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14 г.-I.

«< mon aîné? Jamais je n'eus la pensée de le <«< combattre. Alinac est venu enlever mes << Ordous et mes gens; je me suis avancé « pour les délivrer; il m'a attaqué; j'ai été « forcé de me défendre. >>

Les généraux d'Ahmed lui conseillèrent de pardonner à la jeunesse d'Argoun et de terminer la campagne; la chaleur était excessive; beaucoup de chevaux avaient péri. Ahmed ne les écouta pas. Deux astrologues lui déclarèrent que la position des astres n'annonçait rien de favorable pour son expédition; il s'emporta contre eux (1). Lekézi voulut l'intimider en lui disant que s'il ne s'accomodait pas tout de suite avec Argoun, il serait peut-être trop tard lorsque ce prince aurait été rejoint par les Caraounass (2).

Le mercredi, 31 mai, les princes Gazan fils d'Argoun et Omar, fils de Négoudar Ogoul, accompagnés de plusieurs officiers, vinrent à Surkhé, village du district de Simenan, pour demander encore la paix. Trois jours après, Ahmed fit partir les princes Toga-Timour et Souktaï, avec les généraux Bouca et Touladaï, chargés de déclarer à Argoun, que pour prou

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ver sa soumission, il devait se rendre en personne auprès du sultan. Boucaï dit, en partant, à Ahmed, que puisqu'ils allaient traiter de la paix, il jugerait peut-être à propos de faire halte. Le sultan lui répondit qu'il avancerait jusqu'à Kharcan (1), où il trouverait de bons pâturages, et qu'il y attendrait leur retour. Ses troupes qui, depuis Cazvin, avaient commis de grands excès sur toute la route,. notamment les Géorgiens, pillèrent dans la ville et le pays de Damégan ce qui avait échappé à la rapacité des Caraounass (2).. Les habitants de cette contrée, réduits au désespoir, portèrent leurs plaintes au sultan; il les renvoya à son vézir, qui répondit, qu'en pareille circonstance, on ne pouvait pas réprimer la licence du soldat, de peur de le mécontenter (3). Ahmed arriva le 6 juin à Kharcan, où le prince Gazan prit congé de lui (4).

Après la bataille d'Ac-Khodja, le général

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(1) Entre Bisttam et Aster-abad. (2) Raschid. (3) Vassaf, 1. c. Cet historien ajoute : « La réponse « du vézir ne lui porta point bonheur. » Il dit ensuite : « A l'heure qu'il est, ce pays n'a pas encore réparé les << pertes qu'il essuya dans cette campagne; » et Vassaf écrivait trente ans après.

(4) Raschid.

Alinac ayant appris qu'Argoun s'était éloigné avec peu de monde, l'avait poursuivi avec son propre Touman; car il avait promis au sultan de lui amener Argoun. Ce prince ne vit jusqu'à Goutchan aucunes traces de ses troupes en déroute, et la plupart de ses cavaliers, ne pouvant suivre sa course rapide, étaient restés en arrière. Il se retira dans la forteresse de Kelatcouh, située au nordest de Thous, dont les ouvrages étaient en grande partie ruinés; il s'y enferma avec cinq cents individus de sa maison (1). La plupart de ses généraux, croyant sa cause perdue, avaient passé au camp d'Ahmed. Nevrouz, qui lui restait fidèle, le pressait de se retirer au-delà du Djihoun, où il trouverait une armée; Árgoun ne voulut pas.

Trois jours après son entrée dans Kelatcouh, parut Alinac à la tête de son avantgarde. Argoun sortit seul de la place et appela à haute voix Alinac, qui s'avançant seul à pied, se prosterna et dit au prince que le Khan, son oncle, désirait le voir. Argoun répondit qu'il avait le même désir. Alinac lui fit hommage d'un cheval blanc. Ils entrèrent ensemble dans la forteresse, et eurent un

(1) Vassaf, 1. c.

long entretien, où le généralissime n'omit rien pour persuader au jeune prince de se soumettre. Argoun vit qu'il n'avait pas d'autre parti à prendre; il partit avec Alinac et arriva au camp d'Ahmed, à Goutchan, le jeudi, 29 juin (1). On le fit entrer dans le 13 r.-2. quartier royal du côté gauche, et on lui ôta sa ceinture. Il ne fut pas introduit tout de suite dans le pavillon du sultan; on le laissa en plein air exposé à l'ardeur du soleil; la sueur coulait de son visage. Sa soeur Togan, qui l'aimait tendrement, cédant à sa vive émotion, sortit de la tente royale, et alla le garantir avec son parasol des rayons brûlants. Au bout de quelque temps, il fut il fut permis à Bolgan Khatoun, femme d'Argoun, d'entrer dans le pavillon. Le sultan lui souhaita la bien venue et lui présenta la coupe; il sortit ensuite pour chasser dans les environs du camp. A son retour, Argoun fut introduit; il entra, plia le genou, et rendit hommage au sultan de la manière usitée chez les Mongols. Ahmed l'embrassa; leurs joues étaient baignées de larmes; il dit ensuite à Argoun que ce prince conserverait en apanage le Khorassan, comme sous le règne de

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son père. Néanmoins Ahmed le mit sous la garde d'Arouc, frère de Bouca, qui plaça quatre mille hommes autour de son quartier (1). Le sultan ne voulait instruire son procès qu'après avoir rejoint Coutouï-Khatoun, sa mère. Alinac lui conseilla de s'en défaire dans la nuit même. « Que peut-il? lui répondit Ahmed, il n'a ni argent, ni trou« pes. »

«

Maître de son ennemi, Ahmed partit dès le lendemain, pour retourner auprès de sa nouvelle épouse Toudaï-Khatoun, qu'il aimait éperdument. Il confia à son généralissime Alinac la haute surveillance de son prisonnier, et laissa le commandement de l'armée aux princes du sang (2). Le général Boucaï obtint la permission de rester au camp, sous le prétexte d'assister aux noces de son intime ami, Kiptchac Ogoul, descendant de DjoutchiCassar.

Sous le règne précédent, Boucaï était attaché à la personne d'Argoun. Lorsque Ahmed fut monté au trône, il le demanda, à plu

(1) Vassaf, 1. c.

(2) Vassaf dit que le sultan donna l'ordre au général Alinac de faire mourir Argoun, après son départ.

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