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(Antony and CLEOPATRA.)

Le renversement d'un des maîtres du monde, la mort d'une reine qui s'était vue successivement l'idole des deux hommes les plus puissants de la terre, sembleraient offrir le plus beau sujet de tragédie. Cependant, ce même événement qui reçoit tant d'intérêt de la narration naturelle et philosophique de Plutarque n'a rien de cet éclat, de ce beau idéal, nécessaire pour captiver le cœur et l'esprit au théâtre. Antoine n'est qu'un insensé, qui sacrifie sa vie, sa gloire, et plus encore, son honneur, aux fantaisies d'une femme indigne de lui. Cléopâtre mêle, à son amour pour Antoine, l'ambition, l'ivresse du plaisir, l'égoïsme; tout est indécis dans sa conduite et dans ses sentiments: on croit voir, pour ainsi dire, le chevalier Desgrieux en toge, et Manon Lescaut avec une couronne sur la tête. Mais ce qui présente une leçon utile et attachante dans le roman de l'abbé Prévost ne semble pas avoir assez de dignité sur la scène tragique.

Tous les autres personnages sont à peu près nuls; et l'on a remarqué, non sans quelque surprise, que Shakspeare, ordinairement si attentif à dessiner soigneusement et à placer sous un jour convenable les caractères secondaires, s'est contenté cette fois de les jeter au hasard dans son action, tels que Plutarque

les lui a fournis, sans les marquer d'une empreinte qui lui appartînt en propre, et les rendît sa conquête plutôt que son emprunt.

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Antoine, captivé par les charmes de Cléopâtre, néglige tous les soins que doit prendre le collègue d'Octave, et refuse même d'entendre un messager qui lui apporte des nouvelles de Rome. La reine d'Égypte, par ses railleries contre Fulvie, épouse d'Antoine, entretient avec art le dégoût de son amant pour tout ce qui lui rappellerait Rome, ses intérêts et ses de

voirs.

SCÈNE SECONDE.

Antoine reçoit la nouvelle de la mort de Fulvie; il sort de sa léthargie et veut partir pour Rome.

SCÈNE TROISIÈME.

Il déclare son dessein à Cléopâtre, qui épuise toutes les ressources de sa coquetterie pour l'en détourner, et n'y peut réussir.

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Octave se plaint à Lépide de l'indolence d'Antoine, qui oublie Rome et le monde dans les bras d'une

reine, et laisse à ses collègues tout le fardeau d'une guerre contre Sextus Pompée.

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La reine, qui passe toutes ses heures dans une ennuyeuse monotonie depuis qu'Antoine l'a quittée, reçoit avec une joie sans mesure des nouvelles de

son amant.

ACTE SECOND.

SCÈNE PREMIÈRE.

Messine.

Sextus Pompée, que l'inaction d'Antoine enhardissait à faire la guerre aux deux autres triumvirs reçoit la nouvelle que l'amant de Cléopâtre a quitté l'Egypte pour se rendre à Rome.

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Entrevue des triumvirs. Antoine se justifie des reproches que lui fait César, et Lépide s'applique à remettre la bonne intelligence entr'eux. Pour mieux la cimenter, Agrippa propose le mariage d'Antoine avec Octavie, la sœur de César; cette union est conclue.

Après l'entretien des triumvirs, leurs favoris ont aussi le leur. Mécène et Agrippa, confidents d'Octave, écoutent le récit que leur fait Énobarbus, ami d'An

toine, de la manière dont Cléopâtre se présenta pour la première fois à son amant : ce morceau, imité de Plutarque, nous paraît un des plus gracieux de Shakspeare, si l'on en retranche quelques concettis:

(1) La galère où elle était assise, ainsi qu'un trône éclatant, semblait tout enflammée au milieu des eaux : la poupe était d'or massif, les voiles de pourpre, et si parfumées que les vents venaient s'y jouer avec amour. Les rames d'argent frappaient l'onde en cadence au bruit des flûtes, et les flots amoureux se pressaient à l'envi à la suite du vaisseau. Pour Cléopâtre, il n'est point d'expression qui puisse la peindre. Couchée dans son pavillon, sur un lit d'or, et du plus riche tissu, elle effaçait cette Vénus fameuse, où nous voyons que l'imagination a surpassé la nature; à ses côtés étaient assis de jeunes et beaux enfants, comme un de riants amours, agigroupe tant des éventails de couleur variée, à l'aide desquels un léger zéphyr semblait colorer les joues délicates qu'il rafraîchissait

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(1) The barge she sat in, like a burnish'd throne,
Burn'd on the water: the poop was beaten gold;
Purple the sails, and so perfum'd, that

The winds were love-sick with them: the oars were silver;
Which to the tune of flutes kept stroke, and made

The water, which they beat, to follow faster,
As amorous of their strokes. For her owm person,

It beggar'd all description: She did lie
In her pavilion (cloth of gold, of tissue),
O'er-picturing that Venus, where we see,
The fancy out-work nature on each side her,

Ses femmes, comme autant de néréïdes et de sirènes, cherchaient à deviner ses ordres dans ses regards, et s'inclinaient avec grâce. Une d'elles, telle qu'une vraie sirène, assise au gouvernail, dirige le vaisseau. Les cordages de soie obéissent à ses mains douces comme les fleurs, qui manœuvrent avec dextérité. Du sein du vaisseau s'exhalent d'invisibles parfums qui embaument les sens de tous ceux qui bordent le rivage. La ville envoie tous ses habitants au-devant d'elle: Antoine, élevé sur un trône milieu de la place publique, est resté seul, haranguant

au

l'air. >>

SCÈNE TROISIÈME.

Antoine vient d'épouser Octavie, et s'apprête à marcher avec ses collégues contre Sextus Pompée. Un devin lui prédit que son génie, le démon qui le protège, perdra toujours sa force en présence de celui d'Octave.

Stood pretty dimpled boys, like smiling Cupids,
With diverse-colour'd fans, whose wind did seem
To glow the delicate cheeks which they did cool.

Her gentlewomen, like the Nereides,
So many mermaids, tended her i'the eyes,
And made their bends adornings: at the helm
A seeming mermaid steers; the silken tackle
Swell with the touches of those flower-soft hands,
That yarely frame the office. From the barge
A strange invisible perfume hits the sense

Of the adjacent wharfs. The city cast
Her people out upon her; and Antony,
Enthron'd in the market-place, did sit alone,
Whistling to the air.

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