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bientôt toutes ses espérances s'évanouissent lorsqu'il voit sa flotte se rendre à César.

Cléopâtre se présente à lui ; il refuse de l'entendre, de la voir, et la repousse de sa présence avec des menaces et des injures.

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La reine, pour se soustraire aux transports de colère d'Antoine, prend la résolution de s'enfermer dans le tombeau de Ptolémée, et de faire annoncer sa mort à son amant.

SCÈNE DOUZIÈME.

Antoine reçoit la nouvelle que Cléopâtre n'est plus; il se résout à mourir. Tous ses regrets sont pour elle; il n'aspire qu'à la rejoindre dans le séjour des morts. Il presse Éros de tenir la promesse qu'il a autrefois exigée de lui; cette promesse était de lui donner la mort quand il la lui demanderait. Éros feint de s'apprêter à frapper son maître et se frappe lui

même.

Affermi par cet exemple de courage, Antoine se perce de la même épée. C'est dans ce moment, et lorsque ses forces s'affaiblissent, qu'on vient lui prendre que Cléopâtre est encore vivante; il commande qu'on le porte auprès d'elle.

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SCÈNE TREIZIÈME.

Un mausolée.

Cléopâtre n'ose ouvrir son'asile à Antoine, dans la crainte de tomber au pouvoir d'Octave; elle le tire à elle, mourant et suspendu à des cordes. Mais cette situation est nulle et hideuse au théâtre, quoiqu'elle paraisse si touchante dans le récit pittoresque de Plutarque, qui nous montre, pour ainsi dire, les bras délicats de la reine se roidissant avec effort, pour élever au faîte du mur le blessé, tout sanglant, et ballotté dans les airs.

Antoine expire; Cléopâtre s'abandonne à la douleur.

ACTE CINQUIÈME

SCÈNE PREMIÈRE.

Le camp de César.

César apprend la mort d'Antoine, et donne des larmes et des regrets apparents à la mémoire de son ancien collègue.

Il envoie Proculéius vers Cléopâtre, pour ménager la fierté de cette reine, afin de pouvoir s'assurer la possession d'une telle captive et la conduire en triomphe dans Rome.

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Proculéius pénètre par surprise dans l'asile de Cléopâtre. Elle veut se poignarder, il la désarme.

Dolabella, qui le remplace dans le soin de garder la reine, avertit Cléopâtre des desseins secrets de César sur elle.

César paraît; il cherche à rassurer sa captive et à la détourner de la pensée de mourir. Elle paraît prendre confiance en ses promesses; mais, dès qu'il est parti, elle fait venir un paysan qui lui apporte un aspic dans un panier de figues. Les discours que le paysan tient à Cléopâtre, défigurent, par leur insignifiante et grossière trivialité, une scène forte et originale, où la curiosité se trouve puissamment excitée à défaut d'un intérêt de coeur. On trouve cependant quelques beaux traits.

« (5) Allons, mes femmes, parez-moi en reine; allez, rapportez mes plus brillants atours; je vais encore sur les bords du Cydnus, au-devant d'Antoine.

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Donne-moi ma robe royale, et pose ma couronne sur mon front. Je sens en moi des desirs impatients d'immortalité : c'en est fait, le jus de la grappe d'Égypte n'humectera plus ces lèvres. »

Cependant, il semble qu'Horace, en quatre vers, a su mieux que Shakspeare, dans toute une scène,

--

(5) Show me, my women, like a queen ;
My best attires; — I am again for Cydnus,
To meet Marck Antony.

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Give me my robe, put on my crown; I have
Immortal longings in me : Now no more
The juice of Egypt's grape shall moist this lip.

peindre la mort virile (A) de cette reine, qui, après avoir médité la ruine insensée du Capitole, cherche un refuge à son orgueil dans la ferme résolution de mourir.

César, qui revient, trouvant sa captive privée de vie, admire son courage, et ordonne que les deux amants soient enfermés dans le même tombeau.

Selon Malone, cette pièce a été composée en 1608. Dryden a traité le même sujet sous le titre de,

« (6) Tout pour l'amour, ou le monde bien perdu.

"

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Cette tragédie passe pour le chef-d'œuvre dramatique de son auteur.

(6) All for love, or the world well lost.

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NOTE.

(A) Horac. od., lib. 1. od. XXXVII.

Dum Capitolio

Regina dementes ruinas

Funus et imperio parabat. Etc.

Nec muliebriter

Expavit ensem.

Deliberatâ morte ferocior.

DE WINDSOR,

COMÉDIE.

(MERRY WIVES OF WINDSOR.)

Le Falstaff de Shakspeare était un de ces personnages heureux dont on ne saurait trop multiplier les contrépreuves. Il arrivait à Shakspeare, en Angleterre, ce qui, vers la même époque, arrivait à Michel Cervantes, en Espagne. Les lecteurs castillans pressaient le peintre de don Quichotte de mettre de nouveau son héros en scène, n'importe comment (▲); encore plus exigeante, la reine Élisabeth, s'il en faut croire Johnson, voulut revoir ce Falstaff qui l'avait si bien divertie dans les deux tragédies de Henri iv, où il n'était qu'accessoire; mais elle voulut le voir devenir à lui seul le héros d'une pièce tout entière, et elle demanda qu'il fût amoureux.

Shakspeare avait bien senti qu'une passion vraie ne pouvait s'accorder avec les données du caractère de Falstaff, trop enfoncé dans la matière pour s'élever à aucun sentiment généreux. Il crut donc se soustraire à l'ordre de la reine, en racontant la mort de Falstaff dans son Henri v. Élisabeth ne goûta pas cette manière de répondre en Normand à ses desirs, et de s'en tirer sans odorat. Shakspeare, obligé de

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