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Ahmed ayant pris la résolution d'envoyer une ambassade en Égypte, fit choix, pour cette mission (1), du Grand-juge Coutb-uddin Mahmoud, de Schiraz, cadhi de Sivas, et de l'émir Bahaï-ud-din, Atabey du sultan Mass'oud, souverain du Roum (2), qu'il fit

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« nesse et appelé Nicolas; mais lorsqu'il fut parvenu à l'âge viril, parce qu'il avait été élevé avec les Sara«<zins, il devint très-méchant Sarazin lui-même, et renon<«<çant à la foi chrétienne, il se fit appeler Mahumet« Khan, et fit tous ses efforts pour faire renoncer à tous «les Tartares le christianisme, et leur faire embrasser la secte de Mahomet, et ceux qu'il n'osait pas y con«traindre par violence, il leur faisait des présents, des grâces et des honneurs pour les corrompre. Il y eut « alors une infinité de Tartares qui se convertirent au « mahométisme. Il fit détruire toutes les églises chrétien« nes à Tauriz et ailleurs; en sorte que les pauvres «< chrétiens n'osaient plus professer leur religion. >> On est étonné, après le témoignage de Vassaf et de Haïton, de lire dans l'histoire de Bar Hebræus (pag. 567), que, fidèle aux préceptes de tolérance de son aïeul Tchinguiz-khan, Ahmed montrait de la bienveillance aux ministres de tous les cultes, et principalement aux Chrétiens; qu'il leur accorda des chartes, en vertu desquelles les églises et les monastères, les prêtres et les moines, dans son empire, étaient exempts de toutes charges et impositions publiques.

(1) Raschid.

(2) Bar Hebræus, p. 567.

partir de sa résidence d'Alatac, le 25 août. Le 19dj.-1. prince de Mardin leur adjoignit son vézir Schems-ud-din, fils de Béiti. Kélavoun, instruit du départ de ces ambassadeurs, avec une suite nombreuse et un train magnifique, avait envoyé à la frontière, près de Biret, deux de ses chambellans, Hadjibs, pour les recevoir et les accompagner, et ordonné à ses préfets de les surveiller, de ne pas permettre qu'ils eussent la moindre communication avec aucun de ses sujets, de ne les faire voyager que pendant la nuit. Ils entrèrent de nuit dans la ville d'Alep, où ils restèrent inconnus; passèrent par Damas, et arrivèrent la nuit à Missr (en face du Caire), dans le mois d'octobre. Admis à l'audience du sultan, ils se pro- redjeb. sternèrent et lui remirent une lettre d'Ahmed; ensuite ils s'acquittèrent d'un message verbal dont ils étaient chargés (1).

La lettre du sultan Ahmed était conçue en ces termes :

« Au nom de Dieu, très-clément et miséri«< cordieux.

<< Par la puissance de Dieu; sous les auspi«< ces du Caan. Ordonnance d'Ahmed au sultan

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« L'Etre suprême nous a fait la grâce, dès << notre enfance, de nous apprendre à connaî<< tre sa Toute Puissance, à confesser son « unité, à croire en Mohammed (que Dieu «<lui soit propice et lui donne la paix), à « avoir la plus grande foi dans ses saints disciples et les bienheureux de sa nation. Dieu « ouvre et purifie le cœur de celui à qui il « veut servir de guide, afin de le disposer à « recevoir l'Islamisme (1). Depuis lors nous parole divine, et

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« n'avons cessé d'exalter la

« de vouloir le bien de l'Islamisme et des << Musulmans, jusqu'à ce que, la succession <«< au trône nous étant échue, après notre bon « père et notre frère aîné, Dieu daignât nous << accorder toutes les faveurs, tous les bien<< faits que nous pouvions espérer de sa mu«nificence; dévoilât à nos yeux, et nous remît <«< la fiancée de l'empire; alors se réunirent « auprès de nous en Couriltaï (assemblée où « le choc des opinions fait jaillir la lumière), « tous nos frères, tous les princes du sang, «< les généraux, les officiers et les gouverneurs <«< des provinces, lesquels résolurent unanime<< ment d'exécuter ce qu'avait ordonné notre

(1) Coran.

« frère aîné, en faisant marcher de votre « côté, avec une volonté devant laquelle s'a« baissent les plus hautes montagnes, avec «< une résolution qui amollit les rocs les plus « durs, l'innombrable multitude de nos guer« riers, que la terre, malgré son étendue, a « de la peine à contenir, et qui, par leur au« dace et leur furie, remplissent d'effroi tous << les cœurs. Nous avons examiné la crême qui « est résultée de l'agitation des avis, nous avons << bien considéré l'opinion qui a réuni tous «<les suffrages, et nous l'avons trouvée con<«< traire au désir que notre cœur éprouve de « faire le bien général, en affermissant les « bases de l'Islamisme, et en ayant soin qu'il « n'émane de notre part, autant que possible, << d'autres ordres que ceux qui ont pour but d'empêcher l'effusion du sang, d'appaiser les <«< troubles, de faire jouir toutes les régions « du zéphir du calme et de la sécurité, afin << que les Musulmans puissent goûter les dou«< ceurs du repos sur la couche de notre bonté « et de notre bienfaisance; animés, dans ce « désir, par notre respect pour les commandements de Dieu, et notre amour pour son peuple. Ainsi Dieu nous a inspiré la volonté « d'étouffer cet incendie, de rétablir le calme, «<et de faire connaître à ceux qui nous ont

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« donné leurs conseils, la pensée que Dieu <«< nous a suggérée d'employer d'abord les re<< mèdes qui peuvent faire espérer la guérison << des maux publics, en différant de recourir « à ce qui doit être le dernier des moyens; «< car nous n'aimons pas à brandir le javelot « avant d'avoir reconnu le but qu'il doit at<< teindre, et nous ne le lançons qu'après avoir << fait constater notre bon droit par une dé«cision légale. Nous avons été fortifiés dans << notre résolution de faire la paix, et de pro«< céder à ce qui nous a paru propre à la «< faire réussir, par les avis du Scheikh-ul<< Islam, modèle des docteurs, Kémal-ud-din « Abd-ur-rahman, qui est notre bon aide dans <«<les affaires de religion. Nous lui avons fait « dresser cette lettre, dans la pensée que <«< Dieu prend pitié de ceux qui l'invoquent, « et châtie les désobéissants. Nous faisons partir le Grand-juge Coutb-ud-din et l'Atabey Bahaï-ud-din, tous deux honorés de no<< tre confiance, afin qu'ils vous instruisent « de notre foi, qu'ils vous persuadent de nos << intentions bienveillantes envers tous les Mu<< sulmans, qu'ils puissent vous convaincre « que Dieu a daigné nous ouvrir les yeux, << que l'Islamisme a effacé tout ce qui l'a précédé, que l'Être suprême a mis dans notre

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