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produire aucun effet, à cause de la distance. Rien n'égala l'habileté et la bravoure de nos Après la levée du siége, d'Estaing revint en marins, si ce n'est le bonheur qu'ils eurent Europe, en passant par Saint-Domingue; mais d'échapper, non seulement à des forces si foril détacha de son armée sept des vaisseaux qui midables, mais encore de dégager la frégate avaient le plus souffert pendant le siége de Sa-l'Aurore et une grande partie du convoi. Des vannah, et chargea La Motte-Picquet de les conduire à la Martinique, pour y être réparés. La Motte-Picquet s'occupait sans relâche de ces réparations, lorsque, dans la matinée du 48 décembre 1779, les vigies de la côte signalèrent un convoi français poursuivi par une escadre anglaise. C'étaient vingt-six bâtiments A la chûte du jour, les vaisseaux français français, sortis de Marseille sous l'escorte de rentrèrent triomphalement dans le port. Ce la frégate l'Aurore, capitaine de Flotte, et qui, combat, l'un des plus brillants de la guerre de ayant donné dans le canal de Sainte-Lucie, y 1778, fut proclamê tel par les journaux anglais. étaient chassés par l'escadre d'Hyde Parker, Mais un suffrage peut-être plus flatteur encore forte de treize vaisseaux et une frégate. Dans la était réservé à La Motte-Picquet. L'amiral Hyde journée, une partie du convoi, pressée de très- Parker, admirateur de sa bravoure, lui écrivit près par les vaisseaux de tête ennemis, parut de Sainte-Lucie, le 23 décembre 1779, une letdevant la baie du Fort-Royal. Les canonniers tre où il le félicitait sur le courage éclatant qu'il des forts étaient accourus à leur poste et s'ap- avait déployé dans cette circonstance. Le Roi, prêtaient à tirer sur les Anglais, lorsqu'ils se pour témoigner, de son côté, toute sa satisfacseraient assez approchés de la place. Les habi- tion du combat du Fort-Royal, éleva La Mottetants de l'ile, profondément émus de ce spec- Picquet à la dignité de commandeur de Sainttacle, s'étaient portés sur les quais et sur la Louis, et, pour consacrer le souvenir de la côte, d'où ils suivaient avec anxiété les mou-journée du 18 décembre, il en fit faire un tavements du convoi et des Anglais. Vainement bleau qui existe au ministère de la marine. Une le commandant de l'Aurore avait-il fait serrer copie de ce tableau, donnée par le Roi à La le vent et la côte à son convoi, dans l'espoir Motte-Picquet, se trouvait en l'an IX au jardin de le faire entrer dans le port avant que les An- botanique de Brest. M. de Trégomain, lieuteglais fussent à portée de l'intercepter; le vent nant de vaisseau et petit-neveu du brave mamanquant à la côte, tandis que l'escadre en-rin, la demanda, le 17 vendémiaire, au prenemie en avait encore au large, un vaisseau de mier consul, qui fit répondre, le 5 brumaire, par 74 fut bientôt à portée de l'Aurore, qui fit feu le ministre Forfait, qu'il regrettait de ne poude ses canons de retraite, pour protéger les bâ- voir accéder à cette demande. «Le tableau que timents de son convoi. > vous réclamez, disait le ministre, en restant

De toute la division de La Motte-Picquet, le» exposé, dans un établissement public, aux vaisseau l'Annibal était le seul qui fût en me-» regards de tous les marins, servíra à exciter sure d'aller soutenir l'Aurore. Deux autres vais-» leur émulation et à enflammer leur courage; seaux, le Réfléchi et le Vengeur, sans équipa-> il ne saurait recevoir une destination plus ges, sans munitions de guerre, auraient, dans» utile. » Nous ignorons quel a été, depuis, le les circonstances ordinaires, demandé au moins sort de ce tableau. Aujourd'hui, il n'existe deux jours pour mettre sous voiles. Le reste de dans aucun des établissements de la marine. la division était complètement dégréé. Quoi qu'il en soit, La Motte-Picquet ne son-sa division étant terminées, La Motte-Picquet geant qu'au danger que courent l'Aurore et sortit de la Martinique avec six vaisseaux et six son convoi, fait lever l'ancre à l'Annibal et se frégates, à la tête desquels il établit une croiporte vers l'ennemi. Les officiers et les équipa- sière entre les îles anglaises, et, malgré la suges des vaisseaux abattus en carène demandent périorité des forces navales ennemies dans ces et obtiennent de s'embarquer sur ce vaisseau. parages, un mois après, il rentra au Fort

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Royal, ramenant avec lui quinze bâtiments | de Londres; ce qui donna lieu, dans le Parlement anglais, à une vive attaque de l'opposition capturés. contre l'amirauté.

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pagnes dont nous avons esquissé les principaux
résultats. Il avait survécu à son frère aîné.
Picquet de Montreuil, conseiller au Parlement
de Rennes, où il naquit en 1747 et mourut en
1786. Ce magistrat, aussi distingué par son es-
prit que par la fermeté de son caractère, fut
l'un des compagnons de captivité de La Chalo-
tais, à Saint-Malo et à la Bastille. Dans les pri-
sons, comme dans l'exil qu'il eut ensuite à su-
bir, à Angers, il se montra inébranlable dans
P. L...t.
son opposition au ministère.

Le 25 avril suivant, La Motte-Picquet appareilla de Brest avec six vaisseaux, trois frégates et deux côtres, pour aller croiser sur les côtes d'Angleterre. Il montait le vaisseau l'Invincible. Parvenu, le 1er mai, à la hauteur des Sorlingues, il eut connaissance d'une division anglaise de deux vaisseaux et deux frégales, commandée par le commodore Hotham, et escortant un convoi de trente-quatre bâtiments marchands, qui revenaient en Angleterre chargés d'un riche butin fait sur les Hollandais à LAMOUR (FRANÇOIS-MARIE, baron), - né Saint-Eustache. La Motte-Picquet lui donna la chasse et l'atteignit le lendemain, à neuf heures à Vannes (Morbihan), le 22 août 1772. Il était du matin. Aussitôt, le commodore fit le signal l'aîné de quatre frères, dont trois ont suivi la de sauve qui peut, et la supériorité de sa marche carrière des armes. En 1792, il partit comme le mit bientôt hors de vue. La division française, lieutenant au 14e bataillon de fédérés, et, dès s'attachant alors au convoi, amarina vingt- le mois d'octobre de la même année, il passa, deux des navires marchands et deux corsaires en qualité de capitaine, dans la 23° demi-bride 12 canons chacun. Toutes ces prises, rame-gade. Pendant la dernière campagne de l'armée nées à Brest par la division, le 14 mai, furent de Sambre et Meuse, en l'an IV, on lui confia vendues en masse 8,000,000 à des négociants le commandement d'un bataillon de sa demide Bordeaux; mais l'Annual register de 1782 (p. 105), porte à 6 ou 700,000 livres sterl. la perte supportée par la Compagnie d'assurances

brigade, bien qu'il fût le moins ancien des capitaines du corps. A la tête de cette troupe, il prit part au combat de Ratisbonne, le 5 fruc

tidor, culbuta deux bataillons autrichiens, et Magdelaine de la Moussaye, dame de la Villeenleva trois cents hommes de la 43° demi-bri- guerif, savoir: I. Raoul, qui suivit saint Louis gade, qui avaient été faits prisonniers au com- à sa première croisade, et fut tué à la bataille mencement de la journée. Il reçut les félicita- de Mansourah (1250): son écu est placé à Vertions du général Jourdan, qui avait été témoin sailles dans la salle des croisades; II. Olivier, de ce fait d'armes, et qui lui promit le grade fils aîné de Guillaume de Penthièvre, qui lui de chef de bataillon. Malheureusement, deux donna en apanage les terres, seigneurie et châjours après, le capitaine Lamour, toujours à la tellenie de Matignon, lesquelles relevaient ainsi tête de son bataillon, se trouva engagé, sous prochement et noblement du comté de Penthieles ordres du général Ney, dans une affaire où vre. (Dom Morice, Pr., I, col. 1224-4225.) Cet il eut à résister aux attaques de troupes autri- Olivier, qui s'était croisé en 1270, fit le voyage chiennes dix fois plus nombreuses que la sien- de la Terre-Sainte avec le comte de Richemont ne. Réduit à former son bataillon en carré, et plusieurs autres seigneurs. Revenu en Franpour repousser les charges de la cavalerie, il ce après la mort de saint Louis, il vendit au virésista pendant deux heures, brûla jusqu'à sa comie de Rohan, en 1271, le grand pré d'Uzel dernière cartouche, et ne se décida à se rendre pour payer les frais de la croisade. (Dom Moque quand il vit son bataillon réduit à deux rice, loc. cit.), et mourut en 1278, dans un àge cents hommes sans munitions. Echangé l'année avancé, laissant de son mariage avec une fille suivante, il alla rejoindre son corps à l'armée d'André de Vitré et de Thomasse de Mathefelon, du Rhin, et passa successivement aux armées Gervais, qui fit des donations à Notre-Dame-ded'Helvétie, en l'an VII, du Danube, en l'an VIII, Boquen, l'année même de la mort de son père. et du Rhin, en l'an IX. Il ne cessa de se faire On peut encore mentionner parmi les memdistinguer; mais, malgré des actions très-bril-bres de cette famille : lantes, il n'obtint point encore l'avancement I. ALAIN,-second fils de Guillaume et d'Opour lequel il avait souvent été proposé. Ren- live de Margais, l'un des principaux chefs de tré en France après la paix de Lunéville, il re- l'armée du connétable Duguesclin en 1372; il se çut la décoration de la Légion-d'Honneur, en signala dans les assauts qui amenèrent la redl'an XII. La même année, il fit la campagne dition de Pontorson, se trouva au siége de Cherd'Autriche et fut enfin nommé chef de batail-bourg et prit part à la délivrance de Saint-Malon, le 18 juillet 1806. Il commandait un ba-lo, ainsi qu'à la seconde expédition de Guienne. taillon de voltigeurs à la bataille d'Iéna, où sa conduite fut si brillante, qu'il fut nommé major au 88o régiment, le 7 janvier 1807. Les batailles d'Eylau et de Friedland lui fournirent de nouvelles occasions de se distinguer, et, le 25 octobre 1810, il fut promu au grade de colonel du 39o de ligne. Il alla prendre le commandement de son régiment, qui faisait partie de l'armée d'Espagne, et tomba au pouvoir de l'ennemi, à la prise d'Albuquerque, en Estramadure, le 15 mars 1814. Parvenu à s'échapper des mains des Anglais, il rentra en France et rejoignit la Grande-Armée, où il prit le commandement du 22° de ligne. Il combattait, le 2 mai, à la tête de ce régiment, à la bataille de Lutzen, lorsqu'il fut tué. Sa mort n'étant pas encore connue au grand quartier-général de l'Empereur, le 4 mai, il fut compris, comme général de brigade, dans un décret de promotion rendu, ce jour, à Borna. C. D.

Devenu capitaine de Rennes, il ratifia en cette qualité, le 20 avril 1384, le traité de Guérande avec Jean et Guillaume de la Moussaye. Il existait aux Jacobins de Rennes un procès-verbal du 16 février 1669, dressé et signé par le procureur-général au Parlement de Bretagne, par M. de la Falluère, conseiller, et par les révérends pères prieur et bibliothécaire dudit monastère, touchant les nom, armes, devise et antiquités du seigneur Alain de la Moussaye, qui se trouvent dans leur couvent, tant en imprimés et manuscrits qu'en pierre et en bois.

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II. ROLLAND, fils du précédent et de Jeanne de Rohan, porta les armes avec distinction sous les ducs Jean V et François I. Il accompagna le premier, en 1418, dans le voyage qu'il fit à Paris pour négocier la paix entre la France et l'Angleterre. Les efforts du duc ayant été inutiles, une partie de ses troupes se rangea sous les drapeaux du dauphin. Au mois de janvier, que LA MOUSSAYE.-La filiation régulière de l'on comptait encore 1448 (v. st.), Rolland, accette maison, qui portait d'or fretté d'azur, et compagné de son jeune fils et de dix écuyers, pour devise Honneur à Moussaye! remonte, se rendit au siége de Tours, où il fit maintes comme nous l'avons vu (t. Ier, p. 828), à Ber-prouesses, et contribua principalement à la rétrand, fils d'Etienne IV de Gouyon et de Tho-duction de la place et de son château. Le régent mine de Dinan. Mais, avant lui, on trouve men- lui promit une récompense pour ce fait d'artionnés dans une assez longue généalogie de la mes, et, devenu roi, il tint sa promesse en lui maison de la Moussaye, extraite des archives faisant don de la maison noble et manoir de la de Penthièvre et de Dinan, et qui s'est trouvée Férandière, voisine de Poitiers. Dans cette afau château de la Villeguerif, dans les titres du faire, Rolland avait eu à combattre son propre baron du Tiercent-Ruellan, marié à Françoise-beau-frère Charles Labbé, qui défendait la ville

et le château de Tours. « Considérant, disent | lon Du Paz, mais plus vraisemblablement le les lettres de Charles VII, les bons et grands ser- 16 août de la même année, comme le font supvices que notre bien-aimé Rolland de la Mous-poser les titres de l'église de Dol (f 104), d'asaye, escuyer, nous a par longs temps faicts en près lesquels son anniversaire se célébrait le 16 nos guerres en plusieurs manières, à l'encontre des calendes d'août. Il fut inhumé dans sa cade nos ennemis et adversaires, et mesmement thédrale. en la réduction en notre obéissance des ville et IV. AMAURY, II-sire de La Moussaye, de chastel de Tours, ès quels services ledict ex- La Rivière, de Plesguen et de Kergoet, champosa et mict plusieurs fois son corps en péril et bellan et grand-veneur de Bretagne, gouverdanger de mort, et y dépensa la plupart de sa neur de Dol et de Dinan, et l'un des généraux chevance, et fut cause et principal moyen, en- du duc François II, était fils d'Edouard de La vers ledict Charles Labbé et autres, de réduire Moussaye et de Françoise de Plesguen. Il paret remettre lesdictes ville et chastel en notre courut une longue carrière, et son nom se trouve obéissance, etc. » Le 31 décembre 1422, Rol--mêlé à tous les événements remarquables des rèland signa le traité d'alliance des Etats de Bre-gnes de Pierre II, Arthur II et François II. En tagne avec le duc de Bourgogne. (Dom Morice, 1451, il était écuyer et chambellan de Pierre II. Pr., t. II. Monuments de l'histoire de la En 1453, il aida, comme chevalier, à la conquête Touraine, de l'Anjou et du Maine, recueillis par de la Guienne par Charles VII, et se distingua dom Housseau, religieux bénédictin, et conser-aux siéges de Castillon et de Bordeaux. En 1453. vés à la bibliothèque nationale, carton 28, et il accompagna le duc Pierre II, lorsque ce prince Archives généalogiques et historiques de la no- se rendit à Bourges pour conférer avec le roi blesse de France, de Lainé, t. XI.) Rolland, qui de France. Sous le règne d'Arthur III, il fut avait acheté la seigneurie de Lorgeril-sur-Fré- successivement choisi par les nobles de Bretamur, et qui avait figuré à la réformation de 1427, épousa Alix de Saint-Méloir, dont il eut: 10 Jean de la Moussaye; 2o Guillaume, tué à la guerre; 3o Catherine, mariée à Pierre Gouyon, seigneur de Vaurouault. (Histoire des grands-officiers de la couronne, t. V, p. 405.)

gne pour un de leurs capitaines, envoyé par le duc pour tenir les monstres ou revues générales dans les évêchés de Rennes et de SaintBrieuc; nommé gouverneur de Dol et de Dinan, puis grand-veneur de Bretagne. En 4 465, il servit dans l'armée bretonne qui marcha au seIII. RAOUL,-fils de Guillaume, IIIe du nom, cours du duc de Bourgogne, et qui arriva, sous chevalier, sire de La Moussaye, et de Jeanne de les murs de Paris, le lendemain de la bataille Dinan (fille de Roland, tué à la bataille d'Au- de Montlhéry. Lorsque la faiblesse du duc Franray, en 1364). Il fut chanoine de Rennes, pro-çois II et son aveugle confiance dans quelques tonotaire du Saint-Siége, et promu, en 1444, au étrangers eurent amené sur la Bretagne les casiége de Dol. Les vertus de ce prélat égalaient lamités qui finirent par causer sa perte, la noson savoir et sa haute éloquence, qui lui avait blesse se divisa. Une grande partie arbora les fait donner le nom de Bouche-d'Or. Avant sa couleurs de France. Amaury resta fidèle à son promotion à l'archevêché de Dol, il avait été en- souverain, et entreprit, pour le défendre, tout voyé en ambassade, par Jean V (4440), vers le ce que permettait la supériorité des forces qu'il roi de France. En 4451, il siégea au Parlement avait à combattre. Après la retraite du duc sur tenu à Vannes, en tête de tous les prélats, im- Vannes et sa sortie du port avec le prince d'Omédiatement après les comtes de Richemont et range, Amaury dégagea de la place deux mille de Laval, par suite d'un accord particulier por-huit cents hommes de cavalerie et dirigeait ces tant qu'il aurait, dans ce Parlement, la pré-forces sur Nantes, lorsqu'il fut attaqué à Joué séance sur l'évêque de Rennes, mais que ce par un corps de l'armée française. Tous les Bredernier l'aurait sur lui dans le Parlement sui- tons périrent dans cette lutte trop inégale, à vant, et ainsi alternativement jusqu'à ce que, l'exception de six cents, avec lesquels le sire de après plus ample informé, le duc eût prononcé La Moussaye alla se renfermer dans Nantes, et sur leurs droits respectifs. Les prérogatives du concourut à la belle défense de cette place, dont siége de Dol étaient, depuis plusieurs siècles, les Français furent obligés de lever le siége. Il un sujet de discussion entre les titulaires de ce avait recueilli, en 4457, la succession de Raoul, siége et les archevêques de Tours. La Moussaye son oncle, évêque dé Dol. Il se maria deux fois : entreprit de mettre un terme à ces différends, 10 en 1455, avec Euphrasie de Coetlogon (voy. et il y réussit en ménageant un accord que le l'Histoire des grands officiers de la couronne, pape Nicolas V ratifia par ses bulles du 20 jan-t. VII, p. 718), dont il n'eut pas d'enfants; 2° vier 1452, dont on peut voir les conditions dans avec Marguerite de Langourfa, de laquelle il le Catalogue historique des évêques et abbés de laissa deux fils, Amaury et Christophe, et une Bretagne. (Dom Morice, Histoire, t. II, p. 63). fille nommée Gilette, qui porta la terre de La Le succès de ses efforts fut si agréable au Saint-Moussaye dans la maison de Gouyon, par son Siége que, suivant plusieurs chroniques, il était mariage avec Guy Gouyon. désigné comme cardinal, lorsqu'il fut enlevé par une mort prématurée, le 16 avril 1456, se

V. CHARLES,

baron de La Moussaye

Gouyon, ou plutôt de Gouyon La Moussaye (1), | Nordlingue et y fut grièvement blessé. L'année fils d'Amaury III et de Catherine de Guéma- suivante, à la bataille de Lens, il se tenait audeuc, embrassa la religion réformée, dans la- près du prince de Condé, pour recevoir et faire quelle ses descendants ont long-temps persé- exécuter ses ordres. Au moment le plus périlvéré, et pour le soutien de laquelle ils ont fait leux, il prit le commandement du régiment de de grands sacrifices dans l'ancien diocèse de Villequier, et, dans une charge brillante qui Saint-Brieuc, notamment dans la commune de rétablit le combat et contribua à fixer la vicPlénée-Jugon. Il composa des mémoires restés toire, il eut son cheval tué sous lui, fut blessé inédits, commençant à 1562 et finissant à 1585. et fait prisonnier. Amaury fut élevé successi« C'est, dit M. Habasque (Not. histor. sur les vement aux grades de maréchal-de-camp et de Côtes-du-Nord, t. III, p. 153), un tableau naïf lieutenant-général d'une portion des troupes des mœurs et des calamités du temps. On y du prince de Condé, qui l'avait en outre nommé trouve des détails peu connus sur la fuite du son chambellan. Il fut depuis nommé gouverprince de Condé, en 1585, après la déroute d'An- neur de Rennes. Les mémoires de l'époque gers. De son mariage avec Claude du Chastel, mentionnent plusieurs anecdotes qui prouvent qu'il avait épousée le 21 décembre 1570, naquit jusqu'à quel point il possédait la confiance du Amaury qui suit : prince illustre qui se l'était attaché. (Voy. DicVI. AMAURY IV,- en faveur duquel la terre tionnaire des Batailles, Vie du prince de Condé, de La Moussaye fut érigée en marquisat par Vie du vicomte de Turenne, Mémoires de Motlettres-patentes de 1615, fut l'un des chefs du teville.) Il avait épousé, le 11 avril 1629, Henparti protestant pendant les guerres de religion, riette-Catherine de Latour-d'Auvergne, sœur ainsi que nous l'apprennent toutes les histoires de Turenne, issue du mariage de Henri de Ladu temps. Ce zélé calviniste a écrit un livre tour-d'Auvergne, duc de Bouillon, prince de ascétique, qui n'a paru qu'après sa mort sous Sédan, maréchal de France, et d'Elisabeth de ce titre: Méditations sur divers textes de l'Ecri- Nassau-Orange, fille de Guillaume-le-Taciture Sainte, 1666, in-4°. Il mourut en 1624. Sa turne, prince d'Orange. Aux grands biens que veuve, Catherine de Champagne, fille du comte La Moussaye possédait en Bretagne, il ajouta de Suze et de Madelaine de Melun, lui érigea un le comté de Quintin et la seigneurie d'Avaugour, tombeau dans la partie du parc de la Moussaye que lui céda Henri de la Trémouille, son beauoù ils avaient établi un prêche dont les traces frère, duc de Thouars et pair de France. M. Haont disparu, mais dont la tradition a tellement basque (Notions historiques, t. II, p. 21-23, conservé le souvenir que, de nos jours encore, et Annuaires des Côtes-du-Nord de 1841, p. 121, les paysans appellent la huguenoterie le lieu où il était élevé. Le marbre sur lequel était inscrite l'épitaphe d'Amaury se voit encore dans la principale salle du château de La Moussaye. Sa veuve mourut Paris, le 14 juillet 1649.

VII. AMAURY V, fils aîné du précédent et de Catherine de Champagne, suivít le parti du prince de Condé. Il servit avec distinction en Allemagne et en Catalogne. En 4646, il commandait plusieurs régiments à la bataille de

et de 1842, p. 5, partie historique) a donné de curieux détails sur les suites de cette vente. Des violations récidivées de l'engagement souscrit par le marquis et la marquise de n'établir aucun prêche dans l'étendue de leur seigneurie, et de n'y faire ou laisser faire aucun exercice, soit public, soit particulier, de la religion réformée, donnèrent lieu à maintes poursuites contre eux. Une dernière transaction, du mois de juin 1643, ne leur imposa d'autre défense que l'exercice public de leur culte. Ainsi mis à l'aise, et fort peu inquiets de cette prohibition,

(1) Ce Charles, ainsi qu'Amaury IV, Amaury V et Fran-ils donnèrent carrière à leur zèle religieux et à çois qui suivent, appartenaient à la maison de Gouyon, par suite du mariage de Gilette de La Moussaye (voy. Amaury II) et de Guy Gouyon, grand-père et grand-mère de Charles. En distrayant ces quatre personnages de la branche des Gouyon, pour les comprendre dans celle de La Moussaye, nous nous étions confortné à l'ordre généalogique adopté par La Chesnaye-Desbois. Mais un extrait de la généalogie de la maison de La Moussaye, inséré dans les Archives généalogiques et historiques de M. Lainé, nous a démontré notre erreur, que nous réparons ici. Ce dernier écrivain a, en effet, rectifié ou conplété La Chesnaye-Desbois, ou plutôt il a écrit sur un plan bien préférable à celui des anciens génalogistes ou archivistes paléographes qui, le plus souvent, présentaient, non le tableau généalogique des farmilles en suivant les générations ou la ligne du sang, mais bien la succession des seigneurs possesseurs de grands fiefs, qu'ils considéraient comme des principautés ou des petits royaumes, et dont ils écrivaient l'histoire ou les mutations sous l'influence de cette idée ! Guy Gouyon, en devenant sire de La Moussaye, adopta les armes de cette famille.

leur esprit de prosélytisme. Ils rétablirent l'exercice de la religion réformée à Plouër, ou elle avait existé en vertu d'institution royale et remontait à 1612. Ils concédèrent des terrains pour bâtir un temple et un cimetière à l'usage des protestants, établirent un prêche dans leur le 4 août 1658, et construisirent, dans la forêt propre château, où se tint même un synode, de Quintin, un pavillon servant au culte. Le nombre de leurs prosélytes allant toujours croissant, ils molestèrent les catholiques, destituèrent des fonctionnaires et donnèrent leurs emplois à leurs coreligionnaires, dont l'un, le procureur fiscal de la juridiction, insulta l'évêque de Saint-Brieuc en pleine église, à l'imitation, sans doute, de la marquise de La Moussaye elle-même. Monseigneur l'évêque

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