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avant les petits-fils. Arouc et Couroumisch observaient que Tchouschkab possédait le grand Yourte, et qu'il était l'aîné. « Le Caan, disait << à son tour Boucaï, qui est le maître de la « terre, et l'Aca (l'aîné) de la maison de « Tchinguiz-khan, a déféré à Abaca, après la «< mort de son père, la souveraineté de l'Iran; « elle appartient de droit à son fils Argoun. « Si l'on eut suivi l'ordre de la succession, << on aurait évité tous ces troubles. >> Comme Bekta commençait à s'emporter, Boucaï tira le sabre et s'écria: « Tant que je tiendrai cette «< arme, personne autre qu'Argoun ne sera << notre souverain. » On demanda à Tenguiz Kourkan quelles étaient les intentions d'Abaca. << Moi et Schingtour, répondit-il, nous lui avons << entendu dire qu'il laisserait le trône à Man« gou-Timour, et après lui, à Argoun. << inventes ces paroles, lui cria Bekta, où les << as tu entendues? » Alors Argoun dit qu'il ne voulait pas du trône, qu'il se contentait du Khorassan, son apanage. Boucaï se tournant de son côté, lui dit: « Prince! pour<< quoi voulez vous prolonger les troubles? « Au reste, ajouta-t-il, à quoi bon tous ces << débats; l'ennemi n'est pas encore en notre << pouvoir. Il faut marcher à sa poursuite; quand nous l'aurons pris, nous nous réu

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« nirons auprès d'Oldjaï Khatoun et des au<< tres princesses, pour élire un nouveau Khan. << Ahmed a voulu perdre Argoun; il faut

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qu'Argoun parte avec l'avant-garde. >> Tous se rangèrent à cet avis; Argoun et Boucaï partirent le 11 juillet; les autres princes les 25 г.-2. suivaient à la tête de trois corps.

Cependant Ahmed, arrivé le 13 à Schérouyaz, que les Mongols appelaient Councour Olang, avait fait piller l'Ordou de Boucaï, et aurait égorgé sa famille, si Sougoundjac Aca ne l'en eut empêché. Il repartit le lendemain, et arriva le mardi, 18 2 dj.-1 juillet, à ses Ordous. Il alla embrasser sa mère et l'instruire de ce qui se passait; il avait l'intention de fuir vers le Derbend (1). Coutoui lui dit qu'il ferait mieux de rester dans son Ordou, et d'engager les généraux qui s'y trouvaient à le soutenir. Mais déjà les derniers événements étaient connus de tout le monde; chacun en raisonnait. Le lendemain Cara-Boucaï et Schingtour allèrent faire leur cour au sultan, et lui demandèrent pourquoi il était venu si à la hâte, sans troupes ni cortège. Ahmed leur répondit

(1) Raschid.

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qu'après s'être saisi de la personne d'Argoun, et l'avoir mis sous bonne garde, il était venu pour faire préparer les vivres à l'armée. Naïtan, assis hors de la tente, ayant entendu ces paroles, dit à haute voix: « Ce n'est pas « cela. Dix princes du sang et soixante officiers « supérieurs se sont ligués avec Argoun, et « Ahmed est arrivé ici en fugitif. Le bien de l'État, et le repos public exigent qu'il soit « détenu. » Les deux généraux sortirent de la tente, et la firent entourer de gardes (1). Schingtour Aca manda à Coutouï Khatoun que les princes réunis en conseil, avaient expédié l'ordre d'arrêter Ahmed, et qu'il fallait, jusqu'à leur arrivée, le consigner chez lui. Coutouï Khatoun commit trois cents hommes, sous les ordres de Schingtour, à la garde du Khan (2).

Cependant Boucaï avait expédié Bouré, sur un dromadaire, vers Sougourlouc, pour porter l'ordre aux Caraounass de garder la route par laquelle devait passer Ahmed; il chargea Allamisch Couschdji, d'aller porter aux Couschdjis (3) l'ordre de faire main basse sur tous ceux de la suite d'Ahmed qu'ils trou

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veraient, et de publier partout qu'Argoun allait paraître avec cinq toumans (1).

Peu après arrivèrent les Caraounass, qui sur l'avis reçu par Bouré, s'étaient mis en marche, et avaient tout pillé sur leur passage. Ils fondent sur l'Ordou; ils entrent dans les tentes des femmes et les dépouillent de leurs vêtements et de leurs bijoux. Tout ce qu'il y avait dans le camp royal de tapis, de meubles, d'or, d'argent, d'habits et d'étoffes, devint leur proie. On ôta à Coutouï Khatoun même les bijoux qu'elle portait à son cou et à ses oreilles; on lui tira des pieds ses bottines. Cette princesse, Toudaï et Erméni-Khatoun, furent laissées nues. Enfin cette horde féroce commit toutes les abominations imaginables. Une loi du Yassa défendait aux Mongols de maltraiter les femmes et les enfants, dans les troubles civils; mais ici rien ne fut respecté. Les Caraounass finirent par se saisir de la personne du sultan, lui ôtèrent ses habits, et le gardèrent dans sa tente.

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Cependant Argoun, lorsqu'il voulut partir pour achever son entreprise, sut que les cavaliers manquaient de chevaux et que les troupeaux étaient dispersés au loin. Il vit que

(1) Vassaf, 1. c.

s'il attendait le temps qu'il fallait pour se procurer des vivres et des chevaux, il risquerait de manquer son but ; il partit avec seulement trois cents cavaliers. Quand il arriva près de Mosslémi, Cara Boucaï et Schingtour, à la tête des troupes Caraounasses, lui amenèrent Ahmed garotté. Il était d'usage chez les Mongols, lorsqu'ils se disputaient un prix, que le vainqueur battit des mains, et criât Mériou. Dès qu'Argoun aperçut Ahmed en cet état, il se mit à crier Mériou, et ses officiers suivirent son exemple. Ils célébrèrent sur le champ, le verre à la main, la capture de l'ennemi, et félicitèrent Argoun (1).

Ce prince ayant passé la rivière Moor, le 10 dj.-1. mercredi 26 juillet, s'arrêta, le dimanche

suivant, à Abschour, près de Yuz Agatch. Les généraux Togatchar, Coundjoucan et Touladaï, déjà délivrés par son ordre de leur captivité à Tébriz, et d'anciens officiers du prince Coungcourataï, furent chargés d'interroger Ahmed. Ils le jugèrent coupable d'ingratitude envers Coungcourataï et envers plusieurs généraux, anciens serviteurs d'Abaca, qui avaient contribué à son élévation au trône.

(1) Vassaf, 1. c.

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