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<< nous instruirons Votre Magnificence, par « un messager sûr, de ce qui aura été résolu. « Persévérez donc, grand prince, dans votre <«< dessein salutaire; car vous devez espérer en « Dieu, que si vous le servez bien, il affer« mira votre trône et le rehaussera. A lui« est la puissance; à lui la domination; il << tient dans sa main les cœurs des rois <«< humilie qui il veut, élève qui il veut, et régit à son gré l'univers; nul ne peut ré<< sister à sa volonté (1).

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Il est permis de douter que la lettre et le message qui donnaient lieu à cette réponse du pontife romain, eussent effectivement émané de la cour d'Abaca. On nous laisse ignorer quel était le conseil donné par ce Khan et son beau-père, l'empereur Michel Paléologue. Il est invraisemblable qu'Abaca ait annoncé l'intention de se faire chrétien, qu'il ait félicité le Pape de la victoire de Charles d'Anjou sur Mainfroi, et se soit informé du chemin que prendraient les princes chrétiens, pour se rendre en Palestine.

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Il existe (2) une lettre d'Edouard I à Abaga

(1) Odor. Raynaldus, t. III, p. 227.

(2) Th. Rymer, Acta publica, etc. Édit. tertia, Hagæ comitis 1745, t. I Pars 2, p. 144.

Chaan, prince de la nation des Magals, écrite en langue latine, et datée de Bellus locus regis, le 26 janvier 1274; en voici la traduction :

i « Le religieux frère David, de l'ordre des. « Prêcheurs, chapelain et familier du frère << Thomas, patriarche de Jérusalem, légat du « siége apostolique, est arrivé à notre cour, a et nous a présenté les lettres que vous avez << adressées par vos envoyés, au très-saint père et aux autres rois chrétiens.

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« Nous y avons vu l'affection que vous « portez à la religion chrétienne, et la réso« lution que vous avez prise de prêter secours « aux Chrétiens et à la Terre-Sainte contre les « ennemis du christianisme; ce qui nous a « été très-agréable et nous vous en rendons « grâces.

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« Nous prions Votre Magnificence de vou« loir exécuter ce saint projet.

<«<< Mais nous ne pouvons à cette heure vous << rien mander de certain sur l'époque de no« tre arrivée dans la Terre-Sainte et du pas<< sage des Chrétiens, parce que, au moment « où nous écrivons les présentes, il n'a en« core été rien ordonné par le souverain pon« tife, relativement à l'époque dudit passage; « mais, dès que nous pourrons savoir là des

a sus quelque chose de positif, ce qui aura << lieu prochainement, nous aurons soin d'en « instruire Votre Excellence.

« Nous recommandons à Votre Puissance « ladite affaire de la Terre-Sainte et de tous a les Chrétiens d'Orient. >>

On rapporte qu'en 1274, Abaca voulant, à la persuasion du roi d'Arménie, délivrer la Palestine du joug mahométan, engagea ce prince à invoquer l'assistance du pontife romain et des autres souverains de la chrétienté, et qu'il envoya lui-même deux ambassadeurs en Europe, dont l'un mourut en route; l'au tre arriva, en 1274, à Lyon, où le pape Grégoire X avait convoqué un concile, et fut introduit dans cette assemblée lorsqu'elle tenait sa quatrième séance. Il y fut donné lecture des prétendues lettres d'Abaca, qui promettait de joindre ses armes à celles des Chrétiens contre les Mahométans. Son ambassadeur, ou celui qui en prenait la qualité, et deux nobles tartares de sa suite, reçurent le baptême des mains du cardinal Pierre, évêque d'Ostie, depuis Pape sous le nom d'Innocent V. Grégoire leur fit présent de beaux habits, et leur remit des lettres pour Abaca, datées du 13 mars 1274, où il annonçait à ce souverain qu'il se proposait de

lui envoyer, avant l'époque où les armées chrétiennes pourraient arriver dans les pays d'outremer, des ambassadeurs chargés de sa réponse à ce que sa Magnificence lui avait mandé par ses légats et par ses lettres, et qui l'entretiendraient, s'il daignait les écouter, d'autres objets qui intéressaient le Khan et les siens (1).

Trois années après, en 1277, il arriva à la cour du pape Jean XXI, deux étrangers qui se disaient ambassadeurs d'Abaca, et chargés d'inviter les princes chrétiens à faire une expédition en Palestine. On les engagea à se rendre auprès des rois de France et d'Angleterre. Ils arrivèrent pendant le carême à la cour du roi Philippe, qui avait pris la croix, et lui promirent de la part de leur souverain l'assistance de ses armes, s'il voulait débarquer à St. Jean d'Acre. << Mais,

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ajoute Nangis (2), étaient-ils de vrais am<<bassadeurs ou des espions, Dieu le sait; <«< du moins ils n'étaient point Tartares de <«<< naissance ni de mœurs, mais des Chrétiens « de la secte des Géorgiens. Conduits, par

(1) Odor. Raynaldus, t. III, p. 353.

(2) In gestis Philippi, ap. Raynald., t. III, p. 417.

« ordre du roi, à l'Abbaye de St. Denys, ils «y célébrèrent la fête de Pâques; puis, ils << se rendirent, dit-on, pour le même objet, « à la cour d'Édouard, roi d'Angleterre.

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Ces deux asiatiques avaient dit à Rome, qu'Abaca et son oncle l'empereur Coubilaï, désiraient être instruits dans la religion catholique. Le pape Jean XXVI fit choix de plusieurs religieux, qu'il chargea d'aller prêcher le christianisme en Orient; mais ce pontife étant mort cette même année 1277, les cinq franciscains qu'il avait désignés, savoir Gerhard de Prato, Antoine de Parme, Jean de Ste. Agathe, André de Florence, et Mathieu d'Aretio, ne partirent que l'année suivante avec des lettres de Nicolas III, son successeur, pour Abaca et Coubilaï. La réponse à Abaca, datée du 1er avril, fait connaître la substance de la lettre qui avait été remise au pape Jean, de la part de ce souverain. « L'Église romaine, lui écrit Nicolas,

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éprouve une grande joie de la teneur des << lettres apportées à notre prédécesseur par « Jean et Jacques, fils de Vassall, vos envoyés. «< Elles disent que si une armée chrétienne

débarque en Terre-Sainte, vous promettez « de pourvoir à ses besoins, et de l'assister << en personne, avec toutes vos forces, contre

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