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Ils lui reprochèrent ses sentiments hostiles
envers Argoun, qui, malgré ses droits à la
succession de son père, lui avait laissé le
pouvoir suprême et s'était contenté du Kho-
rassan. Ahmed confessa ses torts. Argoun et
les Oméras voulaient lui faire grâce de la vie,
en considération de sa mère Coutouï Kha-
toun, qui était très-respectée; mais, comme
la mère de Coungcourataï, les enfants de ce
prince, ses parents, criaient vengeance, et que
d'ailleurs Argoun était alarmé de la nouvelle
que les princes Houladjou et Tchouschkab
rassemblaient des troupes à Hémédan, il donna
l'ordre de faire mourir Ahmed, pour venger
le sang de Coungcourataï. On lui ôta la vie
de la même manière qu'il avait fait périr ce
prince, en lui rompant l'épine du
lundi, 10 aoùt (1).

(1) Raschid. Le 10 août était un jeudi.

dos, le

Vassaf

dit : «< Argoun instruit par l'expérience que venait de « faire Ahmed, voyant quel fruit amer avait porté sa << négligence, ordonna aux fils de Coungcourataï, nommés « Timour et Ildouz, de demander vengeance de la mort « de leur père; en conséquence, la peine du talion fut appliquée au sultan; on lui cassa l'épine du dos. « Il fut enterré dans un lieu nommé Cara-Coundjougaï... « L'histoire n'offre pas un second exemple d'une révo→

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26 dj.-1

Le zèle d'Ahmed pour le mahométisme avait contribué à indisposer contre lui les généraux mongols. On a vu qu'il avait envoyé en Égyp

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l'année précédente, le scheïkh Abd-ourrahman, pour conclure un traité de paix entre les deux royaumes. Cet ambassadeur, en partant, prit dans le trésor royal, pour les présents d'usage, des pierreries, des perles magnifiques, de riches étoffes et des toiles de tentes tissues d'or. D'Alatac il se rendit à Tébriz, où il engagea à son service des artistes distingués de diverses professions, et s'entoura d'un appareil royal. Au bout d'un mois, il prit la route de Moussoul; il y fit venir de Bagdad un touman d'or et partit pour Mardin. Il fut joint, dans cette ville, par un officier que lui avait envoyé le sultan Kélavoun, pour le presser de se rendre à Damas, parce que ce prince voulait retourner incessamment en Égypte. Abd-our-rahman lui manda qu'il allait partir et le pria d'ordonner qu'il fut traité sur son territoire avec les égards dûs à son caractère public, surtout

«<lution aussi subite; elle fut amenée par l'imprudence « d'Ahmed; l'amour causa sa perte. » Selon Bar Hebræus (p. 572), ce prince fut mis à mort le mercredi, 2 de djomada 2, qui répond au 16 août.

schewal

qu'on ne le fit pas voyager de nuit, comme on y avait forcé les derniers ambassadeurs. Le scheïkh ayant reçu du sultan l'assurance d'un accueil honorable, partit de Mardin, en janvier 1284, avec le général mongol Samdagou 682. et Schems-ud-din Mohammed, vézir du prince de Mardin, que ce petit souverain députait à la cour d'Égypte (1). L'ambassadeur avait une suite d'environ cinquante personnes, entre secrétaires, docteurs de la loi, religieux, écuyers, gardes, domestiques et esclaves. Il était escorté par un détachement de troupes mongoles; le prince de Mardin y joignit de ses propres troupes, qui devaient le convoyer jusqu'au bord de l'Euphrate. Le scheïkh marchait sous un dais, porté par des Mongols à son service, selon l'usage des grands seigneurs chez les Mongols (2), En arrivant à Harran, il vit venir à sa rencontre un émir égyptien qui, au lieu de descendre de cheval, et de s'approcher de lui pour lui baiser la main comme on devait s'y attendre, se contenta de le saluer de loin. Le sultan Kélavoun avait pris des mesures pour réformer le train par

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(1) Bar Hebræus, p. 568.

(2) Vie de Kelavoun, 2° partie.

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Novaïri.

lequel Abd-our-rahman, à ce qu'il croyait, voulait éblouir ses sujets. Ainsi l'émir chargé par ce prince de conduire l'ambassadeur, c'était Djémal-ud-din Accousch, l'un des officiers supérieurs de l'armée d'Alep, lui fit dire qu'il n'avait plus besoin de son escorte tatare, qu'il la renvoyât. Après que le scheïkh eut congédié ces militaires, l'émir lui fit prendre une autrc route que celle de Biret et lui signifia la défense de se faire porter le dais (1). Arrivées au bord de l'Euphrate, les troupes de Mardin voulaient, suivant leurs ordres, s'en retourner; mais l'émir leur annonça que le sultan entendait qu'elles allassent jusqu'à Alep; elles durent passer le fleuve. L'ambassade ayant posé son camp sur la rive droite, le scheïkh, après le repas du soir, désira de se reposer; il fut reveillé au bout d'une heure; l'émir était déjà à cheval avec sa troupe et lui mandait qu'il fallait partir. L'ambassadeur répondit qu'il ne partirait pas avant le jour. L'officier égyptien lui fit, savoir qu'il avait l'ordre de ne le faire voyager que la nuit. « On peut me tuer, s'écria le scheïkh en «< colère, mais on ne me fera pas voyager la

(1) Vie de Kélavoun, ibid.

Bar Hebræus, 1. c.

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« nuit. On ne vous tuera pas, répondit l'émir, << mais on vous emmènera de force. » L'ambassadeur ne voulut pas s'exposer à de plus grands affronts, et prit le parti de monter à cheval. Avant le jour, on quitta la route pour aller camper dans un lieu écarté (1). L'émir avait défendu à ses propres gens d'adresser la parole et de répondre à ces étrangers; ils ne devaient pas même les regarder. Le scheikh parut fort irrité de toutes ces mesures; mais Djémal-ud-din n'eut pas l'air d'y faire attention. Il fit entrer l'ambassadeur à Alep, dans la nuit du 7 janvier 1284, si se- 16 sch. crètement que personne ne sut son arrivée (2). L'émir y reçut l'ordre du sultan de donner une gratification à chacun des militaires mardiniens et de les renvoyer chez eux. L'ambas sade devait être conduite à Damas et ne voyager que de nuit. Le sultan avait déjà quitté cette ville pour retourner en Égypte (3). Le cortège, après avoir suivi des chemins détournés, arriva à Damas dans la nuit du 2 1 z.h. mars, et fut logé dans la citadelle. Là fut renouvellée la défense de parler à ces étran

(1) Bar Hebræus, 1. c.
(2) Vie de Kélavoun, ibid.
(3) Bar Hebræus, 1. c.

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