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12 dj.-1 683.

gers; on devait les écouter sans leur répondre. On assigna à l'ambassadeur un traitement de mille drachmes par jour; mille autres drachmes furent destinées journellement à l'achat de vivres, de fruits et de sucreries pour sa table. Il fut obligé d'attendre à Damas le retour du sultan Kélavoun. Ce prince étant parti du Caire le 27 juillet, apprit à Gaza la mort d'Ahmed. Arrivé à Damas le 12 dj.-2. 26 août, son premier soin fut de donner audience aux ambassadeurs du Khan (1). Ce fut pendant la nuit; quinze cents Mameloucs, en vestes de satin rouge à bords brodés, avec des bonnets en or trait, et des ceintures d'or, tenaient chacun un flambeau. Le scheikh Abd-our-rahman parut, accompagné du général Samdagou, et du vézir du prince de Mardin (2). Le scheïkh portait le costume des Dervischs fakirs. On lui dit de se prosterner; il ne le voulut pas; on le fit tomber par terre très-rudement; il dut faire plusieurs prosternations, et le sultan ne daignait seulement pas le regarder. Cependant, il reçut la lettre d'Ahmed des mains du

(1) Vie de Kélavoun, ibid.
(2) Macrizi, 4 partie.

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scheikh, et fit revêtir de caftans les trois ambassadeurs. La lettre d'Ahmed, datée de Tébriz au commencement de rabi-ul-evvel 682 (juin 1283), commençait par ces mots : « Au « nom de Dieu, clément et miséricordieux ; par << la puissance de l'Étre supreme; sous les auspices du Caan; ordonnance d'Ahmed au « sultan d'Égypte. » Elle était écrite en arabe, et ne contenait que des assurances de dispositions pacifiques (1). Parmi les présents que le scheïkh offrit au nom de son souverain, on distinguait environ soixante grosses perles, une topase du poids de deux cents miscals, des rubis, un rubis balai pesant vingt-deux drachmes. Lorsque les ambassadeurs eurent rendu le message verbal dont ils étaient chargés, ils furent congédiés; puis le sultan les fit inviter de revenir et répondit à leur harangue; il les congédia encore et les fit revenir une troisième fois; alors il leur adressa plusieurs questions, à la suite desquelles il leur apprit que le prince qui les avait envoyés avait été tué, et que Argoun règnait. En les congédiant, il ordonna qu'on les fit passer dans un autre logement de la citadelle, et

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(1) Vie de Kélavoun, ibid. Le texte de la lettre se trouve dans cet ouvrage.

restreignit au simple nécessaire le traitement qu'il leur avait assigné. On leur demanda ce qu'ils avaient avec eux qui eut appartenu à Ahmed. Ils répondirent qu'ils n'avaient aucun objet de valeur; alors le maréchal de la cour alla leur dire que le sultan leur avait destiné un autre logement, et qu'ils eussent à y faire transporter tous leurs bagages. On fit déposer ces effets dans le vestibule du nouvel hôtel, où on les visita. On leur prit une grande quantité d'or, de perles et d'autres objets précieux, entre autres, un chapelet de perles qui appartenait au scheïkh Abdour-rahman, et pouvait valoir cent mille drachmes. Ensuite ces ambassadeurs furent emprisonnés. Abd-our-rahman mourut le 8 28 ram. décembre suivant; quelque temps après Samdagou et les gens de la suite furent élargis; mais le sahib Schems-ud-din Mohammed fut transféré au Caire, où après être resté longtemps incarcéré, il reçut un emploi en Égypte (1).

Dans le temps que le sultan Ahmed envoyait une ambassade solennelle au sultan Kélavoun, pour conclure une paix solide entre les deux États, le souverain d'Égypte

(1) Novaïri. Macrizi, 4 partie.

s'emparait de deux forteresses importantes; l'une était Cattiba, dans la province d'Amid, située près de Kerker. Comme il était impossible de la prendre de vive force, Kélavoun chercha à gagner la garnison, et dans l'année 1283, ayant appris qu'elle manquait de vivres, il la fit investir par les troupes de Kerker. Alors elle demanda à se rendre; on y fit passer tout de suite des troupes de Biret, Aïntab et Revendant, et on la munit amplement de provisions et d'armes.

L'autre était. Kakhta, place très-forte par son assiette élevée et la solidité de ses fortifications. La garnison, séduite par des promesses, tua son commandant, qui était musulman, et manda au gouverneur d'Alep qu'elle était prête à livrer la place. Des officiers envoyés par ce gouverneur en prirent possesssion, et ceux qui l'avaient remise furent bien récompensés. L'acquisition de cette place, était d'une grande importance pour les Égyptiens, qui y trouvaient un excellent point d'appui, dans leurs invasions en Cilicie.

Cette même année, le sultan Kélavoun expédia au gouverneur d'Alep, l'ordre d'envoyer un corps de troupes faire le dégât en Cilicie; c'était pour punir les Arméniens d'a

voir incendié la grande mosquée d'Alep, lors qu'ils étaient dans cette ville avec l'armée mongole, deux ans auparavant. Il marcha des troupes d'Égypte et de la province de Damas pour prendre part à cette expédition. Elles entrèrent en Cilicie et pénétrèrent jusqu'à la ville d'Ayas. Lorsqu'elles se retiraient, elles furent attaquées par les Arméniens près du défilé d'Iskendérouna, mais elles les mirent en fuite et les poursuivirent jusqu'à Tel-Hamdoun, d'où elles regagnèrent leur frontière avec leur butin (1).

(1) Novaïri.

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FIN DU TROISIÈME VOLUME

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