu de l'amirauté anglaise un passe-port de quatre ans, il fit construire à Nantes une corvette de dix canons de 3 livres, à laquelle il donna le nom de Liber-Navigator. Parti de Paimbœuf le 16 juillet, et se trouvant, le lendemain au point du jour, à quarante lieues de terre, il vit au vent à lui l'Alfred, corsaire anglais de vingt canons de 12, qui lui donna chasse et qu'il attendit avec sécurité. Le corsaire l'aborda, et lui jeta à bord cinquante hommes ivres qui coupèrent tous les cordages à coups de sabre, quoiqu'on ne leur fit aucune résistance, et que le Liber

Navigator portât pavillon parlementaire. Envain Kerguelen montra son passe-port, signé de trois lords de l'amirauté et du secrétaire Stephens. Le capitaine anglais n'en fit aucun cas, et, au mépris du droit des gens, il s'empara du bâtiment français, qu'il conduisit à Kinsal, en Irlande. Avant de revenir en France, Kerguélen passa par Londres, où il demanda vivement au ministre Pitt la restitution de son bâtiment. Tout ce qu'il put dire fut inutile. Il perdit sa corvette, dont l'armement lui avait occasione une dépense considérable.

Lorsque la Révolution éclata, il se hâta d'envoyer à l'Assemblée nationale un Mémoire sur l'absurdité de ne composer le corps de la marine que de nobles, et il en adressa plusieurs autres aux représentants du peuple, au Comité de salut public, au département du Finistère et à la Société populaire de Brest, sur la défense de ce port et des côtes.

de Kerguelen à ses concitoyens, daté à Brest du 10 vendemiaire an III. Brest, Audran, in-8° de 20 p. II. Un mot de vérité, ou renseignements donnés, par Yves-Joseph Kerguelen, sur l'affaire de Quibéron, adressés aux représentants du peuple près les côtes de Brest et de Lorient, et à ses concitoyens, daté du 12 brumaire an III. Brest, R: Malassis, in-8° de 12 p.

P. L...t.

KERHINGANT (PIERRE DE LA HAYE DE ),

Compris dans les réformes de 1796, il resta encore sans emploi. Ce fut alors qu'il s'occupa de publier son ouvrage intitulé: "Relation des combats et des événements de la guerre maritime de 1778, entre la France et l'Angleterre, mêlée de réflexions sur les manœuvres des géné raux; précédée d'une adresse aux marins, sur la disposition des vaisseaux pour le combat, et terminée par un précis de la guerre présente, des causes de la destruction de la marine et des moyens de la rétablir. Paris, imprimerie de Patris, 1796, in-8°. Cet ouvrage, dont il avait En 1793, sur une pétition de la Société popu- commencé à rassembler les matériaux en 1779, laire de Brest à la Convention nationale, il fut et qu'il avait complété pendant son adjonction réintégré dans la marine par décret du 5 février. au ministère, est, jusqu'à ce jour, et malgré Promu au grade de contre-amiral, au mois de quelques inexactitudes de détails, ce qu'il y a mai suivant, il fut nommé au commandement de mieux sur la guerre de 1778. Il se recomdu vaisseau de 841 Auguste, fajsant partie d'une mande surtout par une grande impartialité. division de quatre vaisseaux et deux frégates Présentée au Conseil des Anciens, le 27 juillet destinée à aller croiser sur les côtes d'Angle- 1796, par le député Harmand, la Relation de terre. Peu de jours après, il reçut l'ordre de se Kerguelen appela l'attention sur son auteur, préparer à aller commander les forces navales qui allait être réintégré, peut-être même appelé de la République dans l'Inde. Venu à Paris au ministère de la marine, lorsqu'il mourut, à pour y concerter avec le ministre les opérations la suite d'une courte maladie, le 3 mars 1797. de la campagne, il fut nommé, sans l'avoir sollicité, aux fonctions de premier adjoint au ministère, et chargé des mouvements de l'armée navale. Dalbarade, qui suceéda très-peu de né, dans le xvIe siècle, à Servel, près de temps après à Monge, désigna Kerguelen au Lannion, appartenait à la famille des KerbinComité de salut public pour le commandement gant, dont la terre, l'une des plus belles des d'une expédition proposée par ce dernier. De environs de cette ville, passa, par alliance, aux retour à Brest, où il avait de nouveau arboré Belingant, puis aux Kerigonant, qui la possèson pavillon sur l'Auguste, Kerguelen dut sus- dent encore. Il n'est connu que par les ouvrapendre l'expédition projetée, pour aller renfor-ges suivants, aujourd'hui d'une extrême rareté, cer l'armée du vice-amiral Morard de Galles, sous l'île de Groix, où il arriva, le 24 juin 1793, avec les vaisseaux le Juste et le Northumberland. Une insurrection, qui éclata les 12, 13 et 14 septembre, sur les bâtiments de l'armée, alors mouillés à Quibéron, et qui se propagea à bord de l'Auguste, où il la comprima, servit de prétexte, au retour, pour le destituer et l'obliger de quitter son commandement dans les vingt-quatre heures. Il se retira alors dans sa famille. Il vivait paisible, s'occupant toujours de projets utiles à la marine; il venait même de faire passer, au Comité de salut public, un plan d'opérations navales qui lui avait valu des remerciments, lorsqu'il fut inopinément arrêté par ordre du tribunal révolutionnaire de Brest, et renfermé au château de cette ville, d'où il ne sortit qu'en vertu du décret du 10 nivôse an III, (30 décembre 1794.) Pendant sa détention, il publia les deux écrits suivants: I. Yves-Joseph

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surtout le premier: I: Vie de saint Tugal, ou Tugdual, évesque de Lexobie, patron de Tréguier. Rennes, 1605, in-8°. II. Vie de saint Yves. Morlaix,. G. Allienne, 1622, in-46. III. Traité de la vie et miracles du mesme saint, imprimé ès deux langues, bretonne et française. Morlaix, G: Allienne, 1623, in-12. P. L...t.

KERIMEL (GEOFFROI DE), maréchal de Bretagne, né à Kermaria-Sulard, était fils de ce Geoffroi de Kerimel qui fut tué, en 1345, à la défense de Lannion contre les Anglais, commandés par Richard Toussaint. Nous ne pouvons mieux faire connaître ce vaillant capitaine qu'en reproduisant ici la notice qui lui a été consacrée, p. 75-78 de l'Annuaire des Côtesdu-Nord de 1846, partie historique, publié par M. de Garaby.

En 1364, Kerimel, de concert avec son épouse, Adelice de Launay-Nevet, fonda les Augus

tins près du pont de Lannion. Il commandait comte DE),-fils de Jean Hingant, conseiller au l'avant-garde de l'armée de Duguesclin, à la Parlement de Rennes, et de dame Françoise de bataille de Cocherel. Il était un des six capi- Becdelièvre, naquit le 12 octobre 1641, au châtaines qui, à la fin de 1370, obtinrent du con- teau de Kerduel, dans la paroisse de Pleumeurnétable de poursuivre douze cents hommes que Bodou, diocèse de Tréguier. Privé de tous ses Robert de Neuville menait en Angleterre ; ils parents, pendant sa première enfance, il reçut les surprirent à leur embarquement; aucun néanmoins une éducation complète et soignée. n'échappa. En 1374, il était un des trois libéra- Ce qui fait croire que, dès sa plus tendre jeuteurs de Geoffroi de Budes, que ses blessures nesse,il menait une vie pieuse, c'est le choix allaient livrer à la garnison d'Usson, en Auver-que M. de Trémaria, ancien conseiller au Pargne. Il était au siége de Chisey, quand les An- lement de Bretagne, et alors zélé missionnaire, glais, couverts de tuniques en toile et portant fit de lui, en 1665, pour mari de sa fille unique, une croix rouge sur leurs armes, accoururent, Corentine de Saludem, dame de Kérosan et de jurant d'exterminer tous les assiégeants, ex- Trémaria. La conformité de sentiments des deux cepté le connétable, Maurice du Parc et Geof- époux et leur grande fortune leur permirent de froi de Kerimel; ils envoyèrent défier les Bre- satisfaire le besoin de leur cœur en soulageant tons. Nos braves ne se firent pas attendre, ils toutes les misères. Le charitable propriétaire de volèrent au combat. Geoffroi commanda l'aile Kerduet, non content d'avoir établi dans son droite de l'armée, quiécrasa tellement l'ennemi, manoir un hôpital pour recevoir les pauvres et surpris dans l'ivresse, qu'il n'y eut que quel- loger les étrangers, contribua à la fondation de ques seigneurs d'épargnés, pour payer chère-l'hôpital de Lannion, en triomphant, en 1673, ment leur vie. Les vainqueurs se couvrirent des de l'opposition que l'évêque diocésain mettait tuniques des morts et se présentèrent devant à son etablissement sur un terrain dépendant Niort. On les prit pour les alliés. Les portes s'ou- du territoire de l'évêché de Dol. Mm de Kérisac vrirent; la ville fut prise et la garnison immo- ayant été frappée de mort subite en 1676, le lée, excepté ceux qui voulurent se racheter. En jeune et riche seigneur, dont naguère encore le1372, le roi de France, admirant la valeur de monde enviait le bonheur, se détacha de la terGeoffroi, l'attachra à son service. En 1375, il re et entra au séminaire de Tréguier. Pourvu était au siége de Brest, et sa montre offrait promptement des saints ordres, il était, dès l'anquatre chevaliers et vingt-six écuyers. Il prit née suivante, le principal auxiliaire du P. Maupart aux expéditions du connétable dans les au- noir. L'abbé de Kérisac se fit entendre pour la tres parties de la France et dans la Péninsule. première fois dans la chaire de Brest, ou il imLe 26 avril 1379, il fut un des quatre maré-pressionna vivement par la facilité, l'énergie et chaux de Bretagne nommés pour défendre l'in- en même temps l'onction de sa parole. A la fin dépendance du pays. Ils armèrent tout le duché, de la même année, il accompagna le P. Mauchassèrent l'ennemi, envahirent l'Anjou, et y noir dans ses missions de Tregnier et de Saintprirent deux places fortes. Le duc de Bretagne Brieuc, et en 1678, dans celles de La Chèze, revint d'Angleterre, et, dans la traversée, il écri- Moncontour, Lamballe, Lominé et Lesneven. vit à Geoffroi de Kerimel comme à l'un de ses Une mission à Pontrieux, dont il avait voulu plus fidèles serviteurs, pour lui annoncer son ar- supporter seul la dépense, fut le terme de sa rivée. Kerimel était aussi habile négociateur carrière apostolique: Une fièvre, survenue à la que bon général. Il figura avec distinction au suite de son premier sermon, enleva, après grand conseil que le duc tint à Dinan, et le for- quinze jours de maladie, ce fervent missiontifia dans ses résolutions généreuses. Il eut une naire, ce digne émule de Vincent de Paul. Sa correspondance avec le duc d'Anjou, pour mé- dépouille mortelle, inhumée dans l'église des nager une trève. Le duc de Bretagne, qui vou- Ursulines de Lannion, y resta déposée jusqu'à lait épargner le sang de ses sujets, proposa des la Révolution. Son cœur, renfermé dans une arbitres, et Geoffroi fut un des garants de sa boite de plomb recouverte d'argent, était place parole; il fut aussi un des cinq envoyés de son dans un petit monument élevé à la mémoire du prince auprès du comte de Buckingham, pour saint prêtre. Après l'expulsion des Ursulines, préparer l'éloignement des Anglais. Au mois de en 1792, leur église ayant été profanée, Mme la mai 1382, Geoffroi de Kerimel était un des six comtesse de Loz, née Hingant, propriétaire du ambassadeurs qui, escortés de douze écuyers château de Kerduel, et dernière héritière du et de six jurisconsultes, allèrent demander au nom de Kerisac, enleva elle-même du monuroi d'Angleterre le retour de la duchesse de ment le cœur de son vertueux oncle. Au mois Bretagne, la main-levée du comté de Riche- de janvier 1807, elle obtint l'autorisation d'exmont et la restitution de Brest. Il mourut peu humer son corps, qu'elle fit transporter dans la de temps après. chapelle du château de Kerduel, avec ceux de plusieurs autres membres de la même famille, qui avaient aussi leur sépulture dans l'église des Ursulines de Lannion. M. Tresvaux (Vies des Saints de Bretagne, t. IV, p. 459-464), a

P. L...t.

KERIOLET (voyez QUÉRIOLET).

KERISAC (JEAN-BAPTISTE HINGANT,

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