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4 z. h.

Elles étaient commandées sous Togatchar, par les princes Kikhatou et Baïdou, le premier, frère, le second, cousin d'Argoun, ainsi que par les généraux Tchaoucour, Tchongoutour, Touladaï et autres, qui, de même que tous les anciens officiers et courtisans d'Abaca, étaient dévoués à son fils (1).

Argoun ordonna que toutes les propriétés d'Alaï-ud-din fussent livrées à ses commissaires, et qu'on empêchât les agents de ce fermier général de rien percevoir des impositions de la province. Il se rendit lui-même à Bagdad, et exerça sa vengeance sur les intendants d'Alaï-ud-din. Non seulement il s'empara de ce qu'il y avait dans leurs caisses; mais il les força, par les tortures, de payer une forte somme, sous le prétexte de recouvrer les arrérages des années précédentes. Schischi Bakhschi, Poulatamour et Togatchar l'assistaient avec zèle. Alaï-ud-din, en apprenant ces nouvelles persécutions, eut une attaque d'apoplexie qui le mit au tombeau, le 6 mars 1283. Son frère Haroun le remplaça (2).

(1) Raschid.

(2) Raschid. Vassaf. Ce dernier historien fait au sujet des exactions d'Argoun, la réflexion suivante :

Le sultan Ahmed, instruit des desseins hostiles d'Argoun, et de ses intelligences se crètes avec le prince Coungcourataï, que le sultan, dès son avénement au trône, avait envoyé avec une armée dans le Roum, après lui avoir fait épouser Touctai Khatoun,

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<< Il y a dans la nature des Mongols un vice détestable et <«< même infecté de sottise; il faut qu'ils maltraitent, qu'ils accablent de rigueurs, quiconque a administré << les finances de l'État; en sorte que cinquante années « de bons services conduisent à une mauvaise fin, et que << le plus long dévouement est tout à coup effacé par

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l'attaque d'un malveillant, par les traits d'un envieux. » Dans un autre endroit de son ouvrage, il fait un éloge pompeux d'Alaï-ud-din et ajoute: « Bagdad, ruinée après la << catastrophe de Mosta'ssem, se releva, en peu de temps, << par l'action vivifiante de la justice et de l'humanité de «< ce gouverneur. » Alaï-ud-din, dit l'historien BarHebræus, p. 574, mourut à Mogan, et fut enterré à « Tébriz. Il était, ainsi que son frère Schems-ud-din, « très-versé dans la littérature et excellait en poésie. << Il composa, en persan, une histoire admirable des << empires Seldjoukides, Coarezmiens, Ismaïliyens et Mongols; c'est de là que nous avons tiré ce que « nous en rapportons dans cet ouvrage. » Mirkhond nous apprend qu'Alaï-ud-din a fait le récit des maux et des chagrins qu'il avait éprouvés, dans un écrit auquel il donna pour titre Tathlith ul - Akhvan ou Trinité des frères.

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l'une des veuves d'Abaca, prit la précaution de placer un corps d'armée dans le Diarbékr, pour empêcher la jonction des troupes de Bagdad avec celles qui étaient dans le Roum (1). Il chargea ensuite Alinac, gouverneur de la Géorgie, renommé pour sa bravoure, d'aller porter au prince Argoun l'ordre de se rendre au Couriltaï qui allait être assemblé. Alinac se laissa gagner par Argoun et lui prêta serment de fidélité; à son retour auprès du sultan, il chercha à faire valoir les excuses alléguées par Argoun pour ne pas se rendre à la cour; mais le vézir Schems-ud-din était informé du pacte conclu entre le prince et le général. Ahmed voulant détruire, par une insigne faveur, l'effet des séductions ennemies, accorda à Alinac la main de sa fille Soultan-Coutchouc, et l'éleva, un édit, au rang le plus élevé.

par

Peu de temps après, Argoun envoya Djouschi à la cour pour dire au sultan, que lorsque l'Ilkhan Abaca, sur l'accusation de Madjdul-mulk, s'était montré courroucé contre Schems-ud-din, ce vézir s'était engagé par écrit à livrer, dès qu'il en recevrait l'ordre,

(1) Raschid.

tout ce qu'il possédait, en espèces, en effets, en terres, comme appartenant de droit à son maître; en conséquence, Argoun priait son oncle de lui envoyer le vézir avec Djouschi, afin qu'il pût l'interroger et terminer cette affaire. « Il a, disait-il, long-temps administré « les États de mon bon père, et jamais il n'a « rendu compte des recettes et des dépenses; <«< il doit aussi s'expliquer là-dessus. >> Ce n'était pas seulement aux biens du vézir qu'en voulait Argoun; mais, dès la mort de son père, le bruit s'était répandu que le vézir, pour sauver Alaï-ud-din des poursuites acharnées de Madjd-ul-mulk, et se garantir lui-même des nouvelles attaques qu'il prévoyait de la part de cet ennemi de sa famille, lorsqu'il en aurait fini avec son frère, avait gagné quelques officiers de la maison d'Abaca pour empoisonner ce prince, et la mort de Mangou-Timour, qui suivit de près celle de son frère, attribuée de même au vézir, avait paru confirmer ces rumeurs publiques. Argoun en avait conçu des soupçons qui aigrirent ses autres motifs de mécontentement contre Schems-ud-din; mais le sultan lui manda que le vézir ne pouvait pas s'absenter sans que les affaires de l'administration générale en souffrissent, d'autant plus qu'il n'y avait personne dans le Di

van royal qui pùt le suppléer, et Djouschi s'en retourna avec cette réponse (1).

Au printemps, Argoun partit pour l'Irac Adjém. Il fit donner la bastonnade au préfet de la ville de Raï, qui fut conduit à la cour d'Ahmed, monté sur un âne. Ayant besoin d'argent pour augmenter les forces avec lesquelles il voulait tenir tête à son oncle, il s'en procurait par toutes les voies possibles. On lui dit que le vézir du Khorassan, Vedjihud-din Zengui, s'était considérablement enrichi, pendant sa longue administration des finances de cette province; rapport qui était inexact. Argoun le fit arrêter, et ses commissaires parvinrent à arracher de ce financier la somme de cinq cents toumans. Argoun lui témoigna sa satisfaction par le don d'une robe d'honneur, et lui laissa l'administration du Khorassan. Ce prince insista sur la demande que le vézir lui fut envoyé. Les deux princes s'animaient et tout annonçait une guerre civile (2).

Peu content d'avoir conservé le Khorassan, que son père lui avait donné en apanage, Argoun fit demander au sultan la cession des

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