Imatges de pàgina
PDF
EPUB

pour ne pas manquer à sa parole; car on lui en donneroit le double, qu'on ne pourroit taire affaire. Il en fait une description séduisante, on demande le prix. Le seigneur un tel en offre soixante louis.-Je vous en donne cent.-Cela est inutile, à moins qu'il ne se dédise. Cependant l'on eonclut à cent louis sans les avoir vus, car le lendemain le seigneur ne manque pas de se dédire: voilà ce que j'ai vu et entendu la semaine dernière.

naturellement quelle opinion on a de moi dans le monde. La meilleure, lui dis-je, et telle que vous ne pourriez la conserver si vous pratiquiez la morale que vous venez de me prêcher. Voilà où je vous attendois, me dit-elle. Depuis dix ans que j'ai perdu ma mère, je fus séduite par le Chevalier de Valory, qui m'avoit vu, pour ainsi dire, élever; mon extrême jeunesse et la confiance que j'avois en lui ne me permirent pas d'abord de me défier de ses vues. Je fus long-temps à m'en apercevoir, et lorsque je m'en aperçus, j'avois pris tant de goût pour lui, que je n'eus pas la force de lui résister. Il me vint des scrupules; il les leva, en me promettant de m'épouser. Il y travailla en effet; mais voyant l'opposition que sa famille y apportoit, à cause de la disproportion d'âge et de mon peu de fortune; et metrouvant, d'ailleurs, heureuse comme j'étois, je fus la première à étouffer mes scrupules, d'autant plus qu'il est assez

"Ensuite c'est un polisson qui vient brailler un air, et à qui on accorde sa protection pour le faire entrer à l'Opéra, après lui avoir donné quelques leçons de bon goût, et lui avoir appris ce que c'est que la propreté du chant françois; c'est une demoiselle qu'on fait attendre pour savoir si je sais encore là. Je me lève et je m'en vais; les deux laquais ouvrent les deux battans pour me laisser sortir, moi qui passerois alors par le trou d'une aiguille; et les deux estafiers crient dans l'anti-pauvre. chambre: Madame, messieurs; voilà madame. Tout le monde se range en haie, et ces messieurs sont des marchands d'étoffes, des marchands d'instrumens, des bijoutiers, des colporteurs, des laquais, des décroteurs, des créanciers; enfin tout ce que vous pouvez imaginer de plus ridicule et de plus afligeant. Midi ou une heure sonne avant que cette toilette soit achevée, et le secrétaire, qui, sans doute, sait par expérience l'impossibilité de rendre un compte détaillé des affaires, a un petit bordereau qu'il

Il commençoit à faire des réflexions, je lui proposai de continuer à vivre comme nous étions; il l'accepta. Je quittai ma province, et je le suivis à Paris: vous voyez comme j'y vis. Quatre fois la semaine il passe sa journée chez moi; le reste du temps nous nous contentons réciproquement d'apprendre de nos nouvelles, à moins que le hasard ne nous fasse rencontrer. Nous vivons heureux, contens; peut-être ne le serions-nous pas tant si nous étions mariés."-(Vol. I. pp. 111, 112.)

remet entre les mains de son maître, pour bered way of passing through life; and This seems a very spirited, unincumFinstruire de ce qu'il doit dire à l'assemblée. Une autre fois il sort à pied ou en fiacre, it is some comfort, therefore, to a marentre à deux heures, fait comme un brûleur trimonial English reader, to find Madede maison, dine tête à tête avec moi, ou moiselle d'Ette kicking the Chevalier admet en tiers son premier secrétaire, qui out of doors towards the end of the lui parle de la nécessité de fixer chaque second volume. As it is a scene very article de dépense, de donner des déléga-edifying to rakes, and those who decry tous pour tel ou tel objet. La seule réponse the happiness of the married state, we est: Nous verrons cela. Ensuite il court le shall give it in the words of Madame monde et les spectacles; et il soupe en ville quand il n'a personne à souper chez lui. d'Epinay. Je vois que mon temps de repos est fini.”— (Vol. I. pp. 308–310.)

"Une nuit, dont elle avoit passé la plus grande partie dans l'inquiétude, elle entre

A very prominent person among the early friends of Madame d'Epinay, is Mademoiselle d'Ette, a woman of great l'animoient. Le chevalier, après avoir emtion avec toute la violence et la fureur qui French respectability, and circulating ployé vainement, pour la calmer, tous les in the best society; and, as we are moyens que sa bonté naturelle lui suggéra, painting French manners, we shall lui signifia enfin très-précisément qu'il make no apology to the serious part of alloit se séparer d'elle pour toujours, et fuir our English readers, for inserting this un enfer auquel il ne pouvoit plus tenir. sketch of her history and character by Cette confidence, qui n'étoit pas faite pour her own hand.

chez le chevalier: il dormoit; elle le réveille, s'assied sur son lit, et entame une explica

"Je connois, me dit-elle ensuite, votre franchise et votre discrétion: dites-moi

l'apaiser, redoubla sa rage. Puisqu'il est ainsi, dit-elle, sortez tout à l'heure de chez moi; vous deviez partir dans quatre jours, c'est vous rendre service de vous faire

partir dans l'instant. Tout ce qui est ici m'appartient; le bail est en mon nom; il ne me convient plus de vous souffrir chez moi: levez-vous, monsieur, et songez à ne rien emporter sans ma permission."-(Vol. II. pp. 193, 194.)

Our English method of asking leave to separate from Sir William Scott and Sir John Nichol is surely better

than this.

Any one who provides good dinners for clever people, and remembers what they say, cannot fail to write entertaining Memoirs. Among the early friends of Madame d'Epinay was Jean Jacques Rousseau-she lived with him in considerable intimacy; and no small part of her book is taken up with accounts of his eccentricity, insanity, and vice.

"Nous avons débuté par l'Engagement téméraire, comédie nouvelle, de M. Rousseau, ami de Francueil, qui nous l'a présenté. L'auteur a joué un rôle dans sa pièce. Quoique ce ne soit qu'une comédie de société, elle a eu un grand succès. Je doute cependant qu'elle pût réussir au théâtre; mais c'est l'ouvrage d'un homme de beaucoup d'esprit, et peut-être d'un homme singulier. Je ne sais pas trop cependant si c'est ce que j'ai vu de l'auteur ou de la pièce qui me fait juger ainsi. Il est compliinenteur sans être poli, ou au moins sans en avoir l'air. Il paroît ignorer les usages du monde; mais il est aisé de voir qu'il a infiniment d'esprit. Il a le teint brun, et des yeux pleins de feu animent sa physionomie. Lorsqu'il a parlé et qu'on le regarde, il paroit joli; mais lorsqu'on se le rappelle, c'est toujours en laid. On dit qu'il est d'une mauvaise santé, et qu'il a des souffrances qu'il cache avec soin, par je ne sais quel principe de vanité; c'est apparemment ce qui lui donne, de temps en temps, l'air farouche. M. de Bellegarde, avec qui il a causé long-temps ce matin, en est enchanté, et l'a engagé à nous venir voir souvent. J'en suis bien aise; je me promets de profiter beaucoup de sa conversation."(Vol. I. pp. 175, 176.)

Their friendship, so formed, proceeded to a great degree of intimacy. Madame d'Epinay admired his genius, and provided him with hats and coats; and, at last, was so far deluded by his declamations about the country, as to fit him up a little hermit cottage, where there were a great many birds, and a great many plants and flowers-and

where Rousseau was, as might have been expected, supremely miserable. His friends from Paris did not come to see him. The postman, the butcher, and the baker, hate romantic scenery

duchesses and marchionesses were

no longer found to scramble for him. Among the real inhabitants of the country, the reputation of reading and thinking is fatal to character; and Jean Jacques cursed his own successful eloquence which had sent him from the suppers and flattery of Paris to smell to daffodils, watch sparrows, or project idle saliva into the passing stream. Very few men who have gratified, and are gratifying their vanity in a great metropolis, are qualified to quit it. Few have the plain sense to perceive, that they must soon inevitably be forgotten, or the fortitude to bear it when they are. They represent to themselves imaginary scenes of deploring friends and dispirited companies

but the ocean might as well regret the drops exhaled by the sun-beams. Life goes on; and whether the absent have retired into a cottage or a grave, is much the same thing. In London, as in Law, de non apparentibus, et non existentibus eadem est ratio.

This is the account Madame d'Epinay gives of Rousseau soon after be had retired into the hermitage.

"J'ai été il y a deux jours à la Chevrette, pour terminer quelques affaires avant de m'y établir avec mes enfans. J'avois fait prévenir Rousseau de mon voyage: il est venu me voir. Je crois qu'il a besoin de ma présence, et que la solitude a dejā agité sa bile. Il se plaint de tout le monde. Diderot doit toujours aller, et ne va jamais le voir; M. Grimm le néglige; le baron d'Holbach l'oublie; Gauffecourt et moi seulement avons encore des égards pour lui, dit-il; j'ai voulu les justifier; cela n'a pas réussi. J'espère qu'il sera beaucoup plus à la Chevrette qu'à l'Hermitage. Je suis per cet homme pour le rendre heureux; c'est suadée qu'il n'y a qu'une façon de prendre de feindre de ne pas prendre garde à lui, et s'en occuper sans cesse ; c'est pour cela que je n'insistai point pour le retenir, lorsqu'il m'eut dit qu'il vouloit s'en retourner à l'Hermitage, quoiqu'il fut tard et malgré le mauvais temps.”—(Vol. II. pp. 253, 254.)

Jean Jacques Rousseau seems, as the reward of genius and fine writing,

to have claimed an exemption from all moral duties. He borrowed and berged, and never paid; - put his chudren in a poor-house-betrayed his friends-insulted his benefactors-and was guilty of every species of meanness and mischief. His vanity was so great, that it was almost impossible to keep pace with it by any activity of attention; and his suspicion of all mankind amounted nearly, if not altogether, to insanity. The following anecdote, however, is totally clear of any symptom of derangement, and carries only the most rooted and disgusting selfishness.

"Rousseau vous a donc dit qu'il n'avoit pas porté son ouvrage à Paris? Il en a menti, car il n'a fait son voyage que pour cela. J'ai reçu hier une lettre de Diderot, qui peint votre hermite comme si je le voyois. Il a fait ces deux lieues à pied, est venu s'établir chez Diderot sans l'avoir prévenu, le tout pour faire avec lui la révision de son ouvrage. Au point où ils en étoient ensemble, vous conviendrez que cela est assez étrange. Je vois, par certains mots échappés à mon ami dans sa lettre, qu'il y a quelque sujet de discussion entre enr; mais comme il ne s'explique point, je n'y comprends rien. Rousseau l'a tenu impitoyablement à l'ouvrage depuis le samedi dix heures du matin jusqu'au lundi onze heures du soir, sans lui donner à peine le temps de boire ni manger. La révision finie, Diderot cause avec lui d'un plan qu'il a dans la tête, et prie Rousseau de l'aider à arranger un incident qui n'est pas encore trouvé à sa fantaisie. Cela est trop difficile, répond froidement l'hermite; il est tard, je ne suis point accoutumé à veiller. Bon soir, je pars demain à six heures du matin, il est temps de dormir. Il se lève, va se coucher, et laisse Diderot pétrifié de son procédé. Voilà cet homme que vous croyez si pénétré de vos leçons. Ajoutez à cette réflexion un propos singulier de la femme de Diderot, dont je vous prie de faire votre profit. Cette femme n'est qu'une bonne femme, mais elle a le tact juste. Voyant son mari désolé le jour du départ de Roussau, elle lui en demanda la raison; il la lui dit: C'est le manque de délicatesse de cet homme, ajoute-t-il, qui m'afflige; il me fait travailler comme un manœuvre; je ne m'en serois, je crois, pas aperçu, s'il ne m'avoit refusé aussi sèchement de s'occuper pour moi un quart d'heure. .. Vous étes étonné de cela, lui répond sa femme, vous ne le connoissez donc pas ? Il est dévoré d'envie; il enrage quand il paroît

[ocr errors]

quelque chose de beau qui n'est pas de lui.
On lui verra faire un jour quelques grands
forfaits plutôt que de se laisser ignorer.
Tenez, je ne jurerois pas qu'il ne se rangeât
leur apologie."—(Vol. III. pp. 60, 61.)
du parti des Jésuites, et qu'il n'entreprit

The horror which Diderot ultimately conceived for him, is strongly expressed in the following letter to Grimm, - written after an interview which compelled him, with many pangs,

to

renounce all intercourse with a

man who had, for years, been the object of his tenderest and most partial feelings.

"Cet homme est un forcené. Je l'ai vu, je lui ai reproché, avec toute la force que donne l'honnêteté et une sorte d'intérêt qui reste au fond du cœur d'un ami qui lui est dévoué depuis long-temps, l'énormité de sa conduite; les pleurs versés aux pieds de Madame d'Epinay, dans le moment même où il la chargeoit près de moi des accusations les plus graves; cette odieuse apologie qu'il vous a envoyée, et où il n'y a pas une seule des raisons qu'il avoit à dire; cette lettre projetée pour Saint-Lambert, qui devoit le tranquilliser sur des sentimens qu'il se reprochoit, et où, loin d'avouer une passion née dans son cœur malgré lui, il s'excuse d'avoir alarmé Madame d'Houdetot sur la sienne. Que sais-je encore? Je ne suis point content de ses réponses; je n'ai pas eu le courage de le lui témoigner; j'ai mieux aimé lui laisser la misérable consolation de croire qu'il m'a trompé. Qu'il vive! Il a mis dans sa défense un emportement froid qui m'a affligé. J'ai peur qu'il ne soit endurci.

"Adieu, mon ami; soyons et continuons d'être honnêtes gens: l'état de ceux qui ont cessé de l'être me fait peur. Adieu, mon ami; je vous embrasse bien tendrement. . . . . Je me jette dans vos bras comme un homme effrayé ; je tâche en vain de faire de la poésie, mais cet homme me revient tout à travers mon travail; il me trouble, et je suis comme si j'avois à côté de moi un damné; il est damné, cela est sûr. Adieu, mon ami. . . . Grimm, voilà l'effet que je ferois sur vous, si je devenois jamais un méchant: en vérité, j'aimerois mieux être mort. Il n'y a peutêtre pas le sens commun dans tout ce que je vous écris, mais je vous avoue que je n'ai jamais éprouvé un trouble d'âme si terrible que celui que j'ai.

"Oh! mon ami, quel spectacle que celui d'un homme méchant et bourrelé! Brûlez, déchirez ce papier, qu'il ne retombe plus sous vos yeux; que je ne revoie plus cet homme-là, il me feroit croire aux diables et

à l'enfer. Si je suis jamais forcé de re- | malheureusement pour lui, ou plutôt pour tourner chez lui, je suis sûr que je frémirai la dignité philosophique, car, pour lui, il tout le long du chemin: j'avois la fièvre en paroît s'accommoder fort de ce train de vie; revenant. Je suis fâché de ne lui avoir pas il n'y avoit aucune manie dominante dans laissé voir l'horreur qu'il m'inspiroit, et je ce pays lorsqu'il y est arrivé; on l'a regardé ne me réconcilie avec moi qu'en pensant, comme une trouvaille dans cette circon que vous, avec toute votre fermeté, vous ne stance, et l'effervescence de nos jeunes têtes l'auriez pas pu à ma place; je ne sais pas s'il s'est tournée de son côté. Toutes les jolies ne m'auroit pas tué. On entendoit ses cris femmes s'en sont emparées; il est de tous jusqu'au bout du jardin; et je le voyois! les soupers fins, et il n'est point de bonne Adieu, mon ami, j'irai demain vous voir; fête sans lui: en un mot, il est pour nos j'irai chercher un homme de bien, auprès agréables ce que les Genevois sont pour duquel je m'asseye, qui me rassure, et qui moi.”—(Vol. III. pp. 284, 285.) chasse de mon âme je ne sais quoi d'infernal qui la tourmente et qui s'y est attaché. Les poètes ont bien fait de mettre un intervalle immense entre le ciel et les enfers. En vérité, la main me tremble."(Vol. III. pp. 148, 149.)

At

Madame d'Epinay lived, as we before observed, with many persons of great celebrity. We could not help smiling, among many others, at this anecdote of our countryman David Hume. the beginning of a splendid career of fame and fashion at Paris, the historian was persuaded to appear in the character of a Sultan; and was placed on a sofa between two of the most beautiful women of Paris, who acted for that evening the part of inexorables, whose favour he was supposed to be soliciting. The absurdity of this scene can easily

be conceived.

"Le célèbre David Hume, grand et gros historiographe d'Angleterre, connu et estimé par ses écrits, n'a pas autant de talens pour ce genre d'amusemens auquel toutes nos jolies femmes l'avoient décidé propre. Il fit son début chez Madame de Ton lui avoit destiné le rôle d'un sultan assis entre deux esclaves, employant toute son éloquence pour s'en faire aimer; les trouvant inexorables, il devoit chercher le sujet de leurs peines et de leur résistance: on le place sur un sopha entre les deux plus jolies

femmes de Paris, il les regarde attentivement, il se frappe le ventre et les genoux à plusieurs reprises, et ne trouve jamais autre chose à leur dire que : Eh bien! mes demoiselles.... Eh bien! vous voilà donc .... Eh bien! vous voilà... vous voilà ici?... Cette phrase dura un quart d'heure, sans qu'il pût en sortir. Une d'elles se leva d'impatience: Ah! dit-elle, je m'en étois bien doutée, cet homme n'est bon qu'à manger du veau! Depuis ce temps il est relégué au rôle de spectateur, et n'en est pas moins fêté et cajolé. C'est en vérité une chose plaisante que le rôle qu'il joue ici;

There is always some man, of whom the human viscera stand in greater dread than of any other person, who is supposed, for the time being, to be the only person who can dart his pill into their inmost recesses; and bind them milate and digest. In the Trojan war, over, in medical recognisance, to assi

Podalirius and Machaon were what Dr. Baillie and Sir Henry Halford now are they had the fashionable practice of the Greek camp; and, in all probability, received many a guinea from Agamemnon dear to Jove, and Nestor the tamer of horses. In the time of Madame d'Epinay, Dr. Tronchin of Geneva was in vogue, and no lady of fashion could recover without writing to him, or seeing him in person. To the Esculapius of this very small and irritable republic Madame d'Epinay repaired; and, after a struggle between life and death, and Dr. Tronchin, recovered her health. During her resi dence at Geneva, she became acquainted with Voltaire, of whom she has left the following admirable and original account-the truth, talent, and simplicity of which are not a little enhanced by the tone of adulation or abuse which has been so generally employed in speaking of this celebrated person.

"Eh bien! mon ami, je n'aimerois pas à vivre de suite avec lui; il n'a nul principe arrêté, il compte trop sur sa mémoire, et il en abuse souvent; je trouve qu'elle fait tort quelquefois à sa conversation; il redit plus qu'il ne dit, et ne laisse jamais rien à faire aux autres. Il ne sait point causer, et il humilie l'amour propre; il dit le pour et le contre, tant qu'on veut, toujours avec de nouvelles grâces à la vérité, et néanmoins il a toujours l'air de se moquer de tout, jusqu'à lui-même. Il n'a nulle philosophie dans la tête; il est tout hérissé de petits

préjugés d'enfans; on les lui passeroit peut-, nez qu'il est fort instruit. Il a bien lu, bien

être en faveur de ses grâces, du brillant de son esprit et de son originalité, s'il ne s'affichoit pas pour les secouer tous. Il a des conséquences plaisantes, et il est au milieu de tout cela très-amusart à voir. Mais je n'aime point les gens qui ne font que m'amuser. Pour madame sa nièce, elle est tout-à-fait comique.

"Il paroit ici depuis quelques jours un Eivre qui a vivement échauffé les têtes, et qui cause des discussions fort intéressantes entre différentes personnes de ce pays, parce que l'on prétend que la constitution de leur gouvernement y est intéressée: Voltaire s'y trouve mêlé pour des propos assez vifs qu'il a tenu à ce sujet contre les prêtres. La grosse nièce trouve fort mauvais que tous les magistrats n'ayent pas pris fait et cause pour son oncle. Elle jette tour à tour ses crosses mains et ses petits bras par dessus satėte, maudissant avec des cris inhumains les lois, les républiques, et surtout ces polissons de republicains qui vont à pied, qui sont obligés de souffrir les criailleries de leurs prêtres, et qui se croient libres. Cela est tout-à-fait bon à entendre et à voir." -(Vol. III. pp. 196, 197.)

Madame d'Epinay was certainly a woman of very considerable talent. Rousseau accuses her of writing bad plays and romances. This may be; but her epistolary style is excellent - her remarks on passing events lively, acute,

and solid and her delineation of character admirable. As a proof of this, we shall give her portrait of the Marquis de Croismare, one of the friends of Diderot and the Baron d'Holbach.

"Je lui crois bien soixante ans; il ne les paroit pourtant pas. Il est d'une taille mediocre, sa figure a dû être très-agréable: elle se distingue encore par un air de noblesse et d'aisance, qui répand de la grâce sur toute sa personne. Sa physionomie a de la finesse. Ses gestes, ses attitudes ne

vu, et n'a retenu que ce qui valoit la peine de l'être. Son esprit annonce d'abord plus d'agrément que de solidité, mais je crois que quiconque le jugeroit frivole lui feroit tort. Je le soupçonne de renfermer dans son cabinet les épines des roses qu'il distribue dans la société assez constamment gai dans le monde, seul je le crois mélancolique. On dit qu'il a l'âme aussi tendre qu'honnête; qu'il sent vivement et qu'il se livre avec impétuosité à ce qui trouve le chemin de son cœur. Tout le monde ne lui plait pas; il faut pour cela de l'originalité, ou des vertus distinguées, ou de certains vices qu'il appelle passions; néanmoins dans le courant de la vie, il s'accommode de tout. Beaucoup de curiosité et de la facilité dans le caractère (ce qui va jusqu'à la foiblesse) l'entraînent souvent à négliger ses meilleurs amis et à les perdre de vue, pour se livrer à des goûts factices et passagers: il en rit avec eux; mais on voit si clairement qu'il en rougit avec lui-même, qu'on ne peut lui savoir mauvais gré de ses disparates."(Vol. II. pp. 324–326.)

The portrait of Grimm, the French Boswell, vol. iii. p. 97., is equally good, if not superior; but we have already extracted enough, to show the nature of the work, and the talents of the author. It is a lively, entertaining book-relating in an agreeable manner the opinions and habits of many remarkable men-mingled with some very scandalous and improper passages, which degrade the whole work. But if all the decencies and delicacies of life were in one scale, and five francs in the other, what French bookseller would feel a single moment of doubt in making his clection?

AMERICA. (E. REVIEW, 1818.)

sent jamais recherchés; mais ils sont si 1. Travels in Canada and the United

2.

States, in 1816 and 1817. By Lieutenant Francis Hall, 14th Light Dragoons, H. P. London. Longman & Co. 1818.

bien d'accord avec la tournure de son esprit, qu'ils semblent ajouter à son originalité. Il parle des choses les plus sérieuses et les plus importantes d'un ton si gai, qu'on est souvent tenté de ne rien croire de ce qu'il dit. On n'a presque jamais rien à citer de ce qu'on lui entend dire; mais lorsqu'il pare, on ne veut rien perdre de ce qu'il dit; s'il se tait, on désire qu'il parle encore. Sa prodigieuse vivacité, et une singulière apti-3. A Narrative of a Journey of Five Thou

tude à toutes sortes de talens et de connissances, l'ont porté à tout voir et à tout connoitre; au moyen de quoi vous compre

Journal of Travels in the United States of North America, and in Lower Canada, performed in the Year 1817, &c. &c. By John Palmer. London. Sherwood, Neely, & Jones. 1818.

sand Miles through the Eastern and Western States of America; contained in Eight Reports, addressed to the

« AnteriorContinua »