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sultan était résolu de se rendre à Ispahan; c'était la ville qui pouvait lui offrir le plus de ressources. Par ses ordres, un corps de six mille hommes alla piller les districts de Khartabert, Erzendjan et Malattia dans le Roum, et amena au camp une multitude de bestiaux.

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Quand Mohammed de Nessa eut rendu à Mozaffer Gazi le message dont il était chargé, ce prince lui dit : « Si j'ai prêté ser<< ment au sultan Djélal-ud-din, je l'ai aussi prêté au sultan Keï-Cobad, et je sais que << votre souverain a fait ravager son pays; « ce n'est pas là ce qu'il nous a juré. Au «< reste, je ne suis pas mon maître; je dé<< pends de mes frères, le roi d'Égypte et <«<le prince de Syrie; je ne puis pas, sans <«<leurs ordres, fournir du secours au sul<< tan; et d'ailleurs, quel renfort le petit nom<<< bre de mes troupes donnerait-il à son « armée? Quant aux princes d'Amid et de « Mardin, ils ne dépendent pas de moi; je <«< sais qu'ils correspondent avec le sultan; « que ce prince sonde leurs dispositions en << fait de secours; bientôt il s'appercevra qu'ils <«< ne sont pas de bonne foi; au lieu que le prince Aschraf est zélé pour les interêts « du sultan et fidèle à ses engagements. Il

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« n'a passé en Égypte que pour y rassem<< bler des troupes qu'il veut amener à votre << maître. » (1)

Au bout de quelques jours Mohammed prit congé du prince de Khelatt et lui dit que quoiqu'il pût arriver, il aurait à se repentir du parti qu'il prenait; que si le sultan triomphait de ses ennemis, le prince ne parviendrait pas à se à se le reconcilier, quand il lui offrirait tous les trésors de la terre; que si le sultan était vaincu, bientôt le voisinage des Tatars ferait regretter sa perte. Mozaffer répondit qu'il ne doutait pas de la vérité de ces paroles; mais qu'il n'était pas son maître. Une lettre apportée de Perkri par une colombe, annonçait que les Tatars avaient passé par cette ville, cherchant le sultan. Mohammed se rendit à Hany; il n'y trouva que les femmes et les bagages de l'armée; le sultan en était parti pour se poster à Djébel-Djor. Ce prince avait été instruit de la marche de l'ennemi, par un Kiliarque mongol, qui, pour se soustraire

(1) Selon Ibn-ul-Ethir, les Mongols avaient demandé au Khaliphe et aux autres princes de ne pas donner de secours au sultan.

à la punition d'une faute, avait déserté; d'après le conseil de ce transfuge, abandonnant ses bagages sur la route, il s'était mis en embuscade, avec le dessein de tomber sur les Tatars, lorsqu'ils seraient à piller. Otouz Khan, avec quatre mille cavaliers, devait se montrer à l'ennemi, et puis se retirer afin de l'attirer dans le piège; mais ce général, qui n'avait ni courage, ni intelligence, revint avec la nouvelle que les Tatars s'étaient éloignés du canton de Manazguerd. Sur cet avis, qui était faux, le sultan quita son embuscade et revint à Hany. Il ordonna à son secrétaire de lui rendre compte, en présence de ses généraux, du résultat de sa mission. Voyant qu'ils n'avaient nul secours à espérer de ce côté, ils se décidèrent à marcher vers Ispahan, et à n'emmener que celles de leurs femmes, ceux de leurs enfants qui leur étaient le plus chers.

Deux jours après cette résolution prise, arriva au camp un envoyé de Mess'oud prince d'Amid, qui voulait engager le sultan à s'emparer du Roum, conquête qu'il prétendait facile; maître de ce royaume et fortifié de l'alliance des Kiptchacs, qui lui étaient attachés, il pourrait se rendre redoutable aux Tatars. Mess'oud promettait de se

joindre au sultan, avec quatre mille cavaliers, et de ne le quiter qu'après l'entière conquête du Roum. Cette instigation du prince d'Amid était dictée par un esprit de vengeance : KeïCobad lui avait enlevé plusieurs châteaux. L'ambition de Djélal-ud-din en fut tentée; il abandonna le projet d'aller à Ispahan et prit la route d'Amid. Ayant posé son camp près de cette ville, il passa la soirée à boire et s'enivra. Au milieu de la nuit, un Turcman vint l'avertir qu'il avait vu des troupes étrangères à la station où le sultan s'était arrêté la nuit précédente. Djélal dit qu'il mentait, que c'était un artifice du prince d'Amid, pour l'éloigner de son pays; mais en effet, à l'aube du jour, parurent les Mongols. Ils entouraient la tente royale, et le sultan restait encore plongé dans le sommeil de l'ivresse. Le général Orkhan accourut avec ses troupes, chargea l'ennemi et l'éloigna du pavillon du sultan; alors plusieurs officiers de sa maison y pénètrent, l'entraînent vétu d'une petite tunique blanche, et le mettent à cheval. Il ne songea dans ce moment qu'à son épouse, fille du prince du Fars, et ordonna à deux de ses grands officiers d'accompagner cette princesse dans sa fuite.

Voyant les escadrons mongols ardents à le

poursuivre, Djélal dit à Orkhan de le quiter avec ses troupes, afin d'attirer l'ennemi sur ses traces. Il prit lui-même la route d'Amid, suivi seulement de cent cavaliers; mais les portes de cette ville lui furent fermées. Le sultan ayant envain cherché à se les faire ouvrir par la persuasion, continua à fuir vers la Mésopotamie; cependant il ne tarda pas à rebrousser chemin, par le conseil d'Otouz Khan, qui prétendit que le plus sûr moyen d'éviter les Mongols, était de se porter sur la route qu'ils venaient de parcourir. Il arriva à un village du district de Meyafarkin, et descendit dans une grange pour y passer la nuit. Pendant qu'il reposait, Otouz Khan le quita. Au point du jour, Djélal fut surpris par les Mongols; il n'eut que le temps de monter à cheval; la plupart de ses gens furent tués. Les Mongols, apprenant de leurs prisonniers que c'était le sultan qui venait de s'échaper, coururent après lui, au nombre d'une quinzaine. Deux le joignirent et furent tués de sa main; les autres ne purent l'atteindre.

y

Le sultan se jeta dans les montagnes (1),

(1) Dans l'une des montagnes de Tsofnio, dit Bar Hebræus, pag. 490.

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