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que la ville ne pouvait être rendue sans l'ordre de Schahinschah, et il se retirait avec cette réponse lorsque la populace se jetant sur lui le massacra. Tchormagoun mit le siége devant Ani, qui éprouva bientôt les horreurs de la famine. Pour y échaper, beaucoup d'habitants en sortirent et se livrèrent aux Mongols, dont ils furent bien reçus. Tchormagoun leur fit donner des vivres; ce qui attira dans son camp un plus grand nombre de citadins; mais, un jour, ces captifs furent répartis entre les compagnies mongoles et tous égorgés. La ville n'était plus en état de se défendre; les Mongols la mirent à feu et à sang.

Sur la nouvelle du sac d'Ani, les principaux habitants de Kars, craignant un sort pareil, allèrent porter à Tchormagoun les clefs de cette ville. Malgré sa soumission les Mongols reçurent l'ordre d'y faire main basse sur tous les habitants, à l'exception des enfants et des artisans, qui furent réduits en captivité. Après avoir ruiné Kars, ces troupes retournèrent dans les plaines de Mougan (1).

(1) History of Armenia, by Father Michal Chamich, transl. from the original armenian, by Johan Avdall, Calcutta 1827, in-8°, tom. II, pag. 235.

En 1240, le prince Avak alla avec sa sœur Thamtha à la cour d'Ogotaï, qui leur fit un bon accueil et leur donna, à leur départ, un ordre pour Tchormagoun, de leur rendre leurs États, et de rétablir de même dans leurs possessions tous les autres princes arméniens. Bientôt Avak dut encore implorer la protection de cet empereur, et en obtint un nouvel ordre à ses généraux de le ménager lui et les autres princes arméniens, et de n'exiger d'eux que le tribut convenu (1).

Lorsque la population des contrées voisines du Tigre et de l'Euphrate, eut été suffisamment éclaircie par le sabre, les Mongols songèrent à conquérir le Roum. Ce pays était, depuis un siècle et demi, sous la domination d'une branche de la famille des Seldjouks. Une grande partie de l'Asie mineure avait été soumise, vers l'année 1080, par le prince Soleïmanschah, que son cousin, le sultan Melikschah, souverain de la Perse, avait envoyé en occident, pour y faire des conquêtes sur les infidèles, avec quatre-vingt mille huttes de Turcs-Gouzes ou Turcmans, venus de la Transoxiane. Soleïmanschah n'eut pas de peine

(1) Extr. de l'Hist. d'Arménie, ibid, pag. 202.

à enlever à l'empereur de Byzance les provinces centrales de l'Asie mineure, et fit d'Iconium la capitale de son nouveau royaume, qui conserva chez les Orientaux le nom de Roum ou de pays romain. Dès-lors les essaims de Turcmans qui avaient suivi les drapeaux du prince Seldjoucide, se répandirent sur la surface du pays conquis, dont les terres leur furent données en fief, et la population chrétienne de ces provinces du Bas-Empire passa sous le joug de farouches nomades.

Le sultan Ghiath-ud-din Kei-Khosrou, huitième successeur de Soleïmanschah, occupait, depuis cinq ans, le trône du Roum, lorsque les Mongols se décidèrent à soumettre ce royaume (1). Tchormagoun était mort; Baïd

(1) Selon Monédjim Baschi, tom. II, le sultan KeîCobad, ayant reçu, en 633 (1235-6), des mains d'un envoyé de la cour mongole, nommé Schems-ud-din, un Yarlig, ou ordre impérial, qui le sommait à l'obéissance, avait cru devoir se soumettre, et avait envoyé des présents an souverain mongol. Néanmoins, s'il faut en croire Haïton (chap. 18), un corps de dix mille Mongols fit, sous son règne, une invasion dans le Roum. Novaïri rapporte aussi que les Mongols y entrèrent, pour la première fois, à la fin du règne de Keï-Cobad, en 634 (1236-7).

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jou, qui venait de le remplacer, alla avec une armée, dans laquelle il y avait des contingents arméniens et géorgiens, mettre le siége devant Erzen-ur-Roum, où commandait Sinan-ud-din Yacout, ancien affranchi du sultan Keï-Cobad, père de Keï-Khosrou. Au bout de deux mois, les murs étant ruinés par l'action de douze catapultes, la place fut prise d'assaut, et un jour plus tard, la citadelle eut le même sort. Les vainqueurs firent main basse sur le commandant et tous les militaires; les artisans et les ouvriers obtinrent la vie sauve; mais furent, ainsi que les femmes, réduits en captivité, et la ville fut saccagée. Cette expédition terminée, les deux généraux se retirèrent (1).

L'année suivante, le noyan Baïdjou envahit la province d'Erzendjan. Le sultan KeïKhosrou s'avança vers Sivas, avec une armée d'environ vingt mille cavaliers, à laquelle s'étaient joints deux mille Francs, commandés par Jean Liminata, de l'île de Chypres, et Boniface de Castro, originaire de

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Gènes (1). Le roi d'Arménie, les princes de Hims et de Meyafarkin, qui lui avaient promis leurs troupes, lui manquèrent de parole. De Sivas Keï-Khosrou marcha à la rencontre des Mongols, campés dans la plaine d'Acscheher, petite ville du pays d'Erzendjan (2); il posa son camp sur le mont Alacouh, appelé aussi Koussadag, à une petite distance de celui des Mongols, et commença l'attaque; mais, à la première décharge de flêches du côté de l'ennemi, les Turcs lâchèrent pied, et la déroute fut générale. Le sultan courut à son quartier, fit partir son Harem pour Conia, et s'éloigna, abandonnant son camp avec ses bagages et ses trésors. Les Mongols, étonnés d'une pareille déroute, et soupçonnant un stratagême, ne quitèrent leur position que lorsqu'ils furent certains, au bout de vingtquatre heures, que la fuite de l'ennemi était réelle; ils allèrent alors piller son camp, puis ils se répandirent dans le pays. Les habitants de Sivas échapèrent, par leur prompte sou

(1) Haïton, Histoire orientale, chap. 18. Selon Marin Sanut (lib. III, pars XIII, cap. 5), le second de ces chefs était Boniface de Molinis, vénitien.

(2) Novaïri.

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