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Khitayens, ainsi nommée à cause de l'origine de son fondateur.

Djélal passa dans le Fars où règnait, depuis vingt-quatre ans, l'Atabey Sa'd, fils de Zengui, prince issu de Salgar, chef d'une tribu turque, dont le petit-fils Sancor, établi dans le Fars, avait profité de la décadence des Seldjoucides, pour se rendre maître de ce pays, qui devint le domaine de princes de sa race, appelés Salgarides. S'avançant vers Schiraz Djélal fit annoncer son arrivée à l'Atabey Sa'd, qui envoya à sa rencontre son fils, avec cinq cent cavaliers, et allégua pour excuse de ce qu'il ne venait pas lui-même, un vœu qu'il avait fait de ne jamais aller au-devant de personne. Le sultan se contenta de cette défaite. Il savait que Sa'd était irrité contre Ghiath, qui avait fait, récemment, une cruelle invasion dans son pays, et en avait même gardé quelques districts. Djélal-ud-din les lui rendit, et pour achever de le gagner en sa faveur, il épousa sa fille (1).

Le sultan ne tarda pas à quiter Schiraz pour aller disputer à son frère la possession de l'Irac. Ce prince faible et voluptueux était in

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capable de rétablir l'ordre dans des pays livrés à l'anarchie depuis la retraite de Tchinguiz-khan. Chaque district avait son maître particulier, et ces petits tyrans, qui la plupart consommaient la ruine des pays saccagés par les Mongols, faisaient bien réciter la prière publique au nom de Ghiath-ud-din, mais ne lui payaient aucun tribut. Ce prince, n'ayant point d'argent à donner à ses troupes, composées de Turcs, devait tolérer qu'ils enlevassent tout ce qu'ils pouvaient aux habitants paisibles. Lorsqu'un officier supérieur venait lui demander des fonds, il cherchait à le satisfaire par un titre honorifique; l'Emir était promu au grade de Mélik; le Mélik recevait le titre de Khan (1).

Djélal-ud-din s'avança jusqu'à Ispahan, d'où il partit, avec un petit nombre de cavaliers d'élite, pour surprendre son frère, occupé à rassembler une armée près de la ville de Rayi. Djélal avait donné à sa troupe des drapeaux blancs, semblables à ceux des Mongols. A son approche Ghiath prit la fuite; mais il se vit bientôt à la tête de trente mille hommes de cavalerie (2). Alors Djélal eut re

(1) Nessaoui.

(2) Djouvéini. Raschid,

cours à l'artifice; il manda à Ghiath, par son grand écuyer, qu'après avoir subi les plus rudes épreuves, il était venu pour se reposer quelque temps auprès de son frère; mais que se voyant reçu le sabre à la main, il allait se retirer. Trompé par ce message, Ghiath crut n'avoir rien à craindre de son rival; il s'en retourna à Rayi et licencia son armée. L'envoyé de Djélal avait été chargé de prodiguer des promesses en son nom, aux généraux de Ghiath, et de leur remettre des bagues en gage de sa bienveillance. Plusieurs de ces officiers se laissèrent séduire; d'autres allèrent porter les bagues reçues à Ghiath, qui fit arrêter l'envoyé de son frère. Néanmoins Djélal, certain que la plupart des troupes étaient pour lui, résolut de s'avancer, quoiqu'il ne fut suivi que de trois mille cavaliers. Son entreprise eut un plein succès. Ghiath courut se refugier dans un château fort; mais bientôt rassuré par les messages de son frère, il céda à ses instances et se rendit à son camp.

Alors l'autorité de Djélal-ud-din fut généralement reconnue. Les généraux se présentaient devant lui avec le linceul autour du cou, et se prosternaient à ses pieds pour obtenir le pardon de leur désobéissance. Le sultan les

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traita avec une bonté qui dissipa leurs allarmes. Il vit bientôt arriver à sa cour tous les petits princes que ces temps d'anarchie avaient fait naître, dans le Khorassan, le Mazendéran et l'Irac, et qui, par la crainte qu'il leur inspirait, venaient spontanément lui rendre hommage. Ceux qui s'étaient le mieux conduits eurent la liberté de s'en retourner; les autres furent punis (1).

Le premier usage que Djélal-ud-din fit de sa nouvelle puissance, fut d'attaquer le Khaliphe Nassir, l'ennemi de son père et de son aïeul. Il entra dans le Khouzistan, pays qui constituait, avec l'Irac-Aréb, le territoire du vicaire de Mahomet, et alla investir Tousster cheflieu de cette province. Ses troupes, manquant de tout, firent des courses dans le Khouzistan, et y enlevèrent un grand nombre de chevaux et de mulets, dont elles avaient grand besoin. Au bout de deux mois, le sultan leva le siége de Tousster et prit la route de Bagdad. Il s'avança jusqu'à Ya'couba, qui n'en est qu'à sept fersenks. Le Khaliphe mit à la hâte sa capitale en état de défense et fit distribuer un million de dinars à ses troupes, avant de

(1) Nessaoui.

les envoyer au combat. Djélal-ud-din avait écrit au prince de Damas, Moazzam, neveu de Saladin, pour l'engager à marcher avec lui contre le Khaliphe, qu'il accusait d'avoir attiré les Barbares au cœur de la Perse, et d'être le premier auteur de la mort de son père; mais le prince syrien lui répondit, qu'il ferait cause commune avec lui en toutes choses, excepté contre le pontife des musulmans (1).

L'armée du Khaliphe, commandée par Couschtimour, était forte de vingt mille hommes, et un pigeon expédié au prince d'Erbil, lui avait porté l'ordre de se diriger avec dix mille hommes sur les derrières du sultan pour lui couper la retraite. Djéla, n'ayant que peu de troupes, fit dire à Couschtimour qu'il ne venait pas avec des desseins hostiles; qu'il souhaitait au contraire d'obtenir la bienveillance du Khaliphe, dont l'appui lui était nécessaire contre l'ennemi formidable qui menaçait encore de ses dévastations les contrées musulmanes, et que s'il était honoré de ses faveurs, il voulait se charger de défendre la Perse. Pour toute réponse, Couschtimour ran

(1) Ez-Zéhébi.

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