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et fut pris par des Curdes, qui en Occu-
paient les accès, pour piller les fuyards. Ils
le dépouillèrent, suivant leur coutume, et
allaient le tuer, lorsque le sultan se fit
connaître secrètement à leur chef; il lui dit
de le conduire à Mozaffer, prince d'Erbil,
qui le comblerait de biens, ou de le faire
parvenir dans quelque partie de ses États,
ce dont il serait récompensé par
le rang
Mélik. Le Curde préféra ce dernier parti;
il mena le sultan à l'habitation de sa tribu,
et le laissa auprès de sa femme pour aller
dans les montagnes chercher ses chevaux.
Pendant son absence, vint un simple Curde,
qui demanda à la femme quel était ce Kho-
razmien, et pourquoi on ne l'avait pas tué.
Elle répondit qu'il était sous la sauvegarde
de son mari; elle lui découvrit même que
c'était le sultan. « Comment savez vous
« reprit le Curde, s'il dit la vérité, et ď’ail-
«<leurs le sultan a tué dans Khelatt un de
«< mes frères qui valait mieux que lui; » en
même temps, il le frappa de son javelot et
l'étendit mort (1).

mi-schew. Ainsi périt le dernier prince de la dynas628. tie des Khorazm Schahs. Djélal-ud-din, dit

15 août

1231.

(1) Nessaoui.

« son biographe, avait une stature moyenne, <«< la phisionomie turque, et le teint foncé; «< car sa mère était indienne. Il était brave « à l'excès, calme, grave, silencieux, ne riant jamais que du bout des lèvres. Il parlait le << turc et le persan (1).

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On a vu que ce prince, vrai type du caractère turcman, possédait plutôt les qualités d'un soldat que celles d'un général ou d'un souverain; sans prudence ni prévoyance; vivant de pillage; ne profitant du répit que lui laissaient les Mongols que pour attaquer des voisins dont il aurait dû se ménager l'appui; se livrant avec insouciance à ses plaisirs, passant son temps à boire et à entendre de la musique; se couchant toujours ivre, lors même que les Mongols le poursuivaient à outrance. Il ne sut pas conserver l'attachement de ses troupes, qui d'ailleurs privées de solde, vivaient de ce qu'elles prenaient, et ruinaient les provinces. Des actes d'extravagance contribuèrent à lui aliéner les esprits. La mort lui ayant enlevé, pendant son séjour près de Tébriz, un jeune esclave eunuque, qu'il aimait passionnément, il en conçut un profond chagrin. Il ordonna

(1) Nessaouï. Zéhébi.

à ses généraux et à ses troupes d'accompagner à pied le cercueil de ce favori; il suivit lui même à pied pendant quelque temps, la pompe funèbre, et ce ne fut pas sans peine que ses généraux et ses ministres purent le persuader de monter à cheval. Les habitants de Tébriz avaient reçu l'ordre de sortir à la rencontre du convoi; ils obéirent; néanmoins Djélal-ud-din s'emporta contre eux, trouvant qu'ils auraient dû aller plus loin, montrer plus de douleur, et il les en aurait punis, sans l'intercession de ses généraux. Il ne fit pas ensevelir l'ennuque, afin de ne pas s'en séparer; il emmenait son cercueil, ne cessant de se lamenter, et prenant à peine de la nourriture. Lorsqu'on lui servait ses repas, il ordonnait qu'on portât de tel mets à Kilidj, c'était le nom de l'eunuque; et comme il avait fait mourir un de ses serviteurs qui lui avait répondu que Kilidj n'existait plus, on allait présenter les mets au défunt, et l'on revenait dire: « Un tel se met aux pieds du « sultan, et lui fait savoir qu'il se trouve « mieux (1). »

(1) Ibn-ul-Ethir, pag. 340. Novaïri. Messalik ul Abssar fi Mémalik ul-Amssar, par le Scheïkh Ahmed el Omari, tome 23.

Peu de temps après la mort de Djélal-uddin, le prince Mozaffer envoya recueillir ses dépouilles dans le canton où il avait été tué. On retrouva le cheval qu'il montait, avec sa selle et son sabre, et le morceau de bois qu'il attachait sur le milieu de sa tète. Mozaffer les fit montrer à plusieurs officiers de Djélal-ud-din qui attestèrent que ces objets lui avaient appartenu. Alors le prince envoya chercher ses ossements et les fit déposer dans un mausolée (1).

Dans les années qui suivirent sa mort, le bruit courut souvent qu'on l'avait vu en divers endroits, surtout en Perse. Un individu à Ispidar se donna pour le sultan. Les commandants mongols le firent examiner par des personnes qui avaient vu ce prince, et l'imposteur fut mis à mort (2).

Vingt-deux ans après la fin de Djélalud-din, un pauvre homme, vêtu en fakir, passant le Djihoun, dit aux bateliers: « Je suis le sultan Djélal-ud-din Khoa«< razmschah, qu'on à dit tué par les Cur<«<des dans les montagnes d'Amid; c'est

(1) Nessaouï. (2) Djouvéini.

«

« mon écuyer qui a été tué; j'ai voyagé plusieurs années, sans me faire connaître. » Les bateliers se saisirent de lui, et le menèrent à un officier mongol dans le voisinage. Mis à la torture, il soutint jusqu'au dernier soupir qu'il était ce qu'il disait (1).

Orkhan, après sa séparation du sultan fut joint dans sa marche par plusieurs détachements; il arriva à Erbil, à la tête de quatre mille cavaliers, et se dirigea sur Ispahan, dont-il s'empara; mais cette ville ne tarda pas à tomber au pouvoir des Mongols (2).

(1) Bar Hebræus, pag. 518, texte.

(2) Novaïri.

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