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26 moh.

681.

était l'oncle d'Argoun. Cette considération prévalut (1).

Schischi Bakhschi, l'un des principaux officiers d'Argoun, voyant Tagoudar soutenu par la plupart des chefs de l'armée, conseilla à son prince de céder de bonne grâce, et dès qu'il eut donné son consentement, Tagoudar fut proclamé d'une voix unanime, le 6 mai 1282. Trois jours après, Argoun partit pour Siah - Couh (mont noir), où il s'empara des trésors de son père. Le vézir Schemsud-din, qui était resté auprès d'Argoun, reçut l'ordre de se rendre auprès de Tagoudar. Le 13 r.-1. dimanche, 21 juin, après que les princes du sang et les généraux eurent signé l'engagement de lui rester fidèles, le nouveau souverain fut conduit au trône par le prince Coungcourataï et le noyan Schingtour. Comme il avait embrassé le mahométisme, il prit le titre de sultan et le nom d'Ahmed.

A la suite des fêtes qui célébrèrent son avénement au trône, Ahmed se fit apporter les trésors déposés à Schahoutéla, et les distribua aux princes, aux princesses, aux officiers et aux troupes; chaque soldat reçut

(1) Novaïri.

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cent vingt dinars. Sur ces entrefaites survint Argoun, qui se plaignit de ce qu'on ne l'avait pas attendu pour la cérémonie de l'inauguration. Ahmed lui montra beaucoup d'égards, et lui remit de sa main vingt balischs d'or, qu'il lui avait reservés. Ce fut alors que Argoun et Coungcourataï se lièrent d'une étroite amitié, qu'ils se garantirent par des serments mutuels, dans l'Ordou de Touctaï Khatoun l'une des veuves d'Abaca (1).

Le premier soin d'Ahmed fut de manifester sa profession de la foi mahométane. Il adressa aux autorités de Bagdad le rescrit suivant: (Après les prières d'usage), « Nous << occupons le trône, et nous sommes musul« man. Donnez-en l'heureuse nouvelle aux « habitants de Bagdad. Rendez aux collèges, «< aux établissements de piété, en général, ce qui leur était destiné, du temps des Kha«< lifes abbassides, et que chacun soit réintégré dans ses droits sur les dotations faites << aux mosquées et aux collèges. Ne transgres<«< sez pas les lois de l'Islamisme; vous êtes « musulmans, ô habitants de Bagdad! et nous << savons que le Prophète (Dieu lui donne paix

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(1) Raschid.

« et miséricorde) a dit : Cette secte de l'Isla« misme ne cessera pas d'étre triomphante jusqu'au jour de la résurrection. Nous sommes <«< certains que cette prédiction est juste, que l'apôtre céleste est véridique. Il n'y a qu'un Dieu; « il est éternel. Réjouissez vous, et donnez en <«< connaissance à toute la province. » Le nouveau Khan écrivit au sultan Kélavoun, pour lui notifier son adhésion à la foi mahométane (1).

Ahmed choisit le noyan Sougoundjac pour son lieutenant général, et laissa le ministère des finances à Schems-ud-din Mohammed. Il 26 r.-1. quitta Siah Couh, le 4 juillet, après le départ d'Argoun, et envoya à Hémédan l'ordre de faire comparaître devant lui Madjd-ul-mulk et Alaïud-din; ce dernier était encore en prison (2).

Lorsque Alaï-ud-din, après avoir été dépouillé par Abaca de tout ce qu'il possédait, eut obtenu grâce de la vie, ses ennemis eurent recours à une nouvelle machination pour le perdre; ils l'accusèrent d'avoir entretenu une correspondance secrète avec les Égyptiens, dans la vue de trahir son maître. Ils saisirent un Juif inconnu, et prétendirent avoir trouvé, parmi ses hardes, des morceaux de papier sur lesquels étaient tracés,

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avec de l'eau de safran et du cinobre, des caractères mystérieux. Ils firent venir deux ou trois Arabes du commun, que Alaï-uddin, de concert avec les chefs militaires à Bagdad, avait envoyé, en diverses occasions, aux princes des tribus arabes nomades, et les engagèrent, par des promesses et des menaces, à confirmer ce qu'ils avançaient. L'expédition de ces émissaires secrets avait eu lieu, au contraire, pour engager Soncor le roux et Yssa, fils de Mohna, qui s'étaient déclarés contre le sultan Kélavoun, à se mettre sous la protection d'Abaca. Néanmoins, les ennemis d'Alaï-ud-din firent parvenir aux oreilles de ce souverain l'accusation qu'ils avaient forgée. Abaca, qui venait de partir pour sa résidence d'été, jugea tout de suite que c'était une calomnie; il voulut que Alaïud-din lui fût amené. Lorsque cet ordre arriva à Bagdad, le chef de ses dénonciateurs avait pris la fuite; les autres n'osèrent point porter un faux témoignage. Les ennemis d'Alaï-ud-din craignant alors qu'il ne qu'il ne recouvrât la liberté, gagnèrent le commissaire envoyé par Abaca et firent partir le prisonnier chargé de chaînes, sous bonne escorte, pour la résidence royale; mais arrivé près des monts d'Essed Abad, ce convoi rencontra les

couriers expédiés de Hémédan, à la mort d'Abaca, pour ordonner, selon l'usage, aux voyageurs de s'arrêter, et ne put pas continuer sa route. Les ennemis d'Alaï-ud-din firent entendre au commissaire qu'il ne fallait pas relâcher le prisonnier pendant l'interrègne (1), et il resta dans les fers jusqu'à l'avénement au trône d'Ahmed, qui ordonna son élargissement. Lorsque les deux parties furent arrivées à la cour, Madjd-ul-mulk, soutenu par un seigneur mongol, renouvella ses intrigues et ses attaques contre le vézir, et fut près d'obtenir encore la ferme générale des revenus du fisc; mais Schems-ud-din, ayant obtenu les bonnes grâces d'Ahmed, par la protection d'Erméni Khatoun, de la tribu mongole des Councourates, épouse de ce souverain, chercha à perdre son rival acharné. Il lui suscita des ennemis qui portèrent contre lui toutes sortes d'accusations, vraies et fausses. De son côté Madjd-ul-mulk écrivit au prince Argoun : « Le vézir a empoisonné « votre père, et veut m'arracher la vie, parce << que j'ai connaissance de son crime. Si votre « serviteur succombe, vous saurez pourquoi. »

(1) Vassaf, tom. I.

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