Imatges de pàgina
PDF
EPUB

champ d'honneur! »

distinctions méritées, décerna au modeste sol- | nom, il serait simplement répondu : « Mort au dat le titre de premier grenadier de France et un sabre d'honneur. Le rapport qui motive le décret contient, entre autres paragraphes, ceJui-ci :

« C'est un des plus anciens officiers de l'ar» mée; c'est celui qui compte le plus d'actions » d'éclat. Les braves l'ont surnommé le plus » brave. >>>

Sa modestie s'effaroucha de cette distinction. Il écrivit à un de ses amis, F. Guilmer, imprimeur à Morlaix, une charmante lettre, où il lui parlait de lui-même et de son livre, et où l'on remarque cette phrase:

« A l'égard du titre éclatant de premier gre»nadier de France, comme cette palme doit > toujours rester flottante sur tous les guerriers >> français, tout me fait un devoir de m'excuser >> d'accepter un titre qui, sous aucun rapport, » ne peut m'appartenir. >>

Voici quelques-unes des dispositions officielles prises à ce sujet l'année même de l'événe

ment :

« Le nom de La Tour-d'Auvergne sera con» servé à la tête du contrôle de la 46° demi-brigade. Sa place ne sera pas remplie. Il sera» élevé un monument sur les hauteurs en arrière » d'Ober Hausen. Ce monument, consacré aux » vertus et au courage, est mis sous la sauve» garde des braves de tous les pays. Le sa» bre de La Tour-d'Auvergne, premier grena» dier de France, sera suspendu dans le temple de Mars. »

Malgré l'antipathie du régime impérial pour tous les souvenirs de la République, le cœur de La Tour-d'Auvergne conserva sa place à la tête de ses compagnons d'armes pendant presque toute la durée de l'Empire. En 1844, il n'y était Il partit pour l'armée du Rhin. Forcé d'opter plus il est vrai qu'une si noble dépouille n'aentre Moreau et Bonaparte, son choix ne pouvait rien à voir aux hontes de l'invasion. Ces vait être douteux. Moreau était son compatriote, restes précieux sont devenus, après de longs son ami, son confrère politique. Le gouver- procès, la propriété de la famille du Pontavice, »nement, disait-il, croit que je vaux encore la plus proche alliée de La Tour-d'Auvergne. » un coup de fusil: il m'a jété le gant én bon Breton, je l'ai relevé.... Cette épée d'hon» neur, je la montrerai de près à l'ennemi; j'in>> spirerai à mes camarades le désir d'obtenir la » mème récompense. A 57 ans, la mort la plus » honorable est celle d'un soldat sur le champ » de bataille, et j'espère l'obtenir. »

Long-temps sa mémoire eut à souffrir de l'incurie plus ou moins volontaire des pouvoirs locaux. En 1832, une inscription placée sur la façade de la maison où le héros naquit, en indiquait l'emplacement au voyageur. Six ans plus tard, le conseil municipal vota l'érection d'une statue qui fut confiée, on ne sait trop C'était un pressentiment. Le 27 juin 1800 pourquoi, à l'italien Marochetti. M. Suc, de C'était un pressentiment. Le 27 juin 1800 Nantes, s'était mis sur les rangs, et l'illustre (8 messidor an VIII), l'avant-garde de Moreau David (d'Angers) s'était retiré, en motivant sa rencontra l'ennemi sur le Lech, à Ober Hausen, démarche par ces mots aussi honorables pour près Neubourg (Bavière), et se lança en avant lui que pour son jeune concurrent: « Du mosous un feu meurtrier. La victoire fut décidée »ment que c'est Suc, je me retire, parce que par l'intrépide élan de la division Lecourbe;» je suis sûr que son talent et son patriotisme mais la 46 demi-brigade, où était La Tour-d'Au-» sauront doter la France d'une belle statue. » vergne, fut cruellement maltraitée. Le chef de Du reste, Marochetti ne resta pas au-dessous brigade Fortis fut sabré; La Tour-d'Auvergne de sa réputation dans cette grande oeuvre, qui fut tué d'un coup de lance au cœur. Il n'eut que le temps de prononcer ces mots : « Je >> meurs satisfait j'avais toujours désiré de

>> terminer ainsi ma carrière. »

Cette mort occasionna un deuil universel dans l'armée. On était accoutumé à voir tomber des hommes intrépides, mais des citoyens aussi complets que l'ancien commandant de la 46° étaient impossibles à remplacer. On lui fit des funérailles solennelles un grenadier le déposa dans sa tombe, le visage tourné vers l'ennemi, afin, — dit-il avec une éloquente simplicité, qu'il restàt dans la mort » ce qu'il avait été dans la vie. »

Les ordres du jour des généraux s'associèrent à ce grand deuil. Il fut décidé que le cœur du héros, placé dans une urne funéraire, serait porté à la tête de la brigade par le plus vieux grenadier; que sa place vacante serait conservée sur les contrôles, et qu'à l'appel de son

fut inaugurée, le 27 juin 1840, sur la jolie place antérieure de Carhaix, en face des plus merveilleux sites de cette rude Bretagne que La Tour-d'Auvergne portait si avant dans son

cœur.

inouie et une affluence incroyable. Un vieux L'inauguration se fit avec une splendeur soldat de La Tour-d'Auvergne, blessé à ses côtés à Ober Hausen, et qui l'avait reçu mourant dans ses bras, était accouru du fond des montagnes d'Arès, et son émotion ajoutait à l'intérêt officiel de la fête. Le monument en granit de Huelgoët renfermait les ossements du héros, extraits du monument primitivement érigé en Bavière. Le roi Louis, prince excentrique, mais grand cœur, indignement calomnié, le Périclès et l'Antonin de la Bavière, ne les avait cédés qu'à regret : il appréciait cette mémoire illustre. Le premier monument existe toujours près du Danube, ce fleuve sacré des Ger

mains dont le héros s'est souvenu quelque part, et dans un site lugubrement grandiose qui rappellent par certains côtés les plaines et les fourrés de la Bretagne.

| nombreux amis on a compté souvent, et à tort, son confrère Le Brigant. Or, voici ce qu'il en dit dans une lettre à Oberlin avec lequel il entretenait des relations très-suivies :

Voilà le récit bien superficiellement effleuré << Il y a plusieurs années que je n'ai vu mon d'une vie qui a illustré à la fois la Bretagne où » digne compatriote Le Brigant: je n'ai jamais naquit notre héros, la France qu'il servit, la » été en relation avec lui. La justice que je lui Révolution qu'il aima, et la science qui rem- » ai rendue dans mon ouvrage est partie de mon plit utilement ses loisirs. La Tour-d'Auvergne » cœur. Je le reconnais pour mon maître, et je est de tous les hommes de la Révolution celui» l'ai toujours regardé comme l'un des savants qui a porté au plus haut degré le caractère per- » les plus versés dans la métaphysique des lansonnel de sa race. Cette personnalité apparaît » gues : je ne sache pas que son grand ouvrage surtout dans ses traits nerveux, accentués,» ait encore paru; je ne connais que son prosoù la fermeté et la persévérance s'allient à je» pectus; je regrette infiniment que le gouverne sais quelle douce majesté c'est puissant, » nement ne soit pas venu à son secours et austère et serein. On dirait un de ces vieux» n'ait pas été aussi généreux à son égard que chefs de famille bretonne chez lesquels la rude, » la Société philanthropique de Strasbourg le fut bataille de la vie n'a fait que concentrer la » il y a seize ou dix-huit ans. » (Passy, 8 frucflamme intérieure, fortes natures faites pour tidor, an IV.) l'action, l'exemple et le commandement.

Il revient sur Le Brigant dans une seconde lettre où, à propos de son refus d'entrer au Corps législatif, il s'exprime ainsi :

Nous avons dit sa vie, ses croyances, son abnégation. Cette dernière qualité, il la poussait à des limites incroyables. Il refusa les gra- « J'aurais désiré que le refus d'un homme des, les distinctions honorifiques qui frois-» de guerre de remplir des fonctions auxquelsaient en lui un sentiment exagéré de l'égalité: » les il était entièrement étranger par état, eût se voir louer était pour lui une contrariété » pu pénétrer notre Sénat conservateur de mieux réelle. Un jour qu'il lisait les épreuves déjà ti- » servir la chose publique.

rées d'un livre où quelques-unes de ses gran- » Je vis à Passy dans la retraite et dans l'obdes actions étaient simplement racontées, il» scurité la plus profonde. Cette manière d'être déchira les feuillets qui le concernaient, et in- » est la plus conforme à mes goûts; mais je ne demnisa l'éditeur de la perte que ce remanie- » sais si l'on ne m'en arrachera pas encore au ment allait lui occasioner. >> printemps, ce qui me dérangera un peu, ayant Un de ses récents historiens semble avoir » besoin encore de cinq ou six mois pour achevoulu lui imputer une variation politique et le » ver mon travail sur le rapprochement des présenter comme royaliste dévoué jusqu'à la » langues de l'Europe et de l'Asie, comparées Révolution. Cette induction ne repose que sur» au Bas-Breton. Mon maître, le véritable dédeux ou trois de ces phrases banales dont il » positaire de la langue celtique, votre ami Le était d'usage alors d'accompagner presque toute » Brigant, vit toujours dans l'indigence. Il se réclamation ou toute pièce adressée aux bu-» trouve hors d'état de faire jouir ses ouvrages reaux de la guerre; il serait puéril d'en con- » de la liberté typographique, et le gouverneclure autre chose. >> ment s'obstine à ne vouloir rien faire pour » lui (19 pluviôse an VIII). »

Ainsi, c'est à un homme qu'il vénérait, mais qu'il connaissait à peine, que le glorieux vétéran de l'armée des Pyrénées se donnait luimême tout entier, en prenant sous les drapeaux la place de son dernier enfant !

Il nous paraît fort inutile de discuter les idées religieuses de La Tour-d'Auvergne. Nous n'en parlons que pour faire remarquer les invraisemblances de certaines dissertations théologiques que lui prête son ami Le Coz, évêque constitutionnel de Besançon, dans une brochure posthume sur notre héros. Le Coz, qui La Tour-d'Auvergne n'a jamais été marié. avait pour idée fixe la conciliation du catho-Jeune et sans position bien assurée, il hésitait licisme et de la Révolution, avait pris le nom à s'engager dans les liens de famille plus âgé, respecté de La Tour-d'Auvergne pour prétexte il se donna tout entier à la Révolution et à l'é(nous le croyons du moins) de l'émission d'idées personnelles. Dans ses croyances, comme dans beaucoup d'autres choses, le premier grenadier de France apportait un esprit de discipline presque militaire; il agissait et ne discutait pas. Né chrétien, élevé à une école philosophique, il alliait les deux doctrines dans une sorte de rationalisme chrétien, plus rare alors que de nos jours.

L'amitié fut douce à La Tour-d'Auvergne, comme à tous les grands cœurs. Parmi ses

tude. Ses livres favoris étaient Tacite, Bacon et Montaigne; la philosophie et l'histoire, celle surtout des austères républicains de Rome. Celtologue persévérant, il prêchait d'exemple en composant dans le dialecte cornouaillais quelques-unes de ces chansons populaires où l'esprit gaulois s'aide si bien de la vive allure du rythme; il exaltait la Bretagne jusque dans ses richesses géologiques, dont il avait commencé une étude imparfaite, mais trop oubliée de ceux qui ont suivi.

[blocks in formation]

Ainsi soldat, citoyen, érudit, La Tour-d'Au- | sur les opéra philosophi-comiques, où l'on trouvergne a laissé dans la mémoire de la France ve la critique de « Lucile, comédie en un acte une trace qui, grâce à Dieu! ne s'est jamais af- et en vers, mêlée d'ariettes. Amsterdam et Paris, faiblie. C'est un de ces hommes-exemples que Desnos, 1769, in-12. II. Apologie des arts, ou les générations ont besoin d'avoir sans cesse lettres à M. Duclos. Paris, Monory, 1772, in-8° sous les yeux, et dont on ne parlera jamais de 25 p. III. Discours prononcé à l'académie de trop. Cette vie, racontée mille fois, a été re- Dijon, 1775, in-4°. IV. Discours prononcé le prise par un compatriote du héros, M. Buhot jour de sa réception à l'académie de Metz, 178., de Kersers, qui en a fait un livre un peu dif-in-8°. V. Nouveau recueil de gaité et de philosofus, mais plein de documents utiles, surtout phie. Paris, Belin, 1785, in-12. Nouvelle édisur les premières années. M. Calohar l'a écrite lion, considérablement augmentée, avec des en une brochure substantielle; l'utile collec- notes intéressantes et moins timides depuis la tion intitulée Magasin pittoresque, a consacré liberté de la presse, par un gentilhomme, s'il (de 1833 à 1849) d'excellents articles au récit en reste, retiré du monde. Paris, 1790, 2 vol. de sa vie et à l'examen de ses travaux. Enfin, in-12. VI. Discours de M. le comte de La T., dans l'admirable série de gloires nationales que destiné pour être lu à l'académie de Nancy, le M. Michelet a destinées à servir d'enseigne-jour de sa réception, le 8 mai 1786. Lausanne ment historique à la jeunesse française, la pre- (et Paris, Belin), 1786, in-12 de 28 p. VII. Les mière place a été donnée à La Tour-d'Auvergne. trois exemples de l'importance des choix, en Nous aurions dû nous borner à reproduire, par politique, en amour et en amitié. Paris, Belin, extraits, ce récit inspiré après lequel la bio-1787, in-12. VIII. Discours sur l'économie, ou graphie de La Tour-d'Auvergne devient impossible. Mais l'historien n'avait pris que le citoyen et le héros; nous avions à raconter le philologue. Cette circonstance nous excuserat-elle auprès des lecteurs qui auront connu l'autre travail ?

Eloge de la simplicité, 1788, in-8°. IX. Le Songe creux, ou le Génie créateur des mensonges. Paris, 1789, in-12. On a encore de La Touraille une Epitaphe de M. de Chevert, imprimée dans l'Almanach des Muses. P. L...t.

Le

On peut encore consulter sur La Tour-d'AuLA TOUSCHE (L...., sieur DE), vergne I. Quelques détails sur La Tour-d'Au- Bulletin du bibliophile de 1843, p. 472, exhuvergne, par Cl. Le Coz, archevêque de Besançon me, dans ses Variétés bibliographiques et lit(publiés par Dom Grappin). Besançon, veuve téraires, un poème intitulé: La dernière SeConché, 4845, in-8° de 48 p. II. Le premier maine ou Consommation du monde, par M. L..., grenadier de nos armées. Notice sur La Tour- sieur de La Tousche, breton. Paris, F. Huby, d'Auvergne Corret. Discours lu à la séance pu- 1594, petit in-8° : « poème très-long et trèsblique de la Société philotechnique, le 20 bru-» ennuyeux, dit l'auteur de l'article. Il ne faumaire an IX, par le citoyen M. (Mangourit), » drait pas croire, d'après le titre, qu'il n'y membre résidant de cette Société. Paris, an IX » est question que de la fin du monde. L'au(1804), in-8° de 72 p. Cette notice se trouve» teur se complait surtout dans de diffuses desaussi en tête de la 3e édition des Origines gau- » criptions de paysages, de chasses; il imite loises de La Tour-d'Auvergne. III. La Tour-» servilement, mais en ce qu'ils ont de mauvais. d'Auvergne, historien, citoyen, soldat, par G.» les écrivains à la mode vers la fin du xvie Dubreuilh. Quimper, 1844, in-8°. IV. Analyse» siècle. Nous transcrirons quatre vers, parce des « Origines gauloises de La Tour-d'Auver- » qu'ils témoignent que, depuis deux siècles et gne», suivie d'un tableau comparé de la civili-» demi, ce sont toujours les mêmes vins que sation, par M. de L*** (Lemorec), sous-officier » préfèrent les amateurs : au 41o régiment de ligne, nouv. édition, revue et augmentée, avec cette épigraphe : Antiquam exquirile matrem. Paris, Trouvé, 1824, in-8° de 101 p. G. L.

LA TOURAILLE (CHRISTOPHE DES GRÉES, comte DE) né, d'après M. de Kerdanet, à Augan, près Ploërmel, fut attaché comme gentilhomme à la personne de M. le prince de Condé. Nous ignorons l'époque de sa naissance, comme le lieu et la date de son décès, et nous n'avons pu nous procurer aucun détail sur sa vie, principalement consacrée, il paraît, à la culture des lettres et à la composition des écrits suivants, qui lui avaient valu d'être reçu membre des académies de Dijon, Metz et Nancy I. Lettre à M. de Voltaire,

Le tige bordelois, le sep canarien

› Désormais me rendront leur jus nectarien,

E la source empourprant l'areneuse campaigne, Du terroir bourguignon lors deviendra Bretaigne. Ce poème me paraît être la contre-partie de celui de Du Bartas. Quelque pauvre qu'en soit le mérite littéraire, il aurait dû être, par rapport à la provincialité de son auteur, recueilli dans l'une des grandes bibliothèques de Bretagne.

Biz....

LAUDONNIÈRE (RENÉ DE GOULAINE DE) est sans doute, d'après notre généalogie des Laudonnière, fils de Jean de Goulaine et d'Hélène du Chauffault, chefs de la branche de Laudonnière, commencée par Gilles de Goulaine, dans la première moitié du xive siècle.

Nous ne savons rien de son enfance ni même

(Biog. bret., t. 4er, p. 823.) Dans la réformation | et de Bretagne; comme, enfin, René de Lau de 4668 (Bibliothèque publique de Nantes), on donnière était protestant, et faisait cause comcite un René de Goulaine, fils de Jean de Gou- muné avec la noblesse poitevine, on a été nalaine et de Jeanne Gastinaire, mais il est sei- turellement amené à le croire Poitevin. gneur de la Ville du Bois, et devient chef de la branche des Mesliers; il pourrait être neveu du de sa vie avant son premier départ pour les capitaine. Un troisième René de Goulaine, fils pays étrangers, si ce n'est qu'il avait servi sur aîné de Christophe et de sa seconde femme terre avec distinction. Il nous apprend lui-mêClaire de Montejan, existe dans le xvIe siècle; me, dans son Histoire de la Floride, que le mort dès 1550, il n'est qu'un parent déjà éloi- capitaine Jean Ribaut, homme d'expérience et gné de celui qui nous occupe, car il descend protestant fort zélé, partit de Dieppe, sa ville de la branche aînée (Ibid. p. 821). Malgré tou- natale. le 18 février 1562, avec deux roberges tes nos recherches, que nous ne saurions in- du Roy, pour faire un voyage ordonné sur l'addiquer ici, soit dans les ouvrages imprimés, vis du Roi par l'admiral de Chastillon, seisoit dans les manuscrits, nous n'avons pu ren- gneur plus désireux du bien public que de son contrer la moindre trace des parents de René propre. Ribaut emmena avec lui un équipage de Laudonnière. Léon Guérin, dans ses Navi-choisi et plusieurs gentilshommes comme vogateurs français (Paris, 1846, grand in-8°), dit, lontaires, parmi lesquels était René de Laupage 180: « Ce capitaine n'est autre chose que donnière. Après deux mois de navigation, ils »le René de Laudonnière ou Landonnière du prennent port à la Nouvelle-France (Floride) » P. Charlevoix, le Laudonnière, gentilhomme au cap Français, distant de l'équateur d'envi⚫ poitevin de Lescarbot; le Renato de Laudon-ron 30°. Côtoyant vers le septentrion, ils décounière, classis præfecto, de la relation latine vrent une magnifique rivière qu'ils appellent » qu'on trouve dans la Collection des grands et Rivière de May, prennent possession du pays, - des petits voyages; le capitaine Laudonnière plantent des mats aux armes de France, et se » de l'Histoire de la Floride, mise en lumière lient avec les naturels. Ils parcourent les terres > par Basanier; le capitaine Laudunière d'Ur- et découvrent encore une autre rivière qu'ils > bain Chauveton et de la Cosmographie de nomment Port-Royal. Ribaut engage les gen> Thevet. Léon Guérin, le premier, le rat- tilshommes à rester dans ce pays, fait contache à la famille de Goulaine, et nous som-struire un fort dont le plan est tracé mes complètement de son avis. Cependant cette famille, pas plus que le Collége héraldique de France (1), pas plus que tous les ouvrages de généalogies, n'en peut fournir de preuves. Ne trouvant dans aucune famille du Poitou le nom de Laudonnière, si ce n'est dans celle de GouL'amiral Gaspard de Chastillon, sire de Colaine, on semble autorisé à le regarder comme ligny, loin de reculer devant les difficultés, l'un de ses membres. La terre qui aurait donné persévère dans ses projets de colonisation calson nom au capitaine n'est pas toujours dénom- viniste. Il profite d'un moment de calme pour mée de la même manière: ainsi l'Audouinière, remontrer à Charles IX qu'on n'avait aucune si l'on remontai tà l'étymologie, serait la meil- nouvelle des gens laissés en Floride par Jean Rileure, tandis que l'Audonnière est maintenant baut, et pour obtenir du Roi, comme nouveau la seule usitée; on dit encore la haute et la basse moyen d'essai de colonisation, l'envoi de trois Audonnière. René signait Laudonnière; c'est navires pourvus de vivres et de munitions. la raison qui nous fait adopter cette orthogra-Laudonnière nous apprend, page 33 de sa rephe. On est d'accord, dit-on, sur ce point, que René de Goulaine était gentilhomme poitevin. Cette erreur s'explique facilement. Bien que le château de Laudonnière, aujourd'hui détruit, fut positivement situé dans la commune de Vieillevigne, province de Bretagne et non de Poitou; comme les seigneurs de Laudonnière possédaient des propriétés en Poitou, et qu'ils se sont alliés à des familles de cette province; comme la commune de Vieillevigne était en partie, mais non la terre de Laudonnière, comprise dans les Marches communes de Poitou

(1) Nous devons à l'obligeance de M. de Givodan, directeur général, l'assurance que le Collége héraldique ne possède et ne connait aucune pièce concernant parti

culièrement René de Laudonnière.

par

le ca

pitaine Laudonnière, revient en France avec ce dernier, et laisse dans la colonie le capitaine Albert et plusieurs gentilshommes. Il rentre dans le port de Dieppe, le 20 juillet 1562, et trouve la France en guerre civile.

lation, que ces vaisseaux étaient l'un de sixvingts tonneaux, le second de cent, le troisième de soixante. C'étaient l'Ysabeau de Honfleur, qu'il montait, le Petit Bretó et le Faulcon. Le Roi consentit avec plaisir aux propositions de l'amiral, afin d'éloigner le plus possible les protestants, qu'il regardait comme ses propres ennemis. Le commandement général fut confié à René de Laudonnière, familier de la cour, suivant le Recueil des grands et petits voyages, d'une insigne piété, habile en beaucoup de choses, surtout dans celle de la marine. L'amiral lui fit accepter, au nom du Roi, cinquante mille écus, et lui accorda d'habiles ouvriers en tout genre, mais tous calvinistes. De Morgues, qui fit partie de l'expédition, élève à cent mille écus le présent du Roi; mais il n'est pas tou

sous la conduite du pilote Trenchant, pour aller droit à Saint-Domingue, nommée alors Hispaniola, et y piller une ville réputée des plus riches de l'île. Bientôt ils se divisent l'un des bateaux disparut et l'on ne sait ce qu'il devint; l'autre se rendit à la Jamaïque et fit le gouverneur prisonnier. Les Espagnols vinrent au secours de leur chef et s'emparèrent de leurs ennemis, à l'exception de vingt-cinq hommes qui, montés sur un bateau espagnol, arrivèrent à l'embouchure de la rivière de May. Laudonnière, rendu à la liberté, grâce à d'Ottigni, s'empara du bateau et condamna quatre des plus coupables à être pendus; pour leur sauver, sur la demande des matelots, la honte du supplice, il les fit passer par les armes.

jours d'accord avec la relation du commandant. Laudonnière s'embarque au Havre, le 22 avril 1564, passe aux Canaries et à Ténériffe, aborde à la Martinique et à la Dominique, où il soutient une attaque des Indiens, et arrive à la Floride le 22 juin 1564. Il mouille à l'entrée de la rivière des Dauphins, et de là passe à celle de May (1), où il débarque en présence d'un grand nombre de naturels. Lui et les siens sont bien accueillis ils visitent le pays et les cases des Indiens. Ceux-ci ayant à leur tête un Paraousti nommé Saturiova, le reconnaissent et le conduisent à une colonne de pierre sur laquelle Ribaut avait fait graver les armes de France. Laudonnière fait construire à deux lieues près de la mer, entre la rivière de May et celle de Saint-Jean, une forteresse triangu- Laudonnière s'entendait parfaitement avec laire qu'il nomme la Caroline, en l'honneur du Outina, chef des naturels, qui possédait beauroi Charles IX. Dès qu'elle est terminée, il en- coup d'or et d'argent; mais toutes ses prévivoie un navire en France demander du secours, sions étaient sans cesse contrariées par la réet charge son lieutenant d'Ottigni d'aller recon- volte des siens et par le défaut de secours de naître des mines d'or annoncées par les natu- la France. « Ainsi privé, dit M. Weiss (Biog. rels, mais il ne les trouva point, car ce n'était » univ., t. XXIII), de toutes les forces sur lesqu'une ruse des sauvages pour diviser les Fran- » quelles il avait dû compter, il ne put plus çais. Bientôt il est obligé de prendre part aux » rien entreprendre pour assurer à la France la guerres des indigènes entre eux, et mécontente» possession des Florides. » Ses compagnons beaucoup des gens qui l'ont suivi dans l'espoir ne cultivaient point la terre, et il ne leur en de faire fortune promptement et sans peine. vint même pas l'idée, tant leur paresse était Ferme et prudent, Laudonnière ne cesse de grande. La colonie manquait de vivres; les inveiller et découvre un complot dirigé contre digènes n'attachaient plus autant de prix aux lui par ses propres soldats. Il tombe malade, et curiosités d'Europe, et vendaient à un prix fort l'on cherche, mais en vain, à séduire son apo- élevé les choses les plus nécessaires. La famine thicaire pour qu'il l'empoisonne; son principal | vint à son tour désoler le fort de la Caroline; ennemi, nommé Le Genre, résout alors de ca- le gland y fut une nourriture recherchée, et cher sous son lit un petit barillet de poudre et lorsqu'il manqua, on en fut réduit à extraire d'y mettre le feu par une traînée. Cet infâme pro- les racines de la terre. Les Français se décidèjet est déjoué par un homme de cœur. Laudon-rent à piller un chef allié, et l'on força Laudonnière est averti par un gentilhomme qu'il en-nière à marcher. Toute la peuplade prit les arvoyait en France, et qui, venant prendre congé mes; deux Français furent tués et plus de vingt de lui, lui remet de la part de Le Genre, un livre blessés. Le capitaine, désespéré, ne pouvant rempli d'invectives méchantes et calomnieuses plus guère compter que sur d'Ottigni, son lieucontre le commandant d'Ottigni et les princi-tenant, et d'Erlach, son enseigne, était décidé paux de la compagnie. Laudonnière rassemble à retourner en France, faute de vivres et de ses équipages, et leur donne lecture de ces ca- secours, quand, le 3 août 1565, quatre voiles lomnies. Après avoir éprouvé de rudes misères, paraissent à l'horizon. La joie est à son comaprès avoir renvoyé plusieurs des plus mutins, Laudonnière est encore obligé de lutter contre une nouvelle révolte de ses matelots, qui veulent quitter le pays pour aller s'enrichir au Pérou. Retombé malade, il est transporté sur un navire à l'ancre par les insurgés, qui se sont emparés de sa personne et le forcent à signer une commission pour aller en course contre les Espagnols établis aux Antilles, et pour croiser dans le golfe du Mexique, malgré la défense formelle du Roi à cet égard. Laudonnière cède le poignard sur la gorge, faisant encore ses observations et ses réserves. Ils arment deux navires et mettent à la voile en décembre 1564,

(1) Nommée par les Espagnols de San-Mater, d'hui appelée de St.-Marys, de Ste-Marie.

ble, mais, hélas ! ce sont des Anglais commandés par Jean Hawkins. Cependant, ce capitaine leur apporte quelque soulagement et vend un navire à Laudonnière. Celui-ci achevait de préparer son départ, lorsque le capitaine Ribaut arrive avec sept bâtiments et lui remet une lettre dans laquelle l'amiral de Chastillon lui reproche sa conduite, le rappelle en France et donne son commandement à Jean Ribaut. Laudonnière se justifie nettement, et Ribaut, convaincu de la noble conduite du capitaine, est obligé de reconnaître la fausseté des rapports faits en France. Alors, malgré les instances de Ribaut, Laudonnière, en homme de cœur, veut partir pour se justifier devant la cour de aujour-France. Mais, sur l'ordre de l'amiral, Ribaut

se dispose à attaquer les Espagnols, commandés

« AnteriorContinua »