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prière de tous ses ancêtres, le roi de l'Olympe descend lui-même du ciel pour lui prédire le bonheur. Il paraît douteux que cette vision soit de Shakspeare. On vient chercher Posthumus pour le conduire devant le roi.

SCÈNE CINQUIÈME.

La tente de Cymbeline.

La reine vient de mourir : tous ses crimes sont révélés au roi, par l'aveu qu'elle en a fait à sa dernière heure. Cette connaissance console beaucoup Cymbeline de son veuvage.

On amène les prisonniers faits sur les Romains: parmi eux sont Imogène, Iachimo, et Lucius luimême. Cymbeline leur annonce une mort prochaine. Lucius demande grâce, non pour lui, mais pour son jeune page. Cymbeline se prend d'une amitié soudaine pour Imogène, à tel point qu'il la presse de lui demander la grâce qui peut lui être agréable, et s'engage à la lui accorder.

Imogène demande la permission d'interroger Iachimo sur la manière dont le diamant qu'il porte au doigt est venu en sa possession. Iachimo, devenu tout à coup repentant, fait, avec componction, la confession générale de ses perfidies.

A travers plusieurs bizarreries, Posthumus et Imogène se font reconnaître à Cymbeline, qui confirme leur union. Bélarius lui rend ses enfants; on pardonne à Iachimo; Lucius obtient sa liberté,

et Cymbeline se soumet à payer le tribut aux Ro

mains.

Le caractère d'Imogène est quelquefois heureusement dessiné ; mais il nous paraît se démentir trop souvent. Il a néanmoins inspiré un vif enthousiasme à quelques littérateurs.

Le noeud de la pièce se retrouve dans un roman de chevalerie, intitulé Gérard de Nevers.

Shakspeare a puisé son sujet dans une nouvelle de Boccace, et dans la chronique d'Hollinshed.

On place en 1605 la composition de Cymbeline.

(ALL'S WELL THAT END'S WELL.)

Boccace qui a fourni tant de jolis sujets, d'incidents ingénieux, à nos meilleurs auteurs, a fait cette fois les frais de l'inspiration de Shakspeare. Une des nouvelles les plus intéressantes du conteur italien, mais non la moins romanesque, s'est étendue, sous la main du poëte anglais, jusqu'aux vastes dimensions d'une pièce en cinq actes.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

Roussillon. Un château.

La veuve du comte de Roussillon reçoit les adieux de son fils, Bertrand, qui va partir pour la cour du roi de France; elle le recommande aux soins d'un vieux courtisan, nommé Lafeu.

La mère du comte n'est pas la seule à qui son départ fasse verser des larmes. La jeune Hélène, fille d'un savant médecin, et confiée par son père mourant à la protection de la comtesse, est amoureuse de Bertrand, mais n'a jamais laissé transpirer le secret de son amour. Bertrand d'ailleurs est trop fier pour avoir daigné s'en apercevoir.

Tandis qu'Hélène s'afflige de l'éloignement de ce

ESSAIS LITTÉRAIRES SUR SHAKSPEARE.

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lui qu'elle aime, Parolles, un parasite, qui s'est emparé de la confiance de Bertrand par ses fanfaronnades continuelles, vient faire ses adieux à la belle orpheline, à laquelle le poëte fait oublier sa douleur, pour établir entr'elle et le parasite un de ces entretiens ingénieusement absurdes, où la pudeur n'est pas plus respectée que les autres bienséances.

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Le roi est attaqué d'une maladie que les médecins n'ont plus l'espoir de guérir ; il a pris son parti avec courage, et n'en donne pas moins tous ses soins au gouvernement.

Il vient de recevoir des lettres qui lui apprennent qu'une guerre est déclarée entre Florence et Sienne. Des raisons de politique engagent le roi à ne pas accorder aux Florentins le secours qu'ils ont dessein de lui demander. Cependant, il autorise les gentilshommes qui veulent aller faire la guerre, pour se délasser de leur oisiveté, à se ranger à leur choix dans l'un ou dans l'autre parti; genre de neutralité assez singulier de la part d'un souverain.

Lafeu lui présente Bertrand que le prince accueille avec bienveillance, en lui faisant l'éloge du feu comte son père.

SCÈNE TROISIÈME.

Roussillon. Le château de la comtesse.

Après un long dialogue burlesque entre la comtesse

1

et un bouffon, elle apprend de son intendant le secret d'Hélène, dont cet intendant a surpris les regrets, pendant que la jeune amante se croyait seule.

La comtesse fait venir Hélène, qu'elle aime comme sa fille, et lui arrache l'aveu de son amour. Il est fâcheux que le discours d'Hélène, dont plusieurs passages sont empreints de cette éloquence du cœur si vraie et si simple, soit boursoufflé de comparaisons bizarres et prétentieuses. Voici les traits les plus touchants.

« (1) Eh bien! A vos genous, je l'avoue devant le ciel et devant vous, madame, que j'aime votre fils plus encore que vous; et qu'après le ciel c'est lui que j'aime le plus. Mes parents étaient pauvres, pauvres, mais honnêtes; mon amour est honnête comme eux. N'en soyez pas offensée; il ne fait aucun tort à celui qui est aimé de moi. Je ne le poursuis par aucune avance présomptueuse; je ne voudrais pas même l'obtenir avant que de le mériter, et cependant je ne sais pas comment je pourrai le mériter

(1)

Then, I confess,

Here on my knee, before high heaven and you,

That before you, and next unto high heaven,

car

I love your son :

My friends were poor,

but honest: so's my

love.

Be not offended; for it hurts not him,

That he is lov'd of me: I follow him not

By any token of presumptuous suit;

Nor would I have him, till I do deserve him;
Yet never know how that desert should be.

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